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MARC (ÉVANGILE DE SAINT)


Rœr., xsxill, 9, t. xii, col. 572 ; Zahn, Geschichte des neutestamentichen Kanons, Erlangen, 1889, t. i, p. 742744. La xixe Homélie clémentine, 20, t. ii, col. 441, cite Marc, iv, 34. Le P. Cornely, Jntroductio specialis, Paris, 1886, t. iii, p. 88, avoue que ces citations du second Évangile par les Pères apostoliques et les hérétiques des deux premiers siècles ne suffisent pas à constituer un argument certain en faveur de l’existence du second Évangile. Il explique leur petit nombre par cette circonstance que saint Marc a peu de récits propres. C’est pourquoi ; les anciennes citations évangéliques visent plutôt les récits parallèles de saint Matthieu et de saint Luc. Mais la rareté des témoignages indirects relatifs au second Évangile est amplement compensée par les affirmations les plus anciennes et les plus explicites touchant son auteur.

2° Témoignages directs en faveur de la composition du second Évangile par saint Marc. — Vers l’an 130, voir Funk, Patres apostolici, t. i, p. cviii, Papias, évêque d’Hiérapolis, rapportait une parole du prêtre Jean, qui nous a été conservée par Eusèbe, H. E., iii, 36, t. xx, col. 300. Ce prêtre Jean ne peut être que l’apôtre saint Jean lui-même. Voir t. iii, col. 1163-1164 ; Zahn, Einleitung in das N. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 205207 ; Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 352-354. Or le prêtre Jean disait que Marc, l’interprète de Pierre, avait exactement consigné par écrit tout ce que sa mémoire avait retenu, sans cependant avoir reproduit avec ordre les discours ou les actes du Seigneur. Marc, en effet (les critiques discutent si ces dernières paroles sont encore du prêtre Jean, ou si elles ne sont qu’une réflexion de Papias sur celles qui précédent), n’avait pas vu le Seigneur et ne l’avait pas suivi en qualité de disciple ; plus tard seulement, comme je l’ai dit (est-ce l’apôtre qui se réfère ici à son affirmation que Marc était l’interprète de Pierre ? ou Papias qui fait allusion à ce qu’il avait dit dans son livre avant la citation du prêtre Jean ? peu importe), il a suivi Pierre qui ne prêchait que selon les besoins de ses auditeurs et non pas comme s’il composait un recueil des discours du Seigneur. Marc toutefois n’a pas erré en retraçant des faits détachés comme il se les rappelait, car il s’appliqua uniquement à ne rien omettre de ce qu’il avait entendu et à ne l’altérer en rien. Cet important témoignage a, été longuement discuté, surtout depuis que Schleiermacher a voulu le rapporter non pas à l’Évangile canonique de Marc, mais à un écrit perdu qui exposait sans ordre les discours et les actes de Jésus et que des critiques plus récents ont appelé le Proto-Marc. Voir t. ii, col. 2097. Depuis que la fortune du Proto-Marc est en baisse, voir ibid., col. 2098, il est plus aisé d’interpréter le texte de Papias. Il est clair d’abord que le jugement de l’évêque d’Hiérapolis n’est pas, comme on l’a longtemps prétendu en France et en Allemagne, défavorable à l’Évangile de Marc. Papias, qui loue l’exactitude du récit, ne dit pas que cet Évangile était un recueil d’anecdotes sans ordre et sans suite, et il ne pouvait préférer la tradition orale à un écrit qu’il déclarait composé d’après la prédication de saint Pierre. F. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1897, t. H, l re livraison, p. 62-69. D’ailleurs, s’il affirme avec le prêtre Jean que Marc a reproduit sans ordre" les discours et les actes du Seigneur, cette absence d’ordre ne signifie pas que le deuxième Évangile manque d’ordonnance, car les récits n’y sont pas jetés au hasard. Voir col. 735. Elle n’est pas non plus affirmée comparativement à un autre Évangile, comme le pense encore Godet, Introd., Neuchâtel, 1889, t. 11, 3e livraison, p. 421-522, pour Matthieu. Le contexte, en effet, montre bien que le prêtre Jean ou Papias entendait parler de l’ordre qu’on pouvait attendre d’un historien, témoin oculaire et auriculaire des faits et des dits qu’il rapportait, de l’ordre que Jean lui-même mettait dans ses

