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MARCHAND — — MARCHÉ


chananéen peut désigner ici le profane, l’étranger, l’incirconcis, et la pensée de Zacharie reviendrait à celle d’Ezéchiel, xliv, 9. Mais, comme dans les versets qui précèdent, il est question des dons volontaires qui afflueront de toutes parts dans le Temple, il est probable que le nom de chananéen désigne le marchand, comme dans Osée, xii, 8. On n’aura pas besoin de recourir aux marchands pour se procurer les chaudières et les ustensiles nécessaires au culte. Après le retour de la captivité, les marchands de Jérusalem se chargent de la construction d’une partie des murs. II Esd., iii, 30, 31. Plus tard, des marchands tyriens s’établissent dans la ville et y vendent du poisson et des denrées, même le jour du sabbat. Néhémiemet ordre à cet abus. II Esd., xiii, 1621. Le fils de Sirach remarque qu’au marchand il faut parler commerce, Eccli., xxxvii, 12, et il déplore la mauvaise foi avec laquelle on achète ou l’on vend. Ëccli., xlii, 5. Sous les Machabées, les marchands accourent en Palestine, dans le camp des Syriens, pour acheter les Juifs dont l’armée du roi de Syrie escomptait déjà la capture. I Mach., iii, 41 ; Jonathas entoure la citadelle de Jérusalem, occupée par les Syriens, afin que ceux-ci ne puissent plus rien acheter ni vendre. I Mach., xii, 36 ; xiii, 49. — Dans le Nouveau Testament, il est question de marchands de perles, Matth., xm, 45, et de marchands d’huile. Matth., xxv, 9. Par deux fois, Notre-Seigneur chasse du Temple les marchands d’animaux destinés aux sacrifices, qui se sont établis jusqu’à l’intérieur de la première enceinte. Il les accuse de faire du Temple une caverne de voleurs, d’où il suit qu’au sacrilège ces marchands ajoutaient l’improbité. Joa., ii, 14 ; Matth., xxi, 12 ; Marc, xi, 15 ; Luc, xix, 45. Saint Jean dit que la Bête empêchera l ceux qui ne portent pas son signe de vendre et d’acheter. Apoc, xiii, 16, 17. Il parle des marchands qui trafiquent avec la grande Babylone, Apoc, xviir, 3-23, dans des termes analogues à ceux qu’a employés Ezéchiel, xxvii, 13-23, à propos des marchands de Tyr.

H. Lesêtre.
    1. MARCHANDISES##

MARCHANDISES (hébreu : ’ma’ârâb, maqqâhfit ; Septante : è[utop(a, o-i(j.| « xxov, « mélange d’objets, » upSai ; , « vente ; s Vulgate : niera, negotiatio, venalia), objets sur esquels s’exerce le commerce, soit pour l’échange en nature, soit pour la vente contre, de la monnaie. Voir Commerce, t. ii, col. 879-889 ; Échange en nature, t. n, col. 1557 ; Foire, t. ii, col. 2298 ; Marchand, Marché.

— Voici l’énumération des principales choses mentionnées dans la Bible comme objets de commerce ou marchandises, les immeubles mis à part. Voir t. ii, col. 879-887.

1° Esclaves. — lo., iii, 5-8 ; Am., i, 9 ; Ezech., xxvii, 13, etc. Voir t. ii, col. 1921-1926.

2° Animaux. —Pour les sacrifices, Lev., v, 15 ; I Esd., vu, 17 ; Bar., i, 10 ; Joa., ii, 14 ; Matth., xxi, 12 ; Marc, xi, 15, etc., ou pour les usages ordinaires de la vie, Exod., xxi, 35 ; Job, xl, 25 ; II Reg., xii, 3 ; III Reg., x, 22 ; Is., lx, 7 ; Ezech., xxvii, 21 ; Luc, xiv, 19, etc., — chevaux, III Reg., x, 28-29 ; Ezech., xxvii, 14. Voir t. ii, col. 677.

3° Aliments. — Blé, Gen., xli, 57 ; xlii, 5 ; Ezech., xxvii, 17, etc. ; — pain, Marc, vi, 37 ; Joa., vi, 5 ; — viii, Ezech., xxvii, 18 ; — huile, IV Reg., IV, 7 ; Ezech., xxvii, 17 ; Matth., xxv, 9, 10 ; — miei, Ezech., xxvii, 17 ; — vivres en général, Deut., vi, 28 ; xiv, 26 ; IV Reg., VI, 25 ; Matth., xtv, 15 ; Marc, VI, 36 ; Luc, IX, 13 ; Joa., iv, 8 ; xiii, 29.

4° Étoffes. — Lin, Ezech., xxvii, 7 ; Marc, xv, 46 ; — byssus, Ezech., xxvii, 16 ; — laine, Ezech., xxvii, 18 ; ceintures, Prov., xxxi, 24 ; — manteaux et broderies, Ezech., xxvii, 24 ; — couvertures, Ezech., xxvii, 20 ; — tapi*, Prov., vii, 16 ; Ezech., xxvii, 20 ; xxviii, 13 ; — pourpre, Ezech., xxvii, 16.

