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MALACHIE — MALAGHIE (LE LIVRE DE)

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hébreux, Abdias, Osée, etc., ont une signification ; par conséquent la signification du nom « Malachie » ne peut être une raison pour n’y voir qu’un symbole, pas plus que dans les noms d’Abdias et d’Osée. Cf. Trochon, Les petits prophètes, p. 497 ; Driver, Introduction, p. 356.

— 3. Si le nom de Malachie n’est mentionné nulle part ailleurs dans la Bible, il ne faut pas en être surpris, car d’autres noms sont dans le même cas ; et il est le dernier des prophètes. — 4. Toutes les autres prophéties portant le nom réel de leur auteur, on doit admetlre qu’il en est de même pour le douzième des petits prophètes.

2° L’étymologie du nom, « messager, envoyé, » a été expliquée de deux manières : les uns pensent que ce nom est de ceux qui en hébreu sont formés avec le suffixe ï comme radical, tels que : Garmi, I Par., iv, 19 ; Gaddi, Num., xiii, 12 ; Ezri, Jud., vi, 11, 24 ; viii, 32 ;

1 Par., xxvii, 26 ; Ozni, Num., xxvi, 16 ; dans ce cas le nom signifierait simplement « messager, envoyé ». Cf. L. Reinke, Der Prophet Malachi, Giessen, 1856, p. 187 ; Olshausen, Lekrbuch dey hebr. Spræke, p. 413. D’autres croient que « Malachie » est une abréviation de Male’akîdh, « messager de Jéhovah ; » la Bible nous fournit d’autres exemples de ces abréviations : Zabdi, Jos., vii, 1, 17, 18 ; I Par., vni, 19, est écrit Zabdias ; I Par., xxvii, 27 ; Abi, IV, Reg., xviii, 2, est écrit Abia, II Par., xxix, 1 ; Abdi, I Par., vi, 44 ; II Par., xxix, 12, devient Abdias, L III Reg., xviii, 3, 5, 6, 7, 16, - etc. ; Uri, Exod., xxxi, 2, etc., devient Urias, II Reg., xi, 3, 9, etc. ; c’est ainsi du reste que durent lire les Septante, puisqu’ils ont la forme pleine : MaXa^iac, au lieu de Malawi. — La traduction des Septante, Mal., i, 1 : èv x sl P’  « YY^ 0V a-ltoû, a porté certains Pères à désigner le prophète Malachie par le nom « ange » ; ainsi Tertullien, Adv. Jud., 5, t. ii, col. 608 ; S. Augustin, De civ. Dei, xx, 25, t. xli, col. 699 ; S. Jean Chrysostome, In Heb. Rom. xiv, t. lnxiji, col. 114, mais c’est une pure appellation honorifique : « Il est appelé ange parce que c’est la signification de son nom, dit saint Cyrille d’Alexandrie, In Mal., Proœm., t. lxxii, col. 272, et comme il a annoncé à Israël des oracles célestes et inspirés de Dieu, il peut bien être appelé ange. »

II. Époque a laquelle a vécu Malachie. — 1° Malachie est contemporain d’Esdras et de Néhémie. — Presque tous les exégètes sont d’accord sur ce point ; la critique interne nous fournit des indices assez concluants :

1. La prophétie de Malachie a été écrite après la captivité, à l’époque où la Judée était une province persane ; il est en effet question du « gouverneur ï>, péh’âh, Mal., i, 8 ; cf. II Esd., v, 14 ; Xn, 26 ; Aggée, i, 1. —

2. Le temple était reconstruit, Mal., i, 10 ; iii, 1. — 3. Les abus, signalés par Malachie : alliances avec les femmes étrangères, négligence du peuple à payer les dîmes, sont aussi dénoncés par Esdras et Néhémie. I Esd., îx,

2 ; x, 3, 16-44 ; II Esd., x, 30, 32-39 ; xiii, 4-13, 15-17, 23-29. 2° L’époque précise. — Sur ce point il règne beaucoup

d’opinions : certains auteurs pensent que Malachie écrivit avant l’arrivée d’Esdras en Judée, en 458 avant J.-C. ; Schegg soutient qu’il prophétisa après le premier séjour de Néhémie à Jérusalem et la 32e année du roi Artaxerxès Longue-Main ; d’autres se prononcent pour l’intervalle entre le premier et le second séjour de Néhémie à Jérusalem ; enfin d’autres croient qu’il prophétisa quelque temps après Néhémie. Cf. Knabenbauer, In Proph. minores, ii, p. 413. Nous ne pouvons qu’établir la date qui paraît la plus probable :-i. Comme nous l’avons déjà remarqué, Malachie prophétisa aune époque où le temple était construit, et le culte fonctionnait régulièrement. Mal., i, 7-10 ; ii, 12-13 ; iii, 1, 10. — 2. Malachie semble avoir prophétisé en l’absence de Néhémie : en effet, on voit, Mal., ï", 8, qu’on offrait des dîmes au gouverneur ; or, Néhémie, pendant douze ans, ne mangea pas les dîmes dues au gouverneur ;

