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MAGIE


est digne de mort, et c’est celui qui a subi l’épreuve de l’eau qui s’empare de la maison de l’autre. » Scheil, Textes élamites-sémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 22, 23, 133. On avait ainsi une garantie contre les maléfices des magiciens. Elle n’était cependant pas très sûre, car l’ordalie par l’eau du fleuve pouvait bien n’être pas toujours favorable à l’innocent.

3° Balaam, originaire de Péthor, en Mésopotamie, au confluent de l’Euphrate et du Sagur, pouvait être initié aux pratiques de la magie chaldéenne. Voir Balaam, t. i, col. 1398 ; H. Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 150.

4° Les magiciens de Babylone sont mentionnés dans le livrp de Daniel, à propos des songes de Nabuchodonosor. Outre les hakkîmîn, les sages et les savants en général, les hartummîm et les gdzzertm, qui sont des magiciens et des devins, voir Divination, t. ii, col. 1443, 1444, 1447, le prophète nomme les’asSdfim, (papjjuxxoî, magi, Dan., i, 20 ; ii, 2, 10 ; les kaidîm, yaslSatoi, Chaldsei, Dan., Il, 2, 4, 10 ; iv, 4, et les mekassefîm, ipapjiotïo (, malefici. Dan., Il, 2. Chacun de ces trois noms vise une spécialité dans l’art magique. Les’aSSdfîm, en assyrien, les aHputi, « les enchanteurs, » chassent par leurs incantations, Siptu, le mal physique et le mal moral. Les kaidîm constituent une caste sacerdotale qui emprunte son nom aux conquérants du pays. Ce sont des astrologues, cf. t. ii, col. 508, 510, tendant à mêler à leur divination d’autres pratiques magiques. Cf. Hérodote, ], 181-183 ; Arrien, Anab., vii, 17 ; Diodore de Sicile, H, 20, 24 ; Cicéron, De divinat., i, 1 ; II, 42, 88, etc. Les mekaSSefim sont des praticiens de la magie ou des sorciers. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Paris, 1890, t. ii, 1™> part., p. 111-114. Sur les formules d’incantations habyloniennes, voir J. Halévy, Documents religieux de l’Assyrie et de la Babylonie, Paris, 1882 ; Loisy, Le rituel babylonien, dans le Congrès scient, internat, des catholiques, 1888, t. i, p. 1-16 ; François Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1900 ; Id., Textes religieux, Paris, 1903, p. 220-298. — 4° Le prophète Isaïe, XL vii, 12-13, interpelle ainsi Babylone au sujet de ses magiciens : « Reste donc avec tes enchantements, hâbdrîm, èrcaoïSaî, incantatores, et le grand nombre de tes sortilèges, keSdfîm <pap( ; .axEia, maleficia, auxquels tu t’es appliquée depuis ta jeunesse… Qu’ils viennent et te sauvent ceux qui étudient le ciel, observent les astres et annoncent l’avenir par les nouvelles lunes. » De fait, les magiciens de Babylone, déjà incapables d’expliquer les songes de Nabuchodonosor, Dan., ii, 10-13, et de Baltassar, Dan., "V, 8, 15, et châtiés en conséquence par le premier, ne purent ni prévoir ni empêcher la ruine de la capitale. J. Oppert a publié, dans Ledrain, Histoire d’Israël, Paris, 1882, t. ii, p. 475-493, la traduction d’incantations assyriennes contre le mauvais sort, de litanies à la lune, de présages, etc.

III. La magie chez les Hébreux. — 1° Témoins en Egypte des pratiques les plus extravagantes de la magie, les Hébreux devaient les retrouver en pleine vigueur dans le pays de Chanaan. Deut., xviii, 12. Aussi Moïse voulut-il les prémunir contre le danger par une loi des plus rigoureuses : « Tu ne laisseras point vivre la magicienne, mekasilefàh. » Exod., xxii, 18. Les versions, traduisent par le masculin pluriel : ipopiiaxo ! , malefici. La magie était souvent exercée par des femmes et n’en devenait que plus à redouter. En portant la peine de mort même contre la magicienne, le législateur donne à entendre que les magiciens sont à plus forte raison compris dans la sentence. C’est ainsi que l’ont entendu les versions. La même peine est d’ailleurs portée dans le Lévitique, xx, 27, contre les nécromanciens qui ont un’ôb et contre les yîdd’onî, qui pratiquent la magie. Cf. Lev., xix, 31 ; xx, 6. La législation est plus explicite -encore dans le Deutsronome, xviii, 9-11. Sans rappeler

