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LOT — LOT (LA FEMME DE)


avoir une postérité, devinrent criminelles. Voir S. Augustin, Cont. Faust., xxii, 42-45, t. xlii, col. 426-427 ; cf. S. Irénée, Hasr., iv, 31, t. vit, col. 1008-1070 ; Origène Hom v in Gen., t. xii, col. 190-194 ; Cont. Celsum, iv, 45, t. xi, col. 1101-1104 ; S. Jean Chrysostome, Hom. xliv in Gen., t. liv, col. 411-412 ; Théodoret, Quxst. x in Gen., t. lxxx, col. 117-130 ; S. Ambroise, De Abraham, i, 6, t. xiv, col. 441, etc. Elles enivrèrent leur père pendant deux nuits consécutives, et elles eurent chacune de lui sans qu’il s’en aperçût, un fils ; l’aînée eut Moab, duquel descendent les Moabites ; la seconde eut Aminon, père des Ammonites.

L’Ancien Testament ne nous dit plus rien sur la vie de Lot ; il ne fait pas même mention de sa mort. Une fois séparé entièrement d’Abraham, Lot devient sans importance pour l’histoire du peuple élu. Parfois on parlera de ses descendants, quand ceux-ci entrent en relation avec les Israélites, et c’est à cause de ces relations qu’on a raconté l’origine de ces peuples. Le nom de Lot se retrouve plusieurs fois dans l’Ancien Testament, dans cette phrase : les fils de Lot, dans le Deutéronome, H, 9, pour indiquer les Moabites ; dans le même livre, ii, 19, pour signifier les Ammonites et dans le Psaume lxxxiii, 8, pour désigner les deux peuples à la fois. Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur rappelle la catastrophe de Sodome « aux jours de Lot », Luc, xvii, 28-29, et saint Pierre la manière dont Dieu le sauva de ce désastre. II Pet., ii, 7-9. — La sépulture de Lot serait, selon la tradition orientale, à l’est d’Hébron, près du village de Beni-Naïm. Ed. Robinson et E. Smith, Palœstina, Halle, 1841, t. ii, p. 413.

Le caractère de Lot se montre bien différent de celui d’Abraham. Lot, comme l’a dit Grotius, est un honnête homme, mais de peu de foi ; Abraham, au contraire, est croyant au plus haut point. De plus, Abraham nous apparaît énergique, constant, intrépide ; Lot, sans force d’âme, se laisse dominer par l’amour des choses terrestres ; il « lait, selon le mot de Philon, àêéêMOf v.a ùuaixtpîéoXoç. Il est enfin à remarquer que, selon la Genèse, Lot a dû son salut, lors de la destruction de Sodome, surtout aux mérites d’Abraham. Gen., xix, 29.

J. Bonaccorsi.

2. LOT (LA FEMME DE). L’Écriture ne nous fait connaître de la femme de Lot que la punition qu’elle eut à subir pour avoir regardé en arrière, malgré les ordres de l’ange, lorsqu’elle quitta Sodome. Gen., xxi, 26. « Et la femme regarda derrière lui (Lot), et elle devint une colonne de sel. » Dans la Vulgate on lit : respiciensque uxor ejus post se ; c’est inexact. Le texte hébreu laisse supposer que la’femme non seulement regarda en arrière, mais qu’elle resta en arrière de son mari. Son châtiment « st rappelé par l’auteur de la Sagesse, qui, x, 7, parle d’une colonne de sel (o-r/jX-r) iXo’ç), monument d’une âme infidèle ((j.vïi().eïov àmazoàorn tyvyÀi), et par Notre-Seigneur lui-même. Luc, xvii, 32. D’après la tradition juive et chrétienne, la colonne ou statue de sel se serait longtemps conservée. Josèphe, Ant. jud., i, xi, 4, assure avoir vu lui-même la femme de Lot changée en sel. Saint Clément de Rome, I Cor., 11, t. i, col. 232, et saint Irénée, Adv. hœr., iv, 31, t. viii, col. 1070, parlent aussi de cette statue comme existant encore. On lit dans le Carmen de Sodoma, faussement attribué à Tertullien, t. ii, col. 1104, plusieurs détails fabuleux :

Ipsaque imago sibi formam sine corpore servons Durât adhuc, etenim nuda statione sub eethram, Nec pluviis dilapsa situ, nec diruta ventis. Quin etiam si quis mutilaverit advena formam, Protinus ex sese suggestu vulnera complet-Bon nombre de pèlerins affirment aussi avoir vu la statue. À noter néanmoins le témoignage de la Peregrinâtio Sylviee, où nous lisons que l’évêque de Ségor dit à l’illustre pèlerine, que la statue de sel ne pouvait plus se voir depuis quelques années, et qu’elle avait

disparu sous les eaux de la rner Morte (édit. Gamurrini, p. 55).

Cependant l’histoire de la femme de Lot changée en une stèle ou statue de sel a paru trop invraisemblable à beaucoup de critiques. Depuis le xvii » siècle, on a cherché à interpréter de diverses manières le texte sacré. Calmet, Commentaire littéral, Genèse, 1715, p. 446, entend statue de sel dans le sens de cadavre salé, dénomination donnée par les Grecs aux momies égyptiennes, parce que dans la momification, le nitre jouait un grand rôle. Cela étant, on peut facilement supposer que cette femme soit morte suffoquée par la fumée et les flammes, et que les fibres de son corps aient été pétrifiées par la pénétration du nitre, ce que plusieurs exemples nous montrent. — D’après d’autres la femme de Lot serait morte parce que les masses de sel qui se trouvaient dans le sol, échauffées et fondues par la chaleur de l’incendie, se seraient amassées autour d’elle jusqu’à la couvrir complètement (Kaulen). — Le P. von Hummelauer, Comment, in Gen., Paris, 1895, p. 417, lait remarquer qu’aujourd’hui encore la mer Morte, en temps de tempête, inonde la plage et la recouvre tout entière d’écume et d’une croule de sel. Comme la tempête dut être excessivement violente au moment de la catastrophe, il n’y aurait donc rien d’étonnant que la femme de Lot, restée un peu en arrière, fût saisie par les flots, recouverte d’eau safée et étouffée, et lorsque à ses cris Lot et les siens regardèrent en arrière, , ils ne virent plus qu’une masse informe toute couverte de sel.

La punition infligée à la femme de Lot est certainement en harmonie avec les conditions physiques de la contrée, où facilement les objets se recouvrent d’une croûte de sel ; les pierres de sel, comme il résulte de la relation faite par les explorateurs envoyés par le gouver 1Il Colonne de eel à Usdum. D’après une photographie.

nement fédéral d’Amérique, Narrative of M. S. Expédition to the Jordan and Dead Sea, 1849, p. 307 et passim, et de la narration des autres explorateurs, s’y trouvent en grande quantité. Aujourd’hui encore, vers la partie sud-ouest de la mer Morte, non loin de la rive, s’élève un promontoire, appelé le mont d’Usdum, long, haut de 100 à 150 pieds, entièrement de pierre de sel, nu, découpé. Sur son flanc oriental, du côté de la mer Morte, au bord d’un précipice étroit et profond, se trouve une colonne massive de sel, de forme ronde et haute de 15 mètres environ, qu’on appelle « la femme (d’après les Arabes, la fille) de Lot » (fig. 111). Cette colonne est crue être la statue de sel dans laquelle avait été transformée la femme de Lot. Cf. Ed. Robinson et E. Smith, PaUeUina, Halle, 1841, t. ii, p. 435, t. iii, p. 22.