Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée
521
522
MACPÊLAH


Terra Sancta, dans Itinera latina, Genève, 1877-1880, p. 70 ; saint Arculfe, dans Adamnan, De locis sanctis, 1. II, c. vil, t. lxxxviii, col. 797-798 ; Pierre Diacre, bibliothécaire du Mont-Cassin, De locis sanctis, t. clxxiii, col. 1123 ; le pèlerin Sévulf, en 1102, Voyage, dans Recueil de voyages et mémoires publiés par la Société de géographie de Paris, t. iv, p. 849 ; l’hégoumène russe Daniel, Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, traduction de la baronne Ifhitrowo, Genève, 1889, p. 44 ; le pèlerin juif Benjamin, de Tudèle, Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1733, p. 48 ; le dominicain Burchard, Descriptio Terrse Sanctse, dans Peregrinationes medii sévi quatuor, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91 ; le rabbin Estori ha-Parchi vers la fin du XIIIe siècle, Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1881-1883, p. 299 ; le musulman Mugir ed-Dîn, Histoire de Jérusalem et d’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424-425.

— Le Mesdjed ou haram el-Khalît, « la mosquée » ou « le sanctuaire d’el-Khalîl » (nom par lequel les musulmans désignent ordinairement le patriarche Abraham) et, où l’on vénère aujourd’hui les monuments sépulcraux des patriarches (voir t. iii, fig. 120, col. 559), est vers le sud-est de la ville actuelle, au quartier extrême de la ville appelé lui-même hâret el-haram, « le quartier du sanctuaire, s

Le haram est dominé, au nord, par une montagne au sommet de laquelle se trouve la ruine appelée Namré’; la montagne se prolonge jusqu’au petit plateau où l’on voit deux murs d’une vieille enceinte appelés haram ràmet el-Khalîl, « le sanctuaire de la colline du Bien-Aimé : » c’est l’emplacement traditionnel du campement d’Abraham, ou Mambré. La distance de ce lieu jusqu’à l’entrée de la petite ville d’el-Khalil ou Hébron et jusqu’au pied du Djebel er-Remeidéh qui fut, croit-on, l’assiette de l’antique Hébron, est de 3 kilomètres et de près de 4 jusqu’au haram eUKhalil, ou à la mosquée. Le Djebel er-Remeidéh, au sommet duquel est une ancienne ruine connue sous le nom de deir el-’Arbain, « le couvent des Quarante [martyrs], » est à l’ouest de la ville et l’espace entre sa base et la mosquée est d’un peu moins de 500 mètres. Le sanctuaire est "au côté septentrional de la vallée dans laquelle est bâtie la ville actuelle d’el-Khalil. Voir t. iii, fig. 118, col. 555. L’identité de l’emplacement du haram el-Khalil, ou mosquée d’Abraham, avec le champ de Macpêlah renfermant la caverne où furent ensevelis les patriarches, est universellement admise.

III. Description. — Le sanctuaire d’Hébron (t. iii, fig. 120, col. 559) comprend trois parties distinctes : 1° la muraille d’enceinte monumentale ; 2° la mosquée avec diverses constructions annexes contenues dans l’enceinte ; 3° le caveau creusé dans le roc sous le sol de la mosquée et renfermant les sépulcres des patriarches.

1° La muraille du haram el-KhalU. — Ce mur « un des monuments les plus intéressants de la Palestine et du monde », dit M. de Vogué, Églises de Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 344, est un parallélogramme rectangle, orienté du nord-ouest au sud-est. Il mesure 63 m 80 de longueur et 36 mètres de largeur ; sa hauteur est d’environ 15 mètres, du côté du sud-ouest, le plus élevé des quatre. Les faces de l’enceinte ne sont pas planes, mais ûrnées de pilastres engagés. La face regardant le sudouest est unie jusqu’à la hauteur de 4 ou 5 mètres, où elle forme une plinthe oblique sur laquelle s’appuient les pilastres d’aplomb avec la partie inférieure qui leur sert de base. Le nombre des pilastres est de 15 sur les grandes faces et de 8 sur les autres. Leur hauteur est d’environ 10 mètres, leur largeur de l m 10, et leur profondeur de 0°>20. Le mur est couronné d’un simple filet carré s’avançant en saillie en forme de corniche. L’appareil de la muraille, selon MM. Mauss et Salzmann, est identique à celui du haram de Jérusalem, avec cette^ différence que le travail du haram d’Hébron est exécuté avec beaucoup plus de soin. Les blocs sont de

