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MARTEAU — MARTHE


Tubalcaïn, iripupoxdiroi ; , malleator, Gen., iv, 22 ; et aiguiser des armes ou des outils en les martelant, xaXxeûevt, exacuere, I Reg., xiii, 20, imXëdetv, vibrare. Ps. vil, 14. Aiguiser les yeux contre quelqu’un, Job, xvi, 10, [JéX » )7tetpaT&v aÙToO ÉTc’lfioi, terribilibus oculis me intuitus est, c’est le percer du regard, lui témoigner de l’hostilité. Avec la civilisation grécoromaine s’introduisirent en Palestine différentes espèces de marteaux les maillets de bois, <r<pûpa, malleus, des batteurs d’or, Pline, H. N., xm, 26 ; xvi, 84, des maçons et des menuisiers, Plaute, Merc, ii, 3, 57, le maillet de fer ou de bois cerclé en fer des forgerons, Pline, H.. N., xxxiv, 20, 40 ; le <rçOptov, malleolus, diminutif du précédent, Celse, viii, 3 ; le marcus, gros marteau en fer des forgerons ; le marculus ou martulus, réduction du précédent, Martial, iii, 57, 6 ; Pline, H. N., vii, 56, 57 ; le martio lus,-marteau pour les petits ouvrages. Pétrone, Satyric, 51, etc. Cf. Rich, Dictionn. des antiq. romaines et grecques, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 387, 394. Tous ces outils devaient d’ailleurs exister équivalemment chez les Hébreux.

H. Lesêtre.
    1. MARTHE##

MARTHE (grec : MâpBa), sœur de Marie de Béthanie et de Lazare. — 1° Ce nom ne se lit nulle part dans l’Ancien Testament. Il vient probablement de l’araméen tnârâ’, « maître, » et signifie « maîtresse ». "Voir Électra, t. ii, col. 1652. Plutarque, Marins, 17, cite ce nom comme celui d’une prophétesse syrienne qui accompagnait le général Marius. Cf. Schegg, Evang. nach Luk., Munich, 1863, t. ii, p. 530.

2° Marthe est nommée pour la première fois à l’occasion de la réception de Notre-Seigneur et de ses disciples dans un bourg de Galilée, au cours de son dernier voyage dans ce pays. Elle se multiplie et se donne un grand mouvement, mpiesirâTo, satagebat, pour recevoir dignement ses hôtes. Elle agit en maîtresse de maison, habituée à commander et à surveiller, tandis que sa sœur Marie, longtemps absorbée par de tout autres occupations, ne songeait, depuis sa conversion, qu’à écouter les paroles du Sauveur. Aussi Marthe s’étonne-t-elle que sa sœur ne prenne pas une part plus active à la préparation du festin. Elle dit donc à Notre-Seigneur, sans doute avec plus d’enjouement et de simplicité que de mécontentement : « Seigneur, ne prenez-vous pas garde que ma sœur me laisse seule à servir ? Dites-lui donc de m’aider. » Marthe s’imagine que Marie fera plus d’honneur au divin Maître en lui préparant son repas qu’en l’écoutant. Notre-Seigneur répond sur un ton à la fois grave et affectueux : « Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t’agites pour beaucoup de choses. Or, une seule est" nécessaire. Marie a pris pour elle la bonne part et elle ne lui sera pas ôtée. » Luc, x, 38-42. Le Sauveur ne blâme que ce qu’il y a d’excessif dans l’activité de Marthe ; cet excès empêche de songer au principal, qui est le soin de la vie spirituelle. Marie a choisi la bonne part, la part bonne par excellence ; celle que Marthe a prise pour elle n’est que d’nne bonté secondaire. Notre-Seigneur ne veut donc pas que Marie soit réduite à abandonner le nécessaire et l’excellent pour ce qui est simplement utile et bon. Cet épisode de Marthe et de Marie se lit à la fête de l’Assomption, parce que la "Vierge Marie a réuni en elle la perfection de la vie comtemplative et celle de la vie active. ^

3° Marthe apparaît de nouveau, avec son caractère particulier, dans le récit de la résurrection de Lazare. La première, elle va au-devant du Sauveur, quand il approche de Béthanie, alors que Marie reste à la maison plongée dans son chagrin. Marthe s’adresse à Notre-Seigneur et lui répond avec le plus grand à-propos sur la résurrection future et sur sa foi en la divinité de celui qui lui parle. Elle-même va ensuite avertir sa sœur. Elle intervient encore" au moment où Jésus ordonne l’ouverture du sépulcre. Joa., si, 20-40. Néanmoins, Marie parait avoir occupé l’attention publique plus que Marthe ; car

saint Jean, xi, 45, parlant du concours des Juifs à Béthanie, dit qu’ils étaient venus vers Marie. Marthe n’est pas nommée dans le grec ni dans les manuscrits de la "Vulgate, bien que le texte actuel la mentionne ici.

