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MASPHA DE JUDA — MASPHA DE BENJAMIN


pays : il était bien plus nécessaire de mettre des sentinelles à ses frontières et l’on ne pouvait trouver pour cela un site plus favorable que Sâfiéh.

3° Identité probable de Maspha et de Sephata. — La masse élevée et dénudée du teiJest d’un calcaire crétacé, se faisant remarquer au loin par son éclatante blancheur. De là plusieurs d’entre les modernes ont cru, comme l’historien du xii « siècle, reconnaître, dans le nom arabe de la colline, une expression signifiant sa nature, et l’ont estimé une traduction du nom local biblique de Libana ou Libna exprimant également « la blancheur » et ont identifié cette dernière ville avec Sâfiéh. C’est une illusion. Libana appartient au troisième groupe des villes de la Séphélâh, et ne peut être cherché dans le territoire où Sâfiéh se trouve, mais plus au sud. La carte mosaïque de Madaba l’atteste aussi : Sâfiéh est antérieur à l’occupation de la contrée par les Arabes, ou si l’on aime mieux est une simple modification d’un nom plus ancien. Au sud de Nicopolis (Emmaûs), au nord d’une ville importante dont la suscription a disparu, mais qui ne peut être différente d’Éleuthéropolis, et immédiatement à l’ouest d’une localité appelée Be6 Zaxap » près de laquelle est une église marquée xb toS àf (ou Zaxapfou, est placé un village ou une ville dont la représentation a presque entièrement disparu ; dans une restauration, mais dont le nom Eaçiflâ demeure. Elle occupe la position où il faudrait placer Sâfiéh, situé à vingt kilomètres environ au sud de’Amoâs, la Nicopolis des Romains et des Byzantins, à douze kilomètres au nord de Beit-Djibrîn, l’Éleuthéropolis des mêmes à neuf kilomètres à l’ouest de TellrZakaria et du village bâti à ses pieds Kéfr’-Zakaria, certainement le Beth-Zachar.de la carte où, au v « siècle, furent trouvés les restes du prophète Zacharie et en l’honneur de qui on éleva une église. Sâfiéh a remplacé Saphitha chez les populations arabes comme Médiéhn pris la place du Moditha de la même carte. D’autre part, le nom de Saphitha est trop semblable au Sephata de la Bible pour ne pas le reconnaître comme identique et comme désignant la même localité. C’est elle qui a dû donner son nom à la vallée où le roi Asa battit les Éthiopiens et leur roi Zara. II Par., xiv, 9-10. Cette vallée était dans le voisinage de Marésa et au nord, selon la traduction des Septante, comme Saphitha l’est d’Éleuthéropolis, comme Sâfiéh de Beit-Djibrîn et de Mar’oJS, Sephata (hébreu : Sefâtdh) de la même racine. Sâfdh est encore identique de signification à Maspha. On ne peut guère supposer, dira-t-on, l’emploi simultané des deux noms. Dans le même temps et dans le même milieu, c’est incontestable ; mais n’est-il pas permis de voir dans Sephata une modification introduite dans l’usage entre le temps de Josué et d’Asa ? Cette transformation n’était-elle pas d’autant plus nécessaire pour écarter toute confusion que le nom de la Maspha de la tribu de Benjamin, voisine de Juda, depuis la grande assemblée du peuple sous Phinées, ou depuis Samuel devait être dans toutes les bouches ? Les savants objecteront encore le nom de Sephata des monuments égyptiens. Il se lit sous

la forme w w’j||. 1.. Sidiputa ou Sidphoth, avec Odullam et d’autres villes, paraissant être de la partie sud-ouest du district de Juda, dans le Voyage d’un Égyptien, au xcv* siècle avant notre ère, traduit par F. Chabas, Chalon-sur-Saône et Paris, p. 199, 313. C’est

le même nom sans doute qui est écrit J, J^. ], Safta, sur les listes géographiques de Thothmès III (n. 116) et indiqué à l’entrée de la seconde route suivie quelquefois par les Égyptiens pour gagner Mageddo et le nord de la Syrie. Cf. Max Mûller, Asien und Europa, Leipzig, 1893, p. 158, et Mageddo, col. 553. C’est probablement encore la même ville que (Sésac) nomme

