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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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2° Le Magnificat est l’œuvre d’une âme très familiarisée avec les textes sacrés. Les expressions et souvent les pensées en sont empruntées aux écrits de l’Ancien Testament, particulièrement au cantique d’Anne, mère de Samuel. I Reg., ïi, 1-10. Dans son cantique, Marie commence par faire éclater sa joie à la pensée du Dieu Sauveur qui a abaissé un regard de bonté sur la bassesse, TomsiviiXTic, de sa servante, c’est-à-dire de son esclave, SovXt, ancilla. Bien que convaincue de sa bassesse et ne s’estimant qu’une esclave aux yeux de Dieu, ’elle prophétise que toutes les nations la proclameront bienheureuse, comme vient de le faire Elisabeth, Luc, i, 42, 45, comme le fera la femme de l’Évangile, Luc, xi, 27, comme le feront jusqu’à la fin des temps les chrétiens qui réciteront Y Ave Maria.

ix. l’hésitation de saint joséph. — 1° À son retour à Nazareth, ou peu de temps après, Marie fut trouvée, E’SpéOï), avec les signes extérieurs de ce que le Saint-Esprit avait opéré en elle. On comprend que Joseph, qu’il ait accompagné Marie chez sa parente ou non, se soit au retour montré plein de sollicitude à son égard. Il constata donc ce qui se passait en elle, mais il ne connaissait pas le secret que Dieu n’avait encore révélé qu’à Marie et à Elisabeth. L’épreuve fut dure pour lui, et aussi pour sa sainte fiancée, à laquelle il ne put sans doute dérober longtemps les indices de son inquiétude. Celle-ci garda néanmoins le silence, comptant avec raison que Dieu, qui avait pris soin d’informer Elisabeth, avertirait aussi Joseph. Dieu mit fin à l’épreuve de Joseph par le moyen sur lequel comptait Marie. Un ange lui apparut pendant son sommeil et lui révéla le mystère. C’était justice. Joseph avait droit, autant du moins qu’une créature peut avoir un droit visà-vis de Dieu, d’être informé de ce qui avait été fait à une fiancée qui lui appartenait légitimement. L’ange lui dit donc que ce qui était engendré en Marie, àv aûrij Yevv » )9év, venait du Saint-Esprit, et qu’en conséquence il n’hésitât pas à la prendre pour sa femme. Matth., i, 1820.

x. le mariage. — 1° Tous Ces événements s’étaient passés avant que Marie et Joseph habitassent ensemble, wpv 5] (njveXôeïv aùioûç, antequam convertirent, Matth., i, 18, comme c’était la règle entre fiancés. Sur l’ordre de l’ange, Joseph, à son réveil, prit pour sa femme, tt|V -yuvatxa aÛToï, celle qui n’était précédemment que sa fiancée, [ivi)<TTeu8efoT<i. Les paroles de l’évangéliste, « à son réveil, » exsurgens a sonino, « Joseph la prit pour sa femme, » indiquent que le doute de Joseph ne fut levé qu’à peu de jours de l’époque à laquelle devait se célébrer le mariage, et conséquemment l’introduction solennelle et définitive de Marie dans la maison de son époux. Matth., i, 24. Voir Mariage, col. 773. — 2° Ces faits de la vie de la Très Sainte Vierge ne peuvent être datés sûrement. Chez les Juifs, les jeunes filles étaient considérées comme nubiles dès l’âge de douze ans. On ne sait pas quel âge avait Marie quand elle se fiança. En tous cas, l’usage du mariage au cours des fiançailles ne présentait absolument rien d’anormal, si bien que personne, sauf Joseph, n’eut à s’étonner de l’état de Marie entre ses fiançailles et son mariage. Rien n’indique non plus le temps qui s’écoula entre les fiançailles de Marie, et la visite de l’ange. Entre cette visite et le mariage, il faut compter au moins trois mois, temps du séjour de Marie chez Elisabeth. Luc., i, 56. Mais on ne sait pas davantage combien de jours séparèrent le retour de Marie d’avec la célébration de son mariage, ni cette célébration d’avec la naissance du Sauveur. On laissait d’ordinaire un an s’écouler entre les fiançailles et le mariage ; mais ce délai était abrégé, quelquefois jusqu’à un mois, à la volonté des fiancés. Cf. Iken, Ant. hébr., p. 497. Il s’écoula naturellement plus de trois mois entre les fiançailles de Marie et de Joseph et leur mariage ; on ne peut pas savoir si le délai fut porté jus qu’à un an. Enfin, étant données les coutumes orientales, la Sainte Vierge a parfaitement pu n’avoir que treize ans quand elle a mis au monde Notre-Seigneur. Avait-elle davantage ? Dépassait-elle cet âge de plusieurs années ? Aucun document ne permet de le dire.

