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MANDRAGORE — MANNE


flcation, et la repousse parce que, prétend-il, les dûda’îm de Cant., vii, 14, répandent un parfum suave, agréable, tandis que la mandragore n’a pas une bonne odeur. Mais le Cantique ne parle pas d’une suave odeur, il dit seulement que la mandragore répand son odeur. C’est le temps de l’année, remarque-t-il, « où la vigne bourgeonne, où les grenadiers sont en fleur, et où la mandragore répand son odeur, » faisant allusion sans doute à son odeur forte. Pline, H. N., xxv, 74, signale, en effet, l’odeur forte du suc de la mandragore, ajoutant que celle de la racine et du fruit est encore plus forte. « Sa violence étourdit ceux qui n’y sont pas habitués. » D’ailleurs cette odeur désagréable, pour des Européens, plaît aux Orientaux. C’est bien au temps de la moisson des blés, en mai, que le fruit de la mandragore répand son odeur. Celsius fait aussi observer que les propriétés prolifiques qu’on prête à la mandragore n’ont aucune réalité. Assurément ; mais il ne s’agit pas de savoir si de fait la mandragore ne les possède pas, mais si dans les croyances populaires on les lui attribuait : or c’est ce qu’on ne peut nier. La racine de ce mot est iii, d&d, « aimer ; » et les fruits sont appelés pommes d’amour. Les anciens et encore aujourd’hui les Arabes regardent cette plante, dont on vend les racines sur les marchés d’Orient, après leur avoir donné une grossière forme humaine, comme un moyen propre à procurer la fécondité : et c’était là l’objet des vœux de Rachel. Mais le texte fait entendre que Lia, qui a cédé à Rachel les mandragores, a par la protection divine deux fils et une fille, tandis que durant ce temps Rachel reste stérile. Ce n’est que plus tard qu’elle est, elle aussi, exaucée et obtint de Dieu un fils qui fut Joseph. D’où vient cette croyance populaire ? Il est difficile de le dire. Serait-elle née de ce que la racine prend souvent des formes singulières, rappelant plus ou moins le corps de l’homme ? C’est ce qui faisait appeler cette plante par Pythagore ôv8pa^r(iji.opçov et par Columelle, x, 19, seniihonio. En tout cas cette opinion était très répandue dans l’antiquité. Dioscoride, iv, 76 ; Théophraste, Hist. plant., ix, 9. Rien ne s’oppose donc à ce que Rachel, qui croyait à la vertu des theraphim, ait cru aussi à cette propriété, quoique le fait ne soit pas établi. Voir J. D. Michælis, Supplementa ad lexica hebrmca, in-8°, Gœtlingue, 1792, p. 410-414 ; R. Lowth, De sacra poesi Hebrceorum prœlectiones, notas adjecit 1. D. Michælis, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxxi, col. 518 ; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, 8e édit., in-12, Londres, 1889, p. 466-468 ; Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. IV, p. 336-349.

E. Levesque.

MANÉ, THÉCEL, PHARES, mots prophétiques écrits sur la muraille de la salle de festin de Baltassar. Dan., v, 25-28. Voir Baltassar 2, t, i, col. 1421-1422.

    1. MANÉH##

MANÉH, poids. Voir Mine.

    1. MANGOUSTE##

MANGOUSTE, carnassier de la famille des viverridés. A ce genre appartiennent l’ichneumon, voir Ichneu 195. — Mangouste.

mon, t. iii, col. 803, et le paradoxure, dont la queue peut se rouler en spirale. La civette d’Afrique, viverra civetta

ou chat musqué, et la civette de l’Inde, viverra zibetha, animaux analogues aux précédents, n’ont pu être connus qu’exceptionnellement des Hébreux. Par contre, la genette, viverra genetta, de la taille du chat, avec un corps plus allongé et des jambes plus courtes, existe encore en Palestine (fig. 195). Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 151. Les animaux de cette famille étaient vraisemblablement compris sous le nom de hôléd et ne pouvaient servir de nourriture.