II Esd., v, 14-15 ; bien plus lui-même fit beaucoup de largesses au peuple ; ꝟ. 18 ; donc Mal., i, 8, ne vise pas Néhémie, mais un autre gouverneur établi par les Perses ; de plus, on s’explique qu’en l’absence de Néhémie, il ait pu s’introduire les abus signalés par Malachie ; enfin après son second retour à Jérusalem, Néhémie, comme nous l’avons déjà vii, reprend les mêmes abus que Malachie. Ces inductions nous conduisent à conclure que Malachie prophétisa après la 32e année d’Artaxerxès Longue-Main, alors que Néhémie se trouvait à la cour du roi des Perses : « L’auteur a vécu à une époque où il n’était plus nécessaire de prémunir les esprits faibles contre les séductions du polythéisme. Il est encore question d’égarements moraux, mais la principale préoccupation du prophète, ce sont les transgressions relatives à la partie plus ou moins matérielle de la loi mosaïque, nous dirions volontiers les délits politiques* L’organisation de la hiérarchie, le paiement des redevances, l’observation régulière des rites, et la séparation plus stricte d’avec l’étranger, étaient devenus la base de l’ordre des choses établi dès avant la fin du premier siècle après la restauration du Temple. Car c’est bien à cette époque que nous devons rapporter la composition de cet opuscule. Il n’y a pas de doute : le Temple dont Aggée et Zacharie avaient poussé les travaux, existait maintenant, et son culte est censé fonctionner régulièrement. La loi était connue et promulguée, car il y est fait allusion en plusieurs endroits. Mais le peuple, pauvre et découragé, parce que les promesses dont on l’avait nourri ne s’étaient pas accomplies, se montrait exactà remplir ses devoirs religieux, qui… consistaient… à entretenir la caste sacerdotale, à laquelle, si nous ne nou s trompons fort, notre anonyme appartenait lui-même. On est surtout frappé de l’identité des plaintes consignées dans son écrit au sujet des dîmes et des mariages mixtes, avec celles que formule, avec non moins d’énergie, le gouverneur Néhémie dans ses mémoires… Ces différentes données nous portent à placer la rédaction du livre après la promulgation de la loi par Esdras, et avant le dernier séjour de Néhémie à Jérusalem. On pourrait même faire valoir en faveur de cette hypothèse la circonstance que l’auteur parle d’un gouverneur, de manière que ce que Néhémie ditde lui-même, semble prouver qu’il s’agit de quelqu’un d’autre. » Reuss, Les prophètes, t. ii, p. 382-383.

III. Malachie dans la légende. — L’Écriture ne nous apprend rien sur la vie de Malachie en dehors de sa prophétie. La légende a essayé de suppléer à cette lacune. Le Pseudo-Épiphane, De vit. prophet., 22, t. xliii, col. 412-413, dit que Malachie était de la tribu de Zabulon et qu’il naquit dans le territoire de cette tribu, après la captivité de. Babylone, à Sopha (Soçâ, d’après d’autres manuscrits, Sto^S et Toçâ, col. 419). Il était d’une grande beauté et se fit aimer du peuple par la douceur de ses manières. Il mourut jeune et fut enterré dans le tombeau-de ses ancêtres. Tous ces détails sont de pures inventions. Le martyrologe mentionne la fête de saint Malachie au 14 janvier. V. Ermoni.

2. MALACHIE (LE LIVRE DE). — I. DIVISION ET ANA-LYSE. — On a proposé diverses divisions. Cf. Trochon, Les petits prophètes, p. 499. On peut le partager en trois sections : 1° Première section, i, 2-n, 9. Cette section nous représente Dieu comme un Père plein d’amour et comme le gouverneur de son peuple ; comme les Juifs accusent Dieu de ne pas les aimer, Dieu leur répond et leur rappelle ce qu’il a fait pour eux en préférant Jacob à Esaû, i, 2-5 ; il accuse les prêtres de négliger le culte divin, jt. 4-9, et annonce un sacrifice plus pur et universel, ꝟ. 10-11 ; nouvelles ^accusations contre les prêtres, i, 12-n, 2. Dieu parle de l’alliance faite avec Lévi et en indique la nature et les caractères, ii, 3-7 ; le prophète montre comment les prêtres ont rompu cette