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LOI NOUVELLE


24 ; Luc, xvi, 13 ; des honneurs, Matth., xviii, 4 ; Luc, xxii, 26 ; du repos, Matth., v, 10-12 ; Marc, x, 30 ; de la vie même. Matth., x, 28, 39 ; xvi, 25 ; Marc, viii, 35. Ce détachement peut aller depuis la simple disposition intérieure à sacrifier les biens temporels en vue du salut, ce que la loi évangélique impose à tous, jusqu’au renoncement réel à ces biens, ce qui fait l’objet du conseil. — 3. La loi évangélique, en donnant la première place aux intérêts spirituels, ne condamne nullement la récherche et le soin des intérêts inférieurs. Les conseils du Sauveur sur la confiance en la Providence, qui donne la nourriture aux oiseaux et le vêtement aux plantes, Matth., vi, 25-34 ; Luc, xii, 22-31, ne tendent nullement à recommander l’insouciance et l’abstention du travail en vue des choses nécessaires à la vie. Le conseil peut aller jusque-là, pour le petit nombre de ceux qui sont appelés à une vie exceptionnellement parfaite. Mais nulle part Notre-Seigneur ne réprouve l’activité humaine. Il condamne au contraire très formellement celui qui a gardé son talent sans le faire valoir. Matth., xxv, 24-28 ; Luc, XIX, 20-24. Il emprunte ses paraboles à des formes très diverses de l’activité humaine, la culture, Matth., xiii, 1-9 ; xx, 1-16, etc., la pêche, Matth., xiii, 47, 48, le labeur domestique, Matth., xiii, 33 ; Luc, xv, 8, le commerce, Matth., xiii, 45, 46, la banque. Luc, xix, 23, etc. Luimême, après avoir travaillé comme les autres hommes, Marc, vi, 3, prend pour apôtres des travailleurs. Matth., iv, 18 ; ix, 9 ; Act., xviii, 3. C’est donc à tort que les païens reprochaient aux premiers chrétiens de se désintéresser totalement des intérêts de ce monde et ainsi de nuire à la prospérité de la société. Cf. Tertullien, Apologet., xiii, t. î, col. 490-494. — 4. Enfin, la loi nouvelle ne préconise aucune forme spéciale de vie individuelle ou de vie sociale et politique. Elle se contente d’exiger l’obéissance à la volonté divine, dans les questions sur lesquelles cette volonté intervient, et, pour le reste, x prescrit seulement de faire tout en vue de la gloire de Dieu. I Cor., x, 31.

3° Attitude patiente en face du mal. — 1. Notre-Seigneur établit sa loi pour que ses disciples la pratiquent au milieu du monde. Joa., xvii, 11, 15. Or, le monde obéit à l’influence du démon et il aime et fait le mal. I Joa., ii, 16 ; v, 19. Il hait donc Jésus-Christ, qui condamne ses œuvres. Joa., vii, 7. Il haïra également ses disciples, parce qu’ils ne vivent pas de sa vie. Joa., xv, 18, 19. Il les persécutera. Joa., xv, 20 ; xvi, 33 ; Matth., v, 11, 12 ; xxiii, 34 ; Luc, xxi, 12. Il ira même jusqu’à s’imaginer qu’il honore Dieu en les mettant à mort. Joa., xvi, 2. — 2. Le divin Maître avertit ses disciples de ce qui les attend. Il les envoie comme des brebis au milieu des loups, en leur recommandant la prudence, la simplicité et la défiance. Luc, x, 16, 17. Il ne veut pas qu’ils craignent les persécuteurs, dont le pouvoir s’arrête à maltraiter le corps, mais ne saurait atteindre l’âme. Matth., x. 25, 26, 28, 31 ; Luc, xii, 5, 7, 32. Il ordonne de prier pour eux. Matth., v, 44. Luimême en donne l’exemple, Luc, xxiii, 34, et cet exemple est suivi. Act., vii, 60 ; Rom., xii, 14, 21. Dans ces conditions, la persécution devient une béatitude, c’est-à-dire une source de bénédictions spirituelles. Matth., v, 10-11 ; Luc, vi, 22 ; Jacob., i, 12 ; I Pet., iii, 14 ; iv, 14.

— 3. Ce n’est pas à dire que le disciple de Jésus-Christ soit abandonné à la haine des méchants comme une proie sans défense. Un cheveu de sa tête ne peut tomber sans la permission du Père. Matth., x, 30 ; Luc, xii, 7 ; xxi, 18 ; Act., xxvii, 34. Il y aura pour lui d’amples compensations dans l’autre vie, Luc, xvi, 25, et sa récompense sera infiniment supérieure à ses souffrances et à ses mérites. Matth., v, 12 ; x, 42 ; Marc, ix, 40 ; Luc, vi, 23, 35 ; Apoc, xxii, 12 ; Matth., xxv, 34-40. Ainsi, sans nuire en rien aux intérêts légitimes de la vie présente, la loi évangélique assigne à l’homme la vie future comme but de ses désirs et de son activité.

