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MAGIE — MAGRON


E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes 3e édit, , t. iii, 1898, p. 294-304.

IV. Là MAGIE CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS. —

1° Des pays d’Orient, la magie passa de bonne heure dans les contrées occidentales. L’usage des amulettes, à inscriptions magiques pour détourner toutes sortes de périls, se rencontre partout. Voir Amulette, t. i, col. 527-531. Les lettres éphésiennes et les lettres milésiennes étaient célèbres sous ce rapport. Cf. Clément d’Alexandrie, Stromat., v, 8, t. IX, col. 72 ; Wessely, Ephesia grammata aus Papyrus-Rollen, Inschriften, Gemmen, etc. gesammelt, Vienne, 1886 ; Griechischer Zauberpapyrus, novae papyri magicæ, Vienne, 1893. Voir t. i, fig. 129, col. 528. On a trouvé à Carthage, dans une tombe romaine du 1 er ou du IIe siècle, une lame de plomb avec une inscription par laquelle on invoque un démon pour qu’il empêche un certain nombre de chevaux, dont les noms sont transcrits, de gagner aux courses. Voir t. H, col. 1366, fig. 491. Les objets de ce genre abondent. La magie faisait partie intégrante des Cultes officiels de la Grèce et de Rome. Les philtres, les objets magiques, la nécromancie, les immolations d’enfants dont on offrait les entrailles aux dieux infernaux, la communication avec les démons, toutes les variétés de la magie, en un mot, étaient d’usage courant. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iii, p. 289-299. Tacite, Annal., ii, 69, parle des procédés magiques employés pour procurer la mort de Germanicus ; on retrouva sur le sol et sur les murs des restes de corps humains, des incantations et des formules pour le vouer aux dieux infernaux, le nom de Germanicus écrit sur des lamelles de plomb, des mélanges de cendre et de sang corrompu, et d’autres maléfices pour livrer les vies aux divinités de l’enfer. Dans toutes les formules magiques, il était souverainement important d’appeler les dieux ou les démons par les noms qui leur plaisaient et de ne s’écarter en rien des textes consacrés, si inintelligibles qu’ils fussent. Cf. Philosophumena, édit. Cruice, IV, iv, p. 93-113 ; A. Maury, La magie et l’astrologie dans l’antiquité et au moyen âge, Paris, 1860 ; Horst, Von der alten und neuen Magie Vrsprung, Idée, Umfang und Geschichte, Mayence, 1820 ; Ennemosei 1, Geschichte der Magie, 2e édit., Leipzig, 1844 ; Eliphas Levi, Dogme et rituel de la haute Magie, 2 in-8°, Paris, 1856 ; Schûrer, Geschichte des jûdisch. Volk. im Zeit. J. C, t. iii, p. 294304. — 2° Il n’est guère fait, dans le Nouveau Testament, qu’une seule allusion à la magie grecque. À Éphèse, à la suite des tentatives malheureuses des fils du Juif Scéva pour chasser les démons par le nom de Jésus, un grand nombre d’habitants renoncèrent aux pratiques magiques. Ils étaient ta roptepya itpalâvrec, « pratiquant les choses magiques, » cf. Dion Cassius, lxix, 11, idée qui est affaiblie dans la Vulgale : curiosa sectati, « poursuivant les choses curieuses. » Ils apportèrent leurs formulaires magiques et en brûlèrent une quantité qui fut estimée à cinquante mille deniers. Act., xrx, 19 ; cf. C. Ortlob, De Ephesiorum libris curios. combust., dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. ii, p. 705-714. — Sur la jeune fille de Pbilippes qui avait un esprit de divination, Act., xvi, 16, voir Python.

H. Lesêtre.
    1. MAGISTRIS##

MAGISTRIS (Siméon de), commentateur italien, né à Serra en 1728, mort à Rome en 1802. Entré à l’Oratoire de Rome, il s’y adonna spécialement à l’étude des langues orientales. Pie VI le nomma évêque de Cyrène in partibus et le chargea de la correction des livres liturgiques des Églises orientales. On lui doit la plus belle édition de Daniel qui ait été faite : Daniel secundum Septuaginta ex tetraplis Origenis, nunc primum editus, ex singulari Chisiano Codice annorum supra 1300, grœce et latine, in-f », Rome, 1774. Le P. de Magistris y a ajouté plusieurs dissertations, le commen taire de Daniel attribué à saint Hippolyte martyr ; des fragments du livre d’Esther en chaldéen, du canon des Écritures de Papias, etc. A. Ingold.