5° Métaux. — Voir Argent, ! . i, col. 945 ; Bronze, t. i, col. 1943 ; Cuivre, t. ii, col. 1155 ; Fee, t. ii, col. 2205 ; Or ; Métaux.

6° Matières précieuses. — Pierres, Ezech., xxvii, 16, 22 ; Apoc, xviii, 12 ; — perles, Matth., xiii, 46 ; — ivoire, Ezech., xxvii, 15 ; — ébène, Ezech., xxvii, 15.

7° Parfums. — Gen., xxxvii, 25-28 ; Cant., iii, 6 ; Ps. Lxxll (lxxi), 10 ; Is., xlui, 24 ; lx, 6 ; Ezech., xxvii, 17, 19, 22 ; Matth., xxv, 9 ; Marc, xiv, 5 ; xvi, 1, etc. Voir Baume, t. i, col. 1517 ; Encens, t. ii, col. 1770 ; Parfums.

8° Objets ouvrés. — Armes, Luc, xxii, 36 ; — idoles, Bar., vi, 24 ; etc. Voir Meurles, et les différents mois cités dans l’énumération qui précède.

H. Lesêtre.
    1. MARCHÉ##

MARCHÉ (hébreu : ’izzabôn, ma’ârâb, markolêf ; Septante. àyopâ, aû|iu.niTov ; Vulgate : forum, nundinæ, mercatus), le lieu où l’on rassemble les marchandises pour en trafiquer par échange ou par ventes (fig. 215). — Chez les Égyptiens, les fêtes fréquentes qui se célébraient autour des différents temples étaient des occasions naturelles de foires ou de marchés périodiques, auxquels on se rendait en foule. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, 1895, col. 323-327. La figure 512 du t. ii, col. 1557, représente quelques-unes des scènes de ces marchés. Voir fig. 216 une vue d’un bazar du Caire. Les Ismaélites qui achetèrent le jeune Joseph, se rendaient aux marchés d’Egypte pour y vendre des parfums, Gen., xxxvii, 25, et plus tard Joseph lui-même établit dans le pays, pour la vente du blé aux Égyptiens et aux étrangers, des marchés qui étaient de grands entrepôts. Gen., xli, 57. Pendant leur séjour dans la terre de Gessen, les Hébreux eurent souvent l’occasion d’aller aux marchés du voisinage. Ceux-ci se tenaient naturellement sur les places des villes ou dans les terrains libres, qui entouraient les temples ou les villages. — Après leur établissement en Palestine, les Israélites furent amenés par la force des choses à pratiquer ce qui se faisait ailleurs. Les trois grandes fêtes, particulièrement celle de la Pâque, les attiraient en foule à Jérusalem, d’où la nécessité d’établir en ces occasions de nombreux marchés sur les places de la capitale et aux alentours. Cf. Munk, Palestine, 1881, p. 395. Les autres villes importantes avaient aussi les leurs, soit fixes, soit périodiques. À la suite d’une guerre, le roi de Syrie, Bénadad, dit au roi d’Israël, Achab : « Tu établiras pour toi des, rues à Damas, comme mon père en avait établi à Samarie. t> III Reg., xx, 34. Cette concession portait sur les constructions qui bordaient certaines rues, et ces constructions n’étaient autres que des bazars destinés à la vente des produits étrangers. Il y avait donc des bazars syriens à Samarie et des bazars Israélites à Damas. Certaines rues et certaines places étaient affectées à des commerces particuliers. Telles furent, sans doute, la rue des boulangers, Jer., xxxvii, 21, et la porte des poissons, Soph., i, 10, à Jérusalem. Après la captivité, il y avait dans la capitale des marchés que des Israélites approvisionnaient et d’autres qui étaient tenus par des Tyriens en résidence dans la ville. II Esd., xiii, 15, 16, 20. Amos, viii, 4-6, fait la description des fraudes qui se pratiquaient sur les marchés de son temps, fin Psalmiste dit également, sans doute à propos des marchés de Jérusalem : « La fraude et la tromperie ne quittent pas ses places. » Ps. lv (liv), 12. Josèphe, Dell, jud., V, viii, 1, signale, à l’intérieur des murs du quartier neuf de Jérusalem, des marchés où se vendaient la laine, les ustensiles de métal et les habits. — Ézochiel, xxvii, 3-34, dans le tableau qu’il trace de l’immense trafic de Tyr, parle de ses marchés. C’est seulement dans ce chapitre que se lisent les trois mots hébreux auxquels on donne le sens de « marché » : markolêf, jꝟ. 24, qui a indubitablement cette signification, Hzzâbon, Ae’dzab, « céder une chose, » et ma^ârdb, de’ârab, « échanger. » Ce dernier mot, auquel Gesenius, Thésaurus, p. 1064, attribue quelquefois le sens de « marché », signifie plutôt oc marchandise »,