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LOTUS — LOUP

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des étrangers le même nom de Sûsan comme au lotus blanc, et il pouvait également être emprunté par la décoration hébraïque. — Mais le lotus sacré des Égyptiens était le lotus rose, le Nelumbium speciosum, appelé Neheb ou Nescheb dans les textes, qui a maintenant disparu de la terre des Pharaons. C’est ce lotus qu’Hérodote, ii, 92, nomme le lis rose du Nil. Précisément parce que c’était une plante sacrée, on ne le trouve pas en nature dans les tombeaux comme les deux autres. Mais c’est lui que l’on remarque le plus fréquemment employé comme motif de décoration, et dans la forme des chapiteaux. Il est vrai que cette représentation n’est pas semblable à la réalité : la fleur sacrée ainsi peinte ou sculptée sur les monuments est un type de convention. V. Loret, La Flore pharaonique, p. 112 ; G. Perrot, Histoire de l’art, t. i, p-577-585. Dans l’architecture légère on retrouve cependant une imitation plus fidèle du lotus réel. Perrot, ibid., fig. 312, 317, 318 p. 541543, 585. C’est dans tes chapiteaux égyptiens en forme de lotus qu’il faut aller chercher l’explication des ꝟ. 19 et 22 du chap. vu du III’livre des Rois. « Les chapiteaux qui étaient sur la tête des colonnes étaient en forme de SvSan. » « Sur la tête des colonnes il y avait un ouvrage en forme de Sûsan. t> Le SûSan paraît bien être ici le lis d’eau, le lotus et non pas le lis proprement dit dont la forme ne se retrouve pas dans les chapiteaux égyptiens et phéniciens. Les descriptions de ce chapitre, éclairées par l’art égyptien et phénicien, permettent de reconstruire les chapiteaux des colonnes de bronze. M. de Vogué l’a tenté dans Le Temple de Jérusalem, in-f°, Paris, 1864, p. 34 et pi. xiv. Mais si le chapiteau a des pétales de lotus sculptés sur son pourtour, en lui-même il n’a pas l’aspect d’une fleur aux divisions de la -corolle nettement accusées ; il est plutôt campaniforme. L’Histoire de l’art, t. iv, pi. vi et-vn, et p. 318-320, donne une autre restitution qui répond mieux de ce côté aux conditions du problème. Le chapiteau a une partie bombée et celle sorte de bulbe ou de boule s’épanouit en fleur de nénuphar ou lotus. Les divisions de la corolle sont nettement accusées par les profondes échancrures du contour. Mais les pétales étant tronqués, l’ensemble ne représente encore qu’assez imparfaitement le calice ou la corolle du lotus. Voir Lis, col. 285. La mer d’airain était en forme de SoSavnah, II Par., IV, 5. La restitution qu’en donne VHistoire de l’art, t. iv, fig. 172, p. 327, est plutôt campaniforme. Voir Mer d’airain. Fr. Wœnig, Die Pflanzen in alten Aegypten, 2e édit, Leipzig, 1886, p. 17-74.

E. Levesqxie.

LOUAGE. Voir Location, col. 319.

    1. LOUIS DE LÉON##

LOUIS DE LÉON, augustin espagnol, né à Belmonte, dans la Manche, province de Cuença, en 1527 (non à Grenade), mort à Madrigal le 6 août 1591. Il fit ses études dans cette dernière ville et entra en 1543 dans l’ordre des augustins. En 1561, il devint professeur de théologie scolastique à l’Université. Ses leçons et ses livres eurent un grand succès, mais une de ses publications, le Commentaire du Cantique des Cantiques, qu’il expliquait allégoriquement, fut mal accueillie et déférée à l’Inquisition, qui lui reprocha aussi certaines propositions sur la Vulgate. Louis de Léon tut emprisonné à Valladolid de 1572 à 1577. Il supporta cette épreuve avec beaucoup de courage et de patience. Remis en liberté, reprit sa chaire à l’Université et devint plus tard vicaire général de la province de Castille et enfin provincial de son ordre. Voir Gr. Mayans y Siscar, Vida y juicio del M. Fray Luis de Léon, en tête de ses <Euvres, dans la Biblioteca de autores espanoles de Bibadeneyra.

