Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée
439
460
LYSIAS — LYSTRE


ce personnage avait environ 30000 hommes sous s » dépendance. C’était surtout à l’époque des fêtes que ses affidés se montraient et l’on était alors au temps de la Pentecôte. Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 3, 4. « Je suis Juif, reprit saint Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans importance. » Apprenant son erreur, Lysias permit à l’apôtre de haranguer le peuple ; Aict., xxi, 39-40. Paul ayant, dans son discours, parlé dtes Gentils, le tumulte recommença et le tribun dut te faire entrer dans la tour. Pour savoir le motif qui causait une telle indignation dans le peuple il ordonna d’infliger au prisonnier la torture du fouet. Saint Paul dit au centurion chargé de l’exécution : « Vous est-il permis de battre de verges un citoyen romain qui n’est même pas condamné ? » En entendant ces mots, le centurion avertit Lysias. Le tribun accourut aussitôt et dit à saint Paul : « Es-tu Romain ? — Oui, » répondit celui-ci. Le tribun ajouta : « C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de cité. — Et moi, dit saint Paul, je le suis par ma naissance. i> Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent et le tribun, voyant que saint Paul était Romain, fat saisi de crainte parce qu’il l’avait fait lier. Act., xxii, 24-29. Voir Citoyen homain, t. ii, col. 789. Lysias ne savait toujours pas quel genre d’accusation pesait sur saint Paul et il tenait à se renseigner sur ce point. Aussi le lendemain, il le délivra de ses liens et le fit conduire devant le Sanhédrin. Act., xxii, 30. Cependant quarante Juifs s’engagèrent par vœu à ne rien manger jusqu’à ce qu’ils eusfent tué l’apôtre et allèrent trouver les chefs des prêtres pour que, d’accord avec le Sanhédrin, ils priassent Lysias de le conduire devant cette assemblée. Une fois là, ils se chargeaient de le mettre à mort. Act., xxui, 15. Averti par son neveu, Paul pria un centurion de conduire le jeune homme au tribun. Lysias lui recommanda de garder le secret et il donna ordre à deux centurions de tenir prête-pour la troisième heure de la nuit, une escorte composée de deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents hommes armés à la légère, pour conduire saint Paul à Césarée, auprès du procurateur Félix. En même temps, il écrivit à celui-ci une lettre dans laquelle il l’informait que le prisonnier était citoyen romain, que les Juifs lui en voulaient à la suite de discussions religieuses, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui méritât la mort ou même la prison. Il l’envoyait au procurateur pour le soustraire aux embûches de ses ennemis et, en même temps, il leur faisait savoir qu’ils eussent à s’adresser eux-mêmes à Félix. Act., xxiii, 16-30 ; xxiv, 7. La lettre devait être écrite en latin et les Actes n’en donnent qu’une traduction ou une analyse. Lysias arrange un peu les événements lorsqu’il dit qu’il a voulu délivrer saint Paul de ses agresseurs parce qu’il avait appris qu’il était citoyen romain, mais on comprend fæilement pourquoi il se donne ce rôle en écrivant au gouverneur de la province. Lorsque les Juifs eurent formulé leurs griefs devant Félix, celui-ci les ajourna jusqu’au moment où Lysias viendrait à Césarée. Act., xxiv, 23. Claudius Lysias était citoyen romain, il avait acheté son titre pour une somme considérable, lui-même le dit. Act., xxii, 28. Nous savons en effet que la femme et les affranchis de Claude vendaient couramment le droit de cité romaine. Dion Cassius, LX, xvii, 6. Le nom de Claudius que porte Lysias, montre que c’est par eux qu’il l’avait obtenu. Voir Citoyen romain, t. ii, col. 790. Il avait le grade de tribun, c’est-à-dire de commandant de cohorte. La troupe qu’il avait sous ses ordres était un corps d’auxiliaires, de celles qu’on appelait milliariie equitatæ, c’est-à-dire qui étaient composées de mille hommes et qui avaient de la cavalerie. Voir Cohorte, t. ii, col. 827. Elle tenait garnison à la tour Antonia (appelée dans le texte Ttopet160Xr, ; Vulgate, castra). Act., xxi, 34, 37 ; xxii, 24 ; xxiii, 10, 32. Voir Antonia, t. i, col. 712 ; Wensdorf, Claudii Lysise oratio, in-8, Helmstedt, 1743. E. Beurlier.

