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MAGE — MAGËDAN


! not. 4), ils virent l’Enfant non pins dans l’étable, ainsi que

quelques-uns l’ont pensé à la suite de saint Augustin, Serm. ce, in Epiph., i, 2, t. xxxviii, col. 1029, mais, comme dit formellement le texte, dans une maison, sic xrjv oîxt’ay. Toutes sortes de raisons autorisent, en effet, à supposer que le séjour du divin Enfant dans l’étable ne se prolongea pas. Les mages se prosternèrent en >.signe d’adoration, comme en présence de la divinité. Bien qu’employé parfois pour exprimer l’hommage offert à un homme, Gen., xxvii, 29 ; xxxiii, 3, 6, 7 ; xxxvii, 7, etc., et la prostration des Perses devant leur roi, cf. Hérodote, vii, 136, le verbe upomuveïv est habituellement employé par les Septante et les évangélistes pour indiquer l’acte d’adoration envers Dieu. Exod., iv, 31 ; Lev., xxvi, 1 ; Num., xxv, 2 ; Matth., IV, 10 ; Luc, iv. 8 ; Joa., iv, 21, etc. Cf. Adoration, t. i, col. 234. — 2. Non contents d’adorer, les mages offrirent des présents, conformément à la coutume invariable des Orientaux quand ils veulent rendre hommage à un personnage marquant. Rien ne permet d’affirmer que les mages aient attaché un symbolisme spécial à leurs présents. Mais les Pères signalent ce symbolisme. D’après eux, l’encens figure la divinité de celui auquel on l’offre, cf. Encens, t. ii, col. 1772-1774, l’or sa royauté et la myrrhe son humanité destinée à la mort et à la sépulture. Cf. S. Irénée, Adv. heer., iii, 9, 2, t. vii, col. 871 ; Origène, Cont. Cels., i, 60, t. xi, col. 772 ; S. Hilaire, ire Matth., i, 15, t. ix, col. 923 ; S. Ambroise, In Luc, ii, 44, t. xv, col. 1569 ; S. Jérôme, ira Matlh., i, 2, t. xxvi, col. 26 ; S. Grégoire, Hom. in Evang., x, 6, t. lxxvi, col. 1112 ; S. Pierre Chrysologue, Serm., clviii, clx, t. lii, col. 619, 622, etc. Saint Maxime de Turin, Hom., xxi, t. lvii, col. 270, voit aussi dans l’encens le symbole du sacerdoce du Christ. D’autres admettent la même signification ou en imaginent de différentes, avec diverses applications morales. Cf. Patrizi, De evangeliis, diss. XXVII, p. 348 ; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 94.

7° Leur retour. — Sans rien dire de la longueur de leur séjour à Bethléhem, saint Matthieu raconte seulement que les mages furent avertis en songe d’avoir à s’en retourner par un autre chemin. Il leur fut aisé de regagner la mer Morte et le passage du Jourdain sans repasser par Jérusalem. Voir la carte de Juda, t. iii, col. 1760. D’après un auteur dont l’écrit se trouve dans les œuvres de saint Jean Chrysostome sous le litre de Opus imperfeetwm in Matthxum, homil. ii, t. lvi, col. 644, les mages, de retour dans leur pays, furent ensuite baptisés par saint Thomas et associés à sa prédication. Cet auteur, d’après Montfaucon, t. lvi, col. 607, était arien, et son écrit primitivement composé en latin, selon toute probabilité, n’est pas antérieur à la fin du vie siècle. Lui-même déclare qu’il s’inspire du livre apocryphe de Seth, et il y puise plusieurs traits légendaires sur les douze mages qui, de père en fils, observaient les étoiles sur le mont Victorial pour reconnaître celle du Messie, sur l’apparition de l’étoile en forme de petit enfant avec des rayons en forme de croix, sur le voyage qui dura deux ans, etc. Cf. Brunet, Les évangiles apocr-yphes, Paris, 1845, p. 212 ; Journal asiatique, mars 1867. Le martyrologe fait mémoire de saint Gaspard le 1 er janvier, de saint Melchior le 6, de saint Balthazar le 11. Cf. Act. sanctor. Bolland., t. i, p. 8, 323, 664. Voici ce qu’on raconte au sujet des reliques des mages actuellement conservées à la cathédrale de Cologne dans un magnifique reliquaire. Retrouvées en Perse par les soins de sainte Hélène, dit-on, elles furent transportées à Constantinople et de là à Milan, à la fin du Ve siècle, par l’évêque de cette ville, Eustorgius, auquel l’empereur Anastase I er les avait données. En 1163, l’empereur Barberousse, après s’être emparé de Milan, accorda les reliques à Renauld de Dassèle, archevêque de Cologne, qui les emporta dans sa ville épisco pale, où elles sont restées depuis lors, sauf de 1794 à 1804, où on les emporta au delà du Rhin, pour les soustraire aux armées révolutionnaires. Cf. Migne, Dict. des pèlerinages religieux, Paris, 1851, t. i, col. 481-486.

