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MACHABÉES


profanées, la célébration du sabbat et des fêtes, la circoncision des enfants furent interdites ; au contraire partout furent bâtis des temples aux idoles et on offrit de l’encens en leur honneur ; les Livres Saints furent déchirés et brûlés, on égorgeait ceux chez qui on en trouvait des copies, toute désobéissance aux ordres du roi était punie de mort. I Mach., i, 21-64. Voir Antiochus 3, t. i, col. 693. Nombreux furent ceux qui préférèrent la mort à l’apostasie. I Mach., i, 65-67. Mathathias et ses fils changèrent cette résistance passive en une lutte à main armée contre l’oppresseur. I Mach., ir. Voir Mathathias5. L’histoire des premiers Machabées, . c’est-à-dire de Judas, de Jonathas, de Simon, est celle d’une lutte incessante et finalement couronnée de succès pour maintenir l’indépendance politique et religieuse du peuple juif. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790 ; Jonathas 3, t. iii, col. 1620 ; Simon 3 Machabée.

2° Judas Machabée. — Durant la première période de leur histoire, de 168 à 153 avant J.-C, les Machabées et leurs partisans réussirent à tenir en échec la puissance syrienne. L’occupation de la cité sainte par les étrangers avait réduit les Juifs à faire une guerre de partisans dans les montagnes. I Mach., ii, 28. Le théâtre des premiers exploits de Judas fut la contrée située au nord-est de Jérusalem. Voir Judas 3, t. iii, col. 1791. La prise de la ville sainte, en 165, termina le premier acte de la lutte. 1 Mach., iv, 36-61 ; II Mach., x, 1-9. Prenant alors l’offensive, Judas attaqua les peuples du voisinage, mais ces guerres n’eurent pour effet que de protéger la Judée contre leurs attaques. I Mach., v, 1-68 ; II Mach., x, 15-38 ; xii, 3-46. En fait, Judas n’eut jamais sous sa dépendance que le voisinage immédiat de Jérusalem. Ses points d’appui étaient la ville sainte et Bethsura au sud de Jérusalem, qu’il avait solidement fortifiées. I Mach., iv, 60-61. Sous le règne d’Antiochus V Eupator, les expéditions de Lysias aboutirent à des traités de paix où l’indépendance des Juifs et la souveraineté de Judas furent reconnues. II Mach., x, 10-14 ; xi, 1-38 ; I Mach., vi, 17-63. Voir Antiochus 4, 1. 1, col. 700 ; Judas, t. iii, col. 1793, et Lysias, t. iv, col.

La campagne de Nicanor, au début du règne de Démétrius I er, aboutit de même à une défaite et Judas fut de nouveau tranquille. I Mach., vii, 26-50. Voir Démétrius 1, t. ii, col. 1398 ; Nicanor. La mort de Judas, dans la bataille qu’il livra à Bacchides, eut pour conséquence la défaite de ses partisans et le triomphe du parti hellénique. La famine augmenta le désastre et jamais on ne vit pareille tribulation en Israël. I Mach., ix, 23-27.

3° Jonathas Machabée. — Jonathas releva le courage du peuple resté fidèle. Abandonnant la Judée où les Syriens régnaient en maîtres, il se réfugia à Bethbessé, dans le désert. Vainqueur de Bacchides qui assiégeait la ville, il signa avec lui un traité de paix et s'établit à Machmas au nord de Jérusalem. I Mach., ix, 62-73. La rivalité d’Alexandre Balas et de Démétrius I er Soter fournit à Jonathas une occasion favorable de rendre aux Juifs leur indépendance. Les deux rivaux cherchèrent son appui et ce fut à qui lui ferait les plus brillantes promesses. Jonathas se déclara pour Alexandre. I Macb., x, 1-47. Il reçut en remerciement la reconnaissance officielle de son pouvoir civil et militaire sur la Judée, par Alexandre et par son allié Ptolémée VI Philométor, roi d’Egypte. I Mach., x, 60-65. Voir Alexandre 2 Balas, t. i, col. 348 ; Démétrius 1, t. ii, col. 1361. La mort des deux princes assura le trône de Syrie à Démétrius II en 146-145. Ce roi, qui n’avait pas perdu le souvenir des défaites infligées à son général Apollonius par Jonathas, I Mach., x, 69-87, reconnut l’autorité du Machabée sur la Judée et sur les villes de Samarie dont il s'était emparé. I Mach., xi, 30-37. Le prince asmonéen témoigna sa reconnaissance en défendant Démétrius contre Tryphon, I Mach., xi, 44-50, mais le roi de Syrie se montra ingrat envers son défenseur. Il fut puni de sa trahison ;


Trypbon s’empara d’Antioche et le jeune Antiochus VI, qu’il fit monter sur le trône, rechercha à son tour l’amitié de Jonathas et le confirma dans ses titres. I Mach., xi, 57-58. Tryphon voulut bientôt pour lui-même le trône qu’il avait donné au jeune roi. Par de fallacieuses promesses, il persuada à Jonathas de licencier ses troupes et l’attira à Ptolémaïde, où il le mit à mort. I Mach., XII, 39-48. Voir Jonathas 3, t. iii, col. 1620. La puissance du parti national était si solidement établie que cet assassinat ne l'ébranla en rien.

