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MAGE


souiller ni la terre, ni le feu, ni l’eau, tandis que les Perses les enterraient. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, -1858, t. ii, p. 177^04 ; J. Darmesteter, Ormuzd et Ahriman, Paris, in-12, 1877 ; Id., Essais orientaux, in-8°, Paris, 1883 ; Id.> Études iraniennes, in-8°, Paris, 1883, t. n ; Id., Éludes sur l’Avesta, in-8°, Paris, 1883 ; Id., Le Zend-Avesta, traduction nouvelle avec commentaire, 3 in-4°, Paris, 1892-1893 ; C. de Harlez, Les origines du Zoroaslrisme, dans le Journal asiatique, Paris, août-septembre 1880 ; Religion mazdéenne ou avestique, dans le Dict. apologét, de Jaugey, Paris, 1889, p. 2759-2766 ; de Broglie, Cours de l’histoire des cultes non chrétiens, Paris, 1881, p. 20-42 ; Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 571-595 ; Lagrange, La religion des Perses, dans la Revue biblique, janvier 1904, p. 27-55.

4° Leurs rapports avec les Juifs. — Bien que la religion des mages ait eu à souffrir de l’invasion successive des Grecs et des Parthes, le culte d’Ormuzd ne disparut pas et les temples du feu continuèrent à subsister dans les pays occupés par la race iranienne. La captivité et ensuite la dépendance de l’empire perse sous laquelle ils vécurent pendant deux cents ans, avaient fourni aux Juifs l’occasion de se familiariser avec les doctrines et les pratiques des mages, qui, en beaucoup de points, ressemblaient assez aux leurs. Cf. S. Jérôme, In Dan., x, 13, t. xxv, col. 555. Il y eut une certaine influence réciproque, et, chez les Israélites « tout indique, non une imitation, mais un développement original des idées juives, qui a pu être, il est vrai, provoqué et accéléré par le voisinage d’idées analogues ». De Broglie, Cours de l’hist. des cultes non chret., p. 42. Cf. de Harlez, La Bible et l’Avesta, dans la Revue biblique, Paris, 1896, p. 167-172 ; E. Stave, Ueber den Einfluss des Parsismus auf dos Judentum, Leipzig, 1898. La vie ascétique des mages ne laissa pas de causer aux Juifs quelque admiration. Philon, Quod cmnis probus liber, 11, 12, édit. Mangey, t. ii, p. 456457, en parle avec éloges et luj compare celle des gymnosophistes et des esséniens. On a même cru que ces derniers avaient subi l’influence du parsisme. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit J.-C, Leipzig, 1898, t. ii, p. 574. Néanmoins quelques pratiques singulières des mages, celles surtoutauxquelles se livraient les mages inférieurs, leur attirèrent mauvais renom ; c’est ce qui fit que le nom de (m-pt, tnagi, servit à désigner la magie et les magiciens.

II. Les mages a Bethléhem. — i° Ce qu’ils étaient. — 1. Saint Matthieu parle des mages sans donner aucune explication sur leur qualité. Il suppose donc que le nom seul suffit pour les désigner à ses contemporains. Les mages étaient des personnages appartenant à cette caste qui fournissait les ministres du culte aux Mèdes et aux Perses, et qui d’ailleurs étaient renommés dans le monde connu alors. Hérodote, vii, 37, etc. ; Xénophon, Cyrpped., viii, 1, 23 ; Lucien, Macrob., 4, etc. Quelques Pères ont pris ce nom de mages en mauvaise part et ont vu en ceux que désigne l’évangéliste <Ie purs magiciens, plus ou moins adonnés aux sortilèges et en rapport avec les démons. Cf. S. Justin, Vont. Tryphon., 78, t. vi, col. 660 ; Origéne, Cont. Gels., 1, 60, t. xi, col. 769 ; S. Augustin, Serm. xx, de Epiph., ii, 3, 4, t. xxxviii, col. 1030 ; S. Jérôme, In h., xix, 1, t. xxiv, col. 250. Bien, dans le récit évangélique, n’autorise cette manière de voir. Les mages devaient être bien plus vraisemblablement des hommes sages et pieux, choisis parmi les meilleurs et les plus religieux <Ie leur caste, dignes représentants de cette religion qui tut « l’une des plus semblables au judaïsme et au christianisme qui aient jamais existé ». De Broglie, Cours de l’hist. des cultes non chrét., p. 36. Strabon, XI, IX, 3 ; XV, iii, I, dit que les mages composaient l’un des deux .grands conseils du roi des Parthes, et qu’ils s’adon

