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MASSORE


.massore textuelle se divise elle-même en petite et en grande. La petite massore est écrite dans les marges intérieures des colonnes du texte, à droite et à la hauteur « lu mot qu’elle vise. Ce mot est généralement indiqué par un petit cercle placé au-dessus de lui ; si la remarque se rapporte à deux mots, le petit cercle est entre ces deux mots. La grande massore est disposée en haut de la page, « n bas, et dans la marge latérale, si celle-ci est restée libre. Chaque note de la grande massore est séparée par <leux points. La grande massore contient ce que n’aurait pu dire la petite. Cette dernière est représentée par des abréviations dont il faut avoir la clef. En voici quelques « xemples : "j pour n>S, terme araméen correspondant à l’hébreu lo’yês, « n’étant plus » ailleurs, ou ânxt tel * (livov ; on pour l’hébreu fyâsêr, o défectif ; » "jo pou r mâle’, « c plein ; » a, ; , i, etc., lettres marquant le nombr de fois, deux, trois, quatre, etc., que le mot se trouvé dans la Bible ; ptD, s signe, » indiquant que les mots visés sont l’objet d’une note de la grande massore. etc. Le texte biblique apparaît ainsi entouré de toutes parts par celui de la massore. C’est probablement ce qui a suggéré l’idée de regarder celle-ci comme le « lien » qui enserre le texte, et même de l’appeler siydg lat-(ôrdh’  « haie autour de la Loi, » bien que la mâsorét désignée ainsi par R. Akiba, Aboth, iii, 13, soit la tradition halachite, voir Midrasch, et non celle des massorètes.

2° Notes sur les versets. — Le verset ou pàsûq, du chaldéen pesaq, « couper, » est déjà mentionné dans la Mischna. Les massorètes en marquèrent la fin par deux points : appelés, sof pàsûq, « fin du verset. » La division du texte par chapitres leur est postérieure. Voir Chapitres de la Bible, t. ii, col. 559. Mais longtemps avant eux le texte du Pentateuque avait été partagé en 154 sections, pour les lectures du sabbat pendant trois ans. Consacrant un usage différent, qui tendait déjà à prévaloir de leur temps, ils ramenèrent le nombre des sections à 54, de manière que le Pentateuque pût être lu en une année. Cf. Scbûrer, Gesckichte desjiidischen Volkes im Zeît. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 455, note 101. Chaque section ou pdrâsdh est ouverte, pefwfyâk, ou fermée, setûmâh, suivant que, pour commencer, elle laisse inachevée ou ouverte la dernière ligne de la section précédente, ou bien n’en est séparée que par un petit espace sur la même ligne. La section est elle-même subdivisée en un plus ou moins grand nombre de sections plus courtes. Les massorètes notèrent le commencement des sections ouvertes par sas, et celui des sections fermées par ddd ; les lettres s ou D marquèrent les subdivisions. Quand on ajouta à la lecture de la Loi celle des prophètes, la section prophétique fut nommée haftdrdh, de fâtdr, « congédier, » parce qu’après cette lecture on congédiait l’assemblée. Les massorètes indiquèrent ces sections prophétiques, non dans le texte même, comme pour la Loi, mais au-dessous du texte. Ces diverses indications sont reproduites dans nos Bibles hébraïques ; celles qui concernent les prophètes sont rejetées à la fin. — Les massorètes comptèrent les versets de chaque livre et inscrivirent le total à la fin du livre en lettres numérales et au moyen d’un mot dont les lettres reproduisaient le total indiqué. Ils notèrent le verset qui tient le milieu de chaque livre, Gen., xxvii, 40 ; Exod., xxii^ 28 ; Lev., xv, 7 ; Num., xvii, 5 ; Deut., xvii, 10, etc/Le total des versets est de 23206. Un verset, Jer., xxi, 7, a 42 mots et 160 lettres ; trois versets ont chacun 80 lettres ; 28 versets ou seulement 25 ont une première moitié dont le sens demeure imparfait ; dans quatre versets, Gen., xviii, 5 ; xxiv, 55 ; Num., xii, 14 ; Ps. xxxvi, 7, il y a un vav qui a été ajouté par la faute des scribes et dont il ne faut pas tenir compte ; la Loi n’a que deux versets commençant par la lettre D. Gen., xxxii, 14 ; Num., xxix, 33, etc. Dans nos Bibles imprimées, le dernier verset d’Isaïe, des Lamentations, de Malachie et

de l’Écclésiaste, est suivi de la répétition au moins par-, tielle du verset précédent. C’est une attention des massorètes en faveur du lecteur. Comme ce dernier verset exprime une idée désagréable, ils reproduisent le verset précédent, qui est de nature à laisser meilleure impression.

