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MANNE — MANTEAU


anciens Hébreux : « Tous ont mangé la même nourriture spirituelle. » I Cor., x, 3. Il appelle la manne nourriture « spirituelle » à raison de son caractère miraculeux et aussi à cause du pain eucharistique dont elle était le symbole. Cf. Cornely, In I Epist. ad Cor., Paris, 1880,

197. — La manne tombant du ciel dans le désert

et recueillie par les Israélites. Catacombe de Saint-Cyriaque.

D’après Wilpert, Die Malereien der Katacomben Roms, 1903,

pl._242.

p. 273. — 5° Enfin la manne est encore le symbole de la récompense que Dieu veut donner à ses serviteurs dans l’autre vie. Les fidèles de Pergame ont refusé de prendre part aux repas et aux débauches des idolâtres ; au vainqueur, Dieu donnera une « manne cachée », un bonheur dont on ne peut avoir l’idée ici-bas. Apoc, ii, 17. Cette manne cachée pourrait aussi être, sur cette terre même, la sainte Eucharistie. Cf. Gallois, L’Apocalypse de S.Jean, dans la Revue biblique, Paris, 1893, p. 397.

H. Lesêtre.
    1. MANTEAU##

MANTEAU, vêtement ample et sans manches que l’on porte par-dessus les autres pour se garantir du mauvais temps ou du froid. Voir Arabe, t. i, fig. 204, col. 831. Ce vêtement s’appelle en hébreu de différents noms, dont chacun représente vraisemblablement une variété tenant à la nature de l’étoffe employée, à la forme du manteau, etc., détails dont il est le plus souvent impossible de nous rendre compte aujourd’hui.

1°’Édér, Sapa, palliurn, le manteau que portent, pardessus les vêtements, ceux qui reviennent de la guerre. Mich., ii, 8.

2° Addérét, de’addîr ; « ample. *> Quand Esaû vient au monde, il est roux comme « un manteau de poils », addéréf sê’âr, Sopdé, « une peau, » in morem pellis, « à la façon d’une peau. » Gen., xxv, 25. H s’agit ici du manteau fait en cilice, c’est-à-dire en poils de chameau ou de chèvre. Voir Cilice, t. ii, col. 760. Au temps de Zacharie, xiii, 4, ceux qui se prétendaient prophètes se distinguaient en portant des manteaux de cette espèce, que les versions appellent Sippi ; Tpfytvï], palliurn saccinum, « manteau de poils, s Le manteau dérobé par Achan [dans le butin de Jéricho, Jos., vii, 21, 24, était une’addéréf Sine’dr, un « manteau de Sennaar », c’est-à-dire de Babylonie ; Septante : i|n).Y| noixft>i, « un tissu ras de diverses couleurs, » Vulgate : palliurn coccineum, « un manteau cramoisi, » Aquila et le Chaldéen, « un vêtement de Babylone. » Josèphe, Ant. jud., V, i, 10, amplifie la description : « un manteau royal tout tissu d’or. » Les tissus de Babylone étaient célèbres dans l’antiquité par la variété de leuïs couleurs. Cf. Pline, M. N., viii, 48 ; Josèphe, Bell, iud., VII, v, 5, etc. Voir

les vêlements de diverses couleurs des émigrants asiatiques, t. ii, fig. 384, col. 1068. Jéricho était bien placé, sur le passage des caravanes marchandes, pour avoir de semblables étoffes. Jonas, iii, 6, parle d’une’addéréf, <rzof h vestimentum, de même nature portée par le roi de Ninive. Le même nom est donné au manteau dont Élie se couvre la tête, III Reg., xix, 13, et qu’il laisse ensuite à son disciple Elisée, IV Reg., H, 8, 13, 14. Les

! Septante l’appellent ; it|XttJ, « peau de mouton, » et la

Vulgate simplement palliurn.

3° Gelôm, de gâlam, « plier, rouler, » nom des man-I teaux de couleur bleue ou hyacinthe que les trafiquants i apportaient sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 24. Septante : èjjTOopia ûixtvôoç, « marchandise d’hyacinthe, » Vulgate : involucre hyacinthi, « linge d’hyacinthe. »

4° Sàlmdh, îjjkitiov, traduit dans la Vulgate une fois par palliurn, III Reg., xi, 29, 30, et les autres fois par vestimentum. C’est le manteau dans lequel on s’enveloppe et qui sert de couverture pour la nuit. En Orient, les nuits sont d’une fraîcheur extrême et le manteau est absolument indispensable à celui qui veut dormir sous la tente et surtout dehors. Aussi la Loi exigeait-elle que le créancier qui avait reçu en gage un manteau le rendît à son propriétaire avant le coucher du soleil, sous peine d’encourir le châtiment du Dieu miséricordieux. Exod., xxii, 26 ; Deut., xxiv, 13. Le même nom est attribué au manteau neuf que le prophète Ahias déchira en douze morceaux pour en donner dix à Jéroboam. III Reg., xi, 29, 30. Dieu s’environne de lumière comme d’un salmdh. Ps. civ (cm), 2.

5° Samlàh, même mot que le précédent, avec transposition de lettres. C’est le manteau, î^dcTiov, palliurn, avec lequel Sem et Japheth couvrent la nudité de Noé, Gen., ix, 23 ; dans lequel les Hébreux emportent d’Egypte la pâte non fermentée, Exod., xii, 34 ; cf. Prov., xxx, 4 ; sur lequel les soldats de Gédéon rassemblent les anneaux qu’ils ont pris sur les ennemis, Jud., viii, 25 ; dans lequel est enveloppée l’épée de Goliath. I Reg., xxi, 9. On produit devant les anciens le samlàh, Ipâtiov, vestimentum, dans lequel a dormi la jeune épouse que

198. — Le palliurn. D’après Tischbein,

Collection of engravings frorn aneient vases,

Naples, « 91-1795, t. i, pi. 14.

son mari accuse au sujet de sa virginité. Deut., xxii, 17. Cf. De Hummelauer, Comment, in Deuteron., Paris, 1901, p. 398. Le même nom est appliqué au manteau taché de sang du guerrier. Is., ix, 5.