V. Principes d’action de la loi nouvelle. — 1° La grâce. — 1. Le divin Maître enseigne que son disciple ne peut porter aucun fruit s’il ne lui est attaché comme la branche au cep de vigne, et il dit formellement : « Sans moi, vous ne pouvez rien taire. » Joa., xv, 1-27. « Celui qui n’amasse pas avec moi disperse. » Luc, xi,

23. Nul ne peut même venir à lui si le Père ne l’attire. Joa., vi, 44. — 2. Au contraire, l’aide de Dieu met le disciple à même d’accomplir les prescriptions de la loi évangélique. « Nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce sur grâce. » Joa., i, 16. « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. » Joa., vi, 57. Incapables par nous-mêmes de concevoir le bien, tel que l’ordonne la loi nouvelle, « notre capacité nous vient de Dieu. » II Cor., iii, 5 ; cf. Act., xiv, 25 ; Rom., iii, 24 ; v, 15 ; I Cor., xv, 10 ; II Cor., xii, 9 ; Eph., iv, 7 ; ITim., i, 14 ; Heb., xii, 15. — 3. De là vient que la loi nouvelle est appelée « la loi de grâce » ou simplement « la grâce », à cause de l’action indispensable de Jésus-Christ dans l’âme du disciple qui veut obéir à cette loi ou en suivre les conseils. Joa., i, 17 ; Act., xx, 24 ; Rom., vi, 14 ; Gal., i, 6 ; v, 4 ; Col., i, 6. On l’appelle aussi « la loi de Dieu », I Cor., xiv, 37 ; « la loi du Christ, » Gal., vi, 2 ; « la loi de la foi, » qui vient elle-même de Dieu, Rom., iii, 27, 31 ; « la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ, » Rom., viii, 2 ; « le saint commandement, » II Pet., ii, 21 ; « la loi parfaite, la loi de liberté, » Jacob. , i, 25 ; ii, 12, parce qu’elle n’est pas assujettie aux entraves de la loi mosaïque ; « la loi royale, » Jacob., ii, 8, à cause du précepte de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain qu’elle met à la tête de tous les autres. — 4. Cette grâce essentielle à la loi nouvelle a été assurée à l’homme par les mérites de la rédemption. Aussi Notre-Seigneur appelle-t-il le sang qu’il va verser sur la croix et qu’il donne à l’homme dans l’Eucharistie, « le sang de la nouvelle alliance, » xaivriç StaD^x » ) ; , novi testamenti. Matth., xxvi, 28 ; Marc, xiv, 24 ; Luc, xxii, 20 ; I Cor., xi, 25. C’est ce sang versé qui lui permet de satisfaire à la justice du Père, qui consacre le sanctuaire de la loi évangélique et communique à l’âme la force surnaturelle nécessaire à sa vie. Heb., ix, 12, 14, 15 ; x, 29. Par ce sang, qui satisfait à toutes les exigences de la justice et de la miséricorde, la loi nouvelle devient « l’alliance éternelle », qu’aucune autre ne remplacera. Heb., xiii, 20. Enfin ce sang communique la grâce qui permet de vaincre le mal et de conquérir le ciel. Apoc, xii, 11 ; xxii, 14.

2° La coopération de l’homme. — 1. Rien n’est plus îormel dans la loi nouvelle que les invitations de Notre-Seigneur à travailler pour correspondre à sa grâce. Il veut que l’âme chrétienne ne se contente pas d’écouter la parole de Bieu, mais qu’elle la mette en pratique, . Luc, XI, 28 ; qu’elle soit comme l’arbre qui porte de bons fruits, Matth., vii, 17-19 ; xiii, 23 ; Marc, iv, 20 ; Luc, viii, 15 ; comme le serviteur toujours occupé à sa tâche et ne faisant ainsi que son devoir, Luc, xii, 43 ; xviii, 10 ; comme l’ouvrier qui travaille à la vigne T Matth., xx, 1-16 ; comme l’intendant qui fait valoir les dons reçus de son maître, Matth., xxv, 15-19 ; Luc, xix, 13, 15-26 ; comme l’invité qui répond à l’appel qui lui a été adressé. Matth., xxii, 3-10 ; Luc, xiv, 17, 24. Les œuvres particulièrement recommandées sont celles de la pénitence, Marc, 1, 15 ; Luc, xv, 18, 20 ; xxvi, 47, et de la charité. Matth., xxv, 34-45. Il faut porter sa croix. Matth., x, 38 ; xvi, 24 ; Marc, viii, 34 ; Luc, ix, 23 ; xiv, 27 ; Gal., ii, 19. C’est en agissant ainsi qu’on s’amassedes trésors dans le ciel. Matth., vi, 19. L’œuvre est difficile ; car la route et la porte qui conduisent à la vie sont étroites, il faut faire effort pour arriver et l’on n’arrive qu’avec peine. Matth., vii, 13, 14 ; Luc, xiii,

24. Mais avec la prière qui obtient la grâce, Matth., vii, 7, 8 ; Luc., xi, 9, 10, et la vigilance qui tient en haleine, .