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MASSA — MASSORE

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made de la Mésopotamie, et l’on admet aujourd’hui que cette tribu est celle qui est mentionnée dans les inscriptions cunéiformes. Voir Arabie, t. i, col. 863. Les Ma-as-’a-ai sont énumérés dans une liste de peuples apportant leur tribut à Théglathphalasar II, roi de Ninive, immédiatement avant les gens de Théma et de Saba. Western Asiatic Inscriptions, t. iii, pi. 10, col. 7, lig. 38 ; E. Schrader, Keilinschriften und Geschichtforschung, 1878, p. 262 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, p. 301. On retrouve aussi leur nom sous la forme MaS-’a— ai, dans une tablette du temps du roi Assurbanipal. Western Asiatic Inscriptions, t. iv, pi. 56, 1. Il y est raconté qu’un certain Akamaru, fils d’Ammêtâ, de la tribu des MaS-’a-ai, a fait une razzia chez les Nebaioth et qu’il en a tué tous les hommes, excepté un seul qui est allé porter au roi la nouvelle. Frd. Delitzsch, Paradies, p. 302 ; G. Smith, History of Assurbanipal, p. 296-298 ; A. Smith, Keilschrifttexte Asurbanipal ? *. H, p. 36-38. ia tribu de Massa a donc très probablement habité l’Ara ! bie septentrionale. Ed. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, t. ii, 1890, p. 441, identifie Massa avec Messa et Mes. Voir Mes et Messa.

2. MASSA, nom du pays dont Lamuel aurait été roi, d’après un certain nombre d’exégètes modernes. Prov., xxxi, 1. Voir Lamuel, col. 62. Les Septante, Prov., xxiv, 69, ont traduit le mot massa’par —/pr]|iaTia1j.ôç, « réponse divine, oracle, » et la Vulgate par vitio. Hitzig, dans Zeller, Theologische Jahrbûcher, 1844, p. 269-305, crut reconnaître des noms propres là où les "versions anciennes avaient vu des noms communs et au lieu de traduire : « Paroles de Lamuel, roi. Vision, » il traduisit : « Paroles de Lamuel, roi de Massa. » Son opinion a trouvé beaucoup d’adhérents. Voir Kaulen, Lamuel, dans Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. vii, 1891, col. 1372. D’après cette explication, Lamuel était un roi de la tribu arabe de Massa, dont il est parlé dans Massa 1, ou d’un autre pays inconnu, mais ou ne peut rien affirmer avec certitude. Voir Cr. H. Toy, Commentary on the Proverbs, in-8°, Edimbourg, 1899, p. 538-539. Plusieurs commentateurs croient qu’Agur, l’auteur des Proverbes, xxx, 1-33, était également de Massa. Voir Agur, t. i, col. 288.

MASSAH (hébreu : Massdh, traduit dans les Septante par rUtpaa[iA ; , Ilsfpa, et dans la Vulgate par Tentatio), nom donné à une localité sise à Raphidim, où les Israélites « tentèrent (nassôf, mirent à l’épreuve) Jéhovah, en disant : Jéhovah est-il au milieu de nous ou n’y est-il pas ? » Elle fut aussi appelée Meribah qurgium), « à cause de la querelle ou révolte (rib) des enfants d’Israël qui s’en étaient pris à Dieu et avaient murmuré contre lui, parce qu’ils souffraient du manque d’eau. » Exod., xvii, 7. Cet événement est rappelé dans Deut, , VI, 16 ; ix, 22 ; xxxiii, 8 ; Ps. xcv, 8 (texte hébreu). Cf. aussi Heb., iii, 8, qui cite le Psaume. Massdh se lit dans tous ces passages ; Meribâh, en parallélisme avec Massdh, seulement dans Deut., xxxiii, 8, et Ps. xcv, 8. La Vulgate traduit toujours le premier nom par Tentatio, tandis que le second, omis dans Exod., xvii, 7, est rendu par Contradictio, Deut., xxxiii, 8, et par Irritatio, Ps. xciv, 8, (Exacerbatio dans Heb., iii, 8). Sur un autre Meribâfc ou Mê Meribâh, voir Eaux de contradiction, t. ri, col. 1523.

Le récit de l’Exode suppose que les Hébreux s’attendaient à trouver des sources à Raphidim. Quand on y fut arrivé, l’eau sur laquelle on avait compté manqua. Les Israélites, qui pendant les trois jours précédents n’en avaient eu que la quantité nécessaire pour étancher leur soif, éclatèrent en murmures. Exod., xvii, 2-4. Dieu ordonna alors à Moïse de frapper le rocher d’Horeb et il en jaillit de l’eau en abondance. Ifôrêb signifie sécheresse, lieu aride et sans eau ». Jud., vi, 37, etc.