III. Caractère historique du récit. — 1° Pour les rationalistes, le récit de l’adoration des mages appartient aux « légendes de l’enfance », postérieures au corps même de l’Évangile et dignes d’être mises au même rang que les évangiles apocryphes. Le caractère légendaire du récit est encore accusé, prétendent-ils, par son apparence de joli conte oriental et par le silence que les trois autres évangélistes gardent à son sujet. — 2° Mais l’adoration des mages est un récit aussi fermement attesté que les autres récits de saint Matthieu ; il n’y a d’hésitation à cet égard ni dans les versions, ni dans les anciens manuscrits, ni dans les citations des Pères. Ce récit se relie nécessairement à ceux du massacre des innocents, de la fuite en Egypte et du retour à Nazareth. L’allégation de saint Luc, ii, 39, faisant retourner la sainte Famille à Nazareth aussitôt après la présentation au Temple, s’explique tout naturellement, en admettant que saint Joseph n’est allé en Galilée avec Marie et l’Enfant que pour revenir aussitôt après s’établir définitivement à Bethléhem. Mais, même en dehors de cette hypothèse, il n’y aurait pas à s’étonner que saint Luc passât complètement sous silence un fait suffisamment raconté déjà par saint Matthieu, de même que celui-ci ne dit rien de l’annonciation, des conditions de la naissance à Bethléhem, de la circoncision, de la présentation et d’autres événements qui ne se lisent que dans le troisième évangéliste. Le silence de saint Marc et celui de saint Jean ne prouvent pas davantage contre l’historicité du récit de saint Matthieu, puisque l’un et l’autre ne commencent leur narration qu’avec la vie publique de Notre-Seigneur. Saint Jean connaissait certainement ce récit, et saint Irénée, Adv. hœres., iii, 9, 2, t. vii, col. 870, représentant fidèle de la tradition johannique, s’y réfère avec une pleine assurance. Le seul miracle que mentionne ici saint Matthieu, l’apparition d’un météore lumineux, que la science du temps ne lui permettait pas d’appeler autrement qu’une « étoile », est un miracle analogue à ceux de la lumière éclatante qui apparut aux bergers, Luc, ii, 9, de la nuée brillante de la transfiguration, Matth., xvii, 5, des ténèbres de la Passion, Malth., xxvii, 45 ; Marc, xv, 33 ; Luc, xxiii, 44, de la lumière qui aveugla Paul sur le chemin de Damas, Act., ix, 3, etc. La démarche des mages n’a rien que de naturel, si l’on tient compte de leur condition sociale, de leurs préoccupations religieuses et aussi de. la grâce de Dieu qui agit en eux. L’ignorance des docteurs de Jérusalem et d’Hérode par rapport à la naissance du Sauveur rentre également dans l’ensemble des données historiques ; quelle attention auraient pu prêter les personnages importants de la capitale au récit d’une apparition angélique, arrivée dans les environs d’une petite bourgade, attestée seulement par quelques pauvres bergers ignorants, et déjà ancienne de quelques semaines ou peut-être de quelques mois ! Le massacre des Innocents, qui est la conséquence de la visite des mages, est aussi un fait en parfaite harmonie avec ce que l’on sait du caractère d’Hérode. Voir Innocents (Saints), t. iii, col. 880. Il n’y a donc vraiment pas de raison plausible pour élever des doutes sur l’historicité du récit évangélique.

H. Lesêtre.
    1. MAGEDAN##

MAGEDAN, nom de lieu écrit diversement dans les manuscrits grecs, qui portent les uns MayaSâv, d’autres MayeSàv, d’autres encore MaySaXâv ou MaySalà, tandis que la Vulgate a Magedan, Matth., xv, 39. Voir C. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, edit. octava minor, 1892, p. 60. S. Marc, viii, 10, au lieu de Magedan ou Ma-fSavi, porte Dalmanutha. Voir ce mot, t. ii, col. 120a -