récits ou que ses disciples étaient habitués à y trouver. Marc, lui, n’avait ni vu ni entendu le Seigneur ; il avait écrit d’après ce qu’il avait retenu des prédications de Pierre, et Pierre citait les paroles de Jésus ou racontait les faits de sa vie selon les occurrences et non pas suivant l’ordre chronologique. Zahn, Einleitung in das N. T., t. H, p. 207-210 ; Belser, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 57-58 ; Funk, Patres apostolici, t. i, p. 358. Pour ne pas faire de Marc un simple truchement de Pierre, Zahn, loc. cit., prétend que d’après le prêtre Jean et Papias, le second évangéliste n’a pas mis par écrit l’Évangile prêché par Pierre, mais seulement les récits sur Jésus qu’il avait entendus de sa bouche à Jérusalem au début du christianisme. Belser et Funk, quoique d’un avis différent sur la signification des mots ipy.vvwf[ ; IléTpov, soutiennent avec plus de raison, nous semble-t-il, que Marc, auditeur, sinon truchement de Pierre, a rédigé son Évangile d’après les souvenirs qu’il avait gardés de la prédication du prince des apôtres. Quoi qu’il en soit de ces détails, il est vrai que le prêtre Jean rend hommage à l’exactitude des récits de Marc. Celui-ci n’a rien ajouté de son propre fonds pour rendre sa narration plus intéressante, il s’est contenté de reproduire les discours de Pierre tels qu’il les avait retenus. Son témoignage, quoique incomplet peut-être, est exact et il a ainsi la valeur d’un témoin oculaire, bien que Marc n’ait pas vu lui-même le Seigneur. De la parole du prêtre Jean rapportée par Papias, il résulte donc que, dans le dernier quart du i 8r siècle, entre 75-100, l’Évangile de Marc existait dans la province d’Asie et y était regardé comme l’écho fidèle des prédications de Pierre, d’un disciple immédiat du Seigneur. Le nom de l’auteur était connu et a été recueilli des lèvres mêmes de l’apôtre Jean. D’autre part, Papias, en consignant par écrit vers 130 cette tradition johannine ne doutait pas que l’Évangile, auquel l’apôtre avait rendu témoignage, ne fut celui-là même qui de son temps était répandu en Asie Mineure sous le nom de Marc. Le dire du prêtre Jean concerne donc le second Évangile canonique, et non un autre récit évangélique qui serait perdu et qu’on pourrait appeler Proto-Marc. Voir t. ii, col. 2065-2066. Cf. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. i, p. 870-889.

D’ailleurs la tradition ecclésiastique est dés lors unanime à attribuer le second Évangile à Marc comme aussi à le rattacher aux prédications de Pierre. Ainsi saint Justin ne se borne pas à citer des passages ou des traits de l’Évangile exclusivement propres à saint Marc, comme la finale contestée (voir plus loin) et comme le nom de téxtwv, Marc, vi, 3, donné à Jésus, Dial. cum Tryph., 88, t. vi, col. 688 ; il tire le surnom de Boanergès, appliqué aux fils de Zébédée, Marc, iii, 17, des Mémoires de saint Pierre. En effet, venant de parler de Pierre, un des apôtres, il ajoute : xaV Ysypàçôat êv toi ; à ?ro|ivï)tJi.ov£ij(ia ! nv aùtoû. Or tous les critiques rapportent maintenant ce prénom mj-roO à Pierre qui précède immédiatement, et non au Christ, dont il est parlé antérieurement. Sans nommer donc saint Marc, Justin connaît et cite des Mémoires de Pierre qui ne peuvent être que l’Évangile de Marc. Dial., 106, col. 724. Voir t. ii, col. 2068 ; Zahn, Geschichte des neutestamentlichen Kanons, Erlangen, 1889, t. i, p. 509-516. L’Évangile de Marc était certainement entré dans la composition du àik TEiroâpwv de Tatien. Saint Irénée, Cont. hser., III, x, 6, t. vii, col. 878, dit du second Évangile : Quapropter et Marcus, interpres et sectator Pétri, initium evangelicte conscriptionis fecit sic : Initium Evangelii Jesu Ckristi, etc. Précédemment, III, i, 1, col. 845, il l’avait caractérisé en ces termes : Mïpxoc, 6 [ia67|0)c xa< ipt")veutVJ ; flétpcj, -/.ai aOtôc Ta ûn<S IléTpou xr)pu<j<j<i|ieva ÉTYPoçwç Ti(iïv icapoSiSioxî. Voir t. ii, col. 2071-2072. Clément d’Alexandrie répète trois fois des affirmations