Les savants anglais de VOrdnance Survey qui’ont exploré le Sinaï en 1868 distinguent le lieu de ce nom, dont il est question dans ce récit, du mont Horeb où Moïse avait eu la vision du buisson ardent. Quant au rocher dont parle l’Exode, les voyageurs au Sinaï se sont préoccupés de bonne heure de le retrouver. Les moines grecs du couvent de Samte-Catherine croient le posséder dans leur voisinage et ils le montrent aux pèlerins qui l’ont souvent décrit. Mais cette identification est inadmissible, parce que ce rocher se trouve dans l’ouadi el-Ledja, et que l’événement raconté dans les Livres Saints se passa dans l’ouadi Feiran (Pharan), comme l’atteste une tradition antique que nous rencontrons dans Eusèbe et dans saint Jérôme, au IVe siècle, Onomastic, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 310, 311, et comme il résulte du texte même de l’Exode où nous lisons, xvii, 1, que le miracle eut lieu à Raphidim. Or, Raphidim était dans le désert de Pharan. Voir Raphidim. Une tradition locale identifie Massah avec une des fontaines de l’ouadi Feiran. « Une des légendes les plus plausibles et les plus intéressantes relatives à l’Exode, dit M. H. S. Palmer, Sinai, in-16, Londres (1878), p. 7879, est celle qui se rattache à un lieu de l’ouadi Feiran appelé Hésy el-Khattalin, ou la Source cachée des écrivains. C’est, d’après les Bédouins, l’endroit où Moïse frappa le rocher pour donner de l’eau à son peuple souffrant de la soif. Il faut remarquer ici que les Bédouins désignent souvent Moïse sous le nom d’écrivain du livre de la Loi. La coutume ancienne, qui date, croyons-nous, de temps immémorial et qui consiste en ce que chaque passant dépose une petite pierre, dans les lieux célèbres par quelque légende, pour marquer qu’il n’oublie ni le lieu ni la tradition qui y est attachée, cette coutume est encore observée par les Bédouins quand ils passent à Hésy el-Kkattatin. Toutes les pierres et les rochers du voisinage qui s’y prêtent sont couverts de monceaux de petits cailloux ainsi déposés. » Les Arabes prétendent imiter ainsi l’exemple des Israélites. Voir aussi Ed. H. Palmer, The Désert of the Exodus, 1871, t. i, p. 159. Si l’identification n’est pas pour cela certaine, elle ne manque pas néanmoins de quelque probabilité.

F. VlGODRODX.

MASSÊBAH, nom hébreu (massêbâh) d’un cippe, stèle ou pierre dressée, de nâsab, « être droit, debout. » Il se dit spécialement d’un cippe idolâtrique. Voir Idole, i, 16°, t. iii, col. 819.

MASSL Franz Xaver, prêtre catholique allemand, né le 8 décembre 1800 à Straubing, mort le 3 mars 1852 à Passau. Il étudia la théologie à Ratisbonne, où il fut ordonné prêtre en 1825. Après avoir rempli des fonctions ecclésiastiques dans diverses paroisses, il devint en 1846 curé de Passau. On a de lui, outre de nombreux volumes de sermons, une Erklârung der heiligen Schriften Neuen Testaments nach den beràhmten und bewâhrten âltern und neuen Schriftauslegem, 3 in-8°, Sraubing, 1831-1850. Les cinq premiers volumes ont eu trois éditions. Massl a pris pour base de son commentaire, qui est surtout pratique et pieux, Le Maistre de Sacy. Voir Reusch, dans Allgemeine Deutsche Biographie, t. xx, 1884, p. 568.

MASSORE, ensemble de travaux des docteurs juifs, portant sur la lettre même du texte hébreu de la Bible.

Le mot massore, massôrâh, vient probablement de màsâr, « transmettre oralement ; » il signifie alors « tradition ». Quelques-uns le tirent de’âsdr, « lier, » d’où le mot màsorét, employé par Ézéchiel, xx, 37, avec le sens de « lien ». D’après cette étymologie, la massore serait le lien qui fixe l’immutabilité du texte. Cf. Bâcher, dans The Jewish Quarterly Review, t. iii, 1891, p. 785— ^ 790. Le premier sens est plus généralement accepté. Le mot massôrâh, ou masôrâh, n’en est pas moins de for-