la peine de mort portée précédemment, le Seigneur défend aux Israélites de faire passer leurs fils ou leurs filles par le feu, voir Moloch ; d’exercer l’art des qesâmîm, f/.avTEia, ariolus, du me’ônên, xXu]80viWn£Voc, observet somnia, du menahêS, oîaiviïôjievoç, auguria, du mekasSêꝟ. 9ap(iaxô ; , maleficus, du hobêr hdbér, èwaê ! 8(tfv £îiaot5r, v, incantator, du So’êl’ôb, tyyuaxpiirj 80< ; , qui pythones consulat, du yîdd’onî, T£poto<rx(Snoç, divinus, et du dorés’él-hammêfîm, IjiepoiTwv to’jc vExpoO ; , quserat a mortuis veritatem. Toutes ces choses sont en horreur au Seigneur, ce sont des fô’ébôt, $5ù.vfy.ixa, scelera, des abominations, des pratiques criminelles à cause desquelles Dieu exterminera les Chananéens. Deut., xviii, 12. Les différentes espèces dé magiciens sont nommés dans ce texte. Les qesâmîm sont ceux qui cherchent par différents procédés à connaître le parti à prendre. Voir Divination, t. ii, col. 1444. Le me’ônên fait des observations superstitieuses pour découvrir l’avenir ou les choses cachées. Voir t. ii, col. 1446. Le menahêS murmure des incantations pour arriver à savoir l’inconnu. Voir t. ii, col. 1445. Le mekassêf est le magicien déjà rencontré en Egypte et en Chaldée. Le hobêr hdbér, « fascinant la fascination, « exerce son influence magique par des charmes. Voir t. ii, col. 597. Le So’êl’ôb est celui qui interroge les esprits des morts, le nécromancien. Voir t. ii, col. 1446 ; Évocation des morts, t. ii, col. 2128. Le yîdd’onî est une espèce de sorcier. Voir t. ii, col. 1446. Enfin le dorés"’él-hammêtîm, « celui qui interroge les morts, » Is., viii, 19 ; xix, 3, est une variété du nécromancien.

2° Les prescriptions de la loi mosaïque ne furent pas toujours observées. Le penchant qui entraînait les Israélites à l’idolâtrie les poussa aussi à la divination, voir t. ii, col. 1448, et aux autres pratiques de la magie. Saûl dut chasser les devins et les nécromanciens qui étaient restés dans le pays. I Reg., xxviii, 3, 9. Dans le livre de lob, iii, 8, il est parlé de « ceux qui maudissent les jours », c’est-à-dire des magiciens qui, par leurs maléfices, prétendent rendre néfastes certains jours. Cf. Rosenmûller, Jobus, Leipzig, 1806, t. i, p. 85 ; Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876. Cette pratiqueétait familière aux Chaldéens. Cf. F. Wichmanshausen, De maledictoribus diei, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 783-787. Par la suite, le roiManassé s’adonna à la magie, kissêf, IçapuixeijETO, maleficis artibus inserviebat, et la pratiqua dans toutes ses variétés. II Par., xxxiii, 6. Isaïe, par ses allusions, donne à penser que la magie était fort à la mode de son temps. Il reproche à la maison de Jacob d’être pleine de l’Orient, c’est-à-dire des superstitions importées de l’Assyrie et de l’Arabie, et d’avoir des’onenim, « des enchanteurs » comme les Philistins. Is., ii, 6. Il signale la présence du qosêm, « devin, s du hàkam hârâMm, « habile en prestiges, s et du nebôn laljiaS, « expert enchanteur, » au milieu de son peuple, et, pour donner une idée du crédit dont ils jouissaient, il les met au même rang que le guerrier, le juge, le prophète, l’ancien, le magistrat et le conseiller. Is., iii, 2, 3. Il appelle les Israélites benî’onendh, « fils de l’enchanteresse, » et les accuse d’immoler des enfants sous les arbres verts, sans doute pour honorer Moloch, peut-être aussi pour employer leur sang à des pratiques magiques. Is., lvii, 3, 5. Ézéchiel ; xiii, 18, 20, maudit celles qui fabriquent des kesâtôt pour toutes les jointures des mains et des voiles pour les têtes, « afin de tromper les âmes. » Il s’agit ici de magiciennes. Cf. G. Trumph, De pulvillis et peplis Ezech., xiii, 18, dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. l, p. 972-979. Les anciennes versions traduisent le mot hébreu par itpo<rxeipâXotta, pulvilli, « coussins, » que l’on met sous les coudes pour faciliter le repos, ce qui désignerait métaphoriquement les aises que l’on prend vis-à-vis de la loi de Dieu et de la morale. À rencontre des versions, saint Éphrem dit que les kesd(ôt « sont