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LACHMANN — LADANUM

1883-1901, t. ii, p. [620-623 ; M. Hertz, Karl Lachmann, Berlin, 1851 ; Jakob Grimm, Rede auf Lachmann, Kleine Schriften, t. i, col. 145 ; G. Heinrichs, Lachmanniana, dans Anzeiger für deutsches Allerthum, t. vi, p. 354 ; t. v, p. 289 ; Westcottand Hort, The New Testament in the original greek, Cambridge, 1881, t. H, p. 13 ; Tischendorf, Nov. Test. græc., edit. vn a min., p. 102-112.

E. Michels.

LACHMI (hébreu : Lahmî ; Septante : Aaxi « ’)> frère de Goliath. I Par., xx, 5. La Vulgate a traduit « Bethléhémite ». Pour l’explication de ce passage, voir Adéodat, t. i, col. 215.

LADANUM (hébreu : lôt ; Septante : (jraxrr, ; Vulgate : stacte, Gen., xxxvii, 25 ; xliii, 11), substance résineuse aromatique.

I. Description. — Le Ladanum est une oléorésine gluante et aromatique produite par exsudation des feuilles de diverses espèces de cistes. Le genre Qistus de Linné, qui a donné son nom à la famille des Cistacées, se compose d’arbrisseaux de petite taille, répandus dans les lieux incultes de toute la région méditerranéenne. Les feuilles persistantes, opposées et sans stipules, sont le siège principal d’une sécrétion si abondante, pendant la saison chaude, que la surface du limbe en devient visqueuse, et que l’air ambiant est tout imprégné de vapeurs balsamiques. Les fleurs sont formées de cinq pétales réguliers, larges, tordus dans le boulon et très caducs, d’étamines nombreuses, et d’un ovaire simple qui devient à la maturité une capsule polysperme, à déhiscence valvaire. — L’espèce que Linné a nommée Cistus ladaniferus, très abondante dans la péninsule Ibérique, ne dépasse pas la Sicile vers l’Orient, mais plusieurs autres, qui sécrètent la même résine, habitent l’Asie Mineure et spécialement les iles de Crète et de Chypre.

13. — Cistus salviifolius. — Dessin d’après nature. Hameau cueilli à Bethlêhem par le Frère Jouannet-Marie, des Écoles chrétiennes (avril 1890).

Les plus remarquables sont le Cistus villosus, qui se distingue de ses congénères à fleurs roses par la longueur du style égalant au moins les étamines, et parmi les espèces à fleurs blanches, le Cistus laurifolius à trois sépales caducs, le Cistus monspeliensis dont les feuilles sont longues et étroites, tandis que celles du Cistus salviifolius (fig. 13) ont un limbe court et fortement rugueux à la surface.

F. Hy.

II. Exégèse. — Les marchands ismaélites auxquels Joseph fut vendu par ses frères, allaient de Galaad en Egypte pour y porter des aromates et en particulier du lot. Gen., xxxvii, 25, Jacob chargeant ses fils de présents pour le premier ministre d’Egypte, leur remet entre autres produits du pays du lot. Gen., xliii, 15 (hébreu). On reconnaît généralement dans ce nom le ladanum. Le mot lôt est apparenté avec les noms des langues sémitiques et indo-européennes qni désignent certainement le ladanum ou la résine odorante des Cistus : il suffit de comparer l’arabe lâdlian, le sabéen ladan, l’assyrien ladunu, le persan lâd, le grec tSov, ou X^Savov, ou XâSavov, et le latin ladanum ou labdanum. D’après les textes de la Genèse que nous venons de citer, le ladanum est donné comme un produit de Galaad et de Palestine, importé en Egypte. Il ne paraît pas avoir été recueilli, du moins en quantité suffisante, dans la vallée du Nil, où cependant on l’employait fréquemment dans les embaumements. Fr. Wônig, Die Pflanzen im alten Aegypten, in-8o, Leipzig, 1886, p. 386. Il venait en Egypte par terre de la Palestine, de l’Arabie, de la Syrie, et doit être compris dans l’expression générale qui revient souvent dans les textes, « les parfums de Syrie. » Mais le nom sous lequel il était connu dans la vallée du Nil n’a pas encore été trouvé. Il pouvait venir aussi par mer de i’ile de Chypre. Le ladanum d’Arabie, Hérodote, iii, 112 ; Pline, Hist. nal., xii, 37, celui de Chypre et de Syrie, Pline, xxvi, 30, sont en effet les espèces les plus renommées chez les anciens. Le ladunu est mentionné dans les tributs que Teglathphalasar tirait de Damas. E. Schrader, Die Keïlinschriften und das Alte Testament, in-8o, Giessen, 1883, p. 151. Les Cistus, soit le villosits, soit le salviifolius, sont encore très abondants sur les collines de Palestine.

Comme cette résine exsudait des feuilles du Cistus pendant les grandes chaleurs, on la recueillait, dit Pline, xii, 37 ; xxvi, 30, en peignant la barbe et le poil des chèvres qui en broutant en étaient bientôt toutes chargées. Dans son Voyage au Levant, Amsterdam, 3 in-12, 1727, t. i, p. 329, J. Thévenot nous décrit le même procédé : « Il y a aussi en ces quartiers plusieurs bergers qui gardent des chèvres et les montagnes y sont pleines d’une certaine herbe, que Mathiole appelle Ledum, et les Grecs d’aujourd’hui Kissaros ; quand les chèvres paissent de cette herbe, il s’attache à leur barbe une certaine rosée visqueuse et gluante, qui se trouve sur cette herbe, cette rosée se congelant en une espèce de gomme, qui a fort bonne odeur, qui s’appelle Ladanum et pour la recueillir, il faut couper (ou plutôt peigner) la barbe aux chèvres. »

On obtient plus communément cette résine en promenant sur ces arbrisseaux des fouets ou lanières de cuir. Pline, H. N., xxvi, 30, indique ce procédé que Tournefort, Relation d’un voyage au Levant, 2 in-4o, Paris, 1^07>tri, p. 74-75, nous expose en détail tel qu’il le vit pratiquer dans l’Ile de Candie : « Tirant du côté de la mer, nous nous trouvâmes sur des collines sèches et sablonneuses, couvertes de ces petits arbrisseaux qui fournissent le ladanum. C’était dans la plus grande chaleur du jour, et il ne faisait pas de vent. Cette disposition du temps est nécessaire pour amasser le ladanum. Sept ou huit paysans roulaient leurs fouets sur ces plantes : à force de les secouer et de les frotter sur les feuilles de cet arbuste, leurs courroies se chargeaient d’une espèce de glu odoriférante, attachée sur les feuilles ; c’est une partie du suc nourricier de la plante, lequel trans-