Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée
499
500
MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES)


Juifs instituèrent une fête annuelle, vi, 23-vn, 9. Le roi leur promit de punir ceux d’entre eux qui avaient apostasie, vi, 10-23.

/II. VALEUR HISTORIQUE DtT IIP LIVRE DES MACBA bées. — Davidson, Introduction to the Old Testament, in-8°, Londres, 1862, t. iii, p. 454, dit que le récit du IIIe livre des Machabées est une fable absurde. Cette opinion est certainement exagérée. En effet, les faits attestés par ce livre sont concordants avec ce que nous savons par ailleurs de Ptolémée IV Philopator. La victoire de ce prince à Raphia, sur Antiochus, i, 1-4, est connue par Polybe, v, 40, 58-71, 79-87 ; Tite Live, xxxvii, 4, Justin, xxx, 1. Polybe, v, 87, mentionne son séjour en Cœlésyrie et en Phénicie. Son penchant pour le culte de Bacchus, ii, 25-30, est affirmé par Justin, xxx, 1. Son caractère cruel et vicieux est celui que décrit Plutarque, Quomodo distinguendi sunt adulatores, xii. Théodote, dont il est question, ii, 2, est signalé par Polybe, v, 40, comme commandant en chef les armées de Ptolémée en Cœlésyrie. L’institution d’une fête en souvenir de la délivrance des Juifs, vi, 36, est attestée par Josèphe, Contr. Apion, ii, 5. Cependant Josèphe place l’événement dont il s’agit, et qui est décrit par lui de la même façon, sous Ptolémée VII Physcon. Certains critiques, entre autres Grimm, Handbuch, p. 217 ; Davidson, Introduction, t. iii, p. 455, pensent qu’il y a dans ce récit une transposition des événements qui se sont passés à Alexandrie sous Caligula, Josèphe, Ant. jud., XVIII, viii, 2 ; mais dans le IIIe livre des Machabées rien ne rappelle l’empereur romain et il n’est pas dit que, comme lui, Ptolémée IV ait aspiré à être adoré comme un dieu. Le seul fait qui apparaisse à la fois aux deux époques est la privation du droit de citoyen pour les Juifs, mais il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il se soit renouvelé.

IV. AUTEUR, LANGUE, INTÉGRITÉ, DATE VU LIVRE. —

1. On admet généralement que l’auteur du IIIe livre des Machabées est un Juif alexandrin et qu’il écrivit en grec. — 2. Son style est bien en effet d’un Juif alexandrin. On y retrouve des mots du IIe livre, comme àyépwx°Ct III Mach., i, 25, ii, 3 ; cf. II Mach., ix, 7 ; des mots purement grecs pour désigner des choses juives. III Mach., v, 20, 42 ; vii, 5 ; cf. II Mach., iv, 47. L’un et l’autre emploient le mot xôiro ? pour désigner le Temple deJérusalem, et èmqiaveta pour signifier l’intervention miraculeuse de Dieu. III Mach., iv, 3 ; ii, 19 ; cf. II Mach., n, 19 ; iii, 24. Cependant le style des deux livres est si notablement différent qu’on ne peut les assigner au même auteur. Beaucoup d’expressions du IIIe livre sont obscures, I, 9, 14, 17 ; H, 31 ; iv, 11 ; ou poétiques, i, 18 ; iv, 8 ; v, 26 ; vi, 4-8. On y trouve même un iambique trimètre qui semble emprunté à un poète grec : ôuot voveîç 7uapvj(Tav ri îtatôwv yôvoi, v, 31. Les mots y sont souvent pris dans un sens inusité » par exemple, Siâystv, I, 3 ; ànpdTttwtoc, iii, 14 ; xaxaxpâcjôat, lv, 5 ; quelques-uns ne se trouvent nulle part ailleurs : àveraa-rpércxio ?, i, 20 ; Xaoypaçia, ii, 29 ; itpoauaTsXXe<r6 « i, H, 29 ; yap’xrjpia, iv, 20 ; d’autres n’existent que chez les auteurs de basse grécité : sv6e<r[i.oç, ii, 21 ; ipptxaa-fjLÔ ?, iii, 17 ; àXo^iazia, v, 42. Les mots simples sont remplacés par des périphrases emphatiques ; Spôjiov <jvvt’<rra<70ae pour xpèxetv, I, 19 ; êv itpeo-oEt’o) t » jv rjXtxîocv XeXoy-/<à ; , vi, 1. Certains mots portent la trace de la philosophie alexandrine, par exemple les épithètes [Uyt<Tro ; ou ûij/toroî appliquées à Dieu, I, 2, 16 ; iv, 16 ; vi, 2 ; vii, 9 ; la distinction entre Dieu et sa gloire, ii, 2. Cf. Grimm, Handbuch, p. 214. Il est impossible de déterminer exactement la date de la rédaction de ce livre. Elle peut être placée soit dans le premier siècle avant J.-C., soit dans le premier siècle de notre ère. Sous sa forme actuelle, le III » livre des Machabées commence ex abrupto par ces mots : i Se <J>iÀoTiciTcùp ; au y. 2, il est fait allusion à un complot contre le roi, ttjv èmëouXiîv ; enfin, H, 25, il est parlé de compagnons du roi mentionnés plus haut et

dont il n’est pas question dans le texte que nous possédons. Le début du livre est donc perdu.