    1. LYSIMAQUE##

LYSIMAQUE, nom de deux Juifs.

1. LYSIMAQUE (grec : Au<rt’|iaxoç), Juif de Jérusalem, traducteur de la lettre des Phurim. Esther, xi, 1. La version des Septante du livre d’Esther se termine par la phrase suivante : « L’an 4 du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, et Ptolémée, son fils, apportèrent la lettre des Phurim qui précède, qu’ils disaient exister et avoir été traduite par Lysimaque de Jérusalem, fils de Ptolémée. » La Vulgate reproduit cette mention, Esther, xi, 1, en supprimant le mot eïvail C’est là évidemment une annotation des Juifs d’Alexandrie qui ont voulu conserver un souvenir du présent qui leur avait été fait. La lettre des Phurim, c’est la lettre de Mardochée analysée dans Esther, ix, 20-22, à la suite de laquelle fut instituée la fête des Phurim ou des Sorts. Voir Phurim. C’est aussi la seconde lettre écrite par Esther et par Mardochée pour confirmer la première et envoyée aux Juifs des cent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus. Esther, IX, 29-32. S’agit-il de la traduction du texte complet de ces lettres ou de l’une d’elles, ou encore de celle du livre d’Esther, il est difficile dé le dire. Dan* le premier cas, la mention des Septante nous laisse le regret de ne pas posséder le document que leur avaient apporté Dosithée et Ptolémée ; dans le second, Lysimaque serait le traducteur du livre d’Esther. La première hypothèse parait la plus vraisemblable, d’après le texte grec qui dit que la lettre des Phurim existe. Cette indication a, en effet, un sens très clair s’il s’agit du texte de la lettre. Le livre d’Esther n’en donne que l’analyse ; il est intéressant, dans ce cas, de signaler l’existence du texte même à Jérusalem et l’envoi d’une traduction à Alexandrie. Tandis qu’au contraire on ne voit pas pourquoi on noterait à la fin d’un livre que ce livre existe. La date de l’an 4 du règne de Ptolémée et de Cléopâtre est vague. Il y a en eflet quatre Ptolémées qui ont eu des femmes du nom de Cléopâtre : Ptolémée V Épiphane, 204-181 avant J.-C. ; Ptolémée VII Philomator, 181-146 ; Ptolémée IX Évergete II Physcon, 146-117, et Ptolémée X Philométor Soter II, 117-81. E. Beurlier.

2. LYSIMAQUE, frère du grand-prêtre Ménélas. Lorsque celui-ci fut mandé par Antiochus IV Épiphane parce qu’il ne payait pas au roi la somme qu’il avait promise pour obtenir le souverain pontificat, il laissa à sa place à Jérusalem son frère Lysimaque. II Mach., iv, 29. Le texte grec dit qu’il fut le 61à80-/oç de Ménélas ; la Vulgate traduit ce mot par succedente. Il semble cependant que Lysimaque ne fat que le remplaçant intérimaire de son frère. Celui-ci, en effet, continue à agir comme grand-prêtre. II Mach., iv, 32 ; v, 5. Lysimaque, sur le conseil de son frère, commit de nombreux sacrilèges ; le bruit s’en répandit et la foule s’ameuta contre lui. Pour réprimer le soulèvement, il arma trois mille hommes à qui il donna pour chef un certain Auranos, nom que la Vulgate a traduit par tyrannus, selon la leçon de certains manuscrits qui donnent Tupiwoç. II Mach., iv, 39-40. La foule, encore plus irritée, attaqua la troupe de Lysimaque à coups de pierres et de bâtons, jeta de la cendre sur Lysimaque, mit ses partisans en fuite et le tua lui-même près du trésor.

E. Beurlier.

1, LYSTRE (grec : A-Jutpa), ville de Lycaonie. Saint Paul évangélisa Lystre dans sa première mission. Fuyant Icône, où une partie de la population, ameutée par les Juifs, voulait les lapider, saint Paul et saint Barnabe se réfugièrent dans les villes de Lycaonie et pénétrèrent d’abord à Lystre. Là, ils rencontrèrent un boiteux à qui saint Paul rendit l’usage de ses jambes. Les habitante émerveillés s’écrièrent en lycaonien que les dieux étaient descendus vers eux. Ils appelèrent Barnabe Jupiter et Paul Mercure. Le prêtre du temple de Jupiter, situé à