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MANAHATH — MANAHEN

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de cette déportation paraissent avoir été Naaman, Achia, et surtout Géra. I Par., viii, 7. Voir Géra 2, t. iii, col. 197. A la suite de quelles querelles et à quelle époque eut lieu cet événement, nous l’ignorons. Manahath est également inconnu. Le contexte ne permet même pas de décider si ce nom désigne une ville ou une région. Le Targum dit que les fils d’Ahod furent transportés « dans la terre de la maison d’Ésaù » ; plusieurs commentateurs modernes supposent, au contraire, que Manahath est une ville de la tribu de Juda, la Mocvox » que la version des Septante, Jos., xv, 59, ajoute à la liste du texte hébreu, à la suite de Béther. Conder a émis l’hypothèse que Manahath peut être la Mdhla actuelle (n et l sont souvent confondus), à cinq kilomètres environ au sud-ouest de Jérusalem et près de Bittir (Béther). Survey of western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 21, 136-137. Le voisinage immédiat de Mâhlah est stérile, mais il y a des vignes à l’est et des oliviers au sud. Les habitants s’approvisionnent d’eau à Ain Yalo, source très appréciée dans le pays.

    1. MANAHATHITE##

MANAHATHITE (hébreu : ham-Mânal}tî ; Septante : MaÀûc6£), habitant de la ville appelée ham-Menu^ôf dans le texte hébreu. La Vulgate a traduit M enul}ô{ par requietio, « repos. » I Par., ii, 54. Voir Menuhoth.

    1. MANAHEM##

MANAHEM (hébreu ; Menahêm ; Septante : Mavaïifji), roi d’Israël (773-762 ou 762-753 avant J.-C). L’histoire de son régna est racontée IV Reg., xv, 14-22. Il était fils de Gadi. Quand Sellum eut tué le roi Zacharie pour régner à sa place, Manahem, dont Josèphe, Ant. jud., IX, xi, 1, fait un chef d’armée, partit de Thersa, à 10 kilomètres à l’est de Samarie, se porta sur cette dernière ville et, à son tour, mit à mort Sellum, dont le règne ne fut que d’un mois. Devenu roi, il marcha aussitôt de Thersa, où se trouvaient sans doute ses quartiers militaires, contre la ville de Thapsa, qui x ae reconnaissait pas sa royauté, et dont il entreprit le siège. Ayant pris la ville, il en frappa tous les habitants, pour les punir de lui avoir fermé leurs portes. Les exécutions s’étendirent même aux environs de la cité. Poussant la barbarie aux dernières limites, Manahem fit tuer et mettre en pièces toutes les femmes enceintes, afin d’exterminer jusqu’aux enfants qu’elles portaient. Josèphe n’ose reproduire ce détail ; il se contente de dire que Manahem exerça contre ses propres concitoyens des cruautés qui seraient impardonnables même contre des étrangers vaincus à la guerre. Plusieurs auteurs ont pensé que la ville de Thapsa n’est autre que Tipsakh, la Thapsaque des Grecs, située sur la rive droite de l’Euphrate. Le royaume de Salomon s’étendit en effet jusque-là, 1Il Reg., iv, 24, et Jéroboam II avait réussi à reporter la frontière septentrionale d’Israël jusqu’à l’entrée d’Émath. IV Reg., xiv, 25. Mais cette entrée d’Émath était probablement assez distante de Thapsa vers le sud. Voir Émath (Entrée d’), t. ii, col. 1719. D’autre part, Tipsakh est à 500 kilomètres au nord de Samarie, et il est fort invraisemblable qu’un roi relativement faible, comme était Manahem, ait pu, avec toute une armée, traverser la Syrie et les déserts qui, s’étendent au nord de ce dernier pays, et ensuite assiéger une ville qui faisait partie du domaine assyrien. Aussi est-il beaucoup plus probable que Thapsa doit être cherchée dans les environs de Samarie. Elle ne peut guère être identifiée avec Taphua, mentionnée comme se trouvant sur la frontière d’Éphraïm et de Manassé, Jos., xvi, 8 ; xvii, 7, 8, ni avec Thersa elle-même, comme l’ont cru les Septante. Thapsa est vraisemblablement représentée aujourd’hui par la localité de Tafsah, à 9 kilomètres au sud de Samarie, par conséquent dans la voisinage de Thersa, comme semble le supposer le texte. IV Reg., xv, 16. Voir la carte d’Éphraïm, t. ii, col. 1876, et Thapsa.

