Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée
373
374
LOUP


plus de férocité que de courage. Il n’attaque l’homme que quand il est affamé, mais il fait une guerre terrible aux bergeries et aux basses-cours. — Le loup commun, canis lupus, a fait de tout temps la terreur des troupeaux

118. — Loup de Syrie.

de Palestine, bien qu’aujourd’hui il soit surtout confiné dans le Liban. Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. lx. On le rencontre néanmoins encore assez souvent dans les plaines maritimes ou celles de Gênézareth, dans les ravins de Galilée et surtout du terri ver les troupeaux de ses attaques, on entoure pendant la nuit les parcs à moutons de branchages épineux. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 340. D’ordinaire le carnage du loup ne se borne pas à une seule brebis. Si les chiens sont absents ou inattentifs, il étrangle tout ce qu’il peut, emporte avec lui une première victime qu’il mange et revient en chercher ensuite deux ou trois autres qu’il cache. La faim l’oblige quelquefois à se jeter sur un troupeau, même en plein jour. Il lui arrive aussi de suivre l’homme pour le surveiller de loin et profiter de ses moindres faiblesses pour l’assaillir. 2° La Sainte Écriture ne parle guère des loups qu’au sens figuré. Jacob mourant dit prophétiquement du dernier de ses fils : « Benjamin est un loup qui déchire ; le matin, il dévore ta proie, et le soir, il partage le butin. » Gen., xlix, 27. Voir Benjamin (Tribu de), t. i, col. 1598. Le loup est naturellement l’image de ceux qui exercent la violence, des chefs de Jérusalem qui ruinent et dévorent le peuple, Ezech., xxii, 27, des juges iniques d’Israël qui n’attendent même pas au matin pour commettre l’injustice. Soph., iii, . 3. Une peinture du cimetière de Calliste représente Susanne sous la figure d’une brebis menacée à droite et à gauche par deux animaux, dont l’un au moins est certainement un loup, et caractérisent bien les deux vieillards accusateurs (fig. 119). Cf. Martigny, Dictionnaire des antiq. chrét., 2e édit., Paris, 1877, p. 747. Les Chaldéens vont tomber sur Juda comme les loups du désert. Jer., v, 6. Ils sont montés sur

J^rViliV^v

119. — Susanne entre les deux vieillards figurés par un loup et un léopard. Peinture du cimetière de Calliste. D’après Perret, Les catacombes de Rome, t. 1, pi. Lxxviii.

toire montagneux de Benjamin, et quelquefois aussi dans les forêts de Basan et de Galaad. Les loups de Palestine, bien que beaucoup moins nombreux que les chacals, font beaucoup plus de ravages que ces derniers. Voir Chacal, t. ii, col. 477. Us ne vont pas par bandes, mais deux ou trois seulement à la fois. Us se cachent la nuit à proximité des bergeries, derrière des rochers, avancent avec cette démarche caractérisée par notre expression française « à pas de loup », sans éveiller l’attention des chiens de bergers, sautent dans l’enceinte qui renferme le troupeau, voir t. ii, fig. 611, col. 1987, saisissent leur victime en silence et s’enfuient avec leur proie. Les bergers de Galilée ont coutume de tirer de temps en temps des coups de fusil pendant la nuit, afin de tenir à distance ces dangereux carnassiers. Le loup de Syrie a le pelage plus clair que celui d’Europe. Les indigènes parlent d’une autre espèce plus féroce, celle du loup qu’ils appellent scheeb, qui n’est autre probablement que le Canis lycaon des naturalistes. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 153155. Dans le sud de la Palestine se rencontre aussi le loup d’Egypte, canis lupaster, qui a une taille plus petite que celle du loup ordinaire, un poil jaune doré et un système musculaire qui ne lui permet pas de s’attaquer à de gros animaux. Il doit se contenter tout au plus d’agneaux ou de chevreaux, et vit surtout d’animaux morts dont il traîne les cadavres daus les cavernes, llaà peu près tes mœurs des chacals. Pour préser des chevaux plus rapides que les loups du soir. Hab., i, 8. Le loup sort le soir pour chercher sa proie : il peut faire jusqu’à cent soixante kilomètres dans sa nuit pour la trouver ou se mettre à l’abri. Nul cheval n’approche d’une vitesse si grande et si soutenue. En Sibérie, on a vu plus d’une fois des bandes de loups accompagner et même devancer, dans leur course affolée, les chevaux attelés aux traîneaux. L’agneau à dans le loup un ennemi acharné ; nul accord n’est possible entre eux. Eccli., xiii, 21. Et pourtant, à l’époque de la rédemption, ils habiteront et paîtront ensemble, Is., xi, 6 ; lxv, 25, c’est-à-dire que les hommes les plus ennemis deviendront tous frères, par la grâce du Sauveur. — Dans le Nouveau Testament, où les agneaux et les brebis représentent les disciples de Jésus-Christ, les ennemis de l’Évangile sont naturellement figurés par les loups. Ces loups sont d’abord les faux prophètes : « Ils viennent à vous avec des vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. » Matth., vii, 15. Ces paroles font allusion à la ruse hypocrite du loup. Il se dissimule pour commettre ses méfaits, ou bien il fait montre de douceur. Quand un loup veut s’emparer d’un jeune chien encore inexpérimenté, mais peut-être défendu par des gardiens plus à craindre, il s’approche, attire son attention par des gambades de toutes sortes comme pour l’inviter à jouer, et, quand il a réussi à le faire venir à l’écart, se jette sur lui. Il sait de même amener un chien plus vigoureux dans une embuscade où se trouve un autre loup,