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LIVRE — LIVRES APOCRYPHES

Ezéchias, xxv-xxix ; 4. les paroles d’Agur, xxx ; 5. les paroles de Lamuel, xxxi, et le fragment xxv, 23-34.

III. Ordre des livres de la Bible. — Les éditions imprimées de la Bible, en hébreu, en grec et en latin, rangent les livres sacrés dans un ordre différent pour chaque langue, mais à peu près le même pour la même langue. Les manuscrits sont loin de présenter cette uniformité. La place des livres bibliques y varie à l’infini. La raison de ce phénomène s’explique facilement. Longtemps les livres eurent une existence pour ainsi dire autonome et occupèrent chacun un rouleau à part. Quand on les réunit dans un même codex, il fallut leur assigner une place fixe et l’on partit pour cela de points de vue très différents, lors même que le hasard ne présida pas à la disposition.

Ordre des livres dans les Bibles hébraïques. — En hébreu, les livres sont généralement rangés par séries, selon l’ordre d’admission dans le canon : 1. la Loi ; 2. les Prophètes ; 3. les Hagiographies. La Loi vient toujours en tête et les Hagiographes ferment la marche. On rencontre des manuscrits où les cinq Megillôth (Cantique, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther) suivent immédiatement le Pentateuque. Les premiers Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois) sont disposés par ordre chronologique. Mais au sein des derniers Prophètes et des Hagiographes la variation est grande. Les cinq premières éditions de la Bible entière (Soncino, 1488 ; Naples, 1491-1493 ; Brescia, 1494 ; Venise, Bible rabbinique, 1517 ; Venise, Bible avec massore. 1524-1552) offrent l’ordre suivant, qui est l’ordre ordinaire de nos Bibles hébraïques actuelles : Pentateuque, premiers Prophètes, Isaîe, Jérémie, Ezéchiel, 12 petits Prophètes ; Psaumes, Proverbes, Job, Cantique, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Daniel, Esther, Esdras-Néhémie, Paralipomènes. C’est, pour les Prophètes, l’ordre du fameux codex de Saint-Pétersbourg écrit en l’an 916. Mais le Talmud de Babylone préférait l’ordre de longueur : Jérémie, Ézéchiel, Isaïe, 12 petits Prophètes ; et on trouve des manuscrits où ces derniers ouvrent la série ; d’autres, où Jérémie vient en troisième lieu. Quant aux orne Hagiographes, Ginsburg, Introd. to the massor. edit. of the Hebrew Bible, Londres, 1897, p. 7, donne la liste de leur huit dispositions principales. Pour l’ordre relatif des Megillôth, quand elles sont à part, voir ibid., p. 4.

Ordre des livres dans les Bibles grecques. — Les manuscrits des Septante débutent régulièrement par l’Octateuque (Pentateuque, Josué, Juges et Ruth) suivi des quatre Livres des Rois et des Paralipomènes. À partir de là, l’ordre varie d’un exemplaire à l’autre. Voici celui qu’adopte Swete, The Old Test. in Greek, Cambridge, 2e édit., 1896 : I Esdras (notre troisième livre d’Esdras non canonique), II Esdras (Esdras et Néhémie réunis en un seul livre), Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Job, Sagesse, Ecclésiastique, Esther, Judith, Tobie, 12 petits prophètes (Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie), Isaïej Jérémie et Lamentations, Ezéchiel, Daniel, Machabées. Inutile de dire que cet ordre n’est ni le seul ni peut-être le plus commun. Ainsi, dans l’Alexandrinus, les Prophètes, y compris Daniel, viennent après les Paralipomènes ; ils sont suivis eux-mêmes par les autres livres historiques, et les livres sapientiaux terminent la liste. Il est impossible et assez superflu de classer les différentes dispositions des livres de l’Ancien Testament grec. — Pour le Nouveau, l’ordre le plus commun, en ne tenant compte que des séries, est le suivant : Évangiles, Actes, Épîtres catholiques, Paul, Apocalypse. C’est l’ordre adopté par Westcott et Mort. Il est presque sans exemple que les Évangiles ne soient pas en tête : on cite quatre ou cinq exceptions et, une fois au moins, c’est la faute du relieur. Mais, assez souvent, Paul précède les Actes ; fréquemment il les suit, comme dans la Vulgate actuelle. L’ordre des divers livres, dans les séries, est loin d’être fixe. On a par exemple Matthieu-Jean-Luc-Marc, dans le codex de Bèze, Jean-Luc-Matthieu-Marc, dans le codex de Fabri, etc. L’Épître aux Hébreux est généralement la quatorzième de Paul, mais les quatre grands codex (Vaticanus, Sinaiticus, Alexandrinus, Ephræmi) l’intercalent entre les neuf Épîtres aux Églises et les quatre lettres aux particuliers.

