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MAGRON — MAHANAÏM’572

pratiquées dans le roc ». V. Guérin, Samarie, t. 1, p. 185. On identifie le Magron d’Isaïe avec les ruines de Makrûn, situées au nord de Machmas, sur la route de Haï. Voir K. Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1893, p. 121. Cependant ce nom manque dans la grande carte anglaise de la Palestine. F. Vigouroux.

    1. MAHALATH##

MAHALATH (hébreu : Mahâldf), nom de deux femmes dans le texte hébreu. La Vulgate écrit le nom de l’une d’entre elles Mahalath et l’autre Maheleth, Ce même mot se lit dans le titre de deux Psaumes. Voir Maëleth.

1. MAHALATH, femme d’Ésaû. Voir MahÉLETH 1.

2. MAHALATH (Septante : MooXaft), fille de Jérimoth et la première des dix-huit femmes de Roboam, roi de Juda, qui était son cousin. II Par., xi, 18. Son père était un des fils de David et par conséquent frère de Salomon, le père de Roboam. Voir Jérimoth 7, t. iii, col. 1299. D’après un certain nombre de commentateurs, Mahaiath aurait eu pour mère ou grand’mère « Abihaïl, fille d’Éliab, fils d’Isaï », et elle aurait eu trois fils, Jéhus, Somoria et Zoom. Ils suppléent la conjonction i, « et, » devant Abihaïl et traduisent : « Roboam épousa Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David et d’Abihaïl, fille d’Éliab, fils d’Isaï. » Les Septante et la Vulgate, au contraire, font d’Abihaïl la seconde femme de Roboam et la mère de Jéhus, de Somoria et de Zoom. Leur traduction paraît plus naturelle et mieux fondée. II Par., xi, 18-19.

    1. MAHALON##

MAHALON (hébreu : Mahlôn, « malade [ ?] ; » Septante : Macàwv), fils aîné d’Élimélech et de Noémi, de la tribu de Juda et de la ville de Bethléhem. Une famine ayant obligé ses parents à se réfugier dans le pays de Moab, ils l’y emmenèrent avec son frère Chélion, et il y épousa, après la mort de son père, une femme moabite appelée Ruth, tandis que son frère Chélion en épousait une autre appelée Orpha. Ils moururent jeunes l’un et l’autre dans ce pays, au bout de dix ans. Ruth, i, 1-5 ; îv, 10. Booz devint l’héritier d’Élimélech et de ses deux fils en épousant Ruth, veuve de Mahalon. Ruth, iv, 9-10.

    1. MAHANAÏM##

MAHANAÏM (hébreu : Mahânaïm ; avec hé local : Mahânâimah, « les deux camps » ou « les deux troupes » ; Septante : Maavai’v, III Reg., iv, 14 ; Mavai[i, II. Reg., xvii, 24, 27 ; Mowaéii, II Reg., ii, 8, 12 ; Maâv, Jos., xiii, 26, 30 ; Kajuv, Jos., xxi, 37 (hébreu, 38) ; ils traduisent par napE^oXa ! , « les camps, » Gen., xxxii, l ; TC « pE[160Xri, « le camp, » II Reg., ii, 29 ; III Reg., ii, 8 ; la Vulgate écrit le nom Mahanaim, Gen., xxxii, 1 ; Manaim, Jos., xiii, 26, 30 ; xxi, 37 ; III Reg., iv, li, elle le traduit par castra, « les camps, » II Reg., ii, 8, 12, 29 ; xvii, 21, 27 ; III Reg., ii, 8), ville lévitique de la tribu de Gad. La version syriaque l’appelle Mahanim. Dans Josèphe, Ant. jud., VII, i, 3, ce nom est transcrit Màva-Xtv ou MâvaXtç, « selon les Grecs, » ajoute-t-il, IIape[iëoXai, nom qu’il emploie ordinairement ensuite.

I. Origine et situation. — Jacob, à son retour de la Mésopotamie, s’étant séparé de Laban, à l’entrée des monts de Galaad, t< s’en alla par le chemin qu’il avait pris et les Anges du Seigneur vinrent à sa rencontre. Quand il les eut vus, il dit : C’est le camp (mahânéh) de Dieu et il appela ce lieu du nom de Mahânaïm, c’est-à-dire camp, » ajoute la Vulgate. Gen., xxxii, 1-3. Josèphe, en son récit parallèle, Ant. jud., i, XX, néglige le nom hébreu ; il se contente de<lire : Il (Jacob) appela ce lieu « l’armée de Dieu », QsoC <xTpa-Ô7csêov. — De l’ensemble du récit, il apparaît que Mahânaïm se trouvait au sudouest du Hauran, dans les anciens monts de Galaad, aujourd’hui le Djebelvdjlûn, et au nord du Jaboc que Jacob franchira pour se diriger sur Sichem après avoir campé à Mahânaïm. Gen., xxxii, 22. Cette localité était