3° Notes sur les mots. — Les massorètes indiquent les cas où les mots sont écrits sous forme pleine ou sous forme défective, c’est-à-dire avec le T et le > quiescents et le n paragogique, ou sans les quiescentes x, i, », et sans n final. Ils comptent combien de fois tel mot se -lit au commencement, au milieu ou à la fin d’un verset, combien de fois il se lit dans toute la Bible. Ils signalent 15 mots surmontés de points, parce que ces mots sont censés cacher des mystères. Les plus importantes remarques concernant les mots sont celles qui sont indiquées avec les formules qerî, « ce qui doit être lu, 9 et hefîb, « ce qui est écrit. » Voir Keri, t. iii, col. 1889. Il y a treize passages où il reste un vide dans le texte, avec la note : « Est lii, mais n’est pas écrit ; » d’autres qui ont la note : « Est écrit, mais n’est pas lu ; » quelques-uns où le keri indique qu’on doit, soit séparer un mot en deux, soit en réunir deux en un. En dix endroits, un mot jugé obscène par les massorètes doit être remplacé par un autre. Enfin le kéri porte fréquemment sur des additions, des suppressions ou des changements de lettres. La distinction du kéri et du chéthib est inconnue à Josèphe, à Philon et à saint Jérôme. Les anciennes versions ne la connaissent pas non plus ; elles reproduisent le texte que leurs auteurs ont eu sous les yeux, et qui se trouve conforme tantôt au keri et tantôt au chéthib. D’autres part, les Juifs orientaux n’ont pas les mêmes kéri et les mêmes chéthib que les Juifs occidentaux. Ce sont donc les massorètes qui ont noté ces variantes, dont beaucoup sont sans importance. Il n’est pas à croire qu’ils les aient introduites arbitrairement, sinon pour les mots qu’ils ont jugés obscènes. Plusieurs de ces variantes sont déjà signalées dans le Talmud. Les massorètes ont dû comparer les manuscrits qu’ils avaient en main et marquer les variantes qui leur paraissaient justifiées. Ils ont été bien inspirés en laissant en marge ces variantes. Ordinairement, ils mettent sur le chéthib les voyelles qui conviennent au kéri, afin que le lecteur soit plus sûrement averti.

4° Notes sur les lettres. — Certaines lettres prennent une forme majuscule, qui est conservée dans nos Bibles imprimées. La première lettre de la Genèse est un grand 3 = 2, pour rappeler que l’œuvre de la création comprend deux choses, le ciel et la terre. Le mot hifgallâh, « sera rasé, » Lev., xiii, 33, porte un grand 1 = 3, pour marquer que trois sortes d’hommes doivent être rasés : les nazaréens, les impurs et les lévites. Le nom d’Adam, I Par., i, 1, est écrit avec un grand « = 1, pour signifier qu’Adam est le premier homme, etc. Il y a trente-trois passages où une lettre est plus petite que les autres, en signe de mépris ou de diminution. Des lettres sont suspendues au-dessus des autres, le 2 de menaSséh, Jud., xviii, 13, le 7 de resâ’îm, Job, xxxviii, 13, 15, et de mîyyâ’ar, Ps. lxxx, 14. Un 2 est renversé dans neuf endroits : Num., x, 35 ; xi, 1 ; Ps. cvii, 23-28, etc., pour marquer que les ennemis d’Israël doivent être -renversés de même. Deux lettres pouvant s’écrire différemment, suivant qu’elles sont dans le corps du mot ou à la fin, et d, ; et ], les massorètes indiquent les cas où la forme de ces lettres est irrégulière. Ils ont compté combien de fois chaque lettre occupe le commencement, le milieu ou la fin d’un mot, combien de fois elle se trouve dans chaque livre et dans toute la Bible, le total des lettres qui composent le Livre sacré, etc. Mais ces calculs aboutirent à des résultats divergents, selon les manuscrits. Au mot fira, gâhôn, Lev., xi, 42, le i est majuscule, parce que c’est la lettre qui tient le milieu parmi toutes celles du Pentateuque. Le 7 du mot