J. ÎW -A& J-> Sapatol ou Satpatar, , et recense parmi les villes de Juda conquises par lui. Chabas, ioc.

cit., p. 199. Cette Sephata, Siphta ou ÇUlphoth des monuments égyptiens semble bien identique à la Sephata biblique, dont l’identité avec le Sâfiéh actuel est elle-même d’une très grande probabilité. Mais s’il en est ainsi, le nom de Sephata est certainement antérieur à l’exode et à Josué, et est-il encore possible, dans ce cas, de l’identifier avec Maspha ? Nous le pensons. Le nom de Maspha pourrait avoir été le nom usité chez les Chananéens et les Hébreux, alors que dès le principe les Égyptiens avaient adopté pour la même ville le nom Sephata. L’usage de noms de formes diverses pour désigner une même ville est certainement employé simultanément chez des peuples différents. Cependant quand les Égyptiens eurent occupé, sous le régne de Roboam, la ville appelée Maspha par les Juifs, le nom de Sephata, employé par les maîtres de la ville, devait devenir bientôt le nom universellement accepté et le nom de Maspha devait disparaître. — Dans cette hypothèse nous supposons certaine l’identité de la ville nommée par les documents égyptiens, bien qu’elle ne soit pas encore incontestablement établie. Nous l’admettons néanmoins comme très plausible. Maspha d’ailleurs, qui se lit une seule fois dans la Bible, Jos., xrx, 29, pourrait être une variante de Sephata introduite dans l’Écriture seulement par les copistes. Ces hypothèses semblent acceptées ou supposées par de nombreux savants qui, malgré ces raisons, n’ont point cessé de considérer Tell-Sâfiéh comme identique à Maspha. Voir Victor Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 92 ; F. de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1871, p. 220 ; Rich. v. Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 64 ; Id., Bibel-Atlas, ibid., 1880, p. 20 ; Survey of Western Palestine, Memolrs, t. ii, p. 440 ; Buhl, Géographie des Alten Palâstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 196.

4° Fouilles exécutées à Tell es-Sâfiéh. — En 1899, la « société anglaise d’exploration de la Palestine » a fait exécuter des fouilles au Tell-Sâfieh, par les soins du D’Bliss. La société semble avoir voulu se rendre compte si l’on ne trouverait pas en cet endroit des arguments pouvant justifier de son identité avec Geth des Philistins dont la situation n’a pu être jusqu’ici fixée définitivement. Malgré l’exiguïté du champ laissé aux explorateurs pour pratiquer leurs recherches, à cause de la présence du village musulman et de son cimetière occupant presque tout le sommet de la colline, le D r Bliss a pu recueillir un grand nombre de débris antiques et a fait plusieurs constatations importantes. Les fouilles ont confirmé le récit de Guillaume de Tyr et attesté l’existence de plusieurs localités successives ou plutôt superposées par le passage des civilisations diverses ayant occupé le tell, depuis les Francs en remontant jusqu’aux Chananéens et aux Amorrhéens, en passant par les Byzan.tins, les Romains, les Grecs, les Juifs, les Phéniciens et les Égyptiens. Rien cependant n’est venu appuyer la présomption de l’identité avec Geth de Sâfiéh ou infirmer son identification avec Sephata ou Maspha. Voir Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1899, p. 188-199, 317-333 ; 1900, p. 16-29, 77 ; Note de Clermont-Ganneau, ibid., 1899, p. 354 ; et dans la Revue d’archéologie orientale, t. vii, p. 170 ; Revue biblique, 1899, p. 607, 608 ; 1900, p. 291 ; 1902, p. 112-114.

L. Heidet.

4. MASPHA, ville de la tribu de Benjamin. Son nom est transcrit Codex Vaticanus : Mnaa-rnii ; Alexandrinus : Motaçi, Jos., xviii, 26 ; Vulgate : Mesphe ; Maaa^i, " Jud., xx, 2, 3 ; der n xlvii et xlviii (xl et xli) ; I Mach., in, 46, 47 ; Majcniçiie, Jud., xxi, 1, 5, 8 ; I Reg., vu ; IV Reg., xxv, 23 ; Ma<jçâ, II Par., xvi, 6 ; II Esd., iii, 7, 15. Le nom est traduit mamâ, IJI Reg., xv, 22, récit parallèle à II Par., xvi, 6. La Vulgate transcrit Masphath I Reg., vii, et Jer., xl et xli ; partout ailleurs elle écrit constamment Maspha, sauf Jos., xviii, 26. Maspha de