4° Simon Machabée. — Simon prit la succession de son frère, et s’allia à Démétrius II, qui de nouveau reconnut l’indépendance des Juifs. Simon porta à la fois le titre de grand-prêtre et d’ethnarque. L’an 142 avant J.-C. marque la première année de l’indépendance complète de la Judée. I Mach., xiir, 36-42. Le dernier rempart de la puissance syrienne, la citadelle de Jérusalem, fut prise par Simon. I Mach., xiii, 46-51. Voir Démétrius 2, t. ii, col. 1362. Antiochus VII Sidètes, lorsqu’il voulut s’emparer à son tour de la Syrie, commença par s’assurer l’alliance de Simon et par reconnaître l’indépendance des Juifs, I Mach., xv, 1-9 ; il est vrai qu’il revendiqua plus tard comme siens Joppé, Gazara et la citadelle de Jérusalem, mais ces réclamations furent inutiles. L’assassinat de Simon par le général syrien Ptolémée ne rendit pas aux Syriens le pays qu’ils avaient perdu. I Mach., xv, 28-36 ; xvi, 14-17. Jean Hyrcan vengea son père et comme lui fut grand-prêtre et ethnarque de Judée. Voir Jean 4 Hyrcan, t. iii, col. 1154.

5° Caractère de l'œuvre des Machabées. — Par leur bravoure et leur constance, les Machabées avaient réussi à secouer le joug syrien et à reconstituer la nation juive. Cette reconstitution avait été définitive sous Simon et les titres qui lui furent reconnus furent portés par ses successeurs. — 1. Les guerres dont ils furent les héros sont parmi les plus glorieuses que soutinrent jamais des nations noblement jalouses de leur indépendance nationale et religieuse. Les paroles de Judas à ceux qui lui conseillent la retraite : « Dieu nous garde de fuir ! Si notre temps est arrivé, mourons courageusement pour nos frères et ne portons pas atteinte à notre gloire, » I Mach., ix, 10, valent bien celles d’un Léonidas. Non seulement les Machabées tarent des héros, niais ils furent aussi des généraux habiles. Judas organisa ses partisans en armée régulière, la subdivisa en groupes à la tête desquels étaient placés suivant leur importance des chefs supérieurs, des commandants de mille, de cent, de cinquante et de dix hommes. I Mach., iii, 55. Simon donna une solde à ses troupes à l’exemple des rois syriens. I Mach., xiv, 32 ; cf. I Mach., iii, 28. Aux soldats juifs, Jean Hyrcan joignit des auxiliaires étrangers qui se battirent pour eux avec le plus grand courage. Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4 ; xiir, 5 ; xix, 1. Voir Armée 1, t. i, col. 977, 981-982. Judas et ses successeurs surent employer l’artillerie de siège, ils firent des balistes et des machines diverses. I Mach., vi, 20, 52, Voir Baliste, t. i, col. 1414 ; Catapulte, t. ii, col. 346 ; Machine, t. iv, col. 505, L’habileté diplomatique des Machabées ne fut pas moindre que leur génie militaire. Ils surent se ménager les alliances des Bomains et des Spartiates. I Mach., viii, 1-32 ; xii, 1-23 ; xiv, 16-26 ; xv, 15-2^. — Simon fut le premier qui frappa des monnaies à son nom. Il reçut ce privilège d’Antiochus VII Sidètes. I Mach., xv, 6 : Voir Monnaie.

2. Il est évident cependant que les Machabées furent avant tout de fidèles observateurs de la loi. C’est en Dieu qu’ils mettaient leur confiance et les Livres Saints étaient leur consolation, I Mach., xii, 9 ; ils observaient scrupuleusement le sabbat, ne livrant jamais d’euxmêmes bataille ce jour-là, I Mach., ii, 32 ; II Mach., vi, 11 ; viii, 26, etc. ; l’année sabbatique, I Mach., vi, 53 ; la loi du nazaréat, I Mach., iii, 49 ; les exemptions du service militaire établies par la loi, 1 Mach., iii, 56

IV.

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