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LITURGIE — LIVRE


apostoliques. Cet emploi restreint de XEitoup-fôç et de XeiTovpYi’a n’exclut pas d’ailleurs, çà et là, le sens plus général de ministre, Rom., xiii, 6 ; Heb., i, 7 ; Phil., ii, 25, et de ministère de bienfaisance et de charité. II Cor., ix, 17 ; Phil., ii, 30 ; cf. Rom., xv, 27. — Le verbe Xetto’jpfÉw, minwtrare, a pris naturellement dans le Nouveau Testament une signification analogue à celle de XsiTOvpyia et de Xerroup-yii ; . Les Septante, dans leur version, l’avaient déjà appliqué au ministère sacerdotal etlévitique. Exod., xxviii, 35, 43 ; xxix, 30 ; Num., xviH, 2 ; Ezech., xl, 46, etc. ; cf. Heb., x, 11. Dans les Actes, xm, 2, XstTO’jpYO’JVTwv fie avTôv ™ Kupsw, ministrantibus autem Mis Domino, est dit des fonctions sacerdotales des prêtres de la loi nouvelle, c’est-à-dire de Poblation du sacrifice eucharistique. « L’addition tû Kupt’w détermine ici (le sens de XstToupyoïlvcwv) et lui donne la signification précise de célébrer le service divin. » A. Legendre, L’Église naissante et l’Eucharistie, in-8°, Angers (1902), p. 10. Cf. Beelen, Comment, in Acta Apostolorum, Louvain, 1864, p. 324. L’Écriture ne nous a pas conservé les prières qui accompagnaient la célébration des saints mystères, mais nous en trouvons les formules les plus anciennes dans la Doctrina duodecim Apostolorum. ix-x, édit. Harnack, in-8°, 1884, p. 28-36. — Plus tard le terme de « liturgie » a reçu des acceptions particulières et diverses qu’il n’y a pas lieu d’exposer ici, parce qu’elles ne sont pas bibliques.

1. LIVRE, ouvrage d’esprit. Les questions relatives à la matière et à la forme extérieure des manuscrits anciens de la Bible, à leur disposition intérieure, à leur étendue, à leurs conditions diverses d’existence et de durée, ne sont point une simple affaire de curiosité archéologique ; elles intéressent aussi, quelquefois très gravement, la critique et l’exégèse et ont même leur contre-coup sur l’histoire de la révélation. Nous réunirons dans ce travail, en nous tenant autant que possible sur un terrain exclusivement biblique, les notions les plus nécessaires à l’étude de l’Écriture.

I. Définitions. — 1° Le mot « livre » en hébreu. — Le .mot nso, sêfér, employé 182 fois dans l’Ancien Testament,

signifierait, selon l’étymologie reçue, « ce qui est poli, frotté, « c’est-à-dire « surface aplanie en vue de recevoir un écrit ». Cette.dérivation est très incertaine. Le verbe -sd, sâfar, aux modes personnels, veut dire simplement

— T

t< compter » et le participe nsto, sôfér (48 fois), ou bien

n’est qu’un dénominatif de nso ou bien se rattache lui

aussi à la signification ordinaire de « compter ». D’ailleurs l’étymologie importe peu ; il suffit de savoir qu’on appelle nsD la moindre feuille volante : une lettre,

II Sam., xi, 14, 15 ; II Reg., v, 5 ; x, 17 ; xx, 12 ; Is., xxxix, 1 ; Jer., xxix, 1, un contratde vente ou d’achat, Jer., xxxii, 10-12, un acte d’accusation, Job, xxxi, 35, le libellus vepudii qu’on devait remettre à la femme divorcée, Deut., xxiv, 1, 3, un document quelconque. Jos., xviii, 9 ; I Sam., x, 25 ; Esther, ii, 23. Ce mot a par exception le sens d’écriture dans Dan., i, 4 ; mais le sens habituel est celui de rouleau écrit quelle qu’en soit la longueur.

2° Le mot « livre » en grec et en latin. — Liber, ainsi que fliëXoç ou fJu6Xo ; , désignait primitivement l’écorce intérieure de certains arbres, comme le frêne, le hêtre et le tilleul, écorce dont on se servait pour écrire, faute de matériaux plus convenables. Ces noms furent ensuite appliqués par extension à la moelle du papyrus qu’on se représentait comme une série de pelures superposées. Plus tard on appela liber, fJîëXoç, le rouleau de papyrus chargé d’écriture ; le papyrus non écrit était appelé charta, xiptr] ?- Le diminutif ftiëXi’ov se disait d’abord des écrits de peu d’étendue (comme libellus) des lettres par exemple ; mais dans la suite il devint tout à fait synonyme de pî6Xos. — Dans les Septante et

la Vulgate piëXsov ou pfëXoç et liber prennent naturellement le sens correspondant de l’hébreu isd. L’usage du

Nouveau Testament n’a de particulier que l’expression livre de vie, Apoc. (6 fois) ; Phil., iv, 3 ; et le diminutif piëXapîSiov. Apoc, x, 2, 9, 10.

