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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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et la fixa au vendredi de la semaine de la Passion. VI. Après la résurrection du Sauveur. — I. les

APPARITIONS DU SAUVEUR RESSUSCITÉ. — Les récits

évangéliques ne font aucune mention de la Sainte Vierge dans le peu qu’ils racontent à propos des jours qui ont suivi la résurrection. Les Pères s’en sont tenus à ce silence. Georges de Nicomédie, Or. ix, t. c, col. 1500, est probablement le premier à dire que, la Sainte Vierge avant eu une part de choix aux angoisses de la croix, dut jouir avant tous et plus que tous du triomphe de son Fils. Au XIIe siècle, , l’idée d’une apparition du Sauveur ressuscité à sa sainte Mère commence à se répandre en Occident avec Rupert, De div. offic, vii, 25, t. clxx, col. 306, et est admise comme un fait de convenance par Eadmer, De excell. V. M., 6. t. eux, 568, puis par saint Bernardin de Sienne, Quadrag. l, in Resurrect., Serm. Lll, 3 ; saint Ignace de Loyola> Exercic. spir., de resurrect., I a appar. ; Suarez, De myst. vit. Christ., xlix, 1 ; Maldonat, In iv Evang., ad xxviii Matth., etc. Cf. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, t. i, p. 322-325. Les mêmes raisons de convenance permettent de supposer plusieurs apparitions du divin Maître à Marie, entre sa résurrection et son ascension. Peut-être la Sainte Vierge assistat-elle d’ailleurs avec grand empressement aux rendez-vous assignés en Galilée, Matth., xxviii, 7, 10, 16 ; Marc, xvi, 7, et à l’ascension de son divin Fils. L’Évangile et la tradition sont muets à ce sujet.

II. la Pentecôte. — 1° Aussitôt après l’ascension, les Apôtres et les disciples se retirèrent à Jérusalem, dans le cénacle, au nombre d’environ cent vingt. Il y avait avec eux plusieurs des saintes femmes venues de Galilée, et « Marie, mère de Jésus ». Malgré sa haute dignité et son incomparable sainteté, ce n’était pas elle qui exerçait l’autorité et prenait la parole dans l’assemblée, mais Pierre, établi chef de l’Église par le Sauveur. Act., i, 15. Tous priaient ensemble d’une manière continue, Act., i, 14, se rendant également dans le Temple pour louer et bénir Dieu. Luc, xxiy, 53. La Vierge Marie remplissait ainsi vis-à-vis de l’Église à son berceau des devoirs analogues à ceux dont elle s’était acquittée jadis envers l’enfant Jésus. Sa prière contribuait à la ferveur des autres et communiquait à leurs désirs des instances plus capables d’attirer la grâce de l’Esprit-Saint.

2e Le jour de la Pentecôte, Marie priait encore au milieu des disciples quand l’Esprit descendit « sur chacun d’eux ». Act., ii, 3, 4. Elle le reçut donc aussi. L’Esprit de Dieu avait pris possession de l’âme de Marie dès le premier instant de sa conception. Il était venu en elle pour opérer le mystère de l’incarnation, Luc, i, 35, et lui donner les grâces nécessaires à l’accomplissement de sa mission vis-à-vis du Verbe incarné. Il revint à la Pentecôte augmenter encore la grâce en elle, peut-être aussi la mettre en mesure de remplir de nouveaux devoirs vis-à-vis de l’Église et de l’humanité.

in. les dernières annébs de marie. — 1° Après la Pentecôte, la Sainte Vierge demeura à Jérusalem, à la garde de saint Jean, auquel Notre-Seigneur l’avait confiée. Sa présence cependant ne paralysa en rien le ministère de l’Apôtre, non seulement à Jérusalem, mais même en dehors de la ville. Act., viii, 14-17. Il en était absent au premier et au dernier voyage de saint Paul, Gal., i, 18, 19 ; Act., xxi, 18 ; mais il assistait au concile de Jérusalem, en l’an 51 ou 52. Son départ définitif pour Éphèse n’eut très probablement lieu qu’après la mort de la Sainte Vierge. Voir Jean (Saint), t. iii, col. 1161, 1162. Un voile épais couvre la rie de Marie durant cette période. Sans nul doute, elle était pour tous un exemple et un, encouragement. S’il est dit des premiers chrétiens qu’ils « persévéraient dans la doctrine des Apôtres, restaient unis, rompaient le

pain et priaient assidûment », Act., ii, 42, ces paroles s’appliquent éminemment à elle.

