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781 MARIE, MÈRE DE DIEU 782

Marie de la Nativité. Cf. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 284, 351-357, 430 ; A. Socin-Benzinger, Palästina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 80 ; L. Cré, Tombeau de saint Joachim et de sainte Anne, dans la Revue biblique, 1893, p. 245-274 ; H. Vincent, La crypte de Sainte-Anne à Jérusalem, dans la Revue biblique, 1904, p. 228-241. Il est vrai que quand, dans la vallée du Cédron, l’on descend l’escalier qui mène à l’église de l’Assomption, où l’on vénère le tombeau de Marie, on rencontre à droite une petite chapelle, avec deux autels qui recouvrent des tombeaux dits de sainte Anne et de saint Joachim. Mais cette attribution est erronée et ces tombeaux appartiennent à des personnages de l’époque des croisades. Cf. de Vogüé, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1850, p. 310.



218. — Plan de l’église Sainte-Anne à Jérusalem. — A. Antique citerne. — G. Chambre située sous l’abside. — N. Crypte de la Nativité. — T. Tombeau de sainte Anne. D’après la Revue biblique, 1893, p. 273.


II. l’immaculée conception.

1° Aucun texte de la Sainte Écriture n’énonce explicitement ce dogme. Mais, étant donnée la définition de l’Église, déclarant que la Vierge Marie a été préservée de toute atteinte du péché originel, on est en droit de retrouver le dogme à l’état implicite dans le texte sacré. — L’inimitié entre la femme et le serpent et la victoire promise à la race de la femme s’étendent donc jusqu’à la soustraction totale de Marie à l’influence de Satan. Gen., iii, 15. La bulle Ineffabilis note la convenance du triomphe total de la mère de Dieu sur l’antique serpent. Cf. Noct. ix dec, lect. v ; xiv dec., lect. vi. — De même, la plénitude de grâce que l’ange Gabriel salue en Marie comprend l’innocence parfaite et l’exemption même de la faute originelle. Luc., i, 28. — Enfin, l’application que l’Église fait à Marie, dans un sens dérivé, de ce qui est dit de la Sagesse : « Le Seigneur m’a créée au commencement de ses œuvres, avant qu’il se fût mis à faire tout autre être, » Prov., viii, 22 ; cf. Missal., viii dec, Epist., permet de conclure que, fille d’Adam quant à la succession du temps, la Vierge Marie lui est antérieure dans le plan divin, et dès lors elle reçoit la vie spirituelle dans des conditions qui, en vertu des mérites de Jésus-Christ, ne dépendent en rien de celles que le péché du premier homme a imposées à tous ses autres descendants. Rom., v, 12. Cf. S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, ii, 4-6, édit. Pages, p. 89-97.

2° Ce privilège de la Sainte Vierge commença à être fêté à Constantinople à la fin du viie siècle, fut insinué pour la première fois en Occident par saint Anselme, De conceptu virginal., xviii, t. clviii, col. 451, célébré d’abord en Angleterre, dès le xie siècle, puis à Lyon, en 1140, malgré le blâme de saint Bernard, Epist., 174, t. clxxxii, col. 332, défendu énergiquement par l’Université de Paris, érigé en fête solennelle par le concile de Londres de 1328, proclamé article de foi par le concile de Bâle, le 17 septembre 1439, mais à un moment où ce concile n’avait plus aucune autorité, célébré dans l’Église universelle à partir de Sixte IV, qui introduisit la fête de la Conception dans le Bréviaire romain, en 1477, enfin défini dogmatiquement par Pie IX, le 8 déc. 1854. Cf. H. Kellner, Heortologie oder das Kirchenjahr und die Heiligenfeste in ihrer geschichtl. Entwickelung, Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 151-155 ; Le Bachelet, L’Immaculée Conception, Paris, 1903 ; Lesêtre, L’Immaculée Conception et l’Église de Paris, Paris, 1904.

III. naissance.

1° D’après le De nativ. S. Mariæ, 2, 6, t. xxx, col. 298, 301, Marie serait née à Nazareth. Antonin de Plaisance, Itiner., 5, t. lxxii, col. 901, semble le supposer, assez vaguement, du reste. Les bulles des papes Paul II (1471), Jules II (1507), Léon X (1519), Paul III (1535), Pie IV (1565), Sixte V (1586) et Innocent XII (1698), sur la Santa Casa de Lorette, disent que la Sainte Vierge est née, a été élevée et a été saluée par l’ange dans cette maison, par conséquent qu’elle est née à Nazareth. Ces papes n’entendent pas assurément décider sur un fait historique, et ils ne font sans doute qu’adopter l’opinion courante à leur époque. — Une autre tradition fait naître Marie à Sepphoris, à cinq kilomètres au nord de Nazareth. Là habitèrent en effet sainte Anne et saint Joachim. Du moins, une église bâtie sous Constantin en cet endroit avait pour but de consacrer ce souvenir. Cf. Liévin, Guide de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, t. iii, p. 183. Saint Épiphane, Hær. xxx, 4, 11, t. xii, col. 410, 426, parle de ce monument. Si les parents de la Sainte Vierge ont vraiment possédé une maison à Sepphoris, il est possible et naturel que Marie y soit allée ; mais rien ne démontra qu’elle y soit née. — Le plus probable est donc que la naissance de Marie eut lieu à Jérusalem, comme nous l’avons vu attesté plus haut par saint Sophrone et saint Jean Damascène, et comme permet de le supposer la découverte de l’emplacement de la maison de sainte Anne et de saint Joachim près du Temple. L’affirmation de saint Jean Damascène est d’autant plus significative qu’elle n’est pas conforme à celle des apocryphes, dont pourtant ce Père a fait usage pour parler de la Sainte Vierge.

2° La naissance de Marie n’a guère été célébrée à Rome que vers la fin du VIIe siècle. Peut-être en faisait-on mémoire auparavant dans d’autres églises. Deux sermons de saint André de Crète, t. xcvii, col. 806, se rapportent à cet événement et supposent la fête. Cf. Kellner, Heortologie, p. 146. Le synode de Salzbourg, can. 10, en 799, prescrit quatre fêtes en l’honneur de la Mère de Dieu : la Purification le 2 février, l’Annonciation le 25 mars, l’Assomption le 15 août et la Nativité le 8 septembre.

IV. la présentation et l’enfance de Marie.

1° Le Protevangelium Jacobi, vii-viii, et le De nativitate