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LUD — LUGDUNENSIS (CODEX)


aujourd’hui AiiSot et qu’on nommait auparavant AoOSoi. Hérodote, i, 7, place de même dans la période mythique un héros nommé Lydus, père des Lydiens. Fr. Lenormar. t, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, -9e édit., in-8°, Paris, 1881, t. i, p. 288, pense au contraire qu’il y a là une assonance de noms purement fortuite, que les Lydiens sont un peuple de race et de langage aryens. D’après lui, Lud représente la division septentrionale des Araméens ou Syriens. Que Lud désigne une race sémitique, cela est incontestable, mais il ne s’ensuit pas qu’il ne soit pas le père d’une de celles qui ont formé la nation lydienne, où l’on rencontre à côté d'éléments aryens les traces évidentes d'éléments sémitiques. G. Radet, La Lydie au temps des Merruades, in-8°, Paris, 1892, p. 54-57, 67. Voir Lydie.

E. Beurlier.

    1. LUDIM##

LUDIM (hébreu : Lûd, Lûdim ; Septante : AouSieîn, A(i> ; ie£(ji, Ao’jS, AiSoi ; Vulgate : Ludini, Lydi, Lydii, Lijdia), descendants de Mesraïm, fils de Cham. Gen., x, 13 ; cf. I Par., i, 11. C’est donc une race chamite habitant l’Egypte. Quel est ce peuple ? il est difficile de le dire exactement. D’après E. de Rougé, Recherches sur les monuments des six premières dynasties, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. xxv, 1866, p. 228 ; G. Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, in-8°, Leipzig, 1868, t. i, p. 39 ; et Fr. Lenormant, iîist. anc. despeuples de l’Orient, ^ édit., in-8°, Paris, 1881, p. 269 ; les Lûdim sont les mêmes que les Rutennu, c’est-à-dire les hommes, la race dominante ; ce mot peut, en effet, se lire aussi Lut-ennu. Cette identification est niée par Chabas, Voyage d’un égyptien en Syrie, in-8°, Paris, 1866, p. 352. Cf. De Saulcy, Bulletin de la Société de géographie, t. xvii, 1879, p. 209-241 ; 327-357. M. de Rochemonteix, dans le Journal asiatique, VIIIe sér., t. XII, 1888, p. 199-201, voit dans les Rutennu, Romitou ou Rotou, les fellahs ou le petit peuple, par opposition aux Anamim, qui formaient la classe riche. Voir Anamim, t. i, col. 538. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-8°, Paris, 1895, t. i, p. 43, considère le mot Romitou ou Rotou comme étant le nom ethnique des Égyptiens, mais il ne se prononce pas sur le rapprochement de ce nom avec celui des Lûdim. Ce peuple est plusieurs fois cité par les prophètes. Dans Isaïe, lxvi, 19, le Seigneur annonce que parmi ceux qui auront échappé au châtiment, il en enverra du côté delà mer, en Afrique et en Lydie, nations armées de flèches, etc., et qu’ils annonceront sa gloire aux gentils. Le mot Lydia de la Vulgate correspond au mot AoOS des Septante et au mot Lûd de l’hébreu. S’agiMI ici des Lûdim de l’Egypte ? Le rapprochement avec le mot Put ou probablement Phut ou Put qui désigne un autre peuple africain, rend cette hypothèse très vraisemblable, mais d’autre part il est aussi question dans le texte hébreu de ce passage, de Tarsis, de fubal et Yâvân, c’est-à-dire des Tibaré^ niens situés sur les bords de la mer Noire, des Ioniens et des îles. Les Septante intercalent Aoû5 entre « JoûS et Moer^x, et ajoutent : %a eU ©oëèX xal si ; ttjv 'EXXiSa xal s !  ; Ta ; viijcTov ;  ; la Vulgate traduit les mots fubal et Yâvân par ltaliam et Gresciam.

Cette liste énumère des peuples des diverses parties du monde, on ne peut donc pas exclure avec certitude l’hypothèse que le mot Lûd s’applique au Lydiens d’Asie, d’autant plus que dans le texte grec de Judith, II, 23, où est racontée la campagne d’Holofeme contre les Lydiens d’Asie Mineure, le mot Ao-jo est comme ici précédé du mot 4>o08. Voir Lydie. Jérémie, xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9), prophétisant contre Néchao II, roi d’Egypte, nomme dans les troupes égyptiennes les Lydii (hébreu, Lûdim ; Septante, Ayfioi), il.s’agit bien ici d’une peuplade africaine. Ézéchiel, xxvii, 10, nomme les Lydii (hébreu, Lûd ; Septante, A-j601)> parmi les mercenaires au service de Tyr. Ce nom est placé dans