Ordre des livres dans les Bibles latines. — 1. Ancien Testament- — S. Berger, qui a étudié ce sujet avec le plus grand soin, - Histoire de la Vulgate, Nancy, 1893, p. 331-342, ne compte pas, pour l’Ancien Testament seulement, moins de 212 ordres différents, distribués en sept séries principales, et il déclare expressément que ce nombre pourrait être augmenté : — 1re série (16 subdivisions) : Ordo Legis, Ordo Prophetarum, Ordo Hagiographorum. C’est l’ordre hébreu indiqué par saint Jérôme dans son Prologus galeatus et qui fut adopté par Théodulfe, mais en intercalant les deutérocanoniques. — 2e série (32 subd.). Cet ordre, qui semble être celui de Cassiodore et d’Alcuin, a le même point de départ que le précédent, mais il rapproche les livres similaires, Daniel des Prophètes, la Sagesse de l’Ecclésiaste, etc. — 3e série (43 subd.) : Ordo Veter. Test., Ordo Prophetarum, Ordo Historiarum (Job, Tobie, Esdras, Judith, Machabées). C’est l’ordre suivi dans l’Amiatinus et peut-être dans les manuscrits italiens en général. — 4e série (63 subd.) : Livres historiques, doctrinaux, prophétiques, enfin Machabées comme trait d’union entre les deux Testaments. C’est l’ordre inauguré, au xiiie siècle, par le Textus Parisiensis et qui est devenu l’ordre actuel. — 5e série (13 subd.). Sous ce chef sont rangées les anomalies soit voulues soient accidentelles. — 6e série (25 subd.) : Job après Octateuque, C’est l’ordre signalé par saint Jérôme, Epist., lui, 8, t. xxii, col. 545, et suivi par Alcuin dans ses deux poèmes. — 7e série (20 subd.). Ordre des heures canoniales : Isaïe, Paul, Jérémie, etc. Les livres qu’on ne lit pas dans l’office divin s’intercalent parmi les autres un peu au hasard. — 2° Nouveau Testament. — Pour le Nouveau Testament, S. Berger distingue 38 ordres, sans tenir compte des divers arrangements des Épîtres catholiques, de celles de Paul, des Évangiles. Or les Épîtres de saint Paul n’ont pas moins de 11 ordres particuliers. Les dispositions les plus communes sont les quatre suivantes. — 1. Évang., Act., Paul, Cath., Apoc. — Canon de Muratori, Concile de Carthage, Amiatinus, Vulgate actuelle. — 2. Évang., Act., Cath., Paul, Apoc. — Saint Jérôme, Epist., lui, 8, t. xxii, col. 548 ; Cassiodore. — 3. Évang., Paul, Act., Cath., Apoc. — Fuldensis, Textus Parisiensis. — 4. Évang., Paul, Cath., Act., Apoc. — Bibles espagnoles, Théodulfe.

En résumé, « toutes les combinaisons possibles semblent épuisées. Le Pentateuque, en tête de l’Ancien Testament, l’Évangile, au seuil du Nouveau, ont presque seuls une place fixe ; encore cette place n’est-elle pas tout à fait invariable. La cause principale de ce désordre est certainement l’autonomie primitive des Livres sacrés, écrits sur autant de volumes distincts. Le vaste codex en encadrant chaque livre à une place déterminée, contribua beaucoup à l’exclusion des classements fantaisistes. Il aida puissamment aussi à la conservation des écrits inspirés… Les deux petits billets de saint Jean seraient-ils parvenus jusqu’à nous si, de bonne heure, on ne s’était accoutumé à écrire les sept Épîtres catholiques dans un même rouleau et aies considérer comme un tout inséparable ? » Cf. F. Prat, Histoire du Livre dans l’antiquité, étude d’archéologie et de critique bibliques, dans les Études religieuses, t. lxxvii, 1898, p. 194-214.

3. LIVRES APOCRYPHES. Voir APOCRYPHES (LIVRES), l. i. l, col. 767.