sur la frontière de Gad et de Manassé oriental. Jos., xiii, 26, 30. — L’histoire du combat dans lequel périt Absalom, fils de David, l’indique à l’est ou au nord-est de la forêt d’Éphraïm. II Reg., xvii, 24 ; xvtn. — Aucun ancien écrivain ne donne de renseignements plus précis sur la situation de cette ville. Un midrasch postérieur à la clôture du Talmud remplace Mahânaïm par le nom Rimas, Ritmàs ou Dimàs, endroit tout à fait inconnu, Midrasch Yalkout, II Sam., xvii, 24. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud. Paris, 1868, p. 250. Estôri ha-Parchi, au xiiie siècle, est le premier auteur connu jusqu’ici qui ait donné une identification de cette localité. Dans Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1897, p. 311, il s’exprime ainsi : « Mahânaïm, [c’est] Mahnéh. Mahânaïm esta l’est de Bethsan, en ligne droite, à une demi-journée. À une heure, vers le sud, est la ville appelée El-Estêb, que l’on dit être la patrie du Thesbite. Au nord de cet el-Estêb, se trouve une rivière dont les eaux coulent été et hiver et sur les rives de laquelle se trouvent des jardins et des vergers : on l’appelle ouadi’l-Yabâ’s. » Mafrnéh auquel fait allusion l’écrivain juif n’a pas changé de nom depuis ; il se trouve en effet à trois kilomètres et demi environ vers le sud-Ouest de la ruine appelée par les Arabes Lestib ou Lesteb que l’on voit au pied du sommet nommé Mar-Elids (voir t. iii, fig. 6, col. 53) et considérée par tous les habitants du Djébel-Adjlûn comme la patrie du prophète Élie. Lesteb se trouve lui-même à une distance à peu près égale de l’ouadi’l-Ydbis, tenu pour l’ancien Carith. Mahnéh est en effet à l’orient (au sud-est) de Beisân, la Bethsan biblique. Le village de Fârâh, dont le nom peut rappeler celui d’Éphraïm qui a dû donner son nom à la forêt où périt l’infortuné fils de David, se trouve à six kilomètres environ de Lesteb, vers l’ouest. La situation d’el-Mahnéh, non moins que son nom, correspond certainement aux indications de la Bible. Sa condition seule pourrait laisser quelque doute sur son identité avec la ville de Mahânaïm qui semble s’être élevée plus tard à l’endroit où campa Jacob après s’être séparé de Laban son beau-père.

IL Description. — Le nom de Khirbet Mahnéh ou simplement Mahnéh (fig. 174) est donné à une petite colline couverte de ruines, resserrée entre deux monts qui la dominent au nord-est et au sud, et s’avançant sur la vallée appelée elle-même ouadi Mahnéh. La vallée court du sud-est au nord-ouest pour aller se ramifier à l’ouadi Yâbis dans le voisinage de Ba’oûn. La colline et tous les alentours étaient, en 1890, recouverts d’une épaisse forêt de chênes et de térébinthes pour la plupart plusieurs fois séculaires, à l’exception d’une étroite clairière où le ga ?on épais et frais qui tapissait la terre, annonçait le voisinage d’une source. Les grands arbres ont disparu et sont remplacés, là où le sol n’a pas été complètement dénudé, par des buissons assez clairsemés. La ruine ressemble à la plupart de celles de la région : c’est un amas confus de pierres à peine équarries et de quelques pans de murs grossiers. L’étendue du khirbet est à peine d’un hectare en superficie. Au-dessus de la colline, à l’est, et dans le flanc de la montagne dont elle est la prolongation s’ouvrent plusieurs tombeaux d’apparence antique, creusés dans le roc. Non loin un cercle de pierres est désigné sous le nom d’eS-Seih el-Mahnaûy et considéré comme le tombeau de ce personnage. — La source, ’Ain Mahnéh, est à deux cents pas au nordouest du khirbet et dans la vallée ; elle jaillit assez abondante au milieu d’un bassin circulaire autour duquel sont disposées plusieurs auges de pierre rongées par le temps, dans lesquelles les bergers viennent abreuver leurs troupeaux (fig. 175). Cette source est la première que l’on rencontre dans la montagne en venant de l’orient et l’on comprend qu’elle ait pu inviter Jacob à planter sa tente en cet endroit.

III. Histoire. — Jacob paraît avoir séjourné un temps