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MAGEDDO — MAGEDDO (PLAINE DE)


tauration desquelles il consacra de grandes sommes. III Reg., iv, 12 ; ix, 15. — Le roi de Juda Ochozias, poursuivi et blessé par Jéhu à la montée de Gaver, prés de Jéblaam, se réfugia à Mageddo où il mourut ; mais son corps fut transporté de cette ville à Jérusalem sur un char. IV Reg., rx, 27-28. — Résolu de reprendre les contrées de la haute Syrie soumises jadis par les rois d’Egypte, le pharaon Néchao avait suivi la route traditionnelle par où ses ancêtres s’étaient acheminés vers l’Euphrate. Arrivé au débouché des gorges du Carmel, non loin de Mageddo, il se trouva en face d’une armée ennemie : c’était le roi Josias accouru de Jérusalem pour barrer le passage à l’adversaire du roi d’Assyrie alors suzerain du roi de Juda. Néchao envoya des messagers à Josias pour lui dire : « Qu’avez-vous à vous occuper de moi, roi de Juda ? Je ne viens pas combattre contre vous aujourd’hui, mais je vais attaquer une autre maison contre laquelle Dieu m’a ordonné de marcher en hâte. Cessez de vous opposer au Dieu qui est avec moi, de peur qu’il ne vous tue. » Josias ne se laissa pas convaincre par ces paroles et s’avança pour combattre. La bataille se livra près de Mageddo. Josias fut blessé grièvement et se retira du combat. Tandis que le roi d’Egypte poursuivait sa route vers le nord, Josias se fit rapporter à Jérusalem et il mourut en route (608 avant J.-C). Il Par., xxxv, 20-24 ; cf. IV Reg., xxiii, 29-30 ; Maspero, Histoire, p. 495. La bataille de Mageddo est racontée par Hérodote, H, 159, qui transcrit par erreur le nom de cette ville par MaySiXoç : « Nékos, dit l’historien grec, livra aussi une bataille sur terre contre les Syriens, près de Magdole ; après avoir remporté la victoire, il prit Kadytis, ville considérable de Syrie. »

Après la mort du roi Josias, Mageddo disparait de l’histoire biblique, et si son nom est encore prononcé par les auteurs sacrés, c’est seulement pour rappeler les lamentations qui s’élevèrent à la mort du pieux roi de Juda, Zach., xii, 11, et dans l’Apocalypse, xvi, 16, pour désigner par figure, suivant l’opinion la plus probable, le champ de bataille de l’avenir où s’assembleront les rois de la terre pour faire la guerre au Très-Haut.

3° Depuis la ruine des Juifs. — Les écrivains qui rappellent le nom de Mageddo le font pour constater qu’il a été remplacé par celui de Legio. Cette appellation était donnée, on le sait, aux résidences fortifiées, occupées par les légions romaines. Plusieurs endroits de la Palestine ont gardé ce nom jusqu’aujourd’hui. À quel moment l’occupation militaire de Mageddo occasionna-t-elle ce changement de nom ? Si l’histoire ne le dit pas, on peut le conjecturer ; ce fut sans doute de la fin du I er siècle au ni", quand les armées romaines prirent définitivement possession du sol de la Palestine. La situation stratégique de Mageddo était trop importante pour être négligée par un peuple presque exclusivement militaire. Rien ne la signale à l’attention jusqu’à la période arabe. Devenus à leur tour les maîtres du pays, les Arabes ne dédaignèrent pas cette ville non plus, et en en prenant possession lui laissèrent le nom nouveau adopté par les Byzantins avant eux, en l’accommodant seulement à leur langage. Au Xe siècle, le géographe el-Muqaddassi cite el-Ledjdjûn avec Sûr, ’Akkd, Qadès, Kabûl et Beisan comme une des villes principales de la province du Jourdain, et avec Beit-Djibrîn, Jérusalem et Naplouse, comme une des villes les plus importantes de la Palestine. Elle était spacieuse, d’un séjour agréable et abondait en eaux courantes. Géographie, édit. Goeje, p. 152, 162. Au xm » siècle et au xiv « , elle conservait encore son importance, car el-Dimisqi la met au rang des villes principales du gouvernement de Safed. Cosmographie, édit. Mehren, Saint-Pétersbourg, 1866, p. 212. Il y a moins de vingt ans, Ledjoûn était une ruine abandonnée aux troupeaux et dont les Bédouins du Merdj avaient fait leur cimetière. Les moulins établis sur la rivière de l’ouâd’el-Ledjoûn ont attiré quelques familles

qui se sont fixées sur le bord de la vallée et ont rétabli le petit village d’el-Ledjoùn. Sa population, toute musulmane, n’atteint pas encore le nombre de cent habitants.