    1. MAGOG##

MAGOG (hébreu : Mâgôg ; Septante : Ma-{ivy), fils de Japhet. Il est nommé entre Gomer, qu’on regarde généralement comme désignant les Gimériens, et Madai, c’est-à-dire les Mèdes. Gen., x, 2 ; I Par., i, 5. — 1° Dans Ézéchiel, xxxviii, 2, Gog est roi de Magog. Voir Gog, t. iii, col. 265. Dieu doit envoyer le feu au pays de Magog, Ezech., xxxix, 6. Josèphe, Ant.jud., i, vi, 1, et saint Jérôme, In Ezech., 1. XI, t. xxv, col. 356, traduisent Magog par Scythes. Mais ce mot dans le langage des anciens est à peu près aussi vague que Magog, si ce n’est qu’il désigne les peuples situés au nord et à l’est du Pont-Euxin. Magog serait donc un peuple du nord. Si Gog est le personnage qui, d’après Fr. Lenormant, est appelé dans le récit des guerres d’Assurbanipal Gâgu bel er Sa’hi, « Gôg, roi des Scythes, » l’étymologie donnée par Josèphe serait confirmée. Fr. Lenormant, Les origines de l’Histoire, Paris", 1882, t. ii, p. 461. Mais d’autre part nous savons que les Scythes avaient fait, à la fin du vif siècle avant J.-C, une formidable invasion en Asie Mineure. Descendus des montagnes du Caucase, ils s’étaient emparés de Sardes, puis de la Médie, avaient battu Cyaxare, roi des Mèdes, et s’étaient dirigés vers l’Egypte. Psanmétique I er était parvenu à les éloigner à force de présents. Revenant sur leurs pas, ils avaient pillé le temple d’Ascalon, puis avaient été battus et détruits, laissant après eux le souvenir de leurs dévastations. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, p. 748 ; G. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, 1899, p. 350-354, 471-474, 480. Magog peut donc désigner les Scythes établis en Asie, comme Gomer les établissements des Gimmériens dans cette même région. Voir Gomer, t. ii, col. 270. — 2° Magog, est cité avec Gog dans l’Apocalypse, xx, 7. À la fin du monde, Satan sortira de la prison où il aura été renfermé pendant mille ans, pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Ces deux noms n’ont pas ici une signification ethnique, ils représentent en général les ennemis de l’Église.. E. Beurlier.

    1. MAGRON##

MAGRON (hébreu : Migrôn ; Septante : MaySâv, I Reg., xiv, 2 ; MaY£36ci>, Is., x, 28). Ce nom se lit deux fois dans l’Écriture. Il est raconté, I Reg., xiv, 2, que lors d’une guerre contre les Philistins, dans les premiers temps de son règne, « Saùl se tenait à l’extrémité de Gabaa (Gib’dh), sous le grenadier de Magron. » — Environ trois siècles plus tard, Isaïe, prophétisant l’invasion de Sennachérib en Palestine, décrit ainsi la marche du roi d’Assyrie : « Il vient à Aïath, il traverse Magron, il laisse ses bagages à Machmas, [ses soldats] franchissent le défilé, ils couchent à Gaba (Ge’ba’) ; Rama (hà-Râmâh) tremble ; Gabaa (Gib’âh) de Saùl prend la fuite. » Is., x, 28-29 (d’après l’hébreu). — Une première question qui se pose au sujet de ces deux passages, c’est de savoir s’il s’agit d’un seul Magron. On admet assez communément aujourd’hui que le Magron de Saùl n’est pas le même que celui d’Isaïe, parce que le prophète place Magron plus au nord que ne le fait l’historien de Saùl, non pas à côté de Gabaa, mais plus haut entre Aïath (Haï, t. iii, col. 399) et Machmas (col. 507). La situation du Magron de Saùl ne peut être précisée. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 185-187, la cherche à Khirbet el-Mighram, à un quart d’heure de marche à l’ouest de Schafat. Les ruines d’El-Mighram « couvrent un plateau en partie livré à la culture. Des amas de matériaux provenant de constructions renversées jonchent le sol. Une enceinte rectangulaire, longue de quarante pas environ et bâtie avec des blocs assez grossièrement taillés, est encore en partie debout… Çà et là, plusieurs citernes