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MAISON


cées irrégulièrement vers le haut des murs. Lès chambres intérieures sont tantôt voûtées, et tantôt couvertes d’un plafond soutenu par des troncs de palmier. Dans les murs très épais sont pratiquées des niches étroites. Comme en Egypte, on vivait beaucoup sur le toit des maisons. Dans les maisons plus riches, on ménageait une salle basse où l’on cherchait à entretenir la fraîcheur. C. Perrot, Hist. de l’art dans l’antiquité, t. ii, 163, 448, 449 ; Maspero, Hist. ancienne, 1. 1, p. 745, 746. L’histoire de Susanne montre qu’à Babylone même certains Israélites avaient su se ménager des demeures spacieuses, capables de recevoir un bon nombre de personnes et pourvues d’un assez grand jardin. Dan., xiii, 4, 6.

3° Chez les Hébreux. — 1. En arrivant dans le pays de Chanaan, les Hébreux furent mis en possession de grandes et bonnes villes et de maisons qu’ils n’avaient pas bâties. Deut., VI, 10. Pour construire les autres maisons dont ils avaient besoin, ils employèrent les matériaux qu’ils avaient à leur portée, soit les pierres dans la partie montagneuse du pays, soit, dans les plaines, l’argile dont ils faisaient des briques cuites ou plus ordinairement séchées au soleil ; quelquefois les murailles n’étaient que d’argile mêlée de paille. Aussi les voleurs avaient-ils toute facilité pour les percer sans bruit et s’introduire à l’intérieur pendant la nuit, quand les habitants n’étaient pas sur leurs gardes. Matth., xxiv, 43 ; Luc, xil, 39. Pour les maisons plus importantes, surtout dans les villes, on employait la pierre taillée et le bois. Is., rx, 9 ; Hab., .. ii, 11. Les maisons ordinaires avaient l’apparence d’un gros cube régulier et blanchi à la chaux. L’intérieur ne formait qu’une seule pièce, sans autre ouverture que la porte, par laquelle entraient l’air et la lumière, celle-ci assez peu abondante pour qu’on fût obligé d’allumer une lampe si l’on voulait chercher une menue monnaie perdue. Luc, xv, 8. Quelques niches étaient ménagées dans la muraille pour y poser la lampe ou divers objets. Cf. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 98. Sur le mobilier qui se trouvait ordinairement à l’intérieur, voir Meubles. — 2. Les maisons n’avaient presque toujours qu’un étage. Le toit se composait d’une plate-forme ou terrasse, construite avec des dalles ou de larges tuiles posées sur des solives. On y accédait par un escalier extérieur, s’élevant en maçonnerie pleine le long d’un des murs de la maison. Ces sortes de terrasses, analogues à celles des maisons égyptiennes (fig. 181) et chaldéennes, existaient déjà du temps des Chananéens. Jos., ii, 6-8, 15. La loi ordonnait aux Hébreux d’entourer d’une balustrade les terrasses qu’ils construiraient afin d’empêcher les chutes. Deut., xiii, 8. Un pareil genre de toiture n’avait pas d’inconvénient pendant l’été. Il en était autrement à la saison des pluies. Le toit laissait souvent goutter l’eau de la manière la plus désagréable. Prov., xix, 13 ; xxvii, 15. Cette disposition de la maison hébraïque explique l’histoire de la guérison du paralytique de Capharnaûm. À cause de la chaleur du jour, Notre-Seigneur enseignait à l’intérieur d’une de ces maisons qui avaient des salles plus vastes, comme celles dans lesquelles on faisait des festins. Matth., ix, 10 ; Marc, ii, 15 ; Luc, v, 29. Les porteurs du paralytique, ne pouvant entrer dans la maison encombrée par la foule, montèrent le malade par l’escalier extérieur, enlevèrent des tuiles et des solives de manière à pratiquer une ouverture suffisante et, par là, descendirent le paralytique avec son lit. Marc, ii, 4 ; Luc, v, 18, 19. La terrasse servait à des usages multiples. On s’y retirait pour prier, Act., x, 9, converser, prendre l’air, II Reg., xi, 2, dormir la nuit, se mettre à l’abri des importuns dans la tristesse et le deuil. Prov., xxi, 9 ; xxv, 24 ; Tob., iii, 10. De là-haut, il était facile de s’adresser aux passants, II Reg., xvi, 23 ; Matth., x, 27 ; Luc, xii, 3. et de voir ce qui arrivait dans les rues. Is., xxii, 1. Il fallait quelques précautions et un certain

temps pour descendre l’escalier. Matth., xxiv, 17 ; Marc, xm, 15 ; Luc, xvii, 31. On pouvait se sauver de la terrasse au moyen de cordes. Jos., ii, 15. Pendant la saison chaude, on dressait souvent une tente sur ce toit ; à la fête des Tabernacles, on y élevait des cabanes de feuillages dans lesquelles on vivait pendant huit jours. II Esd., viii, 16. La maison était assez fréquemment précédée ou entourée d’une cour, à laquelle un mur servait de clôture. On se faisait parfois enterrer dans ces dépendances de la maison. I Reg., xxv, 1 ; III Reg., u, 34 ; IV Reg., xxi, 18. — 3. Dans les villes, les maisons avaient plus d’importance. Elles étaient assez souvent bâties en pierre et comportaient plusieurs étages. A Jérusalem, le défaut de place obligeait à appuyer les maisons les unes contre les autres au-dessus des rues (fig. 182), ce qui faisait l’admiration des pèlerins juifs. Ils disaient, dans l’un des Psaumes graduels : « Jérusalem,

181. — Modèle d’une petite maison égyptienne, faisant voir la cour et la chambre haute. British Muséum. D’après Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. i, p. 35t.

bâtie comme une ville dont les parties se tiennent ensemble. » Ps. cxxii (cxxi), 3. Cf. Is., v, 8. L’étage situé au-dessous de la terrasse formait une chambre haute. Quelquefois cette chambre haute était constituée par la terrasse même (fig. 183) entourée d’un treillage et recouverte d’une tente. Cette chambre s’appelle’âlîydh, àvayaiov, ûitEpwov, cœnaculum, solarium. Jud., iii, 20, 23, 25 ; III Reg., xvii, 19-23 ; IV Reg., i, 2 ; xxiii, 12 ; Jer., xxil, 13. C’est dans une chambre hauts que Notre-Seigneur fit la dernière Cène, Marc, xvi, 15 ; Luc, xxii, 12 ; que le Saint-Esprit descendit sur les Apôtres, Act., i, 13 ; que saint Pierre ressuscita Tabitha, à Joppé, Act., ix, 39, que saint Paul prêcha à Troade. Act., xx, 8, etc. Dans les maisons plus importantes, une servante était chargée d’ouvrir la porte. Act., xii, 13-15. Les personnages riches avaient maison d’été et maison d’hiyer. Jer., xxxvi, 22 ; Am., iii, 15. Ces maisons étaient parfois des palais luxueusement ornés. Voir Palais. Une maison d’ivoire était une maison décorée intérieurement de placages et de sculptures en ivoire. Ps. xliv (xlv), 9 ; III Reg., xxii, 39. Voir Ivoibe, t. iii, col. 1044. Sur les lambrissages intérieurs en bois de différentes sortes, voir Lambris, col. 40. — 4. Les propriétaires d’une maison pouvaient la louer à d’autres pour un temps. Il était permis de vendre une maison ; mais elle revenait au propriétaire primitif l’année du jubilé. Quant à celles qui se trouvaient dans des villes pourvues de murailles au temps de Josué, la vente en était définitive si le premier propriétaire ne l’avait pas