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LAMENTATIONS


Lam„ v, 11, et Deut., xxvtii, 30°. — 2. Identité de pensées entre le livre de Jérémie et les Lamentations ; cf. Lam., i, 17°, et Jer., iv, 31 b ; Lam., iv, 2 b, et Jer., Xxiii, 4, 6 ; Lam., iv, 6°, et Jer., xxiii, 14e ; Lam., iv, 12, et Jer., xxi, 13 b ; Lam., y, 6, et Jer., ii, 18 ; Lam.. v, 7, et Jer., xvi, 11 ; Lam., v, 14°, 15, et Jer., xvi, 9 ; xxv, 10 ; Lam., v, 16°, et Jer., xiii, I8 b ; Lam., v, 21°, et Jer., xxxi, 18e. — 3. Même sensibilité. L’auteur des Lamentations fait paraître la même sensibilité que Jérémie en présence des malheurs de la nation ; cf. Jer., xiv, xv. — 4. Mêmes causes aux malheurs de la nation ; l’auteur des Lamentations assigne aux calamités du peuple juif les mêmes causes que Jérémie : — a) Les péchés de la nation ; cf. Lam., i, 5, 8, 14, 18 ; iii, 42 ; iv, 6, 22 ; v, 7, 16, et Jer., xiv, 7 ; xvi, 10-12 ; xvii, 1-3 ; — b) Les fautes des prophètes et des prêtres ; cf. Lam., ii, 14 ; iv, 13-15. et Jer., ii, 8 ; v, 32 ; xiv, 13 ; Xxm, 10-40 ; xxvii ; — c) La vaine confiance du peuple dans les alliés ; cf. Lam., i, 2, 19 ; iv, 17, et Jer., H, 18, 36 ; xxx, 14 ; xxvii, 5-10. — 5. Similitude d’images : « la "vierge fille de Sion opprimée, » Lam., 1, 15 b ; ii, 13, et Jer., viii, 21, 22 ; xiv, 17 b ; « larmes coulant des yeux » du prophète, Lam., i, 16* ; ii, 11°, 18* ; iii, 48, 49, et Jer., IX, 1, 18 b ; xiii, 17 b ; xiv, 17° ; « les terreurs l’entourent, » Lam., ii, 22°, et Jer., vi, 25 b ; xx, 10° ; « l’appel à la justice du juge, » Lam., iii, 64-66, et Jer., xi, 20 ; xx, 12 ; « désolation des nations qui se sont réjouies de la chute de Jérusalem, » Lam., iv, 21, et Jer., xlix, 12 ; « les chaînes au cou, » Lam., i, 14, et Jer., xxvii, 2. —6. Identité de sentiments : « véhémence de la douleur, » Lam, , 1, 20 ; ii, 11 ; iii, 1-20, et Jer., iv, 19 ; ix, l, 10 ; xv, 18 ; xx, 18 ; « que Dieu exerce sa vengeancesur les nations, » Lam., i, 22, et Jer., x, 25 ; xvii, 18 ; xviii, 23 ; « la prière n’est pas exaucée, » Lam., iii, 8, et Jer., vii, 16 ; xi, 14 ; xiv, 11 ; « tu (Dieu) nous as rejetés, » Lam., v, 22, et Jer., xiv, 19°. — 7. Vocabulaire. On remarque beaucoup d’expressions ^ identiques ou presque identiques : « elle a pleuré beaucoup, » Lam., i, 2° ; « elle pleurera beaucoup, » Jer., xiii, 17 b ; tous ses amis « l’ont méprisée », Lam., i, 2 b ; tes amants « t’ont méprisée », Jer., iv, 30 b ; ils ont vu son « ignominie », Lam., i, 8 b ; ton « ignominie » a apparu, Jer., xiii, 26 b ; « j’ai appelé mes amis et ils m’ont trompée, » Lam., i, 19° ; « tous tes amants t’ont oubliée, » Jer., xxx, 14° ; « je suis devenu la risée, » Lam., iii, 14°, et Jer., xx, 7e ; il m’a enivré « d’absinthe », Lam., III, 15° ; je nourrirai ce peuple « d’absinthe », Jer., ix, 15 b ; souviens-toi… de « l’absinthe et du fiel », Lam., iii, 19 ; je les nourrirai « d’absinthe » et les abreuverai de « fiel », Jer., xxiii, 15 ; « une frayeur, un piège, » Lam., iii, 47 ; « la frayeur, … et le piège, » Jer., xlviii, 43 ; ils m’ont pris « à la chasse », Lam., iii, 52 ; j’enverrai de nombreux « chasseurs et ils les chasseront », Jer., xvi, lô 1° ; « le calice, » Lam., iv, 21 b ; prends « le calice », Jer., xxv, 15 ; boire « le calice », Jer., xlix, 12. — 8. Répétitions. On sait que les Prophéties de Jérémie se distinguent par des répétitions des mêmes pensées et parfois des mêmes mots ; ce phénomène se produit aussi dans les Lamentations : « il n’y a pas de consolateur, » Lam., i, 2 b, 9 b, 17°, 21° ; sûb néfès, « convertir l’âme, » Lam., i, 11, 16, 19 ; « vois. Seigneur, » Lam., i, 9 « , 11e, 20° ; ii, 20° ; « la colère de la fureur, » Lam., i, 12 h ; ii, 3° ; « la fureur, la colère de l’indignation, » Lam., iv, 11° ; « la contrition de la fille de mon peuple, s Lam., ii, 11 1° ; iii, 48 ; iv, 10 b ; « tous tes ennemis ont ouvert la bouche contre, » Lam., H, 16° (toi) ; iii, 46 (nous) ; cf. aussi i, 16° ; ii, i&> ; iii, 48° ; ii, 20 b, et iv, 10° ; ii, 2°, 17 b, et iii, 43 b (& pas épargner » ). Cf. Flôckner, Ueber den Verfasser der Klagelieder, dans Theologische Quartalschrift de Tûbingue, 1877, p. 187-280 ; Knabenbauer, In Dan., p. 370-372 ; Driver, Introduction, p. 462.

