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LIQUEURS ENIVRANTES — LIS

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in Aràbia, Londres, 1829, t. i, p. 213. Isaïe, v, 22, maudit ceux qui sont forts pour boire du vin et vaillants pour mélanger le êekâr. Il s’agit là d’un mélange de la boisson avec des aromates de toutes espèces, destinées à la rendre plus agréable et plus forte. Cf. Rosenmûller, 3esaiee vaticin., Leipzig, 1810, t. i, p. 78. Les Arabes font aussi une sorte de boisson composée avec de l’orge et de la réglisse. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 196. Saint Jérôme, Epist. lii, ad Nepotian., ii, t. xxii, col. 536, 537, énumère encore, sous le nom de sicera, la boisson faite avec le suc des fruits, le breuvage doux et barbare obtenu en faisant bouillir les rayons de miel, et le liquide épais que produisent les fruits des palmiers et les grains bouillis. Les grains bouillis donnent les différentes espèces de bière. Le suc des fruits fournit le cidre, dont il n’est question que dans la Mischna, Therumoth, XI, 2. Les Arabes font une boisson avec des abricots et des fruits secs, raisins ou autres, qu’on met infuser dans l’eau pendant un jour. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, p. 195. Peut-être les Hébreux avaient-ils quelque chose d’analogue. Le miel entrait, avec le vin et des épices, dans la composition d’un breuvage appelé par les Grecs otvôjieXi, Polybe, xii, 2, 7 ; Dioscoride, v, 16, et mentionné sous le même nom dans la Mischna, Schabbath, XX, 2 ; Therumoth, xi, 1. Saint Jérôme appelle « barbare » le procédé qui consiste à faire dissoudre le miel dans l’eau pour obtenir une boisson douce et sucrée. Les Romains et les Grecs préféraient en effet roiv<$(ie>i, dont le goût flattait davantage. Ils connaissaient cependant l’iSptfjveXi, Dioscoride, v, 17 ; Gallien, VI, 274, ou |j.e)itxpaTov, Hippocrate, Aphor., 1254 ; Aristote, Metaph., xiii, 6, 1, mélange d’eau et de miel ou hydromel, qui, après ébullition et refroidissement, entre en fermentation et devient un breuvage agréable au bout de quelques semaines. Il y avait aussi le [iyjXo[ieXc, Dioscoride, v, 39, mélange de jus de pomme ou de coing avec le miel, devenant l’iSpil « iXov par addition d’eau. Cf. Dioscoride, v, 30 ; Artémidore, I, 66. Les Hébreux recueillaient le miel à profusion, voir Miel ; ils ont dû l’utiliser dé plusieurs manières pour se procurer des boissons. Le vin de dattes était fabriqué en Egypte. Cf. Hérodote, ii, 86 ; iii, 20. On mélangeait les fruits écrasés avec une certaine quantité d’eau et la fermentation se produisait. Cf. Pline, H. N., xiv, 19, 3. Les Arabes modernes n’écrasent plus le fruit pour obtenir le vin de dattes. Cf. Burckhardt, Travels in Arabia, t. ii, p. 264. Les dattes fermentées fournissent aujourd’hui une liqueur nommée nectar des dattes. Ce qu’on appelle le vin de palme provient de la fermentation de la sève des palmiers à fruit non comestible, comme le phœnix sylvestris. Los Hébreux n’ont certainement connu que la boisson faite avec les dattes macérées dans l’eau.

2° Les liqueurs fortes dans l’Écriture. — Le via et les liqueurs enivrantes furent défendus à Aaron et à ses fils, Lev., x, 9, à celui qui faisait le vœu du nazirat, Num., vi, 3, à la mère de Samson, Jud., xiii, 4, 7, 14, et à saint Jean-Baptiste. Luc, i, 15. Les Hébreux n’en burent point au désert. Deut., xxix, 6. Il leur était loisible d’en boire dans les festins, spécialement dans ceux qui accompagnaient le paiement des dîmes. Deut., xiv, 26. Il était conseillé de donner des liqueurs fortes à celui qui allait périr, afin d’atténuer sa sensibilité à la souffrance, Prov., xxxi, 6, et en général, d’après le parallélisme, à quiconque se trouvait dans une grande affliction, afin de le remonter. Cf. Marc, xv, 23. À une certaine époque, on abusa beaucoup des liqueurs enivrantes, qui engendrent le tumulte. Prov., xx, 1. Isaïe, v, 11, maudit les buveurs de boissons fortes ; il accuse les prêtres, les prophètes et les chefs du peuple de se livrer à « et excès, ls., xxviii, 7 ; lvi, 12, et il leur prédit que, quand le châtiment va arriver, ils trouveront ces liqueurs bien amères, Is., xxiv, 9, et qu’ils chancelleront

alors, même sans en avoir bu. Is., xxrx, 9. Miellée, il, 11, se moquant des prophètes de mensonge, dit. au peuple : « Qu’on vous parle de vin et de liqueur forte, et l’on est votre prophète ! » Voir Ivresse, t. iii,

col. 1048.

H. Lesêtre.

LIS (hébreu : SûSan deux fois, et sôëân deux fois ; au pluriel Sôsannîni neuf fois, et à la forme féminine Sô-Sanndh, quatre fois ; Septante : xpîvov ; Vulgate : lilium), fleur et motif d’architecture.

I. Description.— Entre toutes les Liliacées auxquelles il a donné son nom, le genre Lilium se distingue par son port majestueux qu’il doit à sa tige élancée et leuillée jusqu’au sommet, où elle se termine par une grappe de larges fleurs. Le type du genre, Lilium candidum de Linné (fig. 91), est le seul de ses congénères 91. — Lilium candidum.

dont les pétales soient d’un blanc pur avec une courbure légère à l’extrémité. Chez tous les autres, ces mêmes organes sont fortement révolutés avec des nuances pourpres ou dorées. De son bulbe écailleux et jaunâtre monte une tige entièrement glabre ainsi que les nombreuses feui-les dont elle est revêtue et qui vont en diminuant de taille progressivement. Les fleurs, d’une odeur suave, sont portées par des pédoncules dressés à sommet légèrement incliné. Les anthères oscillantes sont gorgées d’un pollen jaune abondant. Cette belle plante, cultivée partout, semble parfaitement spontanée sur les pentes du Liban. F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Fleur. — D’après les textes bibliques, le sôsân est une fleur qui croit dans les vallées, Cant., ii, 1 ; dans les prairies où les bergers font paître leurs troupeaux, Cant., ii, 16 ; vi, 3 (Vulgate, 2) ; dans les champs où broutent les gazelles, Cant., iv, 5 ; dans les jardins, Cant., vi 2 (Vulgate, 1) ; il vient en grande abondance, si bien qu’on lui compare Israël qui se multiplie et refleurit après l’exil, Ose., xiv, 6 ; il pousse même