v. bibliographie. — H. Barclay Swete, The Old Testament in Greek, according the Septuagint, 2e édit., in-8°, Cambridge, t. iii, p. 709-729 ; Grimm, Exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alton Testaments, IV" Theil, petit in-4°, Leipzig, 1857 ; Eichhorn, Einleitung in die apokryphischen Schriften des Allen Teslament’s, in-8°, Leipzig, 1795, p. 278-290 ; Bertholdt, Einleitung in sammtliche Kanon. und apokryph. Schriften des Alt. und Neu. Testaments, in-8°, Erlangen, 1812-1819, t. iii, p. 1082-1091 ; E. Schùrer, Geschichte des judischen Volkes im Zeilalter lesu Christi, t. iii, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1902, p. 67, 364-367.

IL" Quatrième livre des Machabées. — I. nom. — Le quatrième livre des Machabées est parvenu jusqu’à nous par deux voies différentes. Il se trouve dans un certain nombre de manuscrits des Septante, notamment dans l’A lexandrinus, dans le Vaticanus et dans le Sinaiticus. On le reucontre aussi dans les manuscrits de Josèphe et il a été publié à la suite des œuvres de cet historien. Le meilleur texte est celui de V Alexandrinus. Les manuscrits des Septante lui donnent généralement le titre de 7| TSToÊpTT) xôv Maxxaêaixûv [31ëoc. Dans le Parisinus A, il porte le titre de Maxxaëat’tov xéxapxoç rcepi vtiùypovoç Xoyta-iioû, Traité du sage raisonnement. Eusèbe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, le nomme Ilepi aùxoxpâxopo ? Xoyio-tioû, Sur la suprématie de la raison, et l’attribue à Josèphe.

Dans les œuvres de cet historien, il est publié à la fin sous son double titre : $Xa6.’Lamriîiou et ; Mocxxaëattfuc X<Syoç îi rcepi aùxoxpâxopoî Xoyi*[toCi. Il existe une version syriaque de ce titre qui a été publiée d’après un manuscrit de l’Ambrosienne par Ceriani en fac-similé photographique. On n’en connaît aucune traduction latine ancienne. Ci. Grimm, Handbuch, p. 294-296.

II. LANGUE et STYLE. — Le style du quatrième livre est généralement clair et correct. C’est celui d’un écrivain habitué à penser et à écrire en grec. On y trouve fréquemment des mots composés avec une préposition : êTripioyoXoyeïiToai, ii, 9 ; cmwcoXixeûoiiai, iv, 1 ; .è$eu(j.evîÇeiv r iv, 11 ; etc., avec itâv : îiâvo-oço ; , I., 12 ; TravyétopYo ; , I, 29 ; icavàyioç, vii, 4 ; xiv, 7 ; quelques mots particuliers à l’auteur : aàxoBluicoroc, i, 1 ; jiovoypaçt’a, i, 27 ; àp^tspâffOai, iv, 18 ; àicoÇaiveiv, vi, 6 ; èincup{<rn]c, vii, 2 ; (iKTâpexoç, XI, 4 ; xrjpoyovia, XIV, 19 ; èTrta|Jt. » )X( » >p, XVI, 24. À l’exception de’Ipoo-ôXupia et d"EXêâÇapo{, les noms propres y sont transcrits sous la forme hébraïque. En quelques passages seulement il y est fait usage des Septante, ii, 5-19 ; xvii, 19.

/II. AUTEUR ET DATE DU LIVRE. — 1° Nous avons dit

plus haut que le quatrième livre des Machabées se trouve souvent dans les manuscrits à la suite des œuvres de Josèphe. Eusébe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, l’attribue à cet historien. Saint Jérôme, De viris illustr., 13, t. xxiii, col. 632, est du même avis. Contr. Pelagian. , n. 6, t. xxiii, col. 542. Cf. Grimm, Handbuch, p, 293. Cependant cette attribution paraît être une simple hypothèse contre laquelle militent de sérieuses raisons. Le style du livre est très différent de celui de Josèphe. L’auteur du IVe livre des Machabées connaît le second, que Josèphe ne connaît pas. Les grossières, erreurs historiques qu’il renferme, iv, 15, 26 ; v, 1 ; XVII, 23, seraient inexplicables de la part de Josèphe ; enfin, celui-ci est tout à fait étranger à la philosophie alexandrine dont l’influence est ici manifeste. — 2° La date de la composition ne peut être fixée d’une manière précise. On s’accorde cependant généralement à le rapporter au premier siècle après J.-C. Il est remarqué, iv, 1, qu’Onias est grand-prêtre à vie, remarque qui ne’s’explique qu’après l’abolition de la grande-prètrise à vie, c’est-à-dire après la chute des princes asmonéens. L’effroi des Juifs égyptiens en entendant parler des supplices de leurs