2° L’absence de documents authentiques ne permet pas de dire si la Sainte Vierge passa une partie de ses dernières années hors de Jérusalem ou de Palestine. Ceux qui supposent qu’elle fit un séjour à Éphèse, s’appuient sur un texte obscur et incomplet de la lettre synodale du concile d’Éphèse, qui peut vouloir dire tout simplement que « là le théologien Jean et la Vierge sainte Marie » avaient une église consacrée en leur honneur. Cꝟ. 1. 1, col. 1136, et Labbe, Colleet. Concil., t. iii, p. 573. L’apôtre saint Jean avait été inhumé à Éphèse, Eusèbe, H. E., iii, 31 ; v, 24, t. xx, col. 280, 493, et l’église élevée sur son tombeau était YApostolieon, voir t. ii, col. 1847-1849, et non celle dans laquelle se réunit le concile d’Éphèse. La phrase de la lettre synodale ne peut donc signifier que « là même », é’vûb, . se trouvaient les tombeaux de Jean le théologien et de la Vierge sainte Marie. Il est vrai que Tillemont, Mém. pour servir à Vhist. ecclés., t. i, p. 467-471 ; dom Calmet, Dict. de la Bible, art. Jean, Marie, Paris, 1846, t. ii, col. 902 ; t. iii, col. 975-976, et d’autres pensent que la Sainte Vierge a vécu à Éphèse et y a été inhumée. Mais cela ne ressort nullement du texte de la lettre. Bien plus probablement celle-ci visait la double église dont on a retrouvé les ruines à Éphèse. Ce monument forme un rectangle de 88 mètres de long sur 33 de large. À l’intérieur, il y avait une première abside au milieu de l’église et une seconde au chevet, ce qui permet de supposer une basilique ayant une partie dédiée à la Sainte Vierge et l’autre à saint Jean. Cf. Le Camus, Les sept Églises de l’Apocalypse, Paris, 1896, p. 131-133. On a cru trouver à Panaghia Kapouli, sur une colline à 15 kilomètres d’Éphèse, les restes d’une maison qu’aurait habitée la Sainte Vierge. Cf. JPoulin], Panaghia-Capouli, Paris, 1896 ; Gabriélovich, Ephèse ou Jérusalem, tombeau de la Sainte Vierge, Paris, 1897 ; Gouyet, Découverte dans la montagne d’Ephèse de la maison où la T. S. Vierge est morte, Paris, 1898. Cette maison, recherchée et découverte d’après les indications de Catherine Emmerich, Vie de la Sainte Vierge, Tournai, 1869, p. 480, 481, serait celle où Marie a vécu ses dernières années et près de laquelle elle a été inhumée. Une pareille affirmation ne saurait avoir plus de valeur historique que les autres descriptions de Catherine. L’exactitude de ce qu’elle a pu dire des ruines de Panaghia-Kapouli, dans leur état actuel, n’entraîne pas logiquement celle de la destination qu’elle lui attribue. Ms r Timoni, archevêque de Smyrne, écrit judicieusement en tête de Panaghia-Capouli ; « Chacun est libre entièrement de garder son opinion personnelle. » La thèse ne s’impose donc à aucun titre. On ne conçoit guère d’ailleurs saint Jean s’établissant dans la montagne, à 15 kilomètres d’Éphèse, avec la Sainte Vierge, qui ne serait venue là que pour ne pas se séparer de celui auquel Notre-Seigneur l’avait confiée. On concevra moins encore que les anciens Pères, qui mentionnent à Éphèse le tombeau de saint Jean, et même celui d’une fille de Philippe, cf. Polycrate, dans Eusèbe, H. E., xiii, 31, t. xx, col. 280, ne fassent jamais la moindre allusion au séjour et au tombeau de Marie. Le premier qui en parle est un évêque jacobite du xine siècle, G. Aboulfarage, surnommé Bar-Hébrseus, qui raconte que saint Jean conduisit avec lui la Sainte Vierge à Patmos, fonda ensuite l’Église d’Éphèse, et ensevelit la bienheureuse Marie, sans qu’on sache où il l’inhuma. Cf. Assemani, Bibliot. orient., Rome, 1719-1728, t. iii, p. 318. L’inexactitude des deux premiers renseignements dispose assez peu à accepter 1er troisième. Benoit XIV, De fest. D. N. J. C, I.^vn, 101, dit que Marie suivit saint Jean à Éphèse^et y mourut. En parlant de l’assomption de Marie, il ne paraît pas très ferme dans son opinion favorable à Éphèse. Il voulait cependant