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LACHIS — LACHMANN


d’opération contre l’armée égyptienne d’un côté, et, de l’autre, contre les places fortes du midi de la Palestine. Il fit représenter lui-même sur les monuments de l’époque le siège de cette ville. Voir fig. 5, col. 15-16, d’après Layard, M onuments of Ninevek, 2e série, pi. 21. L’image est d’une parfaite exactitude au point de vue topographique et correspond à la vue de la cité prise du sud. Cf. Flinders Pétrie, Tell el-Sesy, p. 37-38. C’est là qu’Ézéchias effrayé envoya des ambassadeurs au roi de Ninive et lui remit le tribut demandé. IV Reg., xviii, 14-16. Sennachérib fit plus tard reproduire cette scène et la reddition de Lachis à Ninive sur un bas-relief qui nous a été conservé. Voir fig. Il et 12. Le roi est assis sur son trône, en un lieu planté d’arbres ; des Juifs s’avancent vers lui, les mains suppliantes. Au-dessus du tableau on lit l’inscription cunéiforme suivante : « Sennachérib, roi des nations, roi d’Assyrie, sur un trône élevé est assis, et les dépouilles de Lachis devant lui viennent. » Cf. G. Smith, History of Sennachérib, 1878, p. 69 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iv, p. 41. Le monarque assyrien ne se contenta pas de ce tribut de guerre, et exigea la reddition de Jérusalem. Informé des préparatifs de résistance que faisait la ville, il envoya de Lachis trois de ses principaux officiers, son tartan, son rab-saris et son rab-êaqêk, avec une escorte imposante, espérant ainsi intimider Ézéchias et l’obliger à se rendre sans coup férir. IV Reg., xviii, 17 ; II Par., xxxii, 9 ; Is., xxxvi, 2. Confiant en Dieu et fortifié par la parole prophétique d’Isaïe, le roi de Juda repoussa avec fermeté les demandes de Sennachérib, qui, du reste, avait déjà quitté Lachis, pour commencer son mouvement en arrière, lorsque ses envoyés revinrent. IV Reg., xix, 8 ; Is., xxxvii, 8. Lorsque plus tard Nabuchodonosor, roi de Babylone, détruisit le royaume de Juda, Lachis fut au nombre des places fortes qui tombèrent sous ses coups. Elle fut de nouveau habitée par les Juifs au retour de la captivité ; II Esd., xi, 30. Mais elle ne retrouva jamais son antique puissance. Il n’en est plus question dans la Bible à partir de ce moment.

A, Legendre.

    1. LACHMANN Karl##

LACHMANN Karl, philologue allemand protestant, né à Brunswick le 4 mars 1793, mort à Berlin le 13 mars 1851. Il étudia à Leipzig et à Gœttingue où, au lieu de suivre les cours de théologie qu’il négligea complètement, il s’adonna exclusivement à l’étude de la philologie. En 1816 il devint professeur au gymnase Friedrich-Werder, puis à l’Université de Berlin, plus tard à Kœnigsberg. En 1825 il revint à Berlin, où dès 1827 il fut nommé professeur ordinaire. Deux ans plus tard on lui confia la section latine du séminaire philologique et en 1830 il devint membre de l’Académie des sciences à Berlin.

En dehors de ses travaux sur les classiques allemands, il étudia avec le plus grand soin le texte du Nouveau Testament. Il exposa les principes de sa critique : Rechenschaft ûber seine Ausgabe des Neuen Testaments, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1830, p. 819-845. Ce traité rend compte de la nouvelle édition du texte sacré qu’il venait de terminer et qu’il édita peu après sous le titre Novum Testamentum grsece, in-12, Berlin, 1831. Cette édition comprend la recension du texte (sans indication des sources) avec des notes marginales citant différentes leçons et une table des variantes du textus receptus. — Dans cet ouvrage et dans le mémoire qui le précéda Lachmann entre dans une voie toute nouvelle de la critique du texte. Comme point de départ les critiques avant Lachmann avaient pris le textus receptus et cherché à l’amender. Lachmann remonta aux manuscrits les plus anciens) aux traductions et citations des Pères. Les anciens critiques considéraient comme leur tâche de ne restituer la leçon originale que pour les passages en litige et avaient recours, à défaut de témoignages extrinsèques, avec une chance très douteuse, à des arguments

