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MARIE, SŒUR DE MOÏSE — MARIE, MÈRE DE DIEU

nications particulières de Dieu. Exod., xv, 20 ; xxviii, 30 ; Lev., x, 8. Ils en concluaient qu’ils avaient plus de droits à partager les honneurs et le pouvoir que sa femme, et aussi peut-être que les soixante-dix anciens que le Seigneur venait d’adjoindre à Moïse pour le règlement des affaires courantes. Num., xi, 16, 17. Moïse, doux et patient, ne fit aucune opposition à ces prétentions. Mais le Seigneur intervint pour venger l’autorité de son serviteur, et, en punition de sa témérité, Marie fut frappée de la lèpre. Aussitôt Aaron, comprenant qu’il était lui-même aussi coupable que sa sœur, conjura Moïse de ne pas la laisser comme un enfant mort-né, dont la chair est consumée par le mal. À son tour, Moïse implora le Seigneur. Dieu se laissa toucher. Il voulut cependant que Marie, qui avait mérité sa malédiction, fût enfermée sept jours, hors du camp, après quoi elle y serait reçue. Le texte ne dit pas si Marie fut guérie sur-le-champ ou seulement le septième jour. Cette seconde hypothèse paraît plus vraisemblable, à cause de l’exemple à donner au peuple. D’ailleurs, le texte emploie ici le mot sâgar, qui ne veut pas dire seulement « exclure », exclusa, mais « enfermer », ἀφωρίσθη, « elle fut séparée et mise à part, » ce qui convient mieux pour une personne atteinte de la lèpre auprès d’un camp autour duquel chacun peut aller et venir. On attendit la guérison de Marie pour partir de Haséroth. Num., xii, 1-15. La lèpre de Marie est rappelée dans le Deutéronome, xxiv, 9, pour faire comprendre au peuple que cette maladie comporte une intervention de Dieu, et que, dans son traitement, il faut se comporter, comme le prescrit la loi divine.

4° Marie mourut à la station de Cadès et y fut ensevelie. Num., xx, 1. Voir Cadès, t. ii, col. 22. C’est à la station suivante, à la montagne de Hor, qu’Aaron mourut, Num, xx, 28, la quarantième année après la sortie d’Egypte. Num., xxxiii, 38. Il ne s’ensuit nullement que Marie soit morte cette même année, comme le dit Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6 ; car les Hébreux restèrent très longtemps à Cadès, Deut, i, 46, et la mention de la mort de Marie suit immédiatement celle de l’arrivée à cette station. Josèphe ajoute qu’on l’enterra sur la montagne de Sin et que le peuple prit le deuil pendant trente jours. Saint Jérôme, De sit. et nomin., t. xxiii, col. 885, dit que, de son temps, on voyait encore le tombeau de Marie.

H. Lesêtre.

2. MARIE, mère de Jésus (fig. 217). Elle avait été figurée et prophétisée dans l’Ancien Testament et les Évangiles nous font connaître les principales circonstances de sa vie.

I. Figures et prophéties dans-l’Ancien Testament. — Ces figures et ces prophéties sont signalées par les Pères et par la liturgie de l'Église.

I. figures.

Ève.

La première femme reçut d’Adam le nom d’Ève, c’est-à-dire « vie », parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. Gen., iii, 20. Mais en leur transmettant la vie naturelle, elle leur transmit la mort spirituelle. Marie est la mère de tous les vivants dans l’ordre de la grâce, et elle n’a pas failli à sa mission. Les Pères l’appellent la nouvelle Ève et signalent le contraste qui existe entre la mère du Sauveur et la mère du genre humain. Cf. S. Justin, Dial. cum Tryphon., 100, t. vi, col. 709-711 ; Tertullien, De carne Christi, 17, t. ii, col. 782 ; S. Irénée, Adv. hæres., iii ; 22 ; v, 19, t. vii, col. 958, 1175 ; S. Cyrille, Cateches., xii, 15, t. xxxiii, col. 741 ; S. Jérôme, Ep. xxii ad Eustoch., 21, t. xxil, col. 408 ; S. Augustin, De agone Christi, 22, t. XL, col. 303 ; etc. Voir Newman, Du culte de la Sainte Vierge dans l'Égl. cath., trad. du Pré de Saint-Maur, Paris, 1866, p. 36-51 ; Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, Paris, 1902, t. iii, p. 8-13, 353.

Le buisson ardent, que le feu embrase sans le consumer, Exod., iii, 2, figure de Marie qui porte en elle le Fils de Dieu incarné, sans nulle altération de sa virginité. Cf. Ant. 3 ad Laud. Circumcision.

L’arche d’alliance, sur laquelle se manifeste la présence de Dieu, figure de Marie qui porte Dieu en elle. Voir Arche d’alliance, t. i, col. 923.

La toison de Gédéon, sur laquelle la rosée s’arrête sans mouiller la terre, Jud., vi, 37, 38, figure de Marie qui reçoit dans son sein le Sauveur venu du ciel. Cf. S. Ambroise, De Spirit. sanct., i, 8, 9, t. xvi, col. 705 ; S. Jérôme, Epist cviii, 10, t. xxil, col. 886 ; Ant. 2 ad Laud. Circumcision.

L'épouse du Cantique. Voir Cantique des cantiques, t. ii, col. 197. Parce que l'épouse du Cantique est une figure de Marie, l'Église a emprunté à ce livre la plupart des éléments de son office de la Sainte Vierge. Sur l’interprétation du Cantique appliqué à la Sainte Vierge, voir Gietmann, In Eccles. et Cant. cant., Paris, 1890, p. 417-418.

Le jardin fermé, Cant., iv, 12, voir Jardin, t. iii, col. 1132, figure de la virginité de Marie. Cf. Respons. 7 Noct. Immac. Concept.


217. — La Vierge de Ravenne. Bas-relief grec du vie siècle. D’après Anna Jameson, Legends of the Madonna, 1858, p. 3.

7° La fontaine scellée, Cant., iv, 12, voir Aqueduc, t. i, col. 799, même signification.

La sagesse. Prov., viii, 22-31 ; Eccli., xxxiv, 551. Cf. Bulle Ineffabilis, Lect. iv ad Noct. x decemb. L'Église emprunte les textes de ces passages dans ses offices de la Sainte Vierge.

9° Différents personnages comme Sara, Débora, Judith, Esther, etc., ont été aussi considérés comme des figures de Marie.

10° Enfin beaucoup d’autres figures de Marie sont indiquées soit par les Pères, soit par l'Église dans ses prières. Cf. Terrien, La mère de Dieu, t. i, p. 120, 121 ; t. ii, p. 117, 118 ; Lecanu, Histoire de la Sainte Vierge, Paris, 1860, p. 51-82. Plusieurs sont rappelées dans l’ Ave maris Stella, les Litanies de la Sainte Vierge, etc.

II. Prophéties.

Le protévangile.

Dans la sentence portée contre le tentateur, le Seigneur s’exprime ainsi : « J’établirai inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la tienne ; elle (cette race) te broiera (yešùf) la tête et tu lui broieras (tešûf) le talon. » Gen., iii, 15. Le même verbe hébreu, šûf, est employé dans les deux membres de la seconde phrase. Les Septante emploient dans les deux cas le verbe τηρέω, « guetter, » qui atténue la force de l’hébreu. L'édition de Complute lui substitue le