4° Au festin qui a lieu à Béthanie, la veille des Rameaux, Marthe préside au service, Joa., xii, 2, tandis que Marie entoure de ses soins pieux la personne même du Sauveur. Les deux sœurs apparaissent dans ce festin à peu près avec le même rôle que celui qu’elles ont rempli dans la maison de Galilée (voir col. 811). Le service de Marthe n’avait donc pas été condamné ni même blâmé ; le Sauveur n’en avait signalé que le caractère excessif et exclusif. Après cet épisode, il n’est plus question de Marthe dans l’Évangile. On est étonné de ne pas la voir figurer, comme sa sœur, dans les récits de la passion et de la résurrection. Mais son absence s’explique par ce fait que les princes des prêtres songeaient à faire périr Lazare. Joa., xii, 10, 11. Les deux sœurs ne pouvaient à la fois abandonner leur frère ; pendant que Marie représentait la famille amie auprès du Sauveur mourant, Marthe dut rester auprès de Lazare menacé de mort.

5° On n’a pas de documents anciens sur les dernières années de Marthe. Dans la seconde moitié du iv « siècle, à l’époque de la Peregrinatio Silviæ, i y avait à Béthanie deux églises, l’une à l’endroit de la rencontre de Jésus et de Marthe, l’autre sur le tombeau de Lazare. Saint Jérôme, Epist. cviii, Epitaph. Paulx, 12, t. xxii, col. 887, signale à Béthanie « le sépulcre de Lazare, la demeure de Marie et de Marthe », mais ne dit rien de la mort ni du tombeau des deux sœurs. Le Petit Martyrologe romain, du ix « siècle, et Usuard se contentent de mentionner, au 17 décembre, à Béthanie, le souvenir de Lazare et de Marthe, probablement à cause du vocable des deux églises dédiées dans ce bourg, l’une à saint Lazare, l’autre à sainte Marthe. En H87, on découvrit le tombeau de sainte Marthe à Tarascon et l’on bâtit au-dessus une église qui fut consacrée en 1197. On écrivit alors la légende qui faisait venir sainte Marthe de Palestine, avec son frère et sa sœur et beaucoup d’autres personnages célèbres depuis dans la Gaule ecclésiastique. Elle se serait établie à Tarascon, y aurait vaincu le monstre Tharascurus ou Tarasque, aurait ressuscité un jeune homme noyé à Avignon, et, sur une invitation de sa sœur Madeleine, serait morte sept jours après elle, le 29 juillet. D’un des sermons mis sous le nom de saint Ambroise, Serm. xlyi, de Salomon., iv, 14, t. xvii, col. 698, on conclut même que Marthe était Phémorroïsse de l’Évangile, guérie d’un flux de sang par le Sauveur. Clovis I er, roi des Francs, serait venu à son tombeau, à Tarascon, et y aurait obtenu une guérison. Cf. Jacques de Voragine, La légende dorée, trad. Roze, Paris, 1902, t. ii, p. 307-313 ; Faillon, Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine, Paris, 1865, t. ii, p. 453. Deux chartes de 964 et 967 supposent à Tarascon une « terre de sainte Marthe », dépendant naturellement d’une église dédiée à la sainte. Cf. Bellet, Les origines des églises de France, Paris, 1898, p. 250-255 ; J. Bérenger, Les traditions provençales, Marseille, 1904, p. 166-174. Cependant, un manuscrit du martyrologe d’Adon, à l’usage des églises d’Arles et d’Avignon, et datant des premières années du xiie siècle, enregistre une fête de sainte Marthe, au 17 octobre, et une autre de Lazare et de Marthe, au 17 décembre, sans aucune mention du séjour à Tarascon. Dans un martyrologe d’Avignon, on lit au 29 juillet ces simples mots : « Ce jour, passage de la bienheureuse Marthe, sœur de Lazare, » insérés au xme siècle. À la même époque, on a inséré à la marge inférieure du martyrologe d’Adon, au 27 juillet : « Dans les Gaules, au bourg de Tarascon, sainte Marthe, hôtesse du Christ, etc. » Cf. G. Morin, Un martyrologe d’Arles, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1898, p. 23, 24 ; Duchesne, Fastes épiscopaux de Vancienne Gaule, Paris, 1894, 1. 1, p. 325^29. H. Lesètbe.