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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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15. Cf. S. Epiphane, Rser. lxxviii, 17, t. xlii, col. 728.

3° La virginité et la maternité divine, au lieu de se nuire dans la Très Sainte Vierge, n’ont fait que se rehausser mutuellement. Il en devait nécessairement être ainsi ; car l’action du Saint-Esprit en Marie ne pouvait que donner plus de valeur aux vertus et aux privilèges qu’elle possédait déjà. L'Église dit qu’en naissant de la Vierge, le Fils de Dieu t n’a pas amoindri mais consacré l’intégrité de sa mère ». Miss. Puritat. B. M. V., secret. Les Pères enseignent de même que la maternité divine n’a fait que consolider et embellir la virginité de MarieCf. S. Pierre Chçysologue, Serm. cxhll in Annunt. B. M. V., t. lii, col. 581 ; Hesjchius, Rom. y, de S. M. Deip., t. xciii, col. 1461 ; S. Ildefonse de Tolède, De virg. perpet. S. M., t. xcxvi, col. 95 ; S. Bernard, De xii prserog. B. V. M., 9, t. clxxxiii, col. 434, etc. Il est incontestable que malgré sa propre virginité et la divinité de son Fils, Marie eut une maternité aussi réelle qu’aucune autre femme.

4° Il est plusieurs fois question dans l'Évangile de personnages appelés « frères de Jésus », quelquefois mentionnés en même temps que la mère de Jésus. Matth., xii, 46, 47 ; xiii, 55, 56 ; Marc, iii, 31, 32 ; vi, 3 ; Luc, viii, 19, 20 ; Joa., ii, 12 vii, 3, 5, 10 ; Act., i, 14 ; I Cor., ix T 5 ; Gal., i, 19 ; Jud., 1. Ces frères ne sont ni des fils de Marie, ni des frères proprement dits du Sauveur, mais seulement des cousins plus ou moins rapprochés, suivant le langage familier aux Juifs. Voir Frère, t. ii, col. 2403-2405. C’est donc prendre ces passages à contre-sens que de les interpréter de manière à nier la virginité perpétuelle de Marie. Cf. Lagrange, Le récit de l’enfance de Jésus dans saint Luc, dans la Revue biblique, 1895, p. 174-183.

IV. LA MATERNITÉ DIVINE DE MARIE. — 1° Elle est

aussi nettement affirmée que possible par les textes évangéliques. Marie « met au monde son premier-né », Matth., i, 25, et ce Fils est le « Verbe fait chair », Joa., i, 14, par conséquent Dieu même s’unissant en Marie une nature humaine. Les premiers Pères n’ont pas d’hésitation à ce sujet. Cf. S. Ignace, Ad Ephes., 7, t. v, col. 652 ; S. Irénée, Adv. hœres., iii, 19, 2, 3, t. viii, col. 940, 941. Tertullien, Adv. Prax., 27, t. ii, col. 190, dit à l’hérétique Praxéas : « Ce qu’elle a conçu, elle l’a engendré, et celui qui est né, est Dieu. » Saint Ambroise, In Luc., ii, 25, t. xv, col. 1521, dit avec la même énergie : « La Mère du Seigneur, enceinte du Verbe, est remplie de Dieu. » Quand Nestorius, Serm., i, 6, 7, t. xlvui col. 760, 761, dénia à Marie le titre de Mère de Dieu, sous prétexte que la créature ne peut engendrer le Créateur, et que d’elle ne peut naître qu’un homme instrument de la divinité ou porte-Dieu, le concile d'Éphèse proclama son titre véritable de Œoxtfxoc, « celle qui engendre Dieu, » la mère de Dieu. Cette proclamation n'était que l'écho des affirmations de plus savants écrivains ecclésiastiques. Cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Apol. pro xii cap. ; Cont. Julian., viii, t. lxxvi, col. 320, 901 ; Epist. ad Acac., 14, t. lxxvii, col. 97 ; Jean d’Antioche, Epist. ad Nestor., 4, t. lxxvii, col. 1456 ; Théodoret, Heret. fab., iv, 2, t. lxxxiii, col. 436 ; S. Grégoire de Nazianze, Epist. ad Cledon., i, t. xxxvii, col. 177 ; Proclus, Hom. de Matr. Dei, t. lxv, col. 680, etc. Cf. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, Paris, 1902, t. i, p. 3-14> Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 210-211.