naient à une vie de piété. Peut-être qu’en les appelant, Dieu voulait récompenser leur nation de la délivrance et de la protection jadis accordées à son peuple, de même qu’en se rendant en Egypte, le Sauveur marquait sa gratitude pour l’hospitalité autrefois offerte aux Hébreux. — 2. Les mages n’étaient pas des rois. L’opinion populaire qui leur prête ce titre s’appuie sur le texte du Psaume lxxii (lxxi), 10 : « Les rois de Tharsis et des îles lui paieront tribut, les rois de Séba et de Saba offriront dés présents, tous les rois se prosterneront devant lui. » Ce texte revient d’ailleurs à plusieurs reprises dans l’office de l’Epiphanie. Le Psaume d’où il est tiré se rapporte littéralement au règne de Salomon et spirituellement au règne du Messie, auquel les rois et les grands de la terre rendront hommage dans la suite des siècles. Mais les mages ne sont pas spécialement visés, bien qu’ils aient été les prémices de tous ces adorateurs venus de la gentilité. L’on ne peut donc pas conclure de ce texte qu’ils étaient rois, pas plus du reste qu’on ne pourrait, en vertu du même principe, les faire venir de Saba ou de Tharsis. L’idée de la royauté des mages est d’ailleurs étrangère à tous les anciens Pères ; on ne la trouve exprimée que dans des textes apocryphes. Tertullien, Adv. Jud., 9 ; Cont. Marcion., iii, 13, t. ii, col. 619, 339, dit seulement qu’en Orient les mages étaient presque des rois, fere reges, ce qui est conciliable avec la grande autorité dont jouissaient les plus élevés d’entre eux. De même en effet que sous Nabuchodonosor il y eut un rab-mâg, chef des mages, qui prenait rang parmi les premiers officiers du royaume, Jer., xxxix, 3, ainsi y eut-il plus tard, sous les Sassanides, un gouverneur de province qui portait aussi le nom de masmaghan, chef des mages. Cf. Curci, Lezioni sopra i quattro Evangeli, Florence, 1874, t. i, p. 322 ; Fouard, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1880, t. i, p. 88.

2° Leur pays d’origine. — Saint Matthieu, ii, 1, 2, 9, fait venir les mages de l’Orient. Il n’y avait de mages que dans les anciens pays de Perse, de Médie et peut-être d’Assyrie et de Chaldée, qui alors faisaient partie de l’empire des Parthes. Or, ces pays sont exactement à l’est et un peu au nord-est de la Palestine, dont ils sont séparés par le désert de Syrie, entre Damas et la vallée de l’Euphrate. Bien que le mot « Orient » puisse désigner bien d’autres contrées situées à l’est de la Palestine, on ne peut évidemment pas songer à celles où il n’existait pas de mages. Clément d’Alexandrie, iStrom., i, 15, t. viii, col. 777 ; Diodore de Tarse, dans Photius, t. ciii, col. 878 ; saint Cyrille d’Alexandrie, In Is., xlix, 12, t. lxx, col. 1061 ; Prudence, Cathemer., xii, 25, t. lix, col. 902, etc., font venir les mages de Perse. Saint Maxime de Turin, Homil., xvill-xxviii, in Epiph., t. lvii, col. 262 ; Théodote d’Ancyre, Hom. de Nativil., i, 10, t. lxxvii, col. 1364, etc., croient qu’ils sont de la Chaldée ou Babylonie. Saint Justin, Cont. Tryph., 77, 78, t. vi, col. 657 ; Tertullien, Adv. Jud., 9 ; Adv. Marcion. , iii, 13, t. H, col. 339, 619 ; saint Épiphane, Expos, fidei, 8, t. xlii, col. 785, et d’autres en font des Arabes. L’Arabie est au sud-est de la Palestine, mais il n’y avait pas de mages en Arabie. On peut encore moins songer à l’Ethiopie, ni à d’autres pays indiqués par quelques auteurs^

3° Leur nombre et leurs noms. — 1. Les Pères supposent ordinairement que les mages ont été au nombre de trois. Cf. S. Maxime de Turin, Hom., xvir, de Epiph., 1, t. lvii, col. 259 ; S.Léon, Serm., xxxi, 36-38, de Epiph., t. liv, col. 235, 254, 257, 260 ; et plusieurs sermons en appendice à ceux de saint Augustin, t. xxxix, col. 2008, 2014, 2018. Cette fixation du nombre des mages à trois a été naturellement inspirée par le nombre des présents offerts. Mais, étant donné le silence de saint Matthieu sur ce point, on ne peut logiquement conclure du nombre des présents à celui des mages. La tradition

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