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de même sur d’autres plans, de manière qu’il ne restât jstas au bloc, destiné à devenir une statue, que la portion de calcaire, de grès ou de granit que le ciseau seul pouvait abattre pour obtenir le relief désiré. La figure 163 montre un bloc ainsi préparé. Les édifices de pierre, à fondations insignifiantes, ont une structure des plus rudimentaires ; on se contentait de poser des dalles plafonnantes sur des murs ou sur des architraves portées par des colonnes. Les dimensions adoptées correspondent à nu travail de la matière voisin de celui qu’on admet aujourd’hui comme limite de sécurité.

Il est intéressant de connaître les procédés employés par les ingénieurs égyptiens pour le transport et l’élévation des blocs, procédés qui donneront l’idée de ce qui a pu se faire à Jérusalem pour la construction des édifices salomoniens. Le temps et la main-d’œuvre ne manquaient pas. L’outillage se réduisait au levier, employé sous la forme d’une espèce d’ascenseur oscillant (fig. 164)

164. — Ascenseur oscillant.

D’après Choisy, L’art de bâtir, fig. 63, p. 80.

qu’on avait remarqué depuis si longtemps dans les dépôts de fondation, mais dont on ne s’expliquait pas l’usage. C’est M. G. Legrain, inspecteur de Karnak, qui a découvert son mode d’emploi. Le bloc était chargé sur l’appareil au moyen de rouleaux et d’un plan incliné. Le cheminement sur traîneau était facile, grâce au nombre des bras et à la nature du sol très ferme et très plat, qu’on arrosait d’ailleurs pour le rendre glissant, ainsi que le montrent certaines peinturés (fig. 166). À pied d’oeuvre, on faisait osciller l’ascenseur au moyen du levier et on le calait avec une pierre (fig. 165). Grâce à

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165. — Manœuvre de l’ascensenr oscillant. D’après Choisy, ibid., fig. 67, p. 82.

ee procédé, un bloc de 1500 kilogrammes peut, à chaque oscillation, être élevé de m 12 par un effort de 200 kilogrammes, aisément fourni par le poids de trois hommes appliqué à l’extrémité du levier. La manœuvre s’exécutait par échelons et calages successifs. La trace de ces échelons a été retrouvée sous forme de gradins de terre, partiellement effondrés, encore accolés aux faces de certains pylônes, notamment à Karnak. Cette explication répond bien aux détails fournis par Hérodote, ii, 125, sur la construction de la pvramide de Chéops. Après avoir

parlé de la grande chaussée que l’on mit dix ans à construire pour transporter les matériaux depuis le Nil jusqu’à l’emplacement choisi, il ajoute : « Cette pyramide fut construite en forme de degrés. Quand on eut commencé à la construire de cette manière, on éleva de terre les autres pierres et, à l’aide de machines faites de courtes pièces de bois, on les monta sur le premier rang d’assises. Quand une pierre y était parvenue, on la mettait sur une autre machine qui était sur cette première assise ; de là on la montait par le moyen d’une autre machine, car il y en avait autant que d’assises. Peut-être aussi n’avaient-ils qu’une seule et même machine facile à transporter d’une assise à l’autre, toutes les fois qu’on avait ôté la pierre. » La machine mentionnée par Hérodote n’est vraisemblablement autre que l’ascenseur oscillant. Pour la mise en place des obélisques, on commençait par les amener horizontalement sur un terre-plein artificiel construit au-dessus de leur base, puis on creusait ce terre-plein du côté du pied do l’obélisque, et à la terre on substituait du sable qu’on retirait ensuite graduellement, de manière que l’immense bloc, pivotant doucement autour d’un tourillon sur lequel il appuyait par son milieu, arrivât peu à peu à l’aplomb de sa base (fig. 167). Enfin, pour la mise en place définitive des blocs et des obélisques, on disposait entre ceux-ci et leur base des sacs de sable sur lesquels la masse appuyait provisoirement. Ensuite on éventrait ces sacs, le sable s’échappait et la masse descendait. Des sachets de sable logés en rainure recevaient alors la charge, ce qui permettait d’enlever la toile des sacs. Les sachets, ouverts à leur tour, laissaient dans la rainure leur toile et leur contenu, et le bloc reposait directement sur sa base. M. Choisy a constaté l’existence de cette rainure à la base d’un des obélisques de Karnak, enfouie sous terre depuis des siècles. Cf. M. d’Ocagne, L’art de bâtir chez les Égyptiens, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, janvier 1904, p. 179-194. Ces divers procédés des ingénieurs égyptiens n’ont pas dû rester étrangers aux Phéniciens, entrepreneurs de constructions pour le compte des Hébreux et d’autres peuples de l’antiquité.

3° Maçons chaldéens. — En Chaldée, des règlements étaient imposés aux constructeurs de maisons. Plusieurs articles des lois d’Hammurabi les concernent : 228, quand l’architecte a achevé une maison dans de bonnes conditions, il a droit à un salaire de deux sicles d’argent par sar de maison ; 229, si la maison n’est pas solide, s’écroule et tue le propriétaire, l’architecte est passible de la peine de mort ; 230, si elle tue le fils du propriétaire, le fils de l’architecte est passible de la même peine ; 231, si elle tue un esclave, l’architecte en doit un autre au propriétaire ; 232, si, en tombant, la maison détruit l’avoir du propriétaire, l’architecte est obligé de le dédommager en conséquence et de reconstruire la maison à ses frais ; 233, enfin si un mur n’a pas reçu assez d’épaisseur et s’écroule, l’architecte est tenu de le mettre en bon état à son compte. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, Paris, 1902, p. 102, 103, 157. Si de telles lois n’existaient pas chez les Hébreux, il est probable qu’à partir de leur établissement en Chanaan, ceux-ci, à l’exemple de leurs ancêtres, prirent leurs garanties contre les malfaçons des constructeurs de maisons. La loi du talion, en vigueur chez eux, Exod., xxi, 23-25, les autorisait sans doute à exiger des compensations même corporelles, à la suite des accidents survenus par la faute des tiers.

4° Maçons en Palestine. — 1. Les maçons proprement dits n’apparaissent chez les Hébreux que quand il faut construire le Temple. David laissa à son fils un grand nombre d’ouvriers « taillant et travaillant la pierre et le bois », TE/viToct y.at oîxoS6|iot)16v, latomi et csementarii. I Par., xxii, 15. Ceux qui taillaient la pierre et ceux qui bâtissaient étaient considérés comme appartenant au même métier. Quand on se mit à la construction du