grande dimension, taillés à refend et à face unie ; le refend toutefois, au lieu d’être fait à la brette, est piqué, non pas à la boucharde, mais à la pointe. Les bandes lisses sont obtenues, comme à Jérusalem, par un ciseau plat entaillé qui prend toute la largeur de la bande. Les blocs des assises inférieures mesurent jusqu’à 8 mètres de longueur et l m 15 de hauteur. Ils diminuent de dimension en s’élevant et les blocs des assises supérieures n’ont plus que l m 50 de longueur sur m 50 de hauteur. Toutes ces pierres sont munies d’un encadrement destiné à parer les joints et ces encadrements existent même sur les faces intérieures ou joues des pilastres. Les blocs sont posés sans ciment et en retrait les uns sur les autres. Leur matière est un calcaire mêlé de pétrifications de coquillages, d’insectes, de végétaux, de pierre ponce et de paillettes métalliques, très compact et très dur et paraissant avoir subi une influence volcanique ; aussi, tandis que dans la plupart des édifices du pays, même de date assez récente, un grand nombre de pierres se creusent et s’émiettent, dans la muraille d’Hébron aucune, peut-on dire, ne paraît avoir éprouvé les injures du temps. La pierre de cette nature ne se trouve pas dans le district d’Hébron et Pierotti prétend avoir retrouvé dans le voisinage de la mer Morte, à 40 kilomètres de distance, la carrière d’où ont été extraits les blocs du haram d’Hébron. Macpélâ, in-8°, Lausanne, 1869, p. 87-89. — Cette muraille frappe spécialement par l’aspect de haute antiquité que lui donne la couleur noire dont sont revêtus ces grands blocs, semblable à la patine d’un vieux bronze. Dans sa forme générale comme dans les détails du travail, elle diffère complètement des constructions gréco-romaines dont on retrouve des restes remarquables à Djérasch, à’Amman, à Bosra et dans une multitude d’autres villes de la Transjordane, où s’établirent les colonies grecques d’Alexandre ou celles des conquérants romains ; ses caractères sont essentiellement égypto-phéniciens. Elle offre une autre particularité significative. De tous les monuments remarquables ou publics de la période gréco-romaine venus jusqu’à nos jours à peu près intègres, aucun n’était sans la marque de ses fondateurs, c’est-à-dire sans une inscription indiquant la date et les origines du monument ; rien de pareil ne se voit au haram d’Hébron et personne n’y a jamais signalé d’inscription de cette nature. De ces divers caractères et indices les archéologues concluent généralement à l’origine judaïque de la muraille. C’est aussi l’attestation de la tradition locale, et l’histoire, nous le constaterons bientôt, justifie pleinement cette affirmation et ces déductions. — La muraille antique a été rehaussée, pardessus la corniche, d’un mur à créneaux d’appareil grossier et vulgaire qui paraît d’origine arabe ; elle est encore flanquée de deux minarets, œuvre des musulmans ; l’un est à l’angle oriental et l’autre à l’angle occidental.

2° La mosquée et les diverses constructions qui s’y rattachent. — On pénètre dans l’enceinte par une porte pratiquée dans le côté de la muraille faisant face au nord-est et à laquelle on accède par de larges escaliers disposés sur trois des côtés extérieurs. Bien qu’anciens, ces escaliers sont beaucoup plus récents que le mur. L’entrée de l’enceinte est interdite aux juifs et aux chrétiens et quelques privilégiés seuls ont pu y pénétrer ; c’est à eux que nous devons les détails qui nous renseignent sur l’état intérieur du haram et Khalil. La cour formée par la muraille est occupée par plusieurs bâtiments dont le principal est la mosquée proprement dite. Son fronton, le mur du fond bâti sur la vieille muraille et le toit en dos d’âne recouvert de lames de plomb s’élèvent au-dessus du mur crénelé et se voient du dehors. L’édifice occupe toute la largeur de la cour, qui est d’environ 28 mètres et a 20 mètres de profondeur ; il est ainsi plus large que long. L’intérieur est divisé en trois nefs d’à peu près égale longueur et de même hauteur. Les voûtes