purement subjectifs. Comme il s’agissait des Écritures Saintes, Lachmann remit dans la mesure du possible à l’arrière-plan son propre jugement, il n’eut pas la prétention de restituer dans chaque cas particulier la véritable leçon. Il ne se mit pas même en quête de la plus ancienne, mais se contenta des plus anciennes entre celles qui étaient le plus répandues, guidé par cette pensée qu’un texte de ce genre se rapprocherait plus sûrement du texte primitif que celui des « recepta corrigés » et que ce serait le meilleur point de départ pour atteindre par des opérations critiques ultérieures le texte primitif lui-même. Jusqu’alors lès critiques se servaient indistinctement d’anciens et de nouveaux manuscrits. Lachmann abandonna ces complications en majeure partie inutiles et sans valeur pour la pratique et ne choisit qu’un nombre restreint d’anciens témoins pour découvrir la piste cherchée. Quelques règles, peu nombreuses et d’autant plus simples, devaient régulariser la marche dans ses opérations. Son premier axiome était que, entre les leçons existantes, il fallait toujours donner la préférence à celle quj se trouverait dans les documents les plus anciens arrivés jusqu’à nous. Lachmann fonda ses principes sur la doctrine de Richard Bentley (mort en 1742) et sur celle de saint Jérôme. Le fameux critique anglais avait depuis de longues années l’intention d’éditer une recension du Nouveau Testament grec, concordant avec les manuscrits grecs les plus anciensetceux de la Vulgate, conjointement avec une recension nouvelle de la Vulgate elle-même. Après de nombreux travaux préparatoires en ce sens il publia en 1720 ses Proposais for printing a new Edition of the Greek Testament and S* Hierom’s Latin Version, dans lesquels il explique le plan et l’importance de l’édition projetée. Malheureusement cette édition ne put être publiée, à cause des attaques d’un certain nombre de théologiens anglais. Voir l’écrit de Bentley, imprimé dans Tischendorf, Novum Testamentum, edit. vii, Proleg., p. 87-96. Lachmann s’en tient à saint Jérôme, parce que celui-ci pour la rédaction de la Vulgate avait puisé dans les anciens, sans s’occuper des manuscrits grecs de date plus récente et parce que la concordance d’un manuscrit avec les anciennes traductions lui était un garant de leur authenticité, et le témoignage harmonisant avec les anciens manuscrits grecs et les anciennes traductions, Un critérium certain pour la justesse d’une leçon. Lachmann dit des axiomes critiques desaint Jérôme, qu’ils sont « très raisonnables » et « excellents » et qu’ils seront « toujours la règle qu’on devra suivre pour déterminer le texte du Nouveau Testament » (p. 823). Encouragé par l’approbation donnée à ses idées et principes, Lachmann se mit en devoir de publier une édition plus considérable. Soutenu dans ses travaux par Philippe Buttmann, fils du célèbre grammairien grec, il édita le Nouveau Testament avec des prolégomènes détaillés, avec indication des sources et le texte de la Vulgate, sous le titre : Novum Testamentum grs.ce et latine, in-8°, Berlin, 1. 1, 1842 ; t. ii, 1850. Le texte grec n’a guère subi de modification et reste semblable à celui de la petite édition, réimprimée à plusieurs reprises (1837, 1846). La grande édition de Lachmann est une preuve de plus de la valeur de son système ; mais son appareil critique est assez médiocre, le nombre des témoins qu’il produit est trop restreint. Le Vaticanus, YEphrsenii rescriptus, le Claromontanus, VAmiatinus et d’autres, bien que très importants, ne lui étaient accessibles que par des collations imparfaites, souvent fautives ou douteuses. Lachmann méconnut la nécessité d’une base généalogique construite par Griesbach pour la critique du Nouveau Testament. Il a été dépassé depuis par Tischendorf, Tregelles et autres, mais il eut le mérite d’inaugurer une époque nouvelle dans’l’histoire des études néo-testamentaires. Voir Scherer, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. xvii, p. 471-81 ; Hundhausen, dans le Kirchenlexicon, 2e édit., Fribourg,