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MÉDITERRANÉE "(MER)

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]es bords de la mer et permettent à celle-ci d’envahir avec plus de facilité le continent. « Les progrès de l’érosion marine, favorisés par l’inégale résistance des roches, peuvent même, à la longue, amener la formation A’îles en avant des côtes. » À. de Lapparent, Leçons de géographie physique, Paris, 1898, p. 262, 266.

Il est facile, à la lumière de ces principes, de comprendre la formation des côtes phénicienne et palestinienne. La première, que nous considérons depuis Beyrouth jusque vers le râs en-Naqûrah, est parallèle au Liban et à son prolongement galiléen. La montagne projette ses racines jusqu’au rivage ; les puissants éperons qui se détachent du massif principal viennent se terminer par autant de caps, dont les flancs sont coupés à pic. Ces contreforts, qui servent de socle aux grandes cimes du Liban, sont seulement séparés par des vallées plus ou moins larges, à travers lesquelles s’échappent les torrents. Renan, Mission de Phénicie, Paris, p. 836, a donc bien défini la Phénicie, lorsqu’il a dit qu’elle « ne

barques s’agrandirent ; ils utilisèrent tous les accidents de terrain pour créer des bassins où les navires fussent protégés ; ils profitèrent même des lignes de récifs qui, dans certains endroits, brisent l’élan de la vague, et en arrivèrent, au moyen d’enrochements artificiels, à avoir des ports fermés par une chaîne. C’est ainsi que la Méditerranée a contribué, pour sa part, à faire des Phéniciens le premier peuple marin. Cf. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, Phénicie, Paris, 1885, p. 8, 378. A partir du râs en-Naqûrah, la ligne devient plus droite, mais pour s’arrondir bientôt en arc de cercle entre Saint-Jean d’Acre et Khaïfa. Cette large échancrure est sans doute un reste des vieux âges géologiques, une sorte d’estuaire rappelant l’époque où les eaux méditerranéennes pénétraient au cœur de la Palestine et faisaient de la plaine d’Esdrelon un vaste et superbe lac. Du Carmel à l’puadi Gbazzéh, les conditions ne sont plus les mêmes que sur la côte phénicienne. Au lieu d’une étroite bande de terre resserrée entre les montagnes et

244. — Carte de la Méditerranée.

fut pas un pays, mais une série de ports, avec une banlieue assez étroite ». Et cependant cette contrée, qui devait devenir le berceau de la navigation, n’offre aucun de ces vastes bassins naturels, aucune de ces rades bien closes qui s’ouvrent sur beaucoup de côtes. Mais les premiers navigateurs ne demandaient pas tant : une anse pour se réfugier et plier leurs voiles, une grève de sable où faire échouer leurs barques, c’est tout ce qu’il leur fallait. Et c’est précisément la configuration même du terrain qui contraignit les Phéniciens de se lancer sur la mer. La plaine côtière, resserrée entre celle-ci et la montagne, assez large par endroits pour offrir une place aux villes, aux vergers et aux champs, est coupée par des torrents que les pluies d’automne ou la fonte des neiges rendent infranchissables. Comment les villes disséminées sur ce cordon maritime pourront-elles communiquer ensemble pendant une partie de l’année ? La voie de-mer était, en somme, la plus facile. Le matelot se contenta d’abord de longer la côte en la serrant de très prés, cherchant, pendant la tempête ou la nuit, un abri entre les saillies de la montagne, dans les petites anses mena- : gées par la nature. Les Phéniciens recherchèrent surtout, pour placer leurs premières bourgades, les points les plus faciles à défendre et en même temps les plus faciles à reconnaître du large, comme les Ilots et les promontoires. Leurs ports primitifs furent de simples petits ports de pêche, comme l’indique le nom de Sidon, hébreu : Sidôn, « pêcherie. » Avec le temps, leurs

DICT. de LA CIBLE.

la mer, nous voyons une plaine qui va s’élargissant à mesure qu’elle avance vers le sud. Avec ses collines sablonneuses et ses mamelons cultivés ou boisés, elle rappelle les vagues qui la recouvrirent autrefois et auxquelles elle doit son origine. Elle n’est autre chose, en efiet, qu’une plage soulevée, qui peu à peu a rejeté la mer loin des monts de Samarie et de Judée, dont elle baignait le pied, aux âges préhistoriques. Nous avons ici une côte plate, et, comme sur tous les terrains de ce genre, la mer y rejette, sous la forme d’un cordon littoral, les graviers, sables et limons que le courant qui longe le rivage peut charrier. Séchées par un soleil ardent, poussées et amoncelées par le vent, ces matières très meubles ont formé des dunes parfois assez hautes. Leur masse légère a fini par combler quelques vieux ports, et, comme en Egypte, est en train de faire un linceul aux antiques cités. On croit aussi que les : courants qui charrient le long de la côte le limon du Nil ont contribué à rectifier le littoral. Et ainsi le fleuve d’Egypte aurait non seulement formé le Delta, mais encore fourni son apport au littoral palestinien. En avant de ces plages, et parallèlement au rivage, il existe tout un cordon de récifs, constituant tantôt des brise-lames, tantôt des écueils.dangereux, comme à l’entrée du port de Jaflïu Ces rochers qui longent la côte, à quelques centaines de mètres, le plus souvent à fleur d’eau, sont des grès calcarés-siliceux, de formation moderne, remplis de pétoncles (Pectunculus violacescens). Ils sont ainsi pro^

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