Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée
533
534
MADIAN (TERRE DE) — MADIANITES


la Palestine. Dans les Juges, vi, 3-33, Madian est associé avec Amalek et les (ils de l’Orient. Cf. Gen., xxv, 6. Il est vrai que les récits des Juges, vi-viii, 3, semblent se rapporter plutôt à des peuples nomades, remarque qui s’applique aux Madianites île l’histoire de Balaam ; on ne peut donc déduire de là rien de précis sur leur vraie patrie. Mais, à en juger par la régularité de leurs incursions, Jud., vi, 1-3, il est peut-être légitime de les supposer habitant une région qui n'était pas trop éloignée, et d’où, en des saisons déterminées, selon la coutume d’autres nomades, ils partaient pour taire des razzias sur les territoires étrangers. Ajoutons que, selon l’avis de presque tous les critiques, le récit des Juges, viii, 4-12, semble clairement supposer un peuple à demeure plus ou moins stable. H. Winckler, Geschichte lsræls, 1. 1, p. 48, croit que les Madianites ont habité la région de Moab avant les Moabites. Une partie d’entre eux eût été assujettie par les Iduméens, et ceux-ci auraient régné longtemps sur le futur domaine de Moab. Les Madianites en auraient été chassés, ou bien se seraient dispersés ou fondus avec d’autres tribus au commencement de la domination israélite. Winckler s’appuie spécialement sur Gen., xxxvi, 35, où il est parlé d’une défaite des Madianites sur la terre de Moab. Mais ceci ne prouve pas que les Madianites aient séjourné d’une manière stable en ce pays ; pour expliquer le fait allégué, il suffit qu’ils aient campé près de ce pays, en venant d’une région plus ou moins éloignée.

La tradition arabe est unanime pour placer la patrie originaire des Madianites sur la rive orientale du golfe d'Élam, dans la 23e station du pèlerinage de La Mecque, appelée Maghâ'ir Schôcaib, au 28e degré de latitude, au nord de Ain Vnne. L’Itinéraire arabe cité par U. J. Seetzen (voir von Zach, Monatl. Correspondenz, 1809, t. xx, p. 310) dit : « Madajin était une cité sur le bord de la mer, où aujourd’hui encore on trouve les restes d’anciens édifices. Il y a là un grand puits mauvais, et tout près un étang, où Moïse abreuva les troupeaux de Scho’aib (nom donné par le Coran au prêtre madianite, beau-père de Moïse). Dans une grotte voisine, dite Mgar [Maghâ'ir) Scho’aiib, les pèlerins font leur prière et puis ils continuent leur chemin. » Cf. Aboulfeda, Géographie, Paris, 1840, p. 88 ; Edrisi, Géographie, trad. A. Jaubert, 2 in-40, Paris, 1836-1840, 1. 1, p. 5, 328-330, 333. Ptolémée, VI, 7, connaît aussi dans ces régions un lieu appelé MaStâtia, à 28° 15' de latitude, et une autre ville de nom presque semblable : MaStàva ou Mo80ûu « , plus vers le sud, sur le bord de la mer, ville qui pourrait bien être la même que la précédente. Eusèbe et saint Jérôme (Onomastica sacra, édit. Lagarde, p. 276, 136) parlent aussi d’une cité de MaSiâjj., Madian, au sud de la province romaine d’Arabie, à l’orient de la mer Rouge, vers le désert des Sarrasins. Cf. S. Jérôme, Inls-, lx, 6, et Ezech., xxv, t. xxiv, col. 590 ; t. xxv, col. 233. Il semble difficile de refuser tout fondement réel à cette tradition arabe. En tout cas, la position assignée à Madian par Ptolémée et les géographes arabes ne contredit pas les données bibliques de l’Exode et des Juges, mais les explique plutôt. On comprend, en effet, sans difficulté que les Madianites, peuple semi-nomade, tout en ayant une demeure relativement fixe sur les côtes orientales du golte d’Akabah, aient fait des apparitions dans la péninsule sinaïtique, placée en face, séparée à peine par un petit bras de mer, comme aussi à l’est du Jourdain, et cela sans parler en outre de dans vraiment nomades qui de temps à autre ont pu quitter la patrie originaire pour chercher fortune dans d’autres régions. Le pays à l’est du golfe d’Akabah, riche en eau, se prêtait d’ailleurs fort bien à une demeure stable. Il a été visité récemment à deux reprises par l’Anglais Richard F.. Burton, qui nous en a donné une description exacte. L’irrigation y est assez bonne ; les collines et les montagnes alternent avec des vallées nombreuses et fertiles.