Lev., xi, 29.

H. Lesêtre.
    1. MANHU##

MANHU, mots hébreux, Nin ]o, mân hû’, « quoi cela, qu’est cela ? » conservés dans la Vulgate, parce qu’ils furent prononcés par les Hébreux la première fois qu’ils virent la terre couverte de manne dans le désert du Sinaï et que c’est de là que vint son nom. Exod., xvi, 15. La forme ordinaire du pronom « quoi » en hébreu est no, mdh, non mân, mais la forme mân s’est conservée en chaldéen et en éthiopien et est aussi par conséquent sémitique. L’explication : Quod significat : Quid est hoc ? « ce qui signifie : Qu’est-ce que cela ? » est une addition de la Vulgate (Septante : Tï lazi toOto ; ). Cette interprétation est la seule naturelle et la seule admissible, quoique plusieurs modernes, à la suite de Kimchi, traduisent mân par « portion, don ». Gesenius, Thésaurus, p. 799.

    1. MANILIUS##

MANILIUS (grec : Màvm ; ou Mâvî.io ; ), légat romain qui écrivit aux Juifs avec Q. Memmius une lettre datée de l’an 165-164 avant J.-C., pour leur confirmer les privilèges accordés par Lysias. II Mach., XI, 34-38. Les Septante et la Vulgate lui donnent le prénom de Titus. Ce personnage et son collègue sont inconnus des écrivains profanes. On a identifié le légat dont il est ici question avec Manius Sergius qui fut envoyé en Syrieavec C. Sulpicius en 163 avant J.-C, vers Antiochus IV Épiphane, . Polybe, XXXI, ix, 6. Dans ce cas, il faudrait adopter la leçon Mâvio ; de l’Aleccandrinus, da Venetus et de la version syriaque. Mais c’est une conjecture peu vraisemblable. Les dates ne coïncident pas. Un des consuls de l’an 165 s’appelait T. Manlius Torquatus, mais il ne pouvait être alors en Syrie. Il vaut donc mieux dire qu’on ne sait rien sur le Manilius de la Bible, ce qui n’a rien d’étonnant étant donné le nombre de légats que Rome envoyait dans toutes les régions et dont on ignore même le nom. E. Beurlier.

    1. MANNE##

MANNE (hébreu : mân ; Septante : n<xv, [uxvva ; Vulgate : nian manna), nourriture miraculeuse que le Seigneur donna aux Israélites dans le désert.

I. Promesse de la manne. — Les Israélites venaient d’arriver dans le désert de Sin, six semaines seulement après leur sortie d’Egypte, quand ils se plaignirent do n’avoir plus la viande et le pain à satiété, comme dans ce dernier pays. Le Seigneur promit alors de « faire pleuvoir » le pain du ciel, mais un pain, le’hém, c’est-à-dire une nourriture qu’il faudrait chercher hors du camp, qu’on ramasserait au jour le jour et dont on prendrait double portion la veille du sabbat. Moïse et Aaron transmirent la nouvelle à tout le peuple en la précisant : le soir même, la viande désirée serait accordée, et le lendemain matin, on aurait le pain à satiété. Exod., xvi, 212. En accordant ce que con peuple demandait, le Seigneur déclara qu’il voulait tenter son peuple, c’est-à-dire voir s’il obéirait ponctuellement à sa prescription sur la manière de recueillir la manne, Deut., viii, 16, et ensuite qu’il entendait faire éclater sa gloire, par conséquent accomplir un acte en dehors du cours ordinaire des choses et imputable à sa seule puissance.

II. Apparition de la manne. — 1° Le soir même, les cailles tombèrent en abondance dans le camp. Mais ce n’était là qu’un don transitoire, que Dieu accordait pour témoigner de sa bonté et de sa puissance, mais dont