L. Heidet.

2. MAGEDDO (EAUX DE) (hébreu : mê-Megiddô ; Septante, ûîwp MixyeSSw ; Alexandrinus.-MeYe88<A ; Vulgate : aquæ Mageddo), rivière ou torrent près duquel les Israélites, sous la conduite de Débora et de Barac, combattirent et vainquirent les Chananéens ligués contre eux et commandés par Sisara, général de Jabin roi d’Asor. Jud., v, 19. — L’identification des « eaux de Mageddo » dépend d’abord de la localisation de la ville de Mageddo elle-même dont la rivière a pris le nom. Conder, pour qui Medjedda’est Mageddo, voit les « eaux de Mageddo » soit dans les ruisseaux voisins de Medjedda’, soit dans le nahar Djalûd descendant de la fontaine de même nom vers Beisân et le Jourdain. Voir les écrits de cet auteur cités à Mageddo 1, col. 555, et Handbook to the Bible du même, Londres, p. 287. — Les autres écrivains qui placent, avec raison, le site de Mageddo à Ledjûn ; cherchent les eaux de Mageddo soit dans le voisinage immédiat de Ledjûn, soit dans la grande plaine voisine, appelée elle aussi du nom de Mageddo. Dans ce dernier cas les « eaux de Maggedo » ne seraient pas différentes du torrent de Cison lui-même. C’est le sentiment de l’auteur du commentaire dont nous avons parlé, Mageddo 1, col. 555. Plusieurs d’entre les modernes partagent le même avis. L’appellation de nahar el-Muqafta’donnée actuellement à l’ancien Cison, paraît à quelques-uns le nom même de Mageddo, un peu modifié par la prononciation arabe. Plusieurs cependant rapportent plutôt et plus spécialement l’expression aux cours d’eau qui traversent le territoire de Ledjoùn pour former, sous le nom de nahar el-Ledjûn, le plus important des affluents du nahar el-Muqafta’, l’ancien Cison (voir Cison, t. ii, col. 781), près duquel se décida sans doute le résultat de la bataille. Le nahar el-Ledjûn peut du reste être considéré à bon droit comme l’origine du nahr el-Muquaffa’et il ne serait pas étonnant que le cours du Cison tout entier ait pu être appelé quelquefois « la rivière de Mageddo ». — Le nahar el-Ledjûn est formé par deux ramifications principales : l’une plus au sud, est appelée Youad’es-Sitt, « la vallée de la Dame, » parce qu’elle est particulièrement alimentée par la source nommée’aïn es-Sitt. Ce courant met en mouvement les moulins, de Ledjoûn ; il est assez fort, surtout en hiver, et l’eau n’y fait jamais défaut. Le petit ruisseau fourni par la sourefe de la Coupole se réunit à lui à l’est du village. Le second bras prend naissance au nord du premier et du Tell el~ Mutasellim près du Khirbet el-Khaznéh. La source qui le forme, le’ain Faûdr, « la source bouillonnante et intermittente, » sort en effet avec une grande impétuosité. Un grand nombre d’autres sources (on en compte près de vingt) forment sur le territoire de Ledjoûn divers ruisseaux qui apportent l’appoint de leurs eaux aux deux principaux courants. Ceux-ci se réunissent à moins de-deux cents mètres au delà du Khirbet el-Khaznéh, pour rejoindre le nahar el-Maqa((a’, trois kilomètres plus loin. Parmi les sources du territoire de Ledjoûn, il en est un& désignée quelquefois encore du nom de’aïn er-Rôz, « la source du Riz, » ce qui indique une des anciennes cultures de la région. Tous les alentours de Ledjoûn aa moment de grandes pluies deviennent un labyrinthe de torrents et une immense fondrière dont il est difficile de se tirer. — Quoique les « eaux de Mageddo » puissent désigner plus spécialement le nahar el-Ledjûn, il pourrait s’appliquer à tout l’ensemble des sources et ruisseaux.

L. Heidet.

3. MAGEDDO (PLAINE DE) (hébreu : biq’ap Megiddô, II Par., xxxv, 22, et biq’af Megiddôn, Zach., xii, 11 ; Septante : tb ireêiov MayeSôio ; II Par., Mays66(ôv, dans B 1 et A’; Mageddo est traduit par èxxotctohévo ; , « coupé, » dans Zach., xii ; Vulgate : campus Mageddon, dans Zach., .