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MATTHIEU (SAINT)


à de nombreux exemples analogues qu’on trouve dans l’Ancien Testament. >fid a en sa faveur les noms hébreux

en >- transcrits en ato ; comme MapSo^aïo ; , Eaëëaftaaç, Bnjêa : oç, etc. » nn ressemblerait aux noms de peuples terminés en > et devenus, par exemple, ’IouSaîo ; , Xavavaïo ; , etc. n’ïin semble moins probable, car les noms en n » ont ordinairement une transcription grecque en « a, ta ;  ; ainsi rwnn est devenu Ma-rOavîaç. La forme ara T : —

xiiéenne >> « ii, qu’on trouve dans le Talmud, traité Sanhédrin, 43, Laible-Dalmann, Jésus Christus im Talmud, p. 15*, serait analogue à indt, Zotx> ; aîoç. Cf. Dalmann,

Die Worte Jesu, Leipzig, 1898, t. i, p. 40-41.

2° Étymologie. — Quelle qu’ait été la lecture du nom de Matthieu, on en a proposé diverses étymologies. Gesenius, Thésaurus, Leipzig, 1839, t. ii, p. 929, et Fûrst, Hebr.-chald. Handwôrterbuch, 3e édit., Leipzig, 1876, t. i, p. 806, pensent que » fio, qui est une abréviation

de >nBD, a le même sens que n’nmiD, MccTToeNaç, contracté parfois en Ma-rôia ; , et signifie « don de Jéhovah ». On aboutit à la même signification en rapprochant >fid de » 3no et de h>jbd. Les critiques, qui comparent tnn aux autres noms propres de même terminaison et de signification passive, le traduisent par « donné, gratifié ». Cf. S. Jérôme, Liber de nominibus hebraicis, t. xxiii, col. 842. Ewald, Hitzig, Noldeke, etc., font dériver >rra de >pqn et traduisent « le fidèle ». Ils supposent que le N initial est tombé sous l’influence de la langue araméenne. Enfin Grimm, dans les Theolog. Studien und Kriliken, 1870, p. 723-729 ; Lexicon grwco-latinum in libros N. T., 1879, a fait venir ce nom de d>îid, pluriel du singulier inusité nn, de telle sorte qu’il signifierait a. le viril ». >no seraitalorsunadjectifsemblableà >jn, ’Ayyocïoç, venant de iii, « fête. » Voir t. i, col. 266.

II. Son identité avec Lévi. — La première fois que saint Matthieu est nommé dans l’Évangile, Matth., ix, 9, c’est au sujet de sa vocation. Or dans les passages parallèles de saint Marc, ii, 14, et de saint Luc, v, 27, il est appelé Lévi. Cette différence de nom a donné occasion au problème, depuis longtemps discuté, de la distinction des personnages nommés Matthieu et Lévi ou de leur identité. Au rapport de Clément d’Alexandrie, Strom., iv, 9, t. viii, col. 1281, le valentinien Héracléon distinguait Matthieu de Lévi et les citait tous deux au nombre de ceux qui n’avaient pas confessé Jésus-Christ devant les tribunaux. Clément, en reproduisant les paroles d’Héracléon, approuve seulement la distinction faite par cet hérétique entre ceux qui ont confessé la foi par la pratique de toute leur vie et ceux qui l’ont confessée devant les juges. Il ne porte pas de jugement sur les exemples donnés par Héracléon. D’ailleurs, dans une note sur les Constitutions apostoliques, 1. VIII, c. xxii, t. i, col. 1118, Cotelier pense qu’Héracléon a écrit Aeuiç pour Aeët ou AeSëatoç. Origène, Cont. Celsum, i, 62, t xi, col. 773, distingue le publicain Matthieu d’un autre publicain nommé Asërj ?, qui a suivi Jésus, mais n’a pas été apôtre, sinon suivant certains exemplairesdeJ’Évangile de Marc. Par ces derniers mots, Origène faisait allusion sans doute aux manuscrits du second Évangile qui, comme le Codex Bezm, D, les manuscrits a, b, c, d, e, ff, i> q, r de l’ancienne Vulgate avaient, iii, 18, Lebbée, au lieu de Thaddée. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C, Oxford, 1891, 1. 1, fasc. 2, p. 201. Origène confondait donc Lévi avec Lebbée. Presque tous les mêmes manuscrits avec les cursifs grecs, 13, 69, 124, et le manuscrit G de la Vulgate (Sangermanensis) du IXe siècle, avaient, Marc, ii, 14, au lieu de Lévi, fils d’Alphée, Jacques, fils d’Alphée. Wordsworth

