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LAINE — LAÏSA


juifs, elle variait d’un trentième à un soixantième. Voir Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 203. La laine apportée à Damas par les pasteurs du désert était de là dirigée sur les marchés de Tyr. Les Tyriens la teignaient et la travaillaient. Le texte hébreu appelle cette laine sémér sahar. Ezech., xxvii, 18. Le mot sal.iar signifie probablement « blanchâtre », d’un blanc un peu rougeàtre, comme la couleur du sol du Sahara. Buhl, Gesenius' Handworterbuch, Leipzig, 1899, p. 700. Les Septante traduisent : ëpia èx Mouron. La laine de Milet était célèbre chez les anciens. Pline, E. N., viii, 73 ; Virgile, Géorgie., iii, 306 ; iv, 334 ; Tertullien, De cultu feminarum, i, 1, t. i, col. 1305. Il se pourrait cependant que, dans le texte des Septante, McXiqtoç ait été transcrit fautivement au lieu de p)Xw"ri), « peau de mouton, » qui devient mêlât dans l’hébreu rabbinique. Buxtorf, Lexicon chald. talmud., Bâle, 1640, p. 1215. Le mot iMr)Xo>T7| est le nom que les Septante donnent par deux fois au manteau d'Élie. III Reg., XIX, 13 ; IV Reg., ii, 13. Aquila et Théodotion ont tait de sahar un nom propre, Soor, désignant quelque région du désert arabique dont la laine était plus renommée. La Vulgate traduit par « laine d’excellente couleur », et le Syriaque par « laine blanche ». Les Égyptiens recueillaient la laine des troupeaux qu’ils élevaient, Hérodote, ii, 42 ; iii, 81 ; Diodore, i, 36 ; mais cette laine était de qualité inférieure. Pline, H. N., "VIII, lxxiii, 3. Les meilleures laines provenaient d’Arabie. Pline, H. N., viii, 72. Parfois on enveloppait les agneaux de couvertures ou de peaux, afin de rendre leur laine plus parfaite. Pline, H. N., VIII, lxxii, 3 ; Varron, De re rustic, II, ii, 18 ; xi, 7 ; Horace, Od., I, vi, 10. — La couleur de la laine a donné lieu à quelques comparaisons. Par l’effet du pardon divin, les péchés, rouges comme la pourpre, deviennent blancs comme la laine, c’est-à-dire sont effacés. Is., i, 18. Certains personnages, dans les visions prophétiques, ont les cheveux blancs comme la laine. Dan., vii, 9 ; Apoc, i, 14. En Orient, où la neigeât rare, on peut dire que Dieu « donne la neige comme de la laine », Ps. cxlvii, 16, les flocons de neige ressemblant beaucoup à ceux de la laine, et cette dernière servant de terme de comparaison pour décrire un phénomène plus rare.

2° Les étoffes de laine. — La laine était filée pour être ensuite tissée et servir à la fabrication des étoffes. Prov., xxxi, 13. Même à Rome, dans les maisons riches, les femmes tissaient elles-mêmes la laine. Plaute, Merc, V, ii, 46 ; Vitruve, vi, 10 ; Tite Live, i, 57 ; Ovide, Fast., n, 74. On teignait parfois la laine en cramoisi ou en pourpre. Dans l'Épître aux Hébreux, ix, 19, il est dit que Moïse, après avoir lu la Loi au peuple, l’aspergea avec l’eau et « la laine cramoisie », c’est-à-dire avec des branches d’hysope liées par un ruban de laine cramoisie. Il n’est pas question de ce détail dans l’Exode, xxiv, 8, mais il est parlé du ruban cramoisi à l’occasion d’autres aspersions. Lev., xiv, 4, 6, 49, etc. On faisait des vêtements de laine. Ose., ii, 5, 9 ; Ezech., xxxiv, 3. L’usage de ces sortes de vêtements remontait très haut, puisque déjà le Lévitique, xiii, 47, s’occupe de la lèpre des vêtements de laine, c’est-à-dire d’une moisissure particulière qui peut les ronger, et il prescrit les précautions à prendre en pareil cas. Voir LÈPREj iv. Isaïe, Li, 8, dit qu’Israël infidèle sera rongé par le châtiment comme le vêtement de laine par la moisissure.

