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LANGUES (DON DES) — LAODICÈE


de suggestion ou de lucidité. Cf. A. Arcelin, La dissociation psychologique, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, avril 1901, p. 452. Le don des langues était certainement de tout autre nature chez les premiers chrétiens, puisqu’il se manifestait d’ordinaire dans des milieux où les langues parlées étaient si bien ignorées qu’on ne trouvait pas toujours d’interprètes, tels que le Saint-Esprit pouvait seul en susciter, pour Iraduire ce qui avait été dit. I Cor., XIV, 13, 28. Ce qui prouve encore le caractère surnaturel du don des langues, tel qu’il s’exerçait à Corinthe, c’est la iacilité qu’il avait d’être réglé par l’obéissance. I Cor., xiv, 27. Or, en théologie mystique, on a toujours regardé l’obéissance du sujet comme la garantie la plus sûre de l’action divine. Cf. Ribet, La Mystique dÏOT « e, Paris, 1883, t. iii, p. 66. Voir Dons surnaturels, t. ii, col. 1484-1486 ; J.Frd. Melville, Observationes theologico-exegeticse de dona linguarum in Novo Testamento commemoralo, in-4°, Bàle, 1816 ; Bleek, Veber die Gabe des yû>aaait XaXeîv in der ersten christlichen Kirche, dans les Theologische Sludien und Kritiken, t. ii, 1829, p. 379 ; Ad. Hilgenfeld, Die Glossolalie in der alten Kirche, in-8°, Leipzig, 1850 ; Ëd. Reuss, La Glossolalie, dans la Revue de théologie de Strasbourg, t. iii, 1851, p. 65-97 ; Dollinger, Le christianisme et Vhglise, trad. Bayle, Tournai, 1863, p. 442-446 ; Corluy, Langues (dans la primitive Église), dans le Dictionnaire apologétique de Jaugey, Paris, 1889, col. 1785-1800 ; Cornely, In S. Pauli prior. Epist. ad Corinthios, Paris, 1890, p. 410-447 ; Le Camus, L’œuvre des Apôtres, Paris, 1891, p. 16-23 ; Fouard, Saint Paul, ses missions, Paris, 1892, p. 241-247.

H. Lesêtre.
    1. LANTERNE##

LANTERNE (grec : <pav6<i ; Vulgate : laterna), sorte de boîte, dont les parois de vessie, de corne ou de verre, protègent une lumière portative contre le vent tout en la laissant transparaître. La Bible n’en parle qu’une fois, dans le Nouveau Testament. Quand Judas marche vers Gethsémani, il est accompagné d’une cohorte et de serviteurs du Temple, (letà tfmmv xaî XajjutâSiov, « avec des lanternes et des torches. » Joa., xviii, 3. Il était en effet nécessaire, bien qu’on fût à l’époque de la pleine lune, d’avoir des lumières pour éclairer l’ombre épaisse des oliviers du jardin. Le <pav<Sç, qui désigne ordinairement un flambeau ou une torche, est aussi le nom de la lanterne, bien qu’assez

tard, dans Athénée, Deipno soph., 700. La mention des

torches, XotfnràSeç, dans ce

passage de l’Évangile, per met d’affirmer qu’ici les <pa vot sont bien des lanternes,

conformément à la traduc tion de la Vulgate. Les lan ternes paraissent avoir été en

usage chez les Égyptiens

(fig. 35). En tout cas, elles

étaient bien connues à l’épo que romaine. Cf. Rich, Dict.

des Antiq. romaines et grec ques, trad. Chéruel, Paris,

1873, p. 352. Les lanternes

étaient employées à bord des

navires. Cf. Xénophon, Hel len., V, i, 6 ; Diodore de Si cile, xx, 75 ; Tite Live, xxix,

25. On a retrouvé, à Hercu lanum et à Pompéi, des lan ternes de bronze, cylindriques, avec des parois de corne, ouvrant seulement par le haut (fig. 36, col. 83). Les soldats romains de l’Antonia avaient certainement des lanternes à leur usage. Les Juifs de l’époque évangélique se servaient aussi très probablement de lanternes, au moins dans le Temple et dans les demeures importantes. Il

35. — Lanterne égyptienne.

D’après Wilkinson, Man ners and Customs of

the ancient Egyptians,

édit. Birch, t. ii, fig. 385.

n’est donc pas étonnant d’en trouver dans l’escorte nocturne

de Judas.

