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MANASSÉ (TRIBU DE)


trois à quatre cents mètres. Cet ensemble est parsemé de vallées et de plaines fertiles. Les collines sont parfois couvertes de bois de chênes ou de hautes broussailles, et sur leurs pentes, de beaux jardins, bien arrosés, sont remplis de figuiers, de citronniers, de grenadiers, d’oliviers. Le pays a, en somme, les mêmes caractères que Celui d’Éphraïm, et on peut lui appliquer les paroles de l’Écriture, Gen., xlix, 22 ; Deut., xxxiii, 13-16, concernant tes bénédictions promises aux enfants de Joseph. Voir ËPHRA.ÏM 2, t. ii, col. 1874 ; Saron (Plaine de).

II. manassé oriental. — 1° Limites. — Le second groupe de la tribu de Manassé occupait la partie septentrionale de la région transjordane, dont Gad et Ruben possédaient le centre et le midi. Num.| xxxiv, 14, 15 ; Deut., xxix, 8 ; Jos., xii, 6 ; xiv, 3 ; xviii, 7. Voir la carte (fig. 193). Son territoire comprenait la terre de Galaad, Num., xxxii, 39, 40 ; Deut., iii, 15 : Jos., xvii, î, ou plus exactement « la moitié de Galaad i>, Jos., xiii, 31, puisque Gad avait l’autre moitié, Deut., iii, 12, puis les contrées de Basan et d’Argob, Deut., iii, 13 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11, 30 ; xvii, 5. Sa limite méridionale, d’après Deut., iii, 16, aurait été le torrent de Jaboc, c’est-à-dire le Nahr ez-Zerqa, frontière nord de Gad, mais ailleurs, Jos., xiii, 26, 30, la ligne de démarcation entre les deux tribus est fixée à Manaïm (hébreu : Mahânaim). L’emplacement de cette localité n’est malheureusement pas connu d’une manière précise, mais le nom de Mahnéh, au nord du Nahr ez-Zerqa, la rappelle suffisamment. Voir Mahanaïm, col. 571. Cependant Manassé n’allait pas de ce côté jusqu’au Jourdain, l’Arabah appartenant à la tribu voisine. Voir Gad 4, t. iii, col. 27. Au nord, il s’étendait jusqu’à l’Hermon. Jos., xii, 4 ; I Par., v, 23. Au nord-ouest, il était borné par les petits royaumes araméens de Gessur et de Maacha. Deut., iii, 14 ; Jos., XII, 4, 5 ; xiii, 11. Enfin, deux points extrêmes sont marqués du côté de l’est : Chanath, aujourd’hui El-Qatuiûdt, sur le Djebel Haurân, et Salécha, Salkhad, au sud de la même montagne. Num., xxxii, 42 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11. Les principales villes, en dehors de ces deux dernières, étaient : Astaroth (Tell’Astarâ ou Tell el-As’ari), Édraï (Der’ât), Golan ou Gaulon (Sahem el-Djauldn), Bosra (Bosra). Deut., iv, 43 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 12, 31 ; xxi, 27. Il faut y joindre les villes de Jaïr ou Havoth Jaïr. Num., xxxii, 41 ; Deut., iii, 14 ; Jos., xiii, 30. Voir Havoth Jaïr, t. iii, col. 457.

2° Description. — Le territoire de Manassé oriental, correspondant à celui d’Og, roi de Basan, comprenait ainsi, avec la pointe supérieure des montagnes de Galaad et une bonne partie du Djolân, la grande plaine En-Ntiqrat el-Haurân, le Ledjàh et les pentes occidentales du Diïébel Haurân, l’ancien pays d’Argob. Chacune de ces contrées a son aspect particulier, assez longuement décrit ailleurs. Voir Argob 2, t. i, col. 950 ; Auran, t. i, col. 1253 ; Basan, 1. 1, col. 1486 ; Galaad 6, t. iii, col. 47 ; Gaulanitide, c’est-à-dire Gaulon, t. iii, col. 116. Dans son ensemble, cette région, arrosée par les. nombreux affluents du Yarmouk ou Schériat el-Menâdiréh, était autrefois et est encore en beaucoup d’endroits d’une grande fertilité. La plaine, formée d’une terre volcanique rougeâtre, produit en abondance le blé et l’orge. Dans les contrées où le sol pierreux est moins propre à la culture, on trouve d’excellents pâturages. Si les forêts de chênes, renommées dans les temps anciens, ont presque entièrement disparu, les pentes des montagnes présentent encore certains massifs d’arbres. Le Ledjah, qui n’est qu’une immeDse coulée de lave, offre l’aspect le plus singulier avec ses roches basaltiques noires, ses innombrables crevasses qui se coupent dans toutes les directions et forment un vrai labyrinthe de ravins et de précipices. Enfin les ruines que l’on rencontre en plusieurs localités montrent l’étendue et l’importance des antiques cités, les richesses architecturales qu’elles renfermèrent à certaines époques. Le pays con tient, au point de vue archéologique, des curiosités que l’on est étonné de trouver dans un pareil désert. Voir Bosra 2, 1. 1, col. 1860 ; Canath, t. ii, col. 121 ; Édraï 1, t. ii, col. 1589.