3° Les étoffes mélangées de laine et de lin. — La Loi défendait expressément aux Israélites de porter des vêtements en tissus mélangés de laine et de lin. Lev., xix, 19 ; Deut., xxil, 11. Ces sortes d'étoffes s’appelaient Sa’atnêz. Ce mot, comme la chose qu’il désigne, est certainement d’origine égyptienne, puisque l'étoffe en question se trouve mentionnée dès l'époque de Moïse et que son nom n’est point hébraïque. On l’explique par les deux mots coptes sascht, « "tissu, » et nous, « faux. » Cf. Buhl, Gesenius' Eandwbrlerbuch, p. 865. Septante :

xi'ëôrjXoç, « falsifié ; » Vulgate : ex duobus textum. Les traducteurs grecs qui connaissaient bien la chose et le sens de son nom égyptien, marquent le vrai sens de ce nom. La Sainte Écriture n’indique nulle part la raison pour laquelle l’usage des étoffés tissées de laine et de lin. était interdit. Il y avait là, sans doute, une leçon destinée à rappeler continuellement au peuple choisi qu’il ne devait exister aucun mélange entre lui et les nations idolâtres. Ci. De Hummelauer, In Exod. et Levit.', Paris, 1897, p. 492. Ézéchiel, xuv, 17, dans sa description du service du Temple, dit que les prêtres seront vêtus de lin et ne porteront rien qui soit en laine. Cependant Josèphe, Ant. jud, , IV, viii, 11, dit formellement, dans son résumé de la Loi : « Que personne d’entre vous ne porte de vêtement tissu de laine et de lin ; car cela n’est établi que pour lesprêtres. » Le texte sacré ne fait pas mention de l’usage du Sa’atnêz par les prêtres. Cf. Exod., xxxix, 1-30. Mais la tradition des Juifs note expressément que la laine entrait avec le lin dans la confection de ce qu’on appelait les « vêtements d’or » du grandprêtre ou de leurs accessoires : la tunique, l'éphod, le pectoral et les attaches de la lame d’or. La ceinture du grand-prêtre et celle des simples prêtres était également formée de ce tissu. Il est probable que les parties colorées que le texte sacré mentionne dans ces divers ornements, étaient' obtenues au moyen de laines teintes en hyacinthe, en cramoisi ou en pourpre. D’ailleurs, les prêtres ne sortaient jamais du Temple avec ces ornements, et, dans la vie privée, ils étaient soumis, comme les autres Israélites, à la prescription du Lévitique, xix, 19. Cf. Reland, Antiquitates sacrse, p. 77, 78, 95 ; Iken, Antiquitates hebraicx, Brème, 1741, p. 113.

H. Lesêtre.

LAIS (hébreu : Lavé), nom d’un Israélite et d’une ville de Palestine.

1. LAÏS (Septante : 'AjiJç, I Reg., xxv, 44 ; SeXXîjç. II Reg., iii, 15), père de Phaltiel à qui Saiil donna pour femme sa fille Michol qu’il avait fait épouser auparavant par David. I Reg., xxv, 44 ; Il Reg., iii, 15.

2. LAÏS (hébreu : LaïS, Jud., xviii, 14, 27, 29 ; avec le hé local : Làyesâh, Jud., xviii, 7) nom primitif de la ville de Dan. Voir Dan 3, t. ii, col. 1200.

    1. LAISA##

LAISA (hébreu : LayeSâh ; Septante : Aaë<râ dans Isaïe, et 'EXeomtoï dans I Mach.), localité mentionnée deux fois dans l'Écriture. Is., x, 30, et I Mach., ix, 5. — 1° Le prophète, décrivant la marche de Sennachérib sur Jérusalem, s'écrie : « Fais retentir ta voix, fille de Gallim t Prends garde, Laïsa ! Malheur à toi, Anatoth ! » Quelques commentateurs ont cru que Laïsa n’est pas autre que Laïs-Dan, avec le hé local, et suppose que les cris poussés par les habitants de Gallim devaient être si forts qu’on les entendrait à Dan, à l’extrémité septentrionale de la Palestine. Mais cette opinion n’est pas soutenable. Les deux villes entre lesquelles est nommée Laïsa, c’est-à-dire Gallim et Anatoth, se trouvaient dans le voisinage de Jérusalem. Voir Gallim 2, t. iii, col. 98, et Anatoth 3, t. ï, col. 550. Laïsa était donc probablement située, comme ces deux localités, dans la tribu de Benjamin, mais le site n’en a pas été retrouvé. On a pensé cependant à l’identifier avec El-Isaniyét, un peu au sud d’Anathoth. Cf. J. P. von Kasteren, Aus der Umgegend von Jérusalem, dans la Zeitschrit des Deut. Pal. Vercius, Leipzig, t. xiii, 1890, p. 101.

2° La Vulgate, I Mach., ix, 5, appelle Laïsa l’endroit où campait Judas Machabée avant la funeste bataille où il perdit la vie en combattant contre Bacchide. On peut conclure de là que le traducteur latin identifiait cette localité avec la Laïsa d’Isaïe, x, 30. Cependant cette identification n’est pas certaine. Le texte grec porte 'EXeairà {Alexandrinw : 'AXaaà) et plusieurs pensent qu’il s’agit