II. Substances anciennement employées pour écrire. — 1° Matériaux divers. — 1. De tout temps on a cherché à éterniser la mémoire des grands événements en les écrivant sur le plus durable des matériaux, la pierre. Cf. Job, xix, 24. Cet usage était fréquent en Egypte, en Chaldée et en Assyrie. Le décalogue était gravé sur des tables de pierre, Ex., xxiv, 12 ; xxxi, 18 ; xxxii, 15-19 ; Deut., iv, 13 ; ix, 10 ; x, 4 ; mais il est probable que le Deutéronome fut simplement tracé sur de grandes dalles de pierre enduites de chaux. Deut., xxvil, 2-8 ; Jos., viii, 32. — 2. Le métal a servi pour le même but. On sait qu’à Rome les lois et les traités étaient gravés sur le bronze. Cf. I Mach., viii, 22-29 ; xiv, 26. Les diplômes militaires des vétérans, dont on possède encore une centaine d’exemplaires, étaient écrits sur deux tablettes d’airain reliées par des anneaux. On employait surtout le plomb pour des usages superstitieux : à Dodone, questions adressées à l’oracle ; ailleurs, formules magiques, exécrations, etc. Pausanias, IX, xxxi, 4, raconte qu’on montrait à Hélicon les œuvres d’Hésiode gravées sur plomb ; mais cet usage littéraire n’a pu être que très exceptionnel. — 3. Les Chaldéens et les Assyriens nous onf laissé de véritables bibliothèques d’argile. On écrivait au poinçon les tablettes récemment pétries, puis on les cuisait au four, enfin on les empilait selon leur numéro d’ordre comme les feuillets d’un livre. Pour les lettres et les contrats, on recouvrait la tablette une fois cuite d’une mince enveloppe d’argile, sur laquelle on gravait soit l’adresse du destinataire soit le résumé de l’acte avec le nom des témoins et on soumettait le tout à une nouvelle cuisson. Il n’est guère douteux que les Juifs n’aient connu ce mode d’écrire, puisqu’il était universellement usité en Palestine et dans tout l’Orient vers l’époque de l’Exode, comme le prouve la trouvaille de Tell el-Amarna. Cependant on n’en voit dans la Bible d’autre vestige que la brique où Ézéchiel, IV, 1-2, trace le plan de l’investissement de Jérusalem. — 4. Les tablettes de buis ou d’ivoire enduites de cire étaient très communes en Grèce et en Italie pour les notes, les comptes et la correspondance. Parfois on en réunissait deux ou plusieurs ensemble de manière à former une espèce de livre. L’exemple de Zacharie nous montre qu’elles étaient usitées en Palestine au temps de J.-C. Luc, i, 63. — La Bible n’offre pas trace des divers matériaux employés encore de nos jours en certains pays : écorces d’arbres, feuilles de palmier, planchettes de bois, tissus. Les écrite inspirés nous ont été transmis exclusivement dans des livres de cuir, de papyrus, de parchemin ou de papier.

2° Peau préparée, cuir. — En dehors de l’Egypte, où le papyrus remonte aux origines, et de la Chaldée, qui connut de tout temps ses livres d’argile, la plupart des peuples anciens se servaient pour écrire de peaux préparées. Diodore de Sicile rapporte, sur la foi de Ctésias, que les livres sacrés des Perses ne remplissaient pas moins^de 1 200 peaux de bœuf. Diodore, ii, 32. Hérodote Jv, 58, affirme que de son temps encore les barbares continuaient à écrire sur des dépouilles d’animaux et que les Ioniens appelaient les rouleaux de papyrus SiopOépai, « peaux, » parce qu’autrefois ils se servaient de peaux pour écrire. Strabon, xx, 1, mentionne, d’après Nicolas de Damas, une lettre écrite sur peau, adressée par les Indiens à l’empereur Auguste. — Le peuple juif, dont l’Egypte était le berceau et qui entretint toujours avec l’empire des Pharaons des rapports de commerce et de voisinage, ne put ignorer l’usage du papyrus. Nul doute qu’il ne l’ait employé pour les écrits ordinaires. Le livre dicté à Baruch par Jérémie et que le roi Joakim, après