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MAON — MAONITES

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fiant, à travers laquelle l’Arabe nomade, satisfait du produit de ses troupeaux, peut promener son indépendance et vivre simple et calme.

II. Histoire. —Tel est aujourd’hui ce désert, tel il était quand David avec les hommes qui le suivaient vint y chercher un refuge. Averti par les Ziphéens que le fils d’Isaï se cachait dans le voisinage de leur ville, Saül y vint avec une troupe dans le dessein de se saisir de lui. David s’était hâté de passer au désert voisin de Maon, où il était descendu au séla c’est-à-dire dans une région de rochers ou dans une vallée creusée dans la pierre. Saùl l’y poursuivit et tandis que celui-ci « marchait d’un côté de la montagne, David et ses hommes allaient de l’autre coté. Or, David désespérait de pouvoir échapper à Saûl, car celui-ci avait réussi avec ses hommes à entourer David et les siens comme d’un cercle et il était près de se saisir de lui ». En ce moment un messager apporta à Saül la nouvelle que les Philistins venaient d’envahir son territoire. Le roi dut abandonner sa poursuite pour se porter à la rencontre des Philistins. « C’est pourquoi, ajoute l’historien sacré, cet endroit fut appelé Séla’ham-Mahleqôt, « le rocher de la séparation, » pour indiquer soit la situation dans laquelle se trouvaient respectivement les troupes de Saûl et de David, soit plutôt pour rappeler le départ forcé de Saül et des siens. I Reg., xxiii, 24-28. — Les modernes ont cru reconnaître le nom de malileqôt, dans celui de l’ouadi Maldqi’, situé, comme nous l’avons dit, aux confins septentrionaux du désert de Maon. Voir Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 339 ; Surveyof Western Palestine, Mémoire, t. iii, 1883, p. 314 ; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 154. Si, dans Maldqi’privé de la lettre ii, on peut ne pas reconnaître une dérivation de mahléqôt, le caractère de cette vallée, grande crevasse rocheuse et abrupte si apte à servir de refuge et de cachette et répondant si exactement au ugai hébraïque de séla’, sa situation à l’entrée du désert de Maon, où devait se trouver David poursuivi par Saùl, ne permettent guère de douter de l’identité du lieu. Le nom de ouâd’el-Khabrah, « la vallée de la."nouvelle, du message, r> donné à l’ouadi Maldqi’, là où il cesse d’être un abîme ouvert au milieu du désert, ne serait-il pas aussi une appellation traditionnelle faisant allusion au même fait raconté par la Bible ? Quoi qu’il en soit, David, après le départ de Saûl, craignant le retour de son persécuteur, se réfugia dans le désert plus inabordable d’Engaddi. Le roi d’Israël revint, en effet, et il ne se désista de sa poursuite que vaincu par la magnanimité de David, quand celui-ci l’eut épargné dans la caverne où il se contenta de couper le bord de son manteau. I Reg., xxiv. Après que Saül se fut éloigné, David et ses gens montèrent de nouveau au désert de Maon. IReg., xxv, 2. —Le texte hébreu actuel, la Vulgate, la version syriaque et la plupart des autres, lisent Pardn ou Pharan, au lieu de Maon. Cette dernière leçon est celle des Septante (Codex Vaticanus) : s’adaptant seule à la suite du récit, « lie est sans contredit la véritable et l’erreur des autres s’explique facilement par la similitude graphique des noms pyD et pas. — Le jꝟ. 2 est un simple préambule pour indiquer le lieu où se passa l’épisode de Nabal et d’Abigaïl. Nabal ayant refusé de faire participer David et ses gens à la fête de la tonte des brebis, David voulut s’en venger, mais sa colère fut apaisée par Abigaïl, femme de Nabal, et celui-ci étant mort quelques jours après, elle devint l’épouse du jeune héros. I Reg., xxv. Voir Abigaïl 1, t. i, col. 47 ; David, t.n, col. 1313. Ce récit le fait présumer, David habita assez lontemps le désert de Maon, sans qu’il soit possible néanmoins de fixer la durée de ce séjour. Il quitta ensuite ce désertpour retourner au désert de Ziph. I Reg., xxvi, 2. — La région qui fut le désert de Maon est aujourd’hui appelée du nom de la tribu des

