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    1. MANASSÉ##

MANASSÉ (LE ROI) — MANASSÉ’(TRIBU DE)

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gfeès, né d’ailleurs d’une Babylonienne. Ce dernier devait rester vassal de son frère. Les deux princes s’entendirent d’abord très bien. Mais par la suite, Assurbanipal, encouragé par ses succès militaires contre l’Egypte, tendit à faire peser de plus en plus sa suprématie sur la Chaldée. Pour garantir son indépendance, Samassoumoukin snscifa une vaste coalition de tous les princes vassaux de FAssyrie, pour lui venir en aide contre Assurbanipal. Ce dernier dit, dans une de ses inscriptions : « Mon frère infidèle, qui ne garda pas mon obéissance, les hommes d’Accad, de Chaldée, d’Aram et de la côte de la mer, … il les fit révolter contre ma main. i> Il dit dans une autre inscription : « Les hommes d’Accad, d’une partie de la Chaldée, d’Aram et du pays de la mer, que Samassoumoukin avait appelés, s’entendirent pour marcher en avant et se révoltèrent contre moi. » Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 240-241. Les hommes du pays de la mer sont les riverains de la Méditerranée, les Phéniciens et les habitants de la Palestine, par conséquent Manassé et ses sujets. Assurbanipal prit l’offensiveen 652. Samassoumoukin, abandonné d’abord par les Élàmites, puis par les Araméens, se renferma dans Babylone, y subit un terrible siège, et, pour ne pas tomber vivant aux mains de son frère, se brûla dans son palais, avec ses femmes, ses enfants, ses esclaves et ses trésors. C’était en 649. Assurbanipal entra à Babylone, y résida quelque temps, en confia l’administration à l’un de ses officiers et retourna à Ninive. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 377, 378, 415-424.

Il était tout naturel que le roi assyrien cherchât à sévir contre ceux qui avaient pris parti pour son frère. Manassé était de ce nombre. Des troupes assyriennes vinrent le prendre et l’emmenèrent chargé de chaînes et les fers aux pieds, non pas à Ninive, la capitale assyrienne, mais à Babylone, où résidait encore Assurbanipal, probablement satisfait de pouvoir faire constater aux alliés de Samassumukin l’état auquel il avait réduit sa capitale. Les chaînes et les fers aux pieds des prisonniers sont tout à fait conformes aux coutumes assyriennes. Voir Chaîne, t. ii, col. 480 ; Entraves, t. ii, col 1818. On lit dans une autre inscription d’Assurbanipal : « Sarludari et Néchào ilsprirent, ils les lièrent avec des liens de fer et des chaînes de fer aux mains et aux pieds. » Schrader, Keilinschriften, p. 243. Rien d’étonnant par conséquent à ce que Manassé ait été traité de même. Dans sa captivité, le roi de Juda implora enfin le Seigneur ; il s’humilia profondément devant lui et lui adressa une prière, qu’on chercha bien plus tard à reconstituer. Voir Manassé (Prière de). Assurbanipal ne tarda pas à le renvoyer à Jérusalem, peut-être avant de retourner lui-même à Ninive. Cette manière de procéder ne doit pas surprendre non plus de la part d’Assurbanipal. Il raconte dans une inscription comment il traita Néchao, qui avait soulevé l’Egypte contre lui et avait été emmené prisonnier à Ninive : « Faveur je lui accordai, alliance avec lui je fis… Mes officiers comme gouverneurs en Egypte avec lui j’envoyai, … je le rétablis, … un royaume je lui ponstituai. » Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 243. On voit que si, à raison de son peu d’importance relative, Manassé n’est pas nommé dans ces inscriptions, le traitement qu’il eut à subir et la grâce dont il bénéficia n’ont pas été sans exemple sous Assurbanipal. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 87-98.

