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MAISON DU BOIS-LIBAN — MAL


ancienne, t. i, p. 276, 317. On ne peut cependant faire que des conjectures sur l’agencement de l’édifice de Salomon. Toujours est-il qu’il y eut là une œuvre de charpente assez compliquée et qu’il ne fallut rien moins que l’habileté professionnelle des ouvriers phéniciens pour la mener à bien.

III. La destination. — 1° La salle du rez-de-chaussée a dû servir de lieu de réunion pour des assemblées assez considérables, comme celle qui est mentionnée 1Il Reg., viii, 1, 2. Le texte sacré indique, comme contigus à la maison du Bois-Liban, un portique de colonnes, long de cinquante coudées (26 m 25) et large de trente (15™75), puis un autre portique en avant, avec des colonnes et des degrés, et ensuite le portique du trône et celui de la justice, ces deux derniers n’en faisant probablement qu’un. III Reg., vii, 6, 7. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 2, place la salle du trône, qu’il identifie avec celle du tribunal 1, entre la maison du Bois-Liban et le Temple. Il est possible qu’en certains cas la salle hypostyle soit devenue comme un vaste vestibule dans lequel on s’arrêtait avant de passer dans la salle du trône. — 2° Quant aux chambres des trois étages supérieurs, elles n’ont pas été faites pour être habitées. C’étaient plutôt des sortes de magasins destinés à renfermer des objets de prix, le trésor royal, des armes, etc. C’est là que furent conservés les cinq cents grands boucliers d’or que Salomon se fit fabriqvier. III Reg., x, 16. À l’époque d’Isaïe, les armures étaient encore déposées dans la « maison du Bois », bêt hay-yâ’ar, Is., XXII, 8 ; c’est aussi là très vraisemblablement que le roi Ezéchias introduisit si complaisamment les envoyés de Mérodach Baladan, pour leur faire admirer son arsenal et son trésor. Is., xxxix, 2. Suivant la parole du prophète, le contenu de ce bâtiment royal devint la proie des envahisseurs, Is., xxxix, 6, et la maison <lu Bois-Liban fut brûlée par les Chaldéens avec tous les autres palais royaux. Jer., xxxix, 8. — Cf. Wilson, The Recovery of Jérusalem, Londres, 1871, p. 319326 ; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 231, 232 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 401408 ; Meignan, Salomon, Paris, 1890, p. 146, 147.

H. Lesêtre.

1. MAITRE, MAITRESSE (hébreu : ’âdôn, ba’al ; Septante : xOpioç ; Vulgate : dominus ; au féminin : ba’aldh, xvpiot, domina), celui ou celle qui possède des esclaves, des serviteurs ou des servantes. — 1° Diiférents personnages portent le titre de « maître » par rapport aux serviteurs ou aux esclaves qui sont à leurs ordres. Tels sont Abraham, Gen., xxiv, 9-65 ; Putiphar, par rapport à Joseph, Gen., xxxix, 2-19 ; Joseph lui-même, Gen., xliv, 5 ; Aod, Jud., iii, 25 ; Saûl, I Reg., xvi, 16 ; Jonathas, I Reg., xx, 38 ; David, II Reg., xi, 9-13 ; 1Il Reg., i, 47 ; Elisée, IV Reg., v, 22, 25, etc. Plusieurs femmes sont appelées « maîtresses » au même titre : Agar, Gen., xvi, 4-9 ; l’épouse de Putiphar, Gen., xxxix, 7 ; celle de Naaman, IV Reg., v, 3 ; Esther, Esth., xv, 7, etc. — 2° Les devoirs des maîtres vis-à-vis dé leurs esclaves sontréglés par la loi mosaïque. Exod., xxr, 4-8 ; Deut., xxiii, 15. Voir Esclavage, t. ii, col. 1919, 1920, Parfois cependant beaucoup d’esclaves trouvaient trop dur le joug de leur maître et s’enfuyaient. I Reg., xxv, 10. Chez les étrangers, le maître abandonnait facilement son esclave devenu malade. I Reg., xxx, 13, 15. Les esclaves fidèles honoraient leurs maîtres, Mal., i, 6 ; serviteurs ou servantes avaient les yeux sur les mains de leur maître ou de leur maîtresse pour obéir au moindre signe. Ps. cxxm (cxxii), 2. Cf. Is., xxiv, 2. L’esclave qui héritait de sa maltresse devenait souvent intraitable. Prov., xxx, 23.-3° Dans l’Évangile, le maître est plusieurs fois mis en scène par Notre-Seigneur. . Le maître fait vendre le serviteur infidèle, Matth., xviii, 25-34 ; il trouve ses esclaves fidèles veillant pour l’attendre la nuit, Matth., xxiv, 45-50 ;