Arabes nomades qui l’occupent, « le territoire des Arabes Djâhalin. » La zone de leur parcours s’étend au delà de Î’ouâdi-Seyâl, jusque dans le voisinage i’ez-Zoueirdh. Leur nom (sing.’Djdhal) a la. même signification que celui de l’antique occupant du district, Nabal> « sot, ignorant, insensé. » Cf. I Reg., xxv, 23. La réputation de la tribu parmi les autres Arabes répond à son nom et paraît justifiée. Étant descendu, en 1898, dans un de leurs campements pour y passer la nuit, nous rencontrâmes un homme qui se mit à vanter les exploits de sa jeunesse, parmi lesquels il comptait une trentaine d’assassinats que rien ne justifiait. Le clan auquel nous avions demandé l’hospitalité était celui de feu Abou Da’ouk dont F. de Saulcy a eu l’occasion de tracer le portrait dans son Voyage autour de la mer Morte, 2 in-S », Paris, 1853, t. i, p. 179-183. L. Heidet.

4. MAON, nom, dans le texte hébreu, d’une ville et de la tribu qui l’habitait. Jud., x, 12. Les Septante ont rendu ce nom par MaSiân et la Vulgate par Chanaan. La leçon Chanaan de la Vulgate, Jud., X, 12, est sans doute inexacte ; mais celle des Septante, Madian, est peut-être correcte dans ce passage ; elle a, en tout cas, l’avantage de faire allusion à des faits connus et récents, à l’invasion des Madianites du temps de Gédéon, dont l’histoire est racontée, Jud., vi-viii, ix, 17, tandis qu’il n’est nulle part question dans l’Écriture d’une guerre des Hébreux avec les Maonites au temps des Juges. Il est néanmoins possible que Maon désigne ici la ville principale de la tribu des Maonites dont il est parlé dans plusieurs passages de l’Écriture. Voir Maonites.

    1. MAONATHI##

MAONATHI (hébreu : Me’ônôtai ; Septante : Mavoc-Oî), fils d’Othoniel, de la tribu de Juda, d’après la Vulgate. I [Par., iv, 13-14. Elle porte : » Les fils d’Othoniel, Hathath et Maonathi. Maonathi engendra Ophra. » L’hébreu et les Septante nenommentpointMaonathiparmi les filsd’Othoniel et ils le font apparaître sans avoir parlé de sa filiation : « Fils d’Othoniel : Hathath. Et Maonathi engendra Ophrah. » Il est difficile de ne pas reconnaître une lacune dans ces deux textes et il y a lieu de croire que les copistes ont omis ce nom par mégarde dans le ꝟ. 13, tandis que la Vulgate l’a exactement conservé. En.hébreu, me’ônô [ai signifie « mes habitations », ce qui a fait penser à plusieurs qu’Othoniel aurait fondé ou restauré une ville de ce nom. On ne trouve du reste nulle part ailleurs de localité appelée Me’ônôtai ; quelques-uns ont pensé qu’il pouvait être question de la ville de Maon, qui était en effet dans la tribu de Juda. Jos., xv, 55. Voir Maon 2, col. G99.

    1. MAONITES##

MAONITES (hébreu : Me’unîm ; Septante : Mivaîot), tribu probablement iduméenne. La Vulgate n’a conservé leur nom que dans Esdras et Néhémie, sous la forme Munim. I Esd., ii, 50 ; II Esd., vii, 52. Quoique le pays qu’ils habitaient ne soit pas connu d’une manière certaine, on croit assez communément aujourd’hui que les Me’unîm. avaient pour centre principal la ville de Ma’an, dans les montagnes de l’Idumée.

I. Site. — 1° Le nom de la ville qui paraît avoir été le centre de leur tribu s’est conservé jusqu’à nos jours sous la forme Ma’an. On distingue le grand Maan, au nord, et le petit Maan au sud. Les deux villages sont à une distance d’un quart d’heure l’un de l’autre, à cinq heures de voyage à l’est de Pétra, sur la route des pèlerins musulmans qui se rendent de Syrie à la Mecque et qui font une halte de deux jours en ce lieu à cause des sources qu’on y rencontre. L’endroit est très fertile et produit des grenades, des abricots et des pêches en abondance et d’excellente qualité, mais il est placé au milieu d’une contrée rocheuse, qui a fait donner son nom à l’Arabie Pétrée t et les environs ne peuvent pas être cultivés, ce qui oblige les habitants à se pourvoir ailleurs de blé et d’orge. Ils vivent surtout de brigandage