IL Histoire. — 1° De la sortie d’Egypte à la conquête de Chanaan. — Au sortir de l’Egypte, la tribu de Manassé était numériquement la plus petite de toutes. Au premier recensement, fait an désert du Sinaï, elle ne comptait que 32 200 hommes en état de porter les armes, alors qu’Éphraïm en avait 40500, et Benjamin, 35400. Num., 1, 32-37. Elle marchait avec ces dernières, comme elle issues de Rachef, et toutes trois formaient un corps d’armée de 108100 guerriers, qui campaient à l’ouest du tabernacle. Num., H, 18, 20, 24. Elle avait pour chef Gamaliel, fils de Phadassur, Num., i, 10 ; ii, 20, qui, au nom de ses frères, fit au sanctuaire les mêmes offrandes que les autres princes. Num., vil, 5459. Son représentant parmi les explorateurs de la Terre Promise fut Gaddi, fils de Susi. Num., xiii, 12. Au second dénombrement, le chiffre de ses guerriers montait de 32200 à 52700, avec une augmentation de 20 500, alors qu’Éphraïm subissait une perte de 8000 hommes. Num., xxvi, 28-37. Un de ses chefs, Hanniel, fils d’Ephod, était parmi les commissaires chargés du partage de la terre de Chanaan. Num., xxxiv, 23.

2° Familles. — Les différentes familles qui composaient la tribu de Manassé sont énumérées en plusieurs endroits de l’Écriture. Num., xxvi, 29-34 ; Jos., "xvii, 1-3 ; I Par., ii, 21-23 ; vil, 14-19. Ces généalogies présentent certaines [divergences, que le tableau ci-contre, col. 649-650, fera mieux saisir.

La différence entre Num., xxvi, 29-34, et Jos., xvii, 1-3, n’est qu’apparente. Dans ce dernier passage, Machir est représenté comme le frère aîné d’Abiézer et des autres, qui, dans le premier, sont ses petits-fils. En réalité, et d’après le contexte, ꝟ. 1, 3, il est, ici aussi bien que là, désigné comme fils de Manassé et père de Galaad ; la contusion porte sur l’expression « au reste des enfants de Manassé », qui doit s’entendre, ainsi qu’en beaucoup d’endroits de l’Écriture, des petits-enfants ou descendants et non pas des fils immédiats. Au ꝟ. 3, d’ailleurs, Hépher est dit « fils de Galaad, fils de Machir ». À remarquer aussi queJézer, Num., xxvi, 30, est une corruption de Abiézer, Jos., xvii, 2. Le premier livre des Paralipomènes, ii, 21-23, nous apprend que Machir eut une fille, qui épousa Hesron, de la famille de Juda. De cette union naquit Ségub, père de Jaïr » Nous avons ainsi la généalogie complète du valeureux guerrier qui donna son nom à un groupe de cités conquises dans la terre de Galaad. Voir Havoth Jaïr, t. iii, col 457. Le passage le plus difficile à expliquer est celui de I Par., vii, 14-19. Le document, de l’aveu de tous les critiques, est très ancien, mais le texte a des mutilations et des lacunes qui ne permettent qu’une restitution conjecturale : ꝟ. 14. « Fils de Manassé : Esriel, que lui enfanta… ; sa concubine araméenne enfanta Machir, père de Galaad. ꝟ. 15. Or, Machir prit pour épouse [la sœur] de Hapham et de Sépham, et le nom de leur sœur était Maacha ; fsa concubine ( ?) enfanta Galaad, et Galaad eut des fils : le nom du premier était Sémida, et] le nom du second [était Hépher ; et le fils d’Hépher était] Salphaad, qui eut des filles. — ꝟ. 16. Et Maacha, épouse de Machir, enfanta un fils qu’elle appela Phares ; celui-ci eut aussi un frère nommé Sarés, dont les fils furent Ulam et Recen. — ꝟ. 17. Ulam fut père de Badan. Tels sont les fils de Galaad, fils de Machir, fils de Manassé. — ꝟ. 18. Et la sœur de Maacha, Méléketh (Vulgate : Regina), enfanta’IShôd (Vulgate : Virum décorum, « Belhomme » ) et Abiézer et Mohola. — t. 19. Or, les fils de Sémida furent Ahin, Séchem, Léci (Hélec ?) et Aniam. » Esriel, d’après ꝟ. 14, ne serait pas né de la même mère que Machir ; mais il n’est même pas sur qu’on doive lire ici ce nom, qui ne serait qu’une