r. la sainteté de marie. — 1° Cette sainteté est la conséquence des grâces reçues par Marie et de l’usage qu’elle en a fait. Aux dons divins les plus magnifiques, elle répond par l’humililé et l’obéissance, Luc, i, 38, 48, et dans les circonstances les plus douloureuses, elle n’a ni impatience ni murmure. Luc, ii, 7, 35, 48 ; Joa., xix, 25-27. Marie, exemptée de la faute originelle, n’a jamais connu le péché. Cf. S. Thomas, Summ. theol., III », jj. xxvii, a. 4 ; Terrien, La mère de Dieu et la mère des

hommes, t. ii, p. 67-84. — 2° Quelques Pères grecs ont pourtant attribué à Marie certaines fautes légères. Saint Basile, Epist. cclx, t. xxxii, col. 965-968, croit que la Sainte Vierge succomba au doute quand Siméon lui fit sa prophétie et ensuite pendant la Passion. Saint Jean Chrysostome, Hom. iv, in Matth., t. lvii, col. 45, dit que Marie dut être avertie par l’ange de ce qui allait se passer en elle, car autrement elle serait tombée dans le trouble et la crainte. Il l’accuse de vaine gloire aux noces de Cana et quand plus tard elle arriva publiquement avec les frères de Jésus. Matth., xii, 46, 47 ; Hom. xhir, in Matth., t. lvii, col. 464, 465 ; Hom. xxi, in Joan., t. lix, col. 130. Saint Cyrille d’Alexandrie, In Joan., t. lxxiv, col. 661-66 i, avance qu’au pied de la croix Marie fut scandalisée, découragée, en proie au doute sur la puissance de son Fils. Quelques autres Pères ont exprimé des pensées analogues. Cf. Pétau, De incarn., XIV, i, 3-7. En somme, ces Pères accusent moins la volonté de la Sainte Vierge que sa nature féminine. On ne peut pas dire que, quand ils attribuent certaines défaillances morales à Marie, ils représentent une tradition apostolique. Ils ne font qu’interpréter, dans un sens personnel, certains passages de l'Évangile, et obéissent plus ou moins consciemment aux préjugés communs de leur temps sur l’infériorité naturelle de la femme. Cf. Newman, Dit culte de la Sainte Vierge, note F, p. 154170. La vraie tradition de l'Église a ici pour organes les Pères qui ne font pas dire aux textes évangéliques plus qu’ils ne contiennent, et qui professent avec saint Ambroise, InL uc., ii, 16-22, t. xv, col. 1558-1560 ; De virgin., i, 15 ; Epist., lxiii, 110 ; De obit. Valentin., 39, t. xvl, col. 210, 1218, 1371 ; saint Augustin, De nat. et grat., xxxvi, 42, t. xliv, col. 267 ; le Vén. Bède, /n Luc, ii, 35, t. xcii, col. 346 ; etc., que, quand il est question de péché, il faut toujours excepter Marie, et cela pour l’honneur de son Fils. C’est la doctrine qu’a définitivement consacrée le concile de Trente, sess. VI, can. 23. « On sait les propositions de saint Chrysostome sur la Sainte Vierge, qui ne peuvent guère s’accorder avec le canon 23 de la VIe session du concile de Trente : en ces occasions on se donne la respectueuse liberté de préférer au saint, non pas ses sentiments particuliers, mais ceux d’autres saints où la vérité s’est plus purement conservée. » Bo|suet, Préf. suri’instr. pastor. de M. de Cambrai, sect. xi, Bar-le-Duc, 1870, t. v, p. 733. Cf. J. Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 72-77 ; Dict. dé théologie, Paris, t. i, 1903, col. 1378-1382.

V. Pendant la vie publique du Sauveur. — I. aux noces de cana. — 1° Dès le début du ministère public du Sauveur, il y eut des noces à Cana, « et la mère de Jésus était là. » Cana n’est guère qu'à six kilomètres de Nazareth. Les jeunes époux et leur fomille avaient des liens de parenté ou d’amitié avec la Sainte Vierge, ce qui explique qu’elle se trouvât là naturellement comme a une place qui lui revenait de droit. À cause d’elle, sans doute, Jésus fut invité avec ses disciples. Les parents des jeunss époux ne devaient pas jouir d’une grande aisance, car le vin fit défaut. Marie, à qui la maison était familière, s’en aperçut au cours du festin, et non pas dès le début. Les mots ûoxep^davto ; olvou, déficiente vino) ne signifient pas nécessairement : « le vin étant en quantité insuffisante, » ce dont la Sainte Vierge aurait pu se rendre compte dès le commencement, mais : « le vin manquant, » ce qu’elle constata au moment où l’incident se produisit. Aussi dit-elle à Jésus : « Ils n’ont pas de vin, » ofvov ojx è'xoutnv, ce qui ne signifie pas : « Ils n’auront pas assez de vin. » On lit d’ailleurs dans le Sinaiticus, et dans plusieurs autres manuscrits anciens ; <s Us n’ont plus de viii, parce que le vin de la noce a été consommé. » Cf. Griesbach, Nov. Test, gresce, Halle, 1796, 1. 1, p. 432. La Sainte Vierge prit ainsi l’initiative d’une demande discrète adressée à son Fils. Elle voulait épargner la confusion à une famille aimée, et elle ne