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LUC (SAINT)


des coutumes juives. Les anciens écrivains ecclésiastiques ont généralement affirme que saint Luc. était originaire d’Antioche. Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220 ; Qusest. ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961 (plusieurs critiques pensent qu’Eusèbe a puisé ce renseignement dans VEpist. ad Aristidem de Jules Africain) ; S. Jérôme, De vir. illust., 7, t. xxiii, col. 610 ; Euthalius, Elenchus, prolog., t. lxxxv, col. 636.- Les anciens prologues latins du troisième Évangile, qui sont antérieurs à ces écrivains, indiquaient déjà le même lieu d’origine. P. Cossen, Monarchianische Prologe, dans Texte und linters., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1, p. 7 ; Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J.-C. latine, Oxford, 1893, t. l, fasc. 3, p. 269, 271. Cette désignation du lieu de naissance de Luc ne provient pas d’Act., un, 1, puisque l’auteur du troisième Évangile et des Actes est différent de Lucius de Cyrène, mentionné là comme membre de l’Eglise d’Antioche. M. Ramsay, Paulus in der Apostelgeschichte, p. 330, a prétendu que Luc était originaire de Macédoine et que sa famille avait seulement des relations à Antioche. Mais les anciens affirment

que Cléophas est nommé, Luc, xxiir, 18, le trahissait à leurs yeux. Cf. Théophylacte, Enarrat. in Evang. Luc, t. cxxiii, col. 685, 1113. Mais le contexte exige que le personnage nommé soit un témoin des événements de la semaine, ce qui ne convient pas à saint Luc. L’auteur du canon de Muratori dit expressément du troisième évangéliste : Dominum tamen nec ipse vidit in carne. La tradition patristique a reconnu dans saint Luc non un apôtre, mais un homme apostolique, non un disciple immédiat du Christ, mais seulement un disciple des apôtres. S. Irénée, Cont. hxr., III, iv, 2, t. vii, col. 845 ; Tertullien, Adv. Marcion., iv, 2, t. ii, col. 363 ; S. Jérôme, In Is., 1. xviii, t. xxiv, col. 650 ; In Matth., prol., t. xxvi, col. 18 ; S. Augustin, De consensu Évangel., i, ii, iii, t. xxxiv, col. 1043 ; Cont. Faust., XVII, iii, t. xlii, col. 341 ; Constit. apost., II, lvii, t. i, col. 729 ; S. Chryso6tome, In Matth., hom. i, 2, t. Lvn, col. 16 ; In Acta, hom. i, 1, t. lx, col. 13 ; Théodoret, Hist. relig., præf., t. lxxxii, col. 1283. On ne sait pas avec certitude à quelle époque et dans quelles circonstances Luc devint chrétien. Comme il était originaire

121. — Sarcophage d’Arles. D’après une photographie.

explicitement que Luc est né à Antioche. Ils attribuent, ainsi que l’auteur du Canon dit de Muratori, à saint Luc la profession de médecin. Saint Paul, d’ailleurs, l’avait appelé Luc « le médecin ». Col., iv, 14. On a confirmé cette dénomination par les détails médicaux et les termes techniques, employés dans le troisième Évangile, iv, 38 ; xxii, 43, etc., et dans les Actes, xiii, 11. Hobart, The médical language of saint Luhe, Dublin, 1882 ; A. Harnack, Medicinisches aus derâltesten Kirchengesch.ich.te, dans Texte und Unters., Leipzig, 1892, t. viii, fasc. 4, p. 37-40. Eusèbe, Qusest. ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961, et saint Jérôme, Epist., xx, 4, t. xxii, col. 378, concluaient de la profession de saint Luc qu’il était inter omnes evangelislas grœci sermonis erudilissimus. Comme les médecins étaient souvent, dans l’antiquité, de condition servile, des exégètes modernes, ainsi qu’on l’a vu plus haut, ont conclu, contrairement à la tradition, que Luc était un esclave affranchi.

3° Sa conversion. — Dans le prologue de son Évangile, 1, 1-3, saint Luc laisse clairement entendre qu’il n’a pas été un des disciples immédiats de Jésus, puisqu’il se propose de raconter les faits, non tels qu’il les a vus, mais tels qu’il les a appris des témoins oculaires et des auditeurs du Sauveur. Néanmoins, on a voulu le mettre en rapports directs avec Notre-Seigneur. Adamantius, Dial. de recta in Deum fide, t. xi, col. 1721, et saint Épiphane, User., li, 11, t. xli, col. 908, en ont fait un des soixante-douze disciples. Luc, x, 1. Saint Grégoire le Grand, Moral, in Job, præf., i, 3, t. lxxv, col. 517, rapporte que quelques-uns reconnaissaient en lui le second disciple qui vit Jésus ressuscité, sur le chemin d’Ëmmaûs ; son silence sur ce personnage, alors

d’Antioche, il est vraisemblable qu’il a été converti de bonne heure par les premiers prédicateurs de l’Évangile, qui vinrent de Jérusalem en cette ville. Act., xi, 19-30. Cette conclusion est confirmée par une addition que le texte occidental contient dans ce récit entre les versets 27 et 28. Le Codex Cantabrigiensis D présente, en effet, cette leçon : ’Hv ôe tcoIXt) àyaXkitxmi ; , (7UV£<rrp « [i(j.éva)v Ss J)|iûv ly e’ç, etc., appuyée par plusieurs manuscrits de la vieille version latine, ainsi qu’il résulte d’une citation de saint Augustin, De sermone Domini in monte, 1. II, c. xvii, 57, t. xxxiv, col. 1295 : Eratque magna exsultatio. Congregatis autem nobis, surgens unus, etc. Si cette leçon était originale, il en résulterait qu’elle mettrait en scène l’auteur du livre des Actes et que par suite saint Luc aurait été un des premiers membres de la jeune Église d’Antioche. Quelques-uns ont pensé qu’ij, avait été converti à la foi chrétienne par saint Paul après que celui-ci eut été amené à Antioche par Barnabe. Act., xi, 25. Mais on remarque avec raison que saint Paul n’appelle jamais Luc son ce fils ».

4° Luc, compagnon de saint Paul. — Quoi qu’il en soit, nous savons avec certitude que saint Luc a été le compagnon de saint Paul et son collaborateur. Lui-même nous "a laissé dans les Actes le récit circonstancié d’un témoin oculaire. Voir t. i, col. 153-155. L’écrivain témoigne de sa présence par l’emploi du pronom pluriel nous à partir d’Actes, xvi, 10. Nous ignorons comment il se rencontra avec saint Paul à Troade, maisil devait être connu de l’apôtre qui avait séjourné à Antioche. II partit avec lui et l’accompagna jusqu’à Philippes de Macédoine. Son récit montre qu’il eut une part à la fondation de l’Église de cette ville. Act., xvi, 10-17. Il ne fut