Ses œuvres scripturaires sont contenues dans les trois -premiers tomes de l’édition complète de ses écrits en langue latine, Mag, Luyssi Legionensis, Augusliniani,

divinorum librorum primi apud Salmaticenses Interprètes Opéra, nunc primum ex MSS. ejusdem omnibus P.P. Augustiniensium studio édita, 7 in-4°, Salamanque, 1891-1895. Le tome premier contient : Proœmium et Expositio in Canticum Moysis : In Psalmosproœm ium ; Expositio in Psalm osxx vi, xxvill, lvii, et lviii ; In Ecclesiastem proœniium, argurnentum et expositio : quant Magister non absolvit, sed à vers. 13 capitis ix perfecta fuit à P. Didaco de Tapia, Ord. S. Augustini. Continet etiarn hoc volumen appendicem in Psalmos xr, xri, xviii et civ, quorum expositio Magistro Legionensi falso adscripta est. — Tome second : In expositionem Cantici Canticorum introductio, et in quodlibet caput ipsius Cantici triplex explanatio. — Tome troisième. In Abdiam Prophetam explanatio : In Epistolam B. Pauli ad Galatas expositio ; Commentaria in Epistolam Il B. Pauli Apostoli ad Thessalonicenses, quse versiculo 4, capitis ii, abrumpit, et P. Tapia resumpsit usque ad reditum Magislri, quum tamen hujus continuatio inventa fuerit. Scripsit etiam, in lucemque edidit paulo ante mortem opusculum : De utriusque Agni immolatione legitimo tempore, quo Ludovicus magnam inter doctos circa Paschse tempus disceptationeni promovit. Vernacula lingua edidit : Los Nombres de Cristo (De nominibus Christi) ; Exposicion de Job (Job commentaria) ; La Perfecta Casada (De perfectae uxoris exemplari).

Louis de l.éon fut un grand écrivain, en langue espagnole et en latin ; il connaissait l’hébreu et le grec.

— Comme beaucoup de ses œuvres furent dictées à ses élèves, et plus tard corrigées et développées par lui avant de les livrer g l’impression, les manuscrits qui nous en ont été conservés diffèrent les uns des autres. Il corrigea lui-même plusieurs fois ses écrits, toujours mécontent de son travail, sévère et très difficile pour la iorme littéraire. L’édition de Salamanque (1891-1895) est la plus correcte et la plus sûre.

Les commentaires du Cantique de Moïse, des Psaumes et de YEcclésiaste sont littéraux, fondés sur le texte original, avec de nombreuses concordances bibliques et une grande érudition profane : le tout entremêlé d’applications morales. — Quant à son Exposition du Cantique des Cantiques, il en publia d’abord une traduction espagnole avec des notes. Elle est dans la Biblioteca de Autores espanoles, de Ribadeneyra, Escritores del siglo xvi, t. 11, Madrid, 1855, p. 247-284. C’est elle qui lui valut son procès inquisitorial. Plus tard, il la publia en latin à Salamanque, en 1582, en y ajoutant le commentaire du Psaume xxvi. Une nouvelle édition parut en 1582. L’une et l’autre renferment un commentaire littéral et un commentaire moral. En 1589, une dernière édition, publiée également à Salamanque, fut enrichie d’un troisième commentaire, un commentaire mystique. L’auteur expose ainsi lui-même sa triple explication : Prima verborum interpretationem continet ; altéra Deum amantis animée progressus in amore complectïtur ; tertia comprehendit Ecclesise militantis, a mundi initio usque ad finem sseculi, amoris cursum atque rationem. — L’Exposilio in Abdiam Prophetam est littérale, historique et allégorique. D’après l’auteur : par Édom il faut entendre non seulement les Iduméens, mais aussi les Perses et les Juils. V Expositio in Epi~ stoUis Pauli et in Ecclesiastem est également littérale avec des réflexions morales. — Voir Gonzalès de Tejada, Vida de Fray Luis de Léon, Madrid, 1863 ; H. Reusçh, Luis de Léon, Bonn, 1873. R. Martinez y Vigil.

LOUP (hébreu : ze’êb, le zibu assyrien et le deeb arabe ; Septante : Xûxo ;  ; Vulgate : lupus), carnassier du genre chien.

1° II diffère du chien par sa taille plus grande, un museau plus allongé, une mâchoire plus forte, des oreilles toujours droites et un pelage très touffu (fig. 118). Il a