De retour à Jérusalem, Manassé commença par fortifier l’enceinte de la ville du côté où elle était vulnérable. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1363. Puis il mit des officiers dans toutes les villes fortes du royaume. Il se garantissait ainsi contre un coup de main, comme celui qui avait suffi sans doute à la’petite armée assyrienne qui s’était emparée de lui. Pour réparer son impiété précédente, il fit enlever du Temple et jeter hors des

murs de la ville les idoles et les autels qu’il y avait élevés. Il rétablit l’autel du Seigneur et y fit offrir des sacrifices de différente nature. Enfin il ordonna à son peuple de servir le Dieu d’Israël, Jéhovah. Les Israélites n’obéirent qu’à moitié, car c’est sur les hauts-lieux qu’ils continuèrent à immoler, zobhim, mais seulement à Jéhovah leurDieu, la-Yehovâh’ëlohêhém, II Par., xxxiii, 1417. Il fut donc impossible de faire renoncer le peuple à ses habitudes invétérées, quant aux lieux du culte ; il se contenta de répudier le culte des idoles. Voir Hautslieux, t. iii, col. 456.

La captivité de Manassé et sa pénitence ne peuvent être datées que des dernières années de son règne. Pendant cinquante ans, le roi avait donné l’exemple d’une impiété et d’une dépravation effrénées. Comment s’étonner que, si sincère qu’ait pu être sa pénitence, il n’ait pas réussi à effacer le souvenir de ce qui avait précédé ? Son fils Amon, en effet, s’empressa de rétablir les idoles proscrites par son père. Heureusement il ne régna que deux ans, et, assassiné par ses serviteurs, il laissa le trône à son fils le pieux roi Josias. II Par., xxxm, 22-25. Mais c’est toujours à Manassé que les auteurs sacrés reviennent, quand ils veulent signaler la cause principale du grand châtiment qui allait fondre sur le pays. IV Reg., xxiii, 26 ; xxiv, 3 ; Jer., xv, 4. Aussi l’on ne crut pas devoir accorder à Manassé la sépulture royale. Il fut inhumé dans le jardin d’Oza, qui était le jardin du palais, comme fut inhumé deux ans plus tard son fils Amon. Celui-ci, âgé de vingt-deux ans à la mort de son père, n’osa ou ne put rien faire pour lui éviter ce déshonneur. IV Reg., XXI, 18 ; II Par., xxxiii, 20. Ezéchiel, xliii, 7, 9, semble faire allusion à cette sépulture, quand il reproche aux cadavres des rois de souiller

le voisinage du Temple.

H. Lesêtre.

4. MANASSÉ (Septante : Mava<r<rîi), de la tribu de Juda et de la famille de Phahath Moab ; il avait épousé une femme étrangère et fut obligé de la répudier du temps d’Esdras, I Esd., x, 30.

5. MANASSÉ (Septante : Mava<r<rr|), descendant de Hasom (voir Hasum 1, t. iii, col. 448) ; il vivait et a temps d’Esdras et renvoya, la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 33.

6. MANASSÉ (Septante : Mavacrcrriç), de la tribu de Siméon, d’après les Septante, Judith, viii, 2, mari de Judith. Il habitait Béthulie et possédait de grandes richesses qu’il laissa en mourant à sa veuve. Judith, viii, 7. Il mourut d’une insolation au temps de la moisson des orges, viii, 2-3, et il fut enseveli « dans une caverne », âv Toi <nrcXa£w, d’après les Septante, xvi, 23. Le texte grec, xvi, 24, dit que Judith, à sa mort, laissa tous ses biens aux parents de son mari. Voir Judith 1, t. iii, col. 1822.

7. MANASSÉ, une des douze tribus d’Israël, divisée en deux groupes : le groupe occidental et le groupe oriental,

I. Géographie. — i. manassé occidental. — La demi-tribu située à l’ouest du Jourdain avait son territoire entre Éphraïm au sud, Issachar au nord, la Méditerranée à l’ouest et le Jourdain à l’est. Nous ne possédons pas, comme pour les autres, la nomenclature de ses principales villes ; aussi son exacte délimitation ëst-elle extrêmement difficile, surtout si l’on ajoute à cette lacune les obscurités du texte. Voir la carte (fig. 193).

1° Limites. — Les frontières de Manassé occidental sont décrites Jos., xvii, 7-11, mais le texte actuel est tellement incomplet que, pour les rétablir, nous sommes réduits aux conjectures. « La frontière de Manassé fut depuis Aser Machméthath, qui est à l’est de Sichem {Naplousé), puis elle allait à droite (c’est-à-dire au sud),