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LUTH — LUTTE


noyer et de clefe de buis, couverte d’une peau d’agneau mort-né, et pourvue de cinq cordes, deux en fil de fer et deux en laiton. Le dotHar, plus petit, a deux cordes de soie jaune et se joue avec l’ongle de l’index droit, tandis que le thar se frappe avec un plectre de cuivre. Voir V. Advielle, La musique chez les Persans en 1885, ’Paris, 1885, p. 12-13. J. Parisot.

    1. LUTHER Martin##

LUTHER Martin, hérésiarque, né à Eisleben (Thuringe), le 10 novembre 1483, mort dans cette ville le 18 février 1546. Il fréquenta l’université d’Erfurt de 1501 à 1505 et en sortit avec le titre de maître (magister). Poussé par l’effroi que lui causa la mort subite d’un ami, il entra, malgré l’opposition de son père, un ouvrier mineur, dans l’ordre de Saint-Augustin. Le sacerdoce lui fut conféré en 1507, et en 1508 il obtint une chaire de philosophie à la nouvelle université de Wittenberg. Il y enseigna la dialectique et l’éthique d’Aristote. En 1509 il devint Baccalaureus ad Biblia, revint à Erfurt où il resta un à deux ans, puis alla à Rome pour y traiter des affaires de son ordre. Il quitta Rome plein d’admiration pour tout ce qu’il y avait vu et appris. -De là il revint à Wittenberg, où il obtint le grade de docteur le 18 octobre 1512. En 1515, il fut nommé vicaire de son ordre dans la Misnie. Dès cette époque s’élevèrent des doutes sur son orthodoxie. En 1517, la veille de la Toussaint, il commença à attaquer l’Église catholique en lui opposant son hérésie sous le titre d’  « Évangile », et la guerre qu’il lui fit ne cessa qu’avec sa vie même. Luther a exercé une grande influence. C’est à lui qu’est du le développement de la science biblique dans le sein du protestantisme depuis son époque jusqu’à nous, de la doctrine de l’inspiration verbale jusqu’au nihilisme moderne en matière biblique. Le rationalisme biblique est le fils de cet hérésiarque. Vigouroux, Esquisse de l’histoire du rationalisme biblique en Allemagne, dans La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, 1. 1, 1-109. Après avoir admis primitivement l’inspiration verbale la plus stricte, comme les extrêmes se touchent, on en est venu à abandonner entièrement l’inspiration en la remplaçant par le rationalisme du xviiie siècle et par la critique nihiliste du xix « . Les différentes étapes du chemin parcouru sont indiquées par les noms de Grotius, de Locke, de Lessing, de Strauss, de Harnack. Voir Allemande (Exégèse rationaliste), t. i, col. 370.

Luther est l’auteur de la version allemande de la Bible dite luthérienne. Cette Bible allemande devait, dans sa pensée, tenir la place de l’autorité de l’Église qu’il avait rejetée. h’Evangelium, comme il nomme constamment son hérésie, devait tenir lieu de tout. À l’en croire, il fut le premier à faire connaître la Bible aux Allemands : Die Biblia war im Papsttum den Leuten unbekannt. Luther’s Tischreden, Erlangen Ausgabe, t. lvii, 1854, p. 35. En réalité il ne fut pas le premier traducteur de la Bible en allemand. Kehrein, dans le Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg, 1883, t. ii, col. 753-754, énumère 14 éditions imprimées avant Luther, tant en haut allemand qu’en bas allemand, et encore ne les connaît-il pas toutes. Ce qui est vrai, c’est que sa traduction est supérieure à celles de ses.devanciers par le style et la beauté du langage, malgré de graves défauts. Voir Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, ergdnzt und herausgegeben von Lud. Pastor, 1°=-12 B édit., Fribourg, 1893, t. vii, p. 543-575. Au point de vue de la langue la Bible de Luther, surtout après les nombreuses retouches des luthériens et d’autres, est devenue un chefd’œuvre, mais au point de l’exactitude et de la fidélité elle est très défectueuse. Voir Allemandes (Versions) de la Bible, t. i, col. 376-378.

Les ouvrages les plus importants de Luther sur l’Écriture sont : 1. Predigten ûber 1. Mosis und S. Mosis, 4524-1536 (Luther’s Werke, Erlangen Ausgabe, t. xxxm xxxv) ; 2. In Deuleronomium, S. Mosis, 1525 (Erl. Ausg., Exeg. Op., t. xiii) ; 3. Auslegung der Psalnien, explications diverses réunies dans l’édition d’Erlangen, t. xx’vii-xli ; 4. Auslegung der Hohelied, édit. de Walch, Halle, t. v, p. 2385-2506 ; 5. Auslegung zu Habakuk, 1526 (Erl. A., t. xlii, p. 1-107) ; zu Zacharie, 1527 (Erl. A., t. xlii, p. 108-862) ; zu Daniel, 1530 et 1546 (Erl. A., t. xli, p. 232-323) ; 6. Predigten ûber Matthæus cap. xrm, 24-cap. xxiv, 1537-1540 (Erl. A., t. xliv-xlv) ; 7. Kommentar zum Galaterbrieꝟ. 1519 (Weimarer Ausgabe, t. ii, p. 436-618) ; 8. zu I Pétri, 1523 ; 1539 (Erl. A., t. lu) et beaucoup d’opuscules traitant différentes parties de l’Écriture. L’édition d’Erlangen contient tous les commentaires latins dans la série : Opéra Lutheri exegetica latina, t. i-xxm, 1829-1861 ; t. xxiv-xxviii, 18841886, et en dehors de la série, le Kommentar zum Galaterbrief, 3 in-8°, 1843-1844.

Les différentes éditions des œuvres de Luther sont : 1. L’édition de Wittenberg, 1539-1558, 19 in-f », douze en allemand et sept en latin, avec une préface de Luther au t. I er allemand et au t. i « latin (1545). — 2. L’édition d’Iéna, 12 in-f », 1555-1558, 8 en allemand et 4 en latin ; de plus deux volumes supplémentaires, Eisleben, 1564-1565 ; cette édition a eu plusieurs réimpression^, 1556-1564, 1575-1580. — 3. L’édition d’Altenburg, 10 in-f », 1661-1664, contenant les œuvres allemandes seulement et des traductions de plusieurs ouvrages latins. Elle est fort incomplète, malgré un volume supplémentaire publié en 1702 à Halle. — 4. L’édition de Leipzig, 23 in-f°, 1729-1740 ; elle se base sur l’édition d’Altenburg. — 5. L’édition de J. G. Walch, 24 in-4°, Halle, 1740-1750, rééditée à Saint-Louis (États-Unis), 1880. Les ouvrages latins y sont traduits en allemand. Cette édition, quoique assez complète, est défectueuse à plusieurs points de vue : elle modernise l’allemand de Luther, l’interprétation du latin laisse à désirer, et on n’y trouve aucun renseignement sur les éditions dont elle fait usage. — 6. L’édition d’Erlangen et Francfort, 1826, inachevée. Elle donne les ouvrages allemands, t. i-lxvii, 1826-1857, Exegetica opéra latina, t. i-xxm, 1829-1861, t. xxiv-xxxviii, 1884-1886. — 7. L’édition de Weimar, Dr. M. Luther’s Werke, Kritische Gesammtausgabe, in-8°, Weimar, 1883 sq. ; ont paru en 1901, t. i-xxiv, excepté t. X, xvrt, xviii.

Sur Luther, voir Vogel, Bibliotheca biographica Lutherana, Halle, 1851 ; et depuis, Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, 9° -12e édit., Fribourg, 1883, t. I et m. — Cardinal S. Hergenrother, dans Conciliengeschichte, von Hefele, Fortsetzung, t. IX, Fribourg, 1890. — Evers, Martin Luther, ein Lebens-und Charakterbild, 6 in-8°, Mayence, 1883-1891. Parmi les auteurs protestants, citons : von Ranke, Deutsche Geschichte im Zeitalter der Reformation, 6 in-8, 5e édit, , Leipzig, 1873. — J. Kœstlin, Martin Luther, sein Leben und seine Schriften, 2 in-8°, Elberfeld, 1875 ; 3e édit." abrégée, 1883. — G. Plitt et E. F. Petersen, Dr. Martin Luther’s Leben und Wirken, Leipzig, 1883. — Th. Kolde, Martin Luther, eine Biographie, Gotha, 1884. — Sur la traduction de la Bible par Luther, voir la bibliographie, Allemandes (Versions) de la Bible, t. i, col. 377-378, et Hagemann, Nachricht von denen fûmehmsten Uebersetzungen der Kl. Schrift, 2e édit., Brunswick, 1750/Hopf, Wûrdigung der hilherischen Bibelûbersetzung mit Rùcksicht auf altère und neutre Uebersetzungen, Nuremberg, 1847 ; Bindseil, Verzeichniss der Originalrvusgaben der lutlterischen Vebersetzung der Bibel, Halle, 1841. E. Michels.

    1. LUTTE##

LUTTE, combat corps à corps (fig. 128). L’action de lutter est exprimée en hébreu par le verbe’âbaq, à la forme niphal, né’ëbaq ; Septante : èmiXaisv : Vulgate : luctabatur. Il a pour racine le mot’âbâq, poussière, à cause de la poussière que faisaient les lutteurs. — Au mo-