Les mines y abondent, il y a des traces nombreuses demines d’argent et de cuivre, et vers le sud aussi de mines d’or. Selon M. Burton, les ruines de Maghâ'ir Scho’aib seraient les restes de l’ancien Ma61â[ia ; elles se trouvent de fait presque à la même latitude indiquée par Ptolémée. Les cavernes ont une frappante ressemblance avec celles de Pétra. On peut donc conclure que le siège principal des Madianites était à l’est du golfe Élanitique.

Voir Th. Noldeke, TJeber die Amalekiter und einige andere Nachbarvôlker der Isràeliten, in-8°, Gcettingue, 1864 ; Rich. Burton, The gold Mines of Midian, in-8, . Londres, 1878 ; Id., The Land of Midian revisited, 2 in-8°, Londres, 1879 ; Eb. Schrader, Die Keilimchrifteh und das alte Testament, 2e édit., in-8°, Giessen, 1883, p. 146, 273 ; Ed. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, in-8°, Berlin, 1890, t. ii, p. 445 ; H. Winckler, Geschichte lsræls, 2 in-8°, Leipzig, 18951900, t. i, p. 47, 172, 194, 210 ; Id., Die Keilinschriften und das A. T., 1902, p. 143. J. Bonjuxorsi.

    1. MADIANITES##

MADIANITES (hébreu : Midyan ; une fois : Mi~ dyâni ; Septante : MaSuxvet-cai, Num., x, 29 ; plus souvent Midyânïm, au pluriel, Gen., xxxvii, 28 ; Num., XXV, 17 [Septante : MaSivjvaîoi] ; xxxi, 2 [Septante : MaSiavsïTai], et aussi Gen., xxxvii, 36 [Septante : AIa31-rjv « ïot], où Medanim est certainement une simple variante de Midyânim), descendants de Madian, fils d’Abraham et de Cétura.

1. Histoire. — 1° Les Madianites sont nommés pour la première fois dans la Genèse, xxxvi, 35 ; elle raconte qu’ils furent battus, dans le pays de Moab à une époquequi n’est pas précisée, parle quatrième roid'Édom, Adade, fils de Badad. — 2° Ils apparaissent ensuite dans l’histoire de Joseph. Gen., xxxvii, 25^36. Ce sont des marchands qui se rendent en Egypte pour vendre leurs marchandises. Plus tard, ils offrent l’hospitalité à Moïse fuyant l’Egypte. Jéthro, prêtre des Madianites, accueille Moïse, lui donne sa fille Séphora en mariage, et lui confie ses troupeaux. Exod., ii, 15-21. Quand Moïse, devenu le chef du peuple d’Israël, se trouve campé près du mont Sinaï, Jéthro lui amène sa femme et ses deux fils, et plein d’admiration pour la merveilleuse délivrance d’Israël, offre un sacrifice à Dieu. Après être resté quelque temps auprès de Moïse, et lui avoir donné de sages conseils, il retourne dans sa patrie. Exod., xviii, 12-27. Voir Jéthro, t. iii, col. 1521. Hobab, Madianite de la même famille, consentit à accompagner les Israélites, et à leur servir de guide à travers le désert. Num., x, 29-33. Voir Hobab, t. iii, col. 725. — 3° Quand les Israélites sont arrivés dans le voisinage de Moab, nous rencontrons de nouveau des Madianites, mais bien différents de ceux de Jéthro. Ce sont des idolâtres alliés de Moab contre Israël. Num., xxii, 4, 7. Leurs filles, parmi lesquelles Cozbi, contribuèrent à séduire les Israélites à Settim et à les initier au culte de Béelphégor. Num., xxv, 6-15. À cause de ce crime, Dieu les voua à l’extermination. Num., xxv, 1618. Moise exécuta la vengeance divine. Par ses ordres, douze mille hommes, sous la conduite de Phinéas, qui avait mis à mort Cozbi et son complice, attaquèrent les. Madianites ; ils tuèrent leurs cinq rois : Évi (ou Hévéen), Rècemy Sur, Hur et Rébé (voir ces noms), ainsi que tous les combattants, firent les femmes et les enfants prisonniers et s’emparèrent d’un grand butin. Moïse leur reprocha d’avoir épargné les femmes mariées et les. enfants mâles, il ordonna de leur ôterla vie comme aux hommes adultes et de ne réserver que les jeunes filles vierges. Le butin fut en partie distribué aux vainqueurs, en partie offert à Dieu. Num., xxxi, 1-53. Balaam, qui s'était trouvé en ce moment avec les Madianites, périt avec leurs chefs. Num., xxxl, 8. Les cinq princesde Madian qui avaient été tués dans cette bataille sont nommés aussi dans le livre de Josué, xui, 21, comme