A la cruauté, Manahem joignait l’impiété. Sous ce rapport, il ne fut que trop fidèle à suivre les exemples du premier roi d’Israël. Le prophète Osée, vii, 1-xin, 16, décrit les désordres qui se multipliaient alors en Israël et annonce les invasions assyriennes qui en seront le châtiment.

Manahem dut se rendre tributaire du roi d’Assyrie Phul, le même que Théglathphalasar III. Voir Phul. En 743, ce prince fit la conquête de la Syrie septentrionale. Les chefs araméens ne se soumirent pas volontiers à la nouvelle domination ; en 742 et en 739, le roi assyrien fut obligé de repasser l’Euphrate pour mettre à la raison ses nouveaux sujets. Les ravages qu’il exerça au cours de cette dernière campagne jusque dans la vallée de l’Oronte et les déportations auxquelles il soumit la population de plusieurs villes intimidèrent les rois voisins, au point que Rasin, de Syrie, et Manahem, d’Israël, se hâtèrent de porter leurs hommages et leurs tributs à Théglathphalasar. Dans une de ses inscriptions, ce dernier nomme, parmi ses tributaires, Mi-ni-hi-immi Sa-mi-ri-na-ai, « Manahem de Samarie. » Cf. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, Giessen, 1872, p. 122-134 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 6e édit., t. iii, p. 514-519 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 150-153.

Manahem paya tribut au roi d’Assyrie pour qu’il lui assurât sa protection et le confirmât dans son pouvoir. La Bible ne dit pas si ce tribut fut volontaire ou forcé. L’inscription de Théglathphalasar déclare que ce dernier « reçut » le tribut de Manahem et de beaucoup d’autres princes. Il est à croire que, si ceux-ci prirent les devants pour s’engager à payer, c’est qu’ils prévoyaient une contrainte à laquelle ils étaient incapables de se soustraire. La contribution fournie par Manahem fut d’ailleurs trop considérable pour avoir été pleinement spontanée. Il versa mille talents d’argent. Le talent d’argent valant alors 8500 francs, la somme totale s’élevait à huit millions et demi, ce qui constituait une lourde charge pour un petit pays comme le royaume d’Israël. Le roi imposa les riches à raison de cinquante sicles d’argent, soit 141 fr. 50 par tête. Le nombre des imposés fut donc environ de 60000, cequi indique que, sous le nom de riches, on comprit tous ceux qui jouissaient de quelque aisance. Satisfait de ce résultat, le roi d’Assyrie ne resta pas plus longtemps dans le voisinage d’Israël et s’en retourna dans son pays. Les Israélites se rendirent compte, sans doute, que le sacrifice qu’on leur imposait leur évitait de plus grandes calamités. Il n’est question d’aucun mécontentement violent contre Manahem, qui mourut paisiblement après dix ans do règne et laissa le trône à son filsPhacéia.

H. Lesêtre.
    1. MANAHEN##

MANAHEN (grec : Mavaiiv), chrétien de l’Église d’Antioche, nommé parmi les prophètes et les docteurs à qui le Saint-Esprit ordonna de conférer à Saul (Paul) et Barnabe leur mission apostolique. Act., xiii, 1-2. Mavavjv doit être l’hébreu nn ; o, Menafyêm, « consolateur. » Le texte sacré dit que Manahen était quvrpotpoç d’Hérode le tétrarque. Cet Hérode est Hérode Antipas, qui fit décapiter saint Jean-Baptiste et était exilé à Lyon pendant que Manahen était à Antioche, car il est le seul de* Hérodes à qui l’indication des Actes puisse s’appliquer. Voir Hérode 3, t. iii, col. 647. — Mais que signifie exactement (TiivTpoooç et qu’était Manahen par rapport à Antipas ? Les sentiments sont divisés à cesujet. D’après la Vulgate, qui traduit <njvrpoçoç par collactaneus, il était son « frère de lait », et c’est là, en effet, un des sens de l’expression grecque. Voir Xénophoû, Memorab., ii, 3, 4, édit. Didot, p. 553. Mais elle signifie aussi « élevé avec quelqu’un », compagnon d’enfance, les princes et les grands de l’antiquité ayant coutume de faire élever avec leurs fils des jeunes gens du même âge. Plutarque, D&