H. Lesêtre.
    1. LAODICÈE##

LAODICÈE (grec : AaoStxec’a ; Vulgate : Laodicia), ville de Phrygie, située sur la rive gauche du Lycus (fig. 37).

1° Laodicée dans le Nouveau Testament. — 1. Une Église chrétienne fut créée dans cette ville dés le temps des Apôtres. Saint Paul, Col., ii, 1, la mentionne comme étant étroitement unie à celle de Colosses. Comme celle-ci, elle n’avait pas été établie directement pat* l’Apôtre ; elle était de celles qui « n’avaient pas encore vu son visage de chair », mais pour lesquelles il soutenait « un grand combat ». Col., ii, 1. La chrétienté de Laodicée avait été très probablement fondée, comme celles de Colosses et d’Hiérapolis, par le Golossien Épaphras. Saint Paul nous montre en effet, celui-ci qui avait été son disciple, probablement à Éphèse dans l’école de Tyrannus, s’occupant avec grande sollicitude des fidèles de Laodicée et d’Hiérapolis. Col., IV, 13. Voir Épaphras, t. ii, col. 1819. Il avait eu pour collaborateur Nymphas dans la maison de qui était le lieu de réunion des fidèles de Laodicée. Col., iv, 15. Voir Nymphas. En même temps qu’il demandait aux Colossiens de communiquer à l’Eglise de Laodicée la lettre qu’il leur envoyait, il leur recommandait de lire eux-mêmes publiquement celle qui leur parviendrait de Laodicée, c’est-à-dire, selon toutes les vraisemblances, une lettre que lui-même avait écrite ou devait écrire aux Laodicéens. Col., iv, 16. Voir Laodicéens (Épitre aux). — 2. L’Église de Laodicée est une des sept aux évêques desquelles sont adressées les lettres par lesquelles débute l’Apocalypse. Apoc, I, 11. La lettre à l’Ange de Laodicée (voir Ange, 8, t. i, col. 591) contient des reproches sur sa tiédeur. Son amour des richesses l’a aveuglé. Il ne voit pas qu’en réalité devant Dieu il est misérable, pauvre, aveugle et nu. Il doit acheter du Seigneur : de l’or éprouvé par le feu, pour être riche ; des vêtements blancs, pour que la honte de sa nudité ne paraisse pas et un collyre (voir Collyre, t. ii, col. 842) pour oindre ses yeux afin de voir. En d’autres termes, il faut qu’il ait du zèle et se repente. Apoc, iii, 14-21. La première Épîtreà Timothée se termine sur un certain nombre de manuscrits grecs par ces mots : « écrite à Laodicée, métropole de la Phrygie Pacatienne. » La Vulgate n’a pas inséré cette mention.

2° Histoire. — La ville de Laodicée portait originairement le nom de Diospolis ou de Rhoas. Pline, H. N., V, xxix, 105. Sur le même emplacement, Antiochus II Théos établit entre 266 et 246 une des colonies que les rois syriens multiplièrent dans leur royaume pour assurer leur domination. Il lui donna le nom de sa temme Laodicé. Etienne de Byzance, 1825, 1. 1, p. 272. La population grecque fut toujours très peu nombreuse et ne consista guère que dans les ionctionnaires et la garnison ; les habitants restèrent en immense majorité syriens. La principale divinité de la ville est désignée sous le nom de Zsjç’A<reîç. Le mot Aseis ne paraît être autre chose que la transcription grecque d’un mot sémitique, Aziz, qui signifie puissant et qui est traduit dans les inscriptioBa de Laodicée par û^iaxo ; . C. Waddington, Voyage en Asie Mineure au point de vue numismatique, in-4°, Paris, 1853, p. 25-26 ; W. Ramsay, The Cities and Bishoprics of Phrygia, in-4°, Oxford, 1895, p. 78, insc. 14. La ville de Laodicée était située sur un des contreforts des monts Salbacus, sur la rive gauche du Lycus, entre l’Asopus et le mont Cad m us. Le territoire de la cité s’étendait entre le Lycus et le Caprus. Laodicée était donc sur la frontière de la Carie donl le Caprus formait la limite. Pline, H. N., V, xxix, 118 ; Strabon, XII, vm, 16. La ville fit partie des États d’Eumène, roi de Pergame ; elle souffrit beaucoup durant la guerre de Mithridate contre les Romains. Appién, Bell. Mithr., 20 ;