et White, op. cit., p. 201. Saint Chrysostome, In Matth., hom. xxxii, n. 3, t. lvii, col. 381, croyait que Jacques, fils d’Alphée, comme Matthieu, avait été, lui aussi, publicain. Cette opinion aurait été aussi adoptée par Photius, dans Possin, Catena Patrum grsecorum, Marc, ii, 14, et exprimée dans une des deux listes d’apôtres publiées par Cotelier, Constit. apost., II, lxiii, t. i, col. 755. Certains manuscrits grecs de Théodoret, In Num., q. xvi, t. lxxx, col. 368, présentent la leçon ©aSêaîoç 6 xai Aeêt, tandis que d’autres disent ©otSSatoç o xa Asééaîo ; . Cf. Acta sanctorum, septembris t. VI, p. 200. On ne peut pas citer comme représentant la pensée d’Origène, la préface de son commentaire sur l’ÉpItre aux Romains, t. xiv, col. 836, car elle est de Rufim qui a traduit en latin ce commentaire. Quoi qu’il en soit de la confusion de Lévi avec Lebbée et conséquemment de sa distinction d’avec Matthieu par Origène, il semble’difficile de ne pas admettre l’identité de Lévi et de Matthieu. En effet, les trois récits évangéliques de la vocation du publicain se ressemblent pour le fond et pour le style et ne diffèrent qu’au sujet du nom, Matthieu ou* Lévi. En outre, ils sont placés dans le même ensemble de l’histoire de Jésus. Ils sont précédés tous trois du même miracle, la guérison du paralytique de Capharnaùm et suivis du repas offert par le publicain à Jésus et à’ses disciples avec les mêmes circonstances du blâme des pharisiens et de la réponse du Maître. Ils rapportent donc évidemment le même fait. Les différents noms du héros ne s’opposent pas à l’identité de la personne, car plusieurs autres personnages évangéliques ont porté deux noms, non seulement un nom hébreu et un nom grec ou latin, mais même deux noms hébreux, par exemple Joseph et Barsabas, voir t. i, col. 1470, Joseph et Barnabas, ibid., col. 1461, et même trois, comme Jude, Lebbée et Thaddée, voir col.143 et t. iii, col. 1802. L’analogie avec Simon, surnommé Céphas, Joseph, surnommé Barnabas, permet de conclure que Lévi était le nom juif du publicain, et Matthieu le surnom qu’il reçut comme chrétien. L’auteur du premier Évangile le laisse entendre, en disant Ma66 « îov ztàv.zo-i, IX, 9. Cette façon de parler signifie : « l’homme connu sous le nom de… » Cf. Matth., i, 16 ; x, 2 ; xxvii, 17, 22 ; Eph., H, 11. Elle indique ici que le publicain était connu dans l’Église sous le nom de Matthieu au moment où écrivait l’auteur qui l’employait. Donc plus probablement il se nommait Lévi à l’époque de sa vocation, Marc, ii, 14 ; Luc, v, 27, 29 ; plus tard, il fut appelé Matthieu et ce dernier nom fut transporté par le premier évangéliste dans le récit de sa vocation. Eusèbe, Demonst. evang., ni, 5, t. xxil, col. 216 ; saint Jérôme, In Matth., ix, 9, t. xxvi, col. 55, 56 ; saint Chrysostome, In Matth., hom. xxx, n. 1, t. lvii, col. 361-362, y ont reconnu un acte d’humilité de la part du premier évangéliste. Tandis que par respect pour sa personne saint Marc et saint Luc citent son ancien nom de Lévi, lui-même ne craint pas d’avouer sa première profession et de se nommer, Matthieu le publicain.

Resch, Aussercanonische Paralleltext zu den Evangelien, dans Texte und Unters., Leipzig, 1896, t. x, fasc. 4, p. 69, a cherché à identifier saint Matthieu avec Nathanæl. Celui-ci, en effet, semble avoir été appelé par Jésus à l’apostolat, Joa., i, 45-51. Or, son nom ne se trouve expressément dans aucune des listes apostoliques. Cependant, si Nathanæl a été apôtre, son nom> doit être l’un des douze, et précisément Nathanæl, m Dieu a donné, » a le même sens étymologique que Matthieu, « don de Jéhovah. » Nathanæl est donc la ? même personne que Matthieu. Cette identification est inadmissible, car la vocation de Nathanæl n’a rien de commun avec celle de Matthieu. Aussi Nathanæl étant un apôtre, vaut-il mieux l’identifier, comme on le fait plus généralement, avec saint Barthélémy. Voir t. i, . col. 1470-1472.