II. objections. — Elles sont de plusieurs sortes. — 1° Littéraires. — On prétend en général que le point

de vue de l’auteur des Lamentations est tout à fait différent de celui de Jérémie ; on dit même qu’il y a contradiction entre les idées de l’un et celles de l’autre. Ainsi : 1. Dans xxxi, 29, 30, Jérémie dit : « En ces jours on ne dira plus : Les pères ont mangé le raisin vert, et les dents des Sis ont été agacées. Mais chacun mourra dans son iniquité, et celui qui mangera le raisin vert aura lui-même les dents agacées. » Au contraire, l’auteur des Lamentations dit, v, 7 : « Nos pères ont péché, et ils ne sont plus ; et nous, nous avons porté leurs iniquités. »

— Mais il n’y a aucune contradiction entre ces deux passages ; le prophète énonce une espèce de maxime ; le texte des Lamentations n’est pas en opposition avec celui de la Prophétie, car les enfants, qui portent les iniquités de leurs pères, sont eux-mêmes pécheurs, comme on le voit, ꝟ. 16 b : « Malheur à nous parce que nous avons péché. » En portant les iniquités de leurs pères, ils portent aussi les leurs propres, selon Jér., xxxi, 30. Le langage de Lam., v, 7, n’est donc pas exclusif, mais compréhensif, c’est-à-dire qu’il dit d’une manière générale que tout le monde est coupable, comme Exod., xx, 5 ; Jer., xvi, 11-13. — 2. On soutient aussi que Lam., i, 21, 22 ; iii, 59-66, ne peut pas convenir à Jérémie ; le prophète était persuadé que les Chaldéens exécutaient les desseins de Dieu sur Juda. Comment donc peut-il dans les Lamentations demander leur châtiment ? — Mais ces deux points de vue peuvent se concilier. Quoique le prophète fût convaincu que les Chaldéens exécutaient les desseins de Dieu, il a pu cependant demander leur châtiment, car les Chaldéens étaient eux aussi coupables et avaient gravement péché. — 3. On prétend également que Lam., ii, 9° : « Il n’y a pas de loi, et ses prophètes (de la fille de Sion) n’ont pas reçu de visions du Seigneur, » est déplacé dans la bouche de Jérémie et ne peut convenir qu’à quelqu’un qui n’était pas lui-même prophète. — Mais on peut s’expliquer cette manière de parler. Après la ruine du Temple, les lois n’étaient plus observées ; c’est ce que veut dire l’auteur des Lamentations lorsqu’il affirme qu’il n’y a plus de loi ; quand il ajoute que les prophètes ne reçoivent plus de visions, il faut entendre cela de visions consolantes et de bon augure, qui étaient un signe de l’amour de Dieu ; après la prise de Jérusalem, le Seigneur n’enverra plus des messages de consolation et d’espérance ; le cycle de ces messages est désormais fermé. — 4. On ajoute que Lam., iv, 17, est impossible dans la bouche de Jérémie ; dans ce passage l’auteur se place parmi ceux qui attendent le secours de la part des Égyptiens ; or Jérémie ne compte jamais sur le secours des Égyptiens, mais au contraire il fait tout son possible pour tirer le peuple de cette illusion, Jer., xxxvii, 5-10 ; si donc Jérémie était l’auteur des Lamentations, il aurait écrit, IV, 17, « eux » et « leur », au lieu de « nous » et « nôtre ». — On peut répondre qu’il n’y a là qu’une simple fiction ou figure de langage ; l’auteur ne se met pas au nombre de ceux qui attendent la délivrance de l’Egypte, mais il traduit les impressions et les espérances des Israélites ; il n’est qu’un écho, un rapporteur, pour ainsi dire ; il les lait parler par sa bouche, et c’est pourquoi il emploie la première personne. — 5. Enfin on affirme que Jérémie ne peut pas parler, Lam., IV, 20, en termes si élogieux de Sédécias, après ce qu’il en avait dit dans Jer., xxiv, 8-10. — Mais rien ne prouve que les mots : « le souffle de notre bouche, le Christ Seigneur (l’oint de Jéhovah), » dans Lam., iv, 20°, désignent le roi Sédécias ; quelques auteurs pensent qu’il s’agit de Josias ; d’autres croient qu’il est question du roi théocratique en général, du roi modèle ; enfin d’autres et en plus grand nombre appliquent ces paroles au Messie lui-même.

2° Objection tirée de l’ordre alphabétique. — Jérémie, dit-on, dans ses Prophéties, suit toujours une marche vive, naturelle et spontanée ; c’est là comme la