III. Pendant l’enfance du Sauveur. — I. la naissance A BETHLÉHEM. — 1° En vertu d’un édit de l’empereur Auguste, un recensement fut fait dans les provinces de l’empire. La Judée, soumise alors à l’autorité romaine, malgré la royauté d’Hérode, dut subir cette opération administrative. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1189. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Luc, Paris, 1896, p. 104114. Le recensement se fit suivant la méthode juive. Les titres généalogiques des familles Israélites étaient soigneusement conservés. I Esd., ii, 59, 62. Josèphe, Vit., 1, témoigne qu’il a établi sa propre généalogie d’après les tablettes publiques ; il dit ailleurs, Cont. Apion., i, 7, que les familles sacerdotales tenaient avec le plus grand soin leurs tables généalogiques. Il en était certainement de même chez les principales familles du pays, et en premier lieu dans la famille de David, héritière de si grandes promesses. Les tables généalogiques se conservaient dans des conditions qui garantissaient leur authenticité, et naturellement dans le lieu d’origine delà famille. La famille de David, à laquelle appartenaient Marie et Joseph, était originaire deBethléhem ; c’est donc à Bethléhem qu’ils se rendirent pour le recensement, l’empereur Auguste ayant formellement autorisé les peuples relevant de l’autorité romaine à procéder dans les actes publics suivant leurs coutumes nationales. Ci. Dion Cassius, Liv, 9. Marie accompagna Joseph, soit pour obéir à un désir personnel ou à une inspiration divine, soit parce qu’elle était héritière ou qu’il s’agissait de fixer l’impôt personnel qui frappait les femmes depuis l’âge de douze ans. Digest., L, xv, 3, Mommsen, 1872, p. 356 (du IIIe siècle). Cf. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découv. qrchéol. mod., Paris, 2 8 édit 1896, p. 109 ; Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeit J. C, Leipzig, t. i, 1901, p. 513.

2° Un grand concours de Juifs avait afflué à Bethléhem à l’occasion du recensement. Aussi les nouveaux arrivants ne trouvèrent pas de place dans le khan de la ville, voir Bethléhem, t. i, col. 1691, et Caravansérail, t. H, col. 253, 254, et furent obligés de se réfugier dans une grotte servant d’étable aux animaux. Voir Crèche, t. ii, col. 1107-1109 ; cf. S. Justin. Dial. cum Tryph, , 78, t. vi, col. 657 ; Origène, Cont. Gels., i, 51, t. xi, col. 756 ; Eusèbe, VU. Constant., iii, 43, t. xx, col. 1101 ; S. Jérôme, Epist. xlvi, 10 ; cviii, 10, t. xxii, col. 490 r 884. C’est là que Marie enfanta le Sauveur pendant la nuit. Luc, ïi, 1-7. Des mots : « pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait enfanter arriva, » on conclut que Marie et Joseph se trouvaient peut-être à Bethléhem quelques jours déjà avant la naissance de l’enfant Jésus. Il semble que ce dut être pour Marie une très dure épreuve que d’avoir à quitter subitement sa maison de Nazareth, dans laquelle elle avait tout préparé pour accueillir dignement l’Enfant à sa naissance, et ensuite de n’avoir à lui offrir qu’une étable et la paille d’une crèche. Mais sa foi en la conduite de la Providence était si vive que, dans tous ces événements, elle ne vit certainement que l’expression de la volonté divine, à laquelle elle se soumit avec autant de joie que de docilité. Les évangélistes, inspirés par elle, ne témoignent ici que de son attention à méditer ce qui arrivait.

3° Saint Luc, ii, 7, 16, dit que, quand l’Enfant fut né, Marie l’enveloppa elle-même de langes et le coucha dans la crèche, où les bergers le trouvèrent ensuite, au cours de la même nuit. Cette manière de parler permet d’affirmer que l’enfantement ne causa à Marie ni douleur ni faiblesse. C’est là ce qu’ont enseigné S. Ambroise, In Ps. xlvii, ~iî, t. xiv, col. 1150 ; S. Grégoire de Nysse, Or. i de resurrèct., t. xlvi, col. 604j S. Jean