Marc, xiii, 25 ; Luc, xii, 36-47 ; il leur remet des talents à faire valoir, Matth., xxv, 11-24 ; Luc, xix, 16-25, les envoie chercher ses invités, Luc, xiv, 21-23, mais cependant ne leur confie pas tous ses secrets. Joa., xv, 15. L’esclave n’est pas au-dessus du maître, mais il doit tendre à lui ressembler. Matth., x, 24, 25 ; Joa., xiii, 16 ; xv, 20. On ne peut pas servir deux maîtres à la fois, surtout quand ils sont de caractère absolument opposé. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 3-13. — 4° Saint Paul recommande aux maîtres chrétiens d’être bons et justes. Eph., vi, 9 ; Col., iv, 1. Les esclaves et les serviteurs leur doivent honneur, I Tim., vi, 1, 2, et obéissance. Eph., vi, 5 ; Col., iii, 22 ; Tit, ii, 9. Beaucoup d’esclaves chrétiens étaient au pouvoir de maîtres païens ; saint Pierre leur prescrit d’être soumis non seulement aux maîtres bons et doux, mais même à ceux qui itaient d’humeur difficile. I Pet., Il, 18. — 5° À Philippes, saint Paul fut poursuivi par une esclave qui avait un esprit de divination et que ses maîtres exploitaient.

L’Apôtre la guérit. Act., xvi, 16-19.

H. Lesêtre.

2. maître D’HOTEL. Voir Architriclinus, t. i, col. 935.

MAL. — I. Mal moral (hébreu : ra’, râ’dh, Hâve’; Septante : tô Ttorijp’h, to xaxôv ; Vulgate : malum), acte contraire à la volonté de Dieu, accompli par un être intelligent et libre. Sous sa forme concrète et ordinaire, le mal moral prend le nom de péché. Voir Péché.

I. son origine. — 1° Le mal moral fait sa première apparition au paradis terrestre. Il y avait là un arbre que Dieu appelle lui-même « l’arbre de la science du bien et du mal ». Gen., ii, 9, 17. Il est à peine besoin de remarquer que l’auteur du récit sacré n’est pas tombé dans le fétichisme grossier qui consisterait à attribuer à cet arbre la production du bien et du mal. Il n’est d’ailleurs pas question d’arbre du bien et du mal, mais d’arbre « de la science du bien et du mal ». Cette science n’est pas communiquée à l’homme directement par l’arbre, comme par une sorte de sacrement. L’homme ne l’acquiert qu’à l’occasion de l’arbre, par suite d’un choix volontaire dont il est si bien responsable, que Dieu lui dit : « Le jour où tu en mangeras, tu mourras. » Gen., ii, 17. La science du bien et du mal est pour l’homme, d’après l’ensemble du récit, non pas la connaissance théorique du bien et du mal ainsi que de leur distinction, mais la connaissance expérimentale du mal opposé au bien, que l’homme devait acquérir en touchant au fruit de l’arbre. Voir Arbres de la vie

ET DE LA SCIENCE DU BIEN ET DU MAL, t. i, Col. 896. — 2° La

Sainte Écriture ne dit pas si, laissé à lui-même sous l’empire de la grâce de Dieu, l’homme eût enfreint la défense qui lui était faite. Il est théoriquement possible que l’infraction se fût produite, puisque l’homme était à la fois imparfait par sa nature et doué de liberté, par conséquent peccable. En fait, le mal moral n’a atteint l’âme de l’homme qu’à l’instigation d’un autre être qui connaissait déjà ce mal et qui avait quelque raison pour le communiquer à l’homme. Le serpent qui s’adressa à la femme n’était pas un simple animal. Dans l’être sans raison se, cachait un être intelligent et perfide, que le texte de là’Genèse laisse à dessein dans l’ombre, sans doute pour ne pas suggérer aux anciens Hébreux l’idée d’une puissance adverse capable de contrarier d’une manière si mystérieuse et si efficace les desseins de Dieu. On sait que les fondateurs de la religion de Zoroastre étaient tombés dans cette grossière erreur d’admettre en face du dieu bon et suprême, Ormnzd, un dieu du mal presque aussi puissant, Ahrimàn, voir Mages, col. 544, et que dans toutes les autres religions idolâtriques le mal était représenté par des divinités souvent plus invoquées qne les divinités du bien. L’être caché dans le serpent est qualifié dans des textes