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LUSTRATION — LUTH


ou sur le propitiatoire. Lev., iv, 17 ; xiv, 16, 27 ; xvi, 14, 10 ; Num., xix, 4. Il n’y a probablement pas à chercher de symbolisme dans ce procédé. On se servait du doigt comme de l’instrument le plus approprié pour accomplir le rite. Peut-être faut-il voir dans les aspersions du sanctuaire avec le doigt, ordinairement faites par le grand-prêtre, l’indication d’un rapport immédiat, sans intermédiaire instrumental, entre le ministre sacré et la divinité. — 2. L’aspersoir généralement prescrit se composait d’un morceau de bois de cèdre auquel on attachait une branche d’hysope à l’aide d’un ruban de laine cramoisi. L’hysope est une plante aTomatique. Voir t. iii, col. 796. Dans toute l’antiquité, on lui a attribué une vertu purificatrice. Ps. li (l), 9. On la mêlait aux aliments et on l’utilisait comme médicament pour débarrasser la poitrine des humeurs nuisibles. Cf. Dioscoride, De materia médical., iii, 30 ; S. Augustin, In r$. L, 12, t. xxxvi, col. 593. Les prêtres égyptiens, Porphyre, De abstin., iv, 6, et les thérapentes, d’après l’écrit attribué à Philon, cf. Schùrer, Geschichte des jtidischen Volkes, t. iii, p. 535, mettaient de l’hysope dans leur pain, en vue de se purifier. Le cèdre est un arbre dont le bois est odoriférant et incorruptible. Voir t. ii, col. 377 ; Pline, H. N., xlyi, 73, 79. On employait l’huile de cèdre pour préserver de la putréfaction, et même pour conserver les cadavres. Pline, H. N., xvi, 39. Dioscoride, De mat. med., i, 105, l’appelle vsxpoO ÇtoTj, « vie du mort, » et il signale la résine du cèdre unie à l’hyssope comme spécifique contre les maladies de peau, ce qui explique l’emploi du cèdre et de l’hysope dans l’aspersion du lépreux. Lev., xiv, 4. C’est comme symbole d’incorruptibilité et de purification que le cèdre intervient ici, accentuant ainsi le symbole de l’hysope. Chez les Babyloniens, le bârû ou devin devait avoir en main, dans ses fonctions rituelles, « le cèdre cher aux grands dieux. » Cf. Marlin, Textes religieux

par le cèdre, qui s’élève dans les hauteurs, la foi par l’hysope, qui s’attache humblement au rocher, la charité par le cramoisi, qui a la couleur du feu. Saint Thomas, Sum. theol., I" II*, q. cil, a. 5, ad 5 um, voit dans le bois de cèdre l’incorruptibilité, dans le cramoisi la fixité de la couleur, dans l’hysope la conservation de l’odeur même quand la plante est desséchée, et il applique le symbole au texte de la Vulgate : Ut sint multi-. tudini filiorum Israël in custodiam, « afin qu’elles (les cendres de la vache rousse) servent à garder la multitude des enfants d’Israël, » Num., xix, 9, tandis qu’il faut traduire l’hébreu : « Afin qu’elles soient à la garde de l’assemblée des enfants d’Israël, pour l’eau de purification. » Quand il s’agil des aspersions devant le Tabernacle, saint Thomas, ibid., adopte l’explication symbolique de saint Augustin. D’autres croient que le cèdre, l’hysope et le cramoisi représentent l’orgueil, l’humilité et les péchés, III Beg., iv, 33 ; Is., i, 18 ; la sublimité du Christ, son abaissement, son sang répandu ; le corps, l’âme et l’esprit ramenés à la pureté ; l’éloignement de la corruption, la suppression de la mauvaise odeur (du lépreux), le retour de la couleur dans sa chair, etc. Ces explications sont moins satisfaisantes que la première. Elles serrent de moins près la nature des objets employés et, pour la plupart, considèrent dans le cèdre surtout sa hauteur, alors qu’il n’est question que d’un simple morceau de bois. Il est à remarquer que l’kysope seul est mentionné dans l’aspersion des portes en Egypte, Exod., xii, 22, et dans l’aspersion avec l’eau de la vache rousse, Num., xix, 18, parce que dans ces occasions on ne pouvait aisément se procurer du bois de cèdre, et que dès lors le lien en ruban cramoisi devenait

inutile.

H. Lesêtre.

LUTH, instrument à cordes dont on fait dériver le nom de l’arabe i^ » U, al-’ûd.— 1° Dans l’Écriture. — Il est

125. — Luths égyptiens. Thèbes, D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. cliv et O.K.

assyriens et babyloniens, p. 233. Le ruban cramoisi est le symbole de la vie dans sa plénitude et sa force. Voir t. H, col. 1070, et Bàhr, Symbolik, t. i, p. 333-338. Il y a donc là un triple symbole, convergeant à l’expression d’une même idée : le bois de cèdre, marquant l’incorruptibilité, le cramoisi, signifiant la plénitude de la vie, et l’hysope faisant disparaître le principe de corruption pour conduire à la vie. Cf. Bàhr, Symbolik, t. ii, p. 504, 505. On donné. d’autres explications du triple symbole. Saint Augustin, Qusest. in Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 731, dit que l’espérance est représentée

possible que le mot’édût, dans le titre hébreu de3 Psaumes lx et lxxx, corresponde à l’arabe-’ûd, et désigne le luth. Voir Édut, t. ii, col. 1598. En dehors des titres des Psaumes, qui peuvent être bien postérieurs aux Psaumes eux-mêmes, le luth n’est pas désigné avec certitude dans la Bible. Toutefois le nom hébreu de nébél, dont l’assimilation avec le néfer égyptien est très probable, désigne peut-être le luth. Voir Nébel. La version anglaise revisée adopte la traduction Iule dans Isaïe, v, 12 (hébreu nébél) et dans I Mach., iv, 54. Les anciennes versions arabes rendent kinnôr soit par’ud,