le texte hébreu entre celui des Perses et celui de Phût dans les Septante et dans la Vulgate entre les Perses et les Lydiens. Faut-il les rapprocher des premiers et y voir les Libyens d’Asie, ou des derniers et y voir les Lûdim d’Egypte ? il est vraiment impossible de le dire. Les Tyriens pouvaient également avoir des mercenaires des deux contrées. Plus loin Ézéchiel, xxx, 5, prophétisant contre l’Egypte, donne la liste des peuples de cet empire qui périront par l'épée avec lui, et il nomme les Lydi (hébreu, Lûd ; Septante, AOSoi). Dans ce verset le texte hébreu et la Vulgate ne nomment avec les Lydi que des peuples africains, l’Ethiopie, la Libye ; les Septante y ajoutent les Perses et les Cretois, mais c’est probablement une interpolation, car on ne voit pas trop leur place entre les Éthiopiens, les Lûdim et les Libyens. Les Lûdim sont représentés comme des archers, Is., lxvi, 19 ; Jer., xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9). Voir Arc, 1. 1, fig. 219, col. 900 ; fig. 225, col. 903 ; Archer, col. 932.

E. Beurlier.

    1. LUDOLPHE DE SAXE##

LUDOLPHE DE SAXE (Ludolphus ou Leutholfus de Saxonia), célèbre moine du xive siècle, était probablement originaire de Saxe, comme son nom l’indique. On ne connaît pas la date exacte de sa naissance (vers 1300) ; on sait seulement qu’il entra d’abord dans l’ordre de saint Dominique, où il se distingua par sa piété aussi bien que par son érudition. Il y resta vingt-six ans (trente ans suivant d’autres), après lesquels il se décida à entrer chez les chartreux, où il pensait trouver plus de facilité encore pour mener une vie contemplative ; il ne tarda pas à être élu prieur de la chartreuse de Strasbourg, où il mourut probablement aux environs de 1370. Selon d’autres, il mourut à Mayence. Son principal ouvrage est une Vita Christi, Strasbourg, 1474, qui fut très répandue pendant deux siècles, et qu’on a réimprimée de nos jours : Vita Jesu Christi, in-f », Paris, 1865 ; 4 in-8°, Paris, 1870. Cet ouvrage fut traduit en français et publié à Lyon, en 1487. Lecoy de la Marche a donné une nouvelle édition de cette traduction, Vie de Jésus-Christ composée au XVe siècle d’après Ludolphe le Chartreux ; texte rapproché du fro.nçais moderne, in-4°, Paris, 1869-1872. Autres traductions : dom FI. Broquin, La grande vie de Jésus-Christ, nouvelle traduction intégrale, 6 in-8°, Paris, 1864-1865 ; 7 in-12, Paris, 1870-1873 ; Vie de NotreSeigneur Jésus-Christ traduite nouvellement sur le texte latin, 2 in-12, Paris, 1848 ; 5e édit., 1873. Nous avons aussi de lui : Commentaria in Psalmvs davidicos juxta spiritualem prsecipue sensum, Paris, 1506, 1517 et 1528 ; in-f », Venise, 1521 ; in-4°, Lyon, 1540, etc. Ludolphe de Saxe est un des auteurs auxquels oii a attribué l’Imitation de Jésus-Christ ; mais cette opinion n’a guère d’autre fondement qu’une certaine ressemblance, dans le style et dans les idées, entre l’Imitation et la Vita Christi. Voir Ul. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen dqe, Paris, 1877-1883, 1. 1, col. 1429. A. Régnier.

    1. LUGDUNENSIS##

LUGDUNENSIS (CODEX).-i"Histoire. -La fortune de ce précieux codex est assez curieuse. En 1837, Fleck avait signalé à l’attention du monde savant un manuscrit ancien, examiné par lui à la Bibliothèquede Lyon, où il portait le n » 54. Il comprenait deux parties très hétérogènes : 1. Un Bède, donné par l’archevêque de Lyon Amolus (841-852) à sa cathédrale ; 2. Une version latine du Pentateuque, différente de la Vulgate. M. L. Delisle, qui l'étudia à son tour dans les Mélanges de Paléographie et de Bibliographie, Paris, 1880, p. 1-35 (Le Pentateuque de Lyon à lettres onciales, mémoire lu à l’Académie des Inscriptions, le 23 octobre 1878), fit une découverte importante. Entre autres lacunes ; le Lévîtique et les Nombres manquaient totalement dans le manuscrit de Lyon. M. Delisle se ressouvint que ces deux livres composaient justement un manuscrit